dimanche 24 février 2013

[Etats-Unis] Un sénateur affirme que les drones américains ont tué environ 4700 personnes

Mardi dernier, devant le Rotary Club de Caroline du Sud, le sénateur étatsunien Lindsey Graham a affirmé que les drones américains ont tué 4700 personnes dans le monde, notamment au Pakistan. Ce chiffre effarant va même au-delà des calculs de certaines ONG.
 

Le sénateur Graham, qui se prononce clairement pour l’usage de drones armés, ajoute à sa déclaration une phrase qui résume bien tout le cynisme de l’Etat américain :

“Sometimes you hit innocent people, and I hate that, but we’re at war, and we’ve taken out some very senior members of Al-Qaeda.”
Traduction : “Parfois vous tuez des innocents, et je déteste ça, mais nous sommes en guerre, et nous avons dégagé des membres éminents d’Al-Qaida”.
 Le sénateur préconise aussi l’usage de drones sans armes le long des frontières américaines, pour “contrôler l’immigration illégale”. De fait, les drones servent déjà à quadriller la population civile américaine.

Pour ces beaux démocrates, lutter contre la terreur passerait donc par le massacre délibéré de milliers de civils et la surveillance de la vie de tout un chacun. Très logique, très efficace pour éviter de susciter une radicalisation, parmi des populations meurtries.

Mais la fin du “terrorisme” n’est pas le but. Le but, c’est de faire tourner le lobby militaire, biberonné par les Etats à coups de milliards.
Aux-Etats-Unis comme ailleurs : l’Etat français, déjà célèbre pour son projet de drone ELSA permettant de surveiller les manifs et les quartiers pauvres, argue aujourd’hui d’une défaillance en termes de flotte de drones dans sa guerre au Mali, pour relancer un programme ad hoc, et appuyer le projet nEUROn du philanthrope Dassault… présenté il y a un mois à Istres. Le hasard fait bien les choses…

Pavillon Noir, 22 février 2013

Crise économique : toujours moins pour les salariés, toujours plus pour le patronat

Communiqué


La politique économique du gouvernement s’inscrit dans une continuité libérale. Tout d’abord, le gouvernement n’a pas de marge de manœuvre du fait du jeu des marchés, de ses liens avec le patronat et du faux fédéralisme qu’est l’Union européenne qui place le pays en situation de contrainte, dominé par la direction allemande, représentée par la chancelière Merkel.
De plus, le gouvernement, dans ce contexte, applique une politique d’austérité. Il cherche à réduire les remboursements de la Sécurité sociale. Son plan de lutte contre la pauvreté sonne comme une insulte, une aumône : le RSA est augmenté de moins de 10 euros par mois et le SMIC a été augmenté de 3 à 4 euros par mois ! Mais, Il accorde 20 milliards d’euros au patronat et baisse ses charges sociales sur trois ans.
Ce gouvernement annonce une nouvelle réforme de la retraite qui réduira encore le pouvoir d’achat des retraités ou prolongera de quelques années l’obligation de travailler pour obtenir une retraite, parfois indécente. Hollande nous avait promis des sauvetages en nombre des entreprises en faillite. Que de promesses non tenues...
Que dire de la remise en cause du code du travail visant à favoriser une flexibilité qui rendra tout salaire aléatoire, qui instaure les baisses de revenus, rend obligatoire la mobilité, facilite les licenciements en cas de restructuration ? Drôle de gauche ! Mais rien de surprenant pour nous, anarchistes, qui n’avons aucune illusion sur la social-démocratie incarnée par le gouvernement Ayrault, ni sur l'État, bras droit du patronat.
Cette politique bénéficie de la complicité des directions syndicales – et surtout de la CFDT qui, depuis des années, entérine les lois rognant les acquis des salariés.
L’accord sur la « flexisécurité », c’est la généralisation d’une complémentaire santé misérable, une limitation bien faible du temps partiel. À cela s’ajoutent des droits “rechargeables” à l’assurance-chômage, le patronat concédant une dérisoire augmentation des cotisations correspondantes. Nous soulignons que cette petite concession patronale n’est rien si l’on considère la masse financière des défiscalisations accumulées, ces dernières décennies. Ces droits rechargeables seront surtout l’occasion de permettre aux patrons de payer encore moins les salariés à l’embauche, sous prétexte qu’ils continueront de percevoir des allocations.
L’État envisage un projet de loi basé sur cet accord scélérat élaboré par la CFDT et le patronat sur la « flexisécurité » et validé aussi grâce à la CFE-CGC et la CFTC.Allons-nous rester les bras croisés ?
De son côté, la Fédération anarchiste soutiendra ceux qui se battent contre ce sabotage des droits acquis par les salariés, au prix d’âpres luttes, et qui annonce un salariat à la botte du patronat et une aggravation généralisée des conditions de vie du plus grand nombre.
De ce point de vue, sans se faire d'illusion sur les intérêts et manœuvres d'appareil, la Fédération anarchiste est attentive au rapprochement entre la CGT et FO (non signataires), auxquelles pourraient se joindre la FSU, Solidaires et la CNT. En effet, une telle évolution permettrait d’ouvrir une perspective pour les salariés et les chômeurs, à la base, afin d’imposer une véritable résistance sociale sans laquelle tout espoir de changement réel est vain.
Alors que le gouvernement se vante de vouloir réduire les dépenses publiques, pourquoi ne commence-t-il pas par attribuer les allocations familiales en fonctions des revenus ? Ce gouvernement, dit de gauche, préfère, au nom de la compétitivité, s’en prendre à ceux qui sont déjà exploités.
La Fédération anarchiste appelle à la lutte contre ce gouvernement et sa politique économique, qui n’a de socialiste que le nom.
Non à la collusion entre des syndicats et le MEDEF.
Non à une politique d’austérité qui plonge dans la misère ceux qui sont, déjà, en grande difficulté.
Secrétaire aux Relations extérieures de la Fédération anarchiste.

dimanche 17 février 2013

répression policière

Bien que les me(r)dias ne se soient pas étendus sur ce fait, un jeune intérimaire belge d'ArcelorMittal a perdu l'usage d'un oeil après avoir été touché par un tir, lors de la manifestation des métallos le mercredi 6 février à Strasbourg.
 
Ci-dessous des photos qui démontrent que les policiers utilisent de plus en plus une arme bien plus dangereuse que le flash-ball, le LDB40 "Exact impact", de plus grande portée, comportant un viseur et conçu pour riposter à des armes réelles. Il a été adopté par les « forces de l’ordre » suite aux émeutes de 2005, pour pouvoir riposter aux agressions par armes. Il fut discrètement incorporé dans l’ensemble des unités de police et de gendarmerie depuis : 



3' 51'' de belles images de nature, d'animaux et d'humains pleins de vie et de révolte, dans ce petit film du documentariste Jean-François Castell, réalisé "en hommage à la lutte à NDDL, à la ZAD et à tous les Camille ! " :

Il est accompagné d'une belle chanson Battons la campagne de l'excellent groupe folk BLEU :
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore regardé, un film magnifique (52'), datant de décembre dernier, Notre Dame des luttes du même Jean-François Castell, que nous recevrons bientôt sur Radio libertaire :

Benito Seizième démissionne

Joseph Ratzinger, aka le pape Benoît XVI, a donc annoncé sa démission, qui a entraîné une vague de réactions de politicards soucieux de lui témoigner leur “respect”.
BenoitXVI
Pour rappel, Joseph Ratzinger était devenu préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (dont l’ancien nom était l’inquisition). Il avait alors condamné de nombreux théologiens, notamment parmi ceux qui dénonçaient la trop forte hiérarchie de l’Eglise ou encore la misère dans le monde (accusés de soutenir une conception “marxiste” du “prolétariat”), suscitant la consternation chez nombre d’intellectuels catholiques. Droit dans ses bottes, il avait canonisé des prêtres morts pendant la guerre civile d’Espagne… au même moment où Zapatero reconnaissait les combattants républicains contre la dictature fasciste de Franco.
Proche de l’extrême-droitière Opus Dei dont il admire le fondateur, le franquiste Josemaría Escrivá de Balaguer, il est soucieux de rapprocher l’Eglise catholique de sa branche intégriste scissionniste, en réhabilitant quatre prêtres excommuniés, dont un négationniste. Il dira regretter ce geste, de même qu’il se défendra d’avoir attaqué l’islam lors de son discours de Ratisbonne en citant Manuel II : “Montrez-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. On ne trouvera que des choses mauvaises et inhumaines”. Force est de constater que le “Panzerkardinal” a maintenu une ligne très conservatrice.
Il s’est ainsi opposé à toute évolution de la doctrine concernant par exemple la laïcité (dénonçant le “laïcisme”), le célibat des prêtres, les prêtres femmes, la contraception (l’usage de la capote selon lui “aggrave le sida”) et l’avortement – y compris dans les cas où la santé de la femme est en jeu… Rappelons aussi que Benoît XVI avait validé, par la voix du préfet de la congrégation pour les évêques, l’excommunication de la mère d’une fillette de neuf ans violée par son beau-père, pour avoir aidé sa fille à avorter.
Suivant sa résolution à combattre la “morale dissolue”, il a aussi condamