mardi 28 février 2012

Pourquoi refuser le FESF et le MES ?

Damien Millet, François Sana, Eric Toussaint (1)
mardi 28 février 2012 - 13h20
En réaction à la crise grecque et devant le risque que représentait la contagion des crises de la dette souveraine, les États membres de la zone euro, plutôt que de s’attaquer à la racine du problème, ont mis sur pied en urgence en mai 2010 le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Basé au Luxembourg, ce fonds temporaire (il était prévu qu’il prenne fin en juillet 2013) (2) a été conçu pour rassurer les marchés financiers. Il a pour objectif d’assurer la stabilité financière de la zone euro en fournissant de l’aide d’urgence aux pays de la zone euro en proie à des difficultés financières.
Ainsi, le FESF peut apporter des capitaux frais aux pays qui font appel à lui. Il a également la possibilité d’acheter les nouveaux titres de la dette publique émis sur le marché primaire à condition que le pays concerné mette en œuvre un programme d’austérité très strict rappelant le goût amer de la sauce FMI servie aux pays du tiers-monde depuis les années 1980 (3). Il peut aussi intervenir sur le marché secondaire, ce qui lui permet de soulager les banques possédant des titres de la dette publique de pays « à risque ».

Comment se finance le FESF ? Il émet des obligations qui sont garanties par les États membres de la zone euro au prorata de leur participation au capital de la BCE. Sur le papier, sa capacité d’intervention était initialement de 250 milliards d’euros, puis de 440 milliards d’euros, avant d’être portée à 1 000 milliards d’euros le 27 octobre 2011.
Malgré tous ces efforts, les États membres de la zone euro n’ont pas réussi à rassurer les marchés, qui en demandent toujours plus : « Alors qu’il devait être appelé à lever des centaines de milliards d’euros sur les marchés pour faire face à la crise des dettes souveraines, il suscite dorénavant la méfiance des investisseurs. Le FESF a dû s’y prendre à deux fois pour lever 3 milliards d’euros au profit de l’Irlande. Et il a dû servir un taux d’intérêt en très forte hausse. Le différentiel avec les taux allemands a plus que triplé en cinq mois (4) ! » En réalité, au-delà des effets d’annonce des différents sommets européens, le FESF ne disposait en décembre 2011 que de 20 milliards d’euros qu’il avait péniblement réussi à collecter sur les marchés financiers par le biais de la vente d’obligations (5) . C’est une somme minuscule au regard des besoins.
Aussi, alors que le FESF avait pour mission de venir en aide à la fois aux États les plus endettés de la zone euro et aux banques privées au bord de l’abîme, il risque d’aggraver davantage l’endettement de l’Europe (particulièrement si les garanties des États membres de l’eurozone entrent en jeu) contribuant ainsi à l’éclatement de la zone euro. La Commission européenne, complètement dépassée par les événements et confrontée à l’échec du FESF, a d’ailleurs demandé début novembre 2011 une accélération des travaux visant au renforcement de la capacité d’intervention de ce fonds mais cela n’a servi à rien. Dès le mois suivant, le Conseil européen décidait d’anticiper d’un an l’entrée en fonction du successeur du FESF, le Mécanisme européen de stabilité (MES) (6), qui sera quant à lui une véritable institution financière internationale dont l’enveloppe devrait être fixée à 500 milliards d’euros, y compris les 250 du FESF. Abondé en partie par les États, le MES sera en fait un instrument permanent de transfert des richesses des peuples vers les banques. En effet, le cadre légal du MES assujettit les peuples à être garants et cautions des dettes auprès des banques.

Pour créer le MES, le Conseil européen de mars 2011 a modifié l’article 136 du Traité sur le fonctionnement de l’union européenne en y ajoutant : « Les États membres dont la monnaie est l’euro peuvent instituer un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble. L’octroi, au titre du mécanisme, de toute assistance financière nécessaire, sera subordonné à une stricte conditionnalité (7). »
L’article 9 du Traité instituant le MES précise que « Les membres du MES s’engagent de manière irrévocable et inconditionnelle à verser sur demande les fonds demandés par le directeur général en vertu du présent paragraphe dans les sept jours suivant la réception de ladite demande (8) ». Les articles 27 et 30 octroient la personnalité juridique au MES, qui pourra engager des poursuites judiciaires (par exemple, envers un État qui ne lui verse pas la somme exigée), mais jouira (ainsi que les membres de la direction et du personnel) de l’immunité diplomatique. De plus, les documents du MES ne seront pas disponibles pour le grand public : « les archives du MES et tous les documents qui lui appartiennent ou qu’il détient sont inviolables » (article 27).
D’après l’accord de décembre 2011, le MES sera géré suivant la règle de la majorité qualifiée : une décision devra recueillir au moins 85 % des droits de vote pour être valide, alors que l’unanimité était prévue auparavant. Cela confère un droit de veto de fait à trois pays qui ont plus de 15 % des voix : Allemagne (27,1 %), France (20,4 %) et Italie (17,9 %). Un des autres pays ne pourra pas seul s’opposer à une décision du MES, comme ce fut le cas à l’automne 2011 pour la Finlande ou la Slovaquie.
En somme, voilà une institution qui sera permanente, antidémocratique, inattaquable sur le plan juridique, occulte, et qui pourra exiger de n’importe quel pays de la zone euro, dans un délai d’une semaine, des milliards d’euros « de manière irrévocable et inconditionnelle » ! Autant de signes qui ne trompent pas : l’Europe de la finance utilise la crise et la question de la dette publique pour prendre les pleins pouvoirs. L’austérité pour les peuples est son credo.

1 Damien Millet (professeur de mathématique, porte-parole du CADTM France http://www.cadtm.org/ ), François Sana (économiste), Eric Toussaint (docteur en sciences politiques, président du CADTM Belgique, membre du Conseil scientifique d’ATTAC France). Damien Millet et Eric Toussaint ont dirigé le livre collectif La Dette ou la Vie, Aden-CADTM, 2011, qui a reçu le Prix du livre politique à la Foire du livre politique de Liège en 2011. Dernier livre en date : Damien Millet et Éric Toussaint, AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012.
2 Le Conseil européen de décembre 2011 a avancé son remplacement par le MES d’un an, en juillet 2012.
3 Damien Millet et Éric Toussaint, 60 Questions 60 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, Bruxelles-Genève, CADTM-Syllepse, 2008.
4 Marianne, 12-18 novembre 2011.
5 Pierre-Henri Thomas, « L’Europe ne sort pas son Bazooka », Le Soir, 10-11 décembre 2011.
6 Voir le site http://www.interpellation-mes.be/
7 http://www.european-council.europa.eu/home-page/highlights/ready-to-stabilise-the-whole-eurozone.aspx?lang=fr
8 Pour le texte du traité en anglais, voir http://consilium.europa.eu/media/1216793/esm%20treaty%20en.pdf

lundi 27 février 2012

Espagne : Vers la grève générale ? Non à la répression des étudiants !

La tension ne fait que monter en Espagne
Le gouvernement de droite, non content de l’annonce de nouvelles coupes sociales et d’une réforme du travail qui précarise davantage des conditions de travail déjà bien dégradées, s’attaque à présent aux lycéens par la voie d’une répression féroce.
http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330283485.jpg
Tout laisse à penser qu’au lieu de chercher une solution à la crise, le gouvernement s’en sert plutôt comme argument pour justifier la suppression progressive, presque imperceptible, de l’état de droit. La stratégie de la peur est bien programmée pour contenir les débordements : on généralise tout d’abord l’idée que le pire est à venir en faisant croire que le chômage est devenu une fatalité structurelle, ce qui explique par la suite toute sorte d’exactions. À savoir : pour travailler, il faudra dorénavant accepter tout et n’importe quoi — et de faire croire que la revendication d’un travail digne est devenue anachronique voire même indécente par les temps qui courent !
Ensuite, tout un appareil de répression policière à été efficacement conçu pour décourager  toute tentative de résistance, au cas où il y aurait, malgré tout, des malheureux qui auraient la volonté de s’organiser et de continuer de lutter contre le système. Or des actions, des rassemblements, des manifestations, spontanés ou non, ont lieu tous les jours dans toutes les villes et il n’est pas rare de voir, même dans les toutes petites municipalités, des banderoles contre les coupes sociales pendre de n’importe quel bâtiment public.
C’est ainsi que Valence est devenue, ces derniers jours, la ville que la droite à choisie pour mettre en place une stratégie de répression systématique. En effet, cela fait des mois que les lycéens, entre autres, manifestent contre les coupes sociales — en éducation, en l’occurrence. Mercredi 15 février, les forces de l’ordre ont frappé avec une violence inouïe. La réponse a été immédiate : les parents et les étudiants, outre les militants des mouvements sociaux, ont rapidement rejoint les lycéens. La répression policière a redoublé, avec une violence insolite : une cinquantaine de mineurs détenus, des centaines de blessés — dont des citoyens qui passaient là, par hasard.
http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330283509.jpg
Depuis, les actions se poursuivent tous les jours : les manifestations sont massives et toute la population y participe. L’indignation est flagrante dans une des régions les plus touchées par la crise : les politiciens, disent les Valenciens, nous volent d’abord puis nous frappent ensuite. On exige la démission de la déléguée du gouvernement, forte du soutien qu’elle reçoit de la maire de la ville, qui nie la violence de la police et qui accuse « ces quelques radicaux de gauche qui ne font que créer des problèmes » et du chef de la police de Valence, qui a qualifié les manifestants comme « l’ennemi à abattre ».
La police à été renforcée avec de nouveaux équipements plus performants, et les politiciens justifient, s’ils ne la nient pas, une violence qui rappelle les dernières décennies de la dictature franquiste. La droite ne fait que montrer enfin son vrai visage : celui du fascisme. En à peine deux mois de gouvernement, le parti de Mariano Rajoy a non seulement réussi à bafouer des droits sociaux fondamentaux ; il a aussi réussi à instaurer un climat de peur digne d’un régime autoritaire.
À présent, la population en Espagne tente de dénoncer, par tous les moyens, l’actuel état de choses. Les étudiants, qui préparent une journée de grève le 29 février, invitent les travailleurs à les rejoindre dans ce qui serait une première journée de grève générale. Tandis que les syndicats majoritaires essaient de calmer le jeu en annonçant de futures négociations avec le gouvernement, les Espagnols, las et indignés, s’organisent en assemblées générales, tous les jours, dans toutes les villes, pour préparer ce qui pourrait devenir une large contestation sociale.
Mailing – 25 février 2012.

Ce n’est pas une crise, c’est un coup d’État patronal et financier !

La classe dirigeante, à l’aide de médias aux ordres, présente la crise comme une catastrophe naturelle nous obligeant à faire des « sacrifices nécessaires » pour y faire face. Elle utilise cette crise qu’elle a elle-même créée pour maintenir un climat de peur et donner l’impression qu’on ne peut rien faire face à un ennemi lointain et invisible (les banques, le marché qu’il faudrait rassurer).
Elle nous considère comme des variables d’ajustement pour réduire un déficit qui s’est creusé sur notre dos (pouvoir accru des banques, exonérations de cotisation patronale en tout genre, défiscalisation des heures supplémentaires, baisse de l’impôt sur la fortune, etc.). La dette est une excuse qui permet de voler l’argent des travailleur.se.s pour remplir les poches d’une minorité de riches. Nous savons que la richesse existe et nous irons la chercher pour la partager.
En Grèce, en Espagne, en Italie, etc. sous prétexte de crise, les salaires baissent, les salaires minimum sont remis en cause, les retraites sont attaquées, les services publics sont bradés… plan d’austérité après plan d’austérité les travailleur.se.s, les chômeur.se.s sont appauvri.e.s au profit des intérêts patronaux. Cette guerre de classe patronale s’inscrit dans une logique européenne. Chaque gouvernement utilise la peur de la banqueroute des autres pays pour nous forcer à accepter la dégradation de nos conditions de vie.
Pourtant nous ne nous y tromperons pas : les intérêts des possédants de ces pays sont les mêmes. Ici aussi, les plans d’austérité se succèdent, ils privatisent et démantèlent les services publics(suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux) qui mène à la dégradation des systèmes de soin, d’éducation, de transport, etc, ils cassent le système de retraite par répartition, remettent en cause la sécurité sociale, rallongent le nombre de jours de carence pour les arrêts maladies, veulent créer le travail forcé pour les RSAstes (comme en Allemagne avec la loi Harz 4 où les chômeurs doivent travailler pour 1€ de l’heure).
Aujourd’hui le gouvernement veut mettre en place la TVA « sociale » et les accords compétitivité emploi.
• Le gouvernement continue d’augmenter les taxes qui pénalisent les plus pauvres avec la fameuse TVA « sociale », en fait une TVA patronale. Ce dispositif prévoit par l’augmentation de la TVA de prendre de l’argent à tous et toutes pour baisser les cotisations sociales des patrons (c’est-à-dire une partie de notre salaire), ce qui revient à prendre l’argent aux pauvres (qui sont proportionnellement les plus touché-e-s par la TVA qui concerne tous les biens de consommation) pour faire des cadeaux aux riches.
• Avec l’autre mesure phare, les accords compétitivité emploi, le gouvernement aux ordres du MEDEF, compte piétiner le droit du travail. Alors qu’aujourd’hui, tout-e salarié-e peut exiger le respect de son contrat de travail en particulier sur les dispositifs relatifs aux horaires et à sa rémunération, demain sous couvert d’un accord compétitivité signé dans son entreprise, les salarié-e-s n’auront aucun recours et devront accepter de nouveaux horaires ou/et une baisse de salaire sinon c’est le licenciement sans recours. Ce qui aboutit à subir sans cesse le chantage de son patron. Le rôle des syndicats n’est pas de négocier ces accords comme ils le font en ce moment.
Le recul social ne se négocie pas, il se combat.
Contre l’individualisme, le repli sur soi qui nous laissent seul.e.s face à nos patrons et à l’État et mènent au renoncement, voir à la dépression, nous devons retrouver le goût de la lutte collective, la solidarité de classe. Nous savons que ce n’est pas en une journée d’action que nous ferons reculer l’État et le patronat.
Nous devons construire un rapport de force à la base, dans l’unité lors d’assemblées générales souveraines. Notre réponse pour être plus efficace doit être internationale, les travailleur.se.s n’ont pas de frontières, les intérêts des travailleur.se.s grec.que.s, espagnol.e.s, ou d’ailleurs sont les nôtres.
Nous sommes prêt.e.s à lancer de nouvelles dynamiques syndicales offensives et à promouvoir un projet de société en rupture avec le capitalisme. Et nous n’attendrons jamais la comédie des urnes électorales pour cela. Nous n’attendons rien de nos futurs élu.e.s, tout nos acquis ont été obtenus par la lutte.
Nous n’avons pas besoin de sauveur.se.s, et nous n’aurons que ce que nous prendrons.
Union locale des syndicats CNT de l’Isère.

Nous sommes toutes et tous opposés aux rafles et aux contrôles au faciès

Deux ans jour pour jour après une perquisition et une garde à vue de plus de 13 heures dans les locaux de la BCRI, classée sans suite, Hélène, membre du Réseau RESF, a été de nouveau convoquée, le mardi 15 février 2012, dans un commissariat pour les mêmes raisons : le fait qu’elle répercute, par SMS, les informations sur les rafles et les contrôles au faciès quotidiens dans les rues de Paris.

Nous, signataires de ce texte, appelons chacun et chacune à signaler, par téléphone, par mail ou de visu, ces rafles et ces contrôles au faciès à toutes les personnes potentiellement visées par ces méthodes.
Nous affirmons notre solidarité avec celles et ceux poursuivis ou inquiétés pour ces faits.
Le fait d’avoir une « tête d’étranger » ou de ne pas « être en situation régulière » ne constitue pas pour nous un délit.
Par contre, contrôler, arrêter, garder à vue, emprisonner dans un centre de rétention et expulser des hommes et des femmes sur la base de leur apparence physique, et/ou de leur prétendue « clandestinité », est pour nous inadmissible.
Et nous continuerons à nous opposer à ces méthodes, ces comportements policiers, à le faire savoir, à en informer toutes celles et tous ceux qui en sont la cible, et ce quel que soit le gouvernement.
Liste de discussion du réseau Éducation sans frontières, 27 février 2012.

mardi 21 février 2012

Il reste de l'argent pour nous massacrer !

Propagande pour le meurtre technologique à la sauce Sagem

Trois articles dans la Nouvelle République de ce mardi 21 février 2012, faisant la promotion du meurtre militaire ultratechnologique à la sauce Sagem. Des militaires exposent leur nouveau joujou nécrotechnologique avec un discours véritablement glaçant.
Il ne s’agit pas d’un équipement « du futur », puisque le bidasse sur la vidéo s’enorgueillit de le dire déjà opérationnel en Kapissa (Afghanistan), où s’accomplit la philanthropique besogne de l’Etat français. On goûtera la phrase suivante dudit bidasse : « [le Felin] améliore l’agressivité, avec les capacités de tir de jour et de nuit, de tir à toutes les armes… » Un autre de ses petits copains : « Ce système (…) nous permet véritablement d’augmenter à la fois nos capacités de détection ennemie, notre agressivité, puisque nous sommes en mesure de détecter l’ennemi à 800 mètres et de le traiter à 400 mètres avec beaucoup plus de facilité qu’avant ».
 

En 2012, soyons tous Grecs !

Plusieurs messages des insurgé-e-s grec-que-s viennent de nous parvenir depuis hier (Nosotros-Babylonia, Mouvement anti-autoritaire, Mouvement Deplirono, Syntagmas, Radio Entasi Exarcheia...).


Ils expriment un grand merci à vous tou-te-s de votre participation aux manifs de "solidarité avec le peuple grec" (pour la plupart samedi) et/ou de vos nombreux messages de soutien (nous leur avons fait suivre une synthèse des textes et des photos des manifs un peu partout en France).

Ce remerciement, ils l'ont également exprimé dès les manifs d'hier à Athènes et Thessalonique, au moyen de banderoles en français qui nous étaient destinées (ainsi qu'à l'égard d'autres régions du monde). Même Radio-Propagande (France-Info) en a parlé !

La mondialisation des enjeux appelle la convergence des luttes et la violence sourde du pouvoir, la fraternité et la solidarité entre les peuples.

Ne croyez pas ce qu'on vous dit : la révolte ne faiblit pas ! Plusieurs journaux (dont le célèbre Elefterotypia), des hôpitaux, universités et entreprises privées ou publiques sont passées en autogestion. Le principal syndicat de policiers commence à manifester des états d'âme et à entendre certaines doléances des manifestants. Le point de bascule est proche ! Continuons ! "Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux!"

Ci-dessous, une tribune parue aujourd'hui lundi dans Libération (page 23), que j'ai écrite avec Raoul Vaneigem, en contact lui aussi avec les insurgé-e-s Grec-que-s et qui conférencait récemment à Thessalonique (cf. Siné-Mensuel de février 2012, page 14). Cette tribune paraît simultanément en Grèce dans le journal des insurgés : Babylonia (en version grecque, bien sûr), ainsi que dans le périodique L'altermondialiste.

_______

LA GRÈCE,  BERCEAU D'UN AUTRE MONDE
Pour un soutien au combat du peuple grec et pour une libération immédiate des manifestants emprisonnés

Non, bien que dramatique, ce qui se déroule en Grèce n'est pas une catastrophe. C'est même une chance. Car le pouvoir de l'argent a, pour la première fois, dépassé allègrement le rythme jusque-là progressif, méticuleux et savamment organisé de la destruction du bien public et de la dignité humaine. Et ce, sur une terre aussi réputée pour sa philosophie de vie aux antipodes du modèle anglo-saxon que pour sa résistance inlassable aux multiples oppressions qui ont tenté de la mettre au pas. Le Grec ne danse pas et ne dansera jamais au pas de l'oie ni en courbant l'échine, quels que soient les régimes qu'on lui impose. Il danse en levant les bras comme pour s'envoler vers les étoiles. Il écrit sur les murs ce qu'il aimerait lire ailleurs. Il brûle une banque quand elle ne lui laisse plus les moyens de faire ses traditionnelles grillades. Le Grec est aussi vivant que l'idéologie qui le menace est mortifère. Et le Grec, même roué de coups, finit toujours par se relever.

Oui, l'Europe de la finance a voulu faire un exemple. Mais dans sa hargne à frapper le pays qui lui semblait le plus faible dans la zone Euro, dans sa violence démesurée, son masque est tombé. C'est maintenant, plus que jamais, le moment de montrer du doigt à tous son vrai visage : celui du totalitarisme. Car il s'agit bien de cela. Et il n'y a qu'une seule réponse au totalitarisme : la lutte, tenace et sans concession, jusqu'au combat s'il le faut, puisque l'existence même est en jeu. Nous avons un monde, une vie, des valeurs à défendre. Partout dans les rues, ce sont nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents, qui sont frappés sous nos yeux, même éloignés. Nous avons faim, froid, mal avec eux. Tous les coups qui sont portés nous blessent également. Chaque enfant grec qui s'évanouit dans sa cour d'école nous appelle à l'indignation et à la révolte. Pour les Grecs, l'heure est venue de dire non, et pour nous tous de les soutenir.

Car la Grèce est aujourd'hui à la pointe du combat contre le totalitarisme financier qui partout dans le monde détruit le bien public, menace la survie quotidienne, propage le désespoir, la peur et la crétinisation d'une guerre de tous contre tous. Au-delà d'une colère émotionnelle qui se défoule en détruisant des symboles d'oppression se développe une colère lucide, celle de résistants qui refusent de se laisser déposséder de leur propre vie au profit des mafias bancaires et de leur logique de l'argent fou. Avec les assemblées de démocratie directe, la désobéissance civile, le mouvement « Ne payons plus » et les premières expériences d'autogestion, une nouvelle Grèce est en train de naître, qui rejette la tyrannie marchande au nom de l'humain. Nous ignorons combien de temps il faudra pour que les peuples se libèrent de leur servitude volontaire mais il est sûr que, face au ridicule du clientélisme politique, aux démocraties corrompues et au cynisme grotesque de l'Etat bankster, nous n'aurons que le choix – à l'encontre de tout affairisme – de faire nos affaires nous-mêmes.

La Grèce est notre passé. Elle est aussi notre avenir. Réinventons-le avec elle !

En 2012, soyons tous Grecs !
Raoul Vaneigem et Yannis Youlountas

Une vieille chanson grecque, plus que jamais d'actualité :

lundi 20 février 2012

Le RSA, « absurdité » et « torture morale », une enquête à Paris

Le RSA, « absurdité » et « torture morale », une enquête à Paris

RSA : un rapport dénonce « l’absurdité » de son fonctionnement
Deux ans et demi après sa mise en place, le statisticien Bernard Gomel et la sociologue Dominique Méda tirent à boulets rouges [1] sur le Revenu de solidarité active (RSA) dans un rapport du centre d’études de l’emploi (CEE) intitulé « Le RSA, innovation ou réforme technocratique ? », publié en novembre 2011. Le RSA, entre ses effets de seuil dévastateurs, son fonctionnement ultra-bureaucratique, son décalage avec le public concerné, est une « absurdité » qui peut se muer en « instrument de torture morale » [2], selon les auteurs.
L’enquête a été menée dans le département de Paris (ce sont les départements qui sont chargés du versement du RSA [3], tant auprès des agents de Pôle emploi et des structures d’insertion que des allocataires eux-mêmes. « Un des principaux enseignements de notre enquête (…) est que l’accompagnement de la majorité des allocataires par Pôle emploi n’est ni une réalité, ni, sans doute, souhaitable, au moins dans les conditions dans lesquelles Pôle emploi exerce aujourd’hui ses activités » [4], chargent les chercheurs.
Voté le 1er décembre 2008 et entré en vigueur le 1er juin 2009, le RSA remplace le Revenu minimum d’insertion (RMI), à la suite du rapport de Martin Hirsch, alors Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et ancien président d’Emmaüs [5]. Tout en accusant le RMI d’être « une trappe à pauvreté », le diagnostic de la commission Hirsch est à l’époque sans appel : « C’est parce que pour une part de plus en plus importante de la population, les minima sociaux sont devenus des maxima indépassables et que, pour une proportion de plus en plus importante des ménages, le travail ne permet pas de franchir le seuil de pauvreté, qu’il faut transformer nos prestations sociales. [6] »
Oui mais voilà, selon le rapport du CEE, la révolution sociale du RSA annoncée n’a pas eu lieu [7] . Les auteurs du rapport mettent en avant de nombreux dysfonctionnements [8] . Voici les principaux d’entre eux.
Effets de seuil
Les effets de seuil que le RSA était censé éliminer sont toujours une réalité pour les allocataires. L’enquête montre que les allocataires sont incités à travailler mais à très faible dose car « la reprise d’une activité d’un certain volume fait perdre, dans un premier moment, la couverture maladie universelle (CMU) complémentaire, la gratuité des transports et l’allocation de logement complémentaire de la ville de Paris » [9].
Bureaucratie
Le rapport pointe des concordances informatiques entre département et Pôle emploi hasardeuses [10]des délais de prise en compte de changement de dossier très longs et un dédale administratif et bureaucratique obscur qui « rend peu crédible l’idée de simplicité promue lors de sa mise en place ». D’ailleurs, « les deux tiers des foyers éligibles au RSA activité seul ne recourent pas à la prestation »  [11], remarque de son côté le Comité national d’évaluation du RSA dans son rapport du 15 décembre 2011, lacune imputée à « un manque de connaissance précise du dispositif ».

Mauvaise connaissance du public
Dominique Méda et Bernard Gomel estiment que le dispositif d’accompagnement des allocataires du RSA est totalement inadapté. Selon eux, « une partie importante de la population qui survit avec le RSA connaît de grandes difficultés, et des formes variées de détresse qui nécessitent, pour être adoucies, des traitements également diversifiés ». Pis encore, selon les témoignages recueillis, les chercheurs affirment que « tout se passe donc comme un jeu de rôles dans un théâtre où l’on obligerait les allocataires à singer la recherche frénétique d’emploi alors qu’il n’y a pas d’emplois… [12] En l’absence d’emplois, la mécanique des droits et devoirs, même mise en œuvre de la façon la plus humaine possible, peut se transformer en instrument de torture morale… [13]. Le travail principal des travailleurs sociaux consiste à prendre le temps d’écouter des individus au bord de l’implosion », ajoutent-ils.
« La grande partie des allocataires se rend compte que pour elle rien n’a changé et qu’elle doit continuer à tenter de survivre avec 467 euros par mois pour une personne seule » [14], conclut l’étude. En septembre 2011, 1,85 million de foyers percevaient le RSA pour un budget total d’environ 9,8 milliards d’euros. En presque trois ans de fonctionnement, seules 150.000 personnes ont franchi le seuil de pauvreté grâce au RSA, soit 2 % des personnes sous le seuil de pauvreté, selon le rapport du Comité national d’évaluation du RSA.
18 janvier 2012
La rédaction de Mediapart
http://www.mediapart.fr/
Le rapport complet du CEE : Le RSA, innovation ou réforme technocratique, premiers enseignements d’une monographie départementale, Bernard Gommel, Dominique Méda

Petite lecture conseillée pour tous ceux qui s'apprêtent à voter bientôt !!!


Emile Pouget, 1896, dans l'almanach du Père Peinard
Le Muselage Universel
 Il paraît que nous sommes souverains !
Autrefois, c'étaient les rois qui avaient cette veine, aujourd'hui c'est le peuple. Seulement, il y a un distingo, qui n'est pas négligeable : les rois vivaient grassement de leur souveraineté, tandis que nous crevons de la nôtre. Cette seule différence devrait nous suffire à nous fiche la puce à l'oreille et nous faire comprendre qu'on se fout de notre fiole. Comment, c'est nous qui remplaçons les rois et s'il plaît à un sergot de nous passer à tabac, au garde-champêtre de nous coller un procès-verbal, à un patron de nous botter le cul, tout souverains que nous soyons, nous n'avons que le droit d'encaisser... et de dire merci ! Par exemple, si cette garce de souveraineté nous rapporte peau de balle et balai de crin, y en a d'autres à qui elle profite bougrement. Au lieu de garder ce trésor sous globe, kif-kif une relique crétine, avec autant d'amour que si c'était trois poils de laVierge, ou une des chaussettes de Jésus-Christ, on use de sa souveraineté... Mais on en use de la plus sale façon : on la délègue ! Et, voyez le truc miraculeux : cette souveraineté qui ne valait pas un pet de lapin quand elle était dans nos pattes, devient une source de gros bénefs pour ceux à qui nous la déléguons.

A vue de nez, il semble que ces oiseaux-là,  nos représentants,  devraient être nos larbins, nous obéir au doigt et n'en faire jamais qu'à notre guise, va te faire lanlaire ! Ces bons délégués nous font la nique et, bien loin d'accepter d'être nos larbins (ce en quoi ils n'ont pas tort, car il est toujours malpropre d'obéir), ils se posent en maîtres et nous donnent des ordres,  ce qui est crapuleux ! Eux que nous avons tirés du milieu de nous ou d'à côté, sont désormais les vrais souverains ; tout doit plier sous leurs volontés : le populo n'est plus qu'un ramassis d'esclaves ! D'où vient ce changement à vue ? De ce que notre souveraineté n'est qu'une infecte roupie, une invention des jean-foutre de la haute pour continuer à nous tenir sous leur coupe.
La suite à télécharger :
http://www.fichier-pdf.fr/2012/02/20/e-pouget/

dimanche 19 février 2012

L’Etat dépèce l’information à la sexualité

http://www.planning-familial.org/communiques-presse#3122
L’information et l’éducation des jeunes en matière de sexualité sont affirmées comme une priorité des politiques éducatives et de santé des jeunes.

Lois, rapports de l’IGAS ou de parlementaires et autres circulaires dont celle de l’Education Nationale, soulignent :
  • L’implication de l’Etat via sa responsabilité dans l’information des populations sur ces sujets
  • La nécessité de la diffusion d’une information et éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées
  • L’enjeu de l’information dans la construction des adultes de demain et la prévention des grossesses non souhaitées, des IST et du VIH/Sida
  • Le manque de moyens dévolus à cette mission
Après l’importante mobilisation en 2009, l’Etat, pour ces actions, signait un protocole garantissant pour 3 ans à l’ensemble des 220 EICCF de France, un financement de 2,6M€ insuffisant au regard des besoins,.
Voilà qu’en 2012, l’Etat prive de 500 000 euros cette ligne alors qu’ils étaient promis, prévus et inscrits dans la loi de finances. C’est donc 20% de la ligne budgétaire qui ne sera pas affecté à l’accueil, l’information, l’orientation et l’éducation des populations sur les questions relatives à la fécondité, la contraception, la sexualité, et la prévention des IST dont le VIH !!!
Le Planning Familial fait le constat d’une nécessité accrue de ces interventions car les besoins se font cruellement sentir, tous les jours un peu plus dans un contexte social de précarité.
Garantir à toutes et tous -y compris à celles et ceux en situation de vulnérabilité- une égalité et une équité d’accès à l’information et à l’éducation est une responsabilité politique.
L’Etat n’a plus d’exigence et n’assume donc plus cette responsabilité que pourtant il revendique.
« Il ne souhaite plus contribuer à la préparation des jeunes à la sexualité, à leur vie de couple et à la fonction parentale. Il se désintéresse de l’accueil et du conseil aux personnes lors des accueils collectifs ou en entretiens individuels alors que cette mission a clairement été organisée et confiée par la Loi Neuwirth aux associations » souligne la Présidente Carine Favier qui poursuit « Le Planning Familial ne peut accepter un tel recul social et sociétal » face au silence de l’administration rendu assourdissant par celui de la Ministre chargée des Solidarités et de la Cohésion sociale.
Défendre l’information et l’éducation à la sexualité c’est contribuer à construire une société égalitaire entre les femmes et les hommes en parlant amour et relation, lutter contre les violences contre les femmes, prévenir les grossesses non souhaitées et les IST, faire des jeunes d’aujourd’hui les adultes responsables de demain
Le Planning Familial se mobilise en saisissant l’ensemble des députéEs, candidats ou non à leur réélection sur ce sujet et en lançant une pétition en ce sens sur internet www.planning-familial.org

mardi 14 février 2012

Cette semaine, un peu de lecture !

Outre les messages ci-dessous, allez dans les rubriques :
- Cantal, pour savoir où en est la lutte pour sauver le Lycée...Nulle part car elle n'a pas commencé... pour comprendre l'influence du climat sur la disparition des services publics...pour apprendre à dénoncer son voisin...Etc
- Les différentes rubriques (en haut) avec des textes-références sur la pensée anarchiste
...et sans oublier les liens à visiter (à droite), les rendez-vous à venir (à gauche), et la presse libertaire limousine à télécharger, ainsi que le Monde libertaire gratuit !



Pour télécharger les numéros du Monde libertaire gratuit :

Il y en a pas un sur cent...et pourtant ils écrivent !
Presse libertaire régionale
Dernier n° de "Creuse-Citron" à télécharger

Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y, et nous, nous restons sur la terre qui est, quelque fois, si jolie. LES ELECTIONS, ON S’EN TAPE ! À propos d’une réflexion nombriliste et péremptoire : « Les élections, on s’en tape ! », réfléchissons un peu… Ça me fait penser à un individu qui, regardant le paysage qu’il a devant sa résidence campagnarde, se dit : le nucléaire, on s’en tape ! sous prétexte que l’ombre de la centrale se trouve à cent bornes de là. On peut aussi faire comme si la question des élections ne se posait plus. Or, le fait est : les élections existent, et le climat ambiant m’incite plutôt à ne pas pouvoir m’en taper. IL RESTE À MES YEUX ce phénomène ahurissant qu’est l’électeur...


Dernier n° de "La vache qui..."

… préfère l’avenir radieux plutôt qu’irradié,
La vache qui prend le taureau par les cornes et ne fait des petits que
lorsqu’elle en a envie.


C’est la vache pirate qui se joue des clôtures.
La vache qui préfère le trèfle des Prévert au foin OGM.
Qui choisit la compagnie des moutons noirs plutôt
que celle de ses congénères en troupeau. C’est la vache
qui ne mâche pas ses mots, partage ses idées au lieu de
ruminer seule dans son coin.
La vache qui chante « mort aux vaches, mort aux lois et vive
l’anarchie ».
La vache insoumise qui refuse de rentrer dans l’arène.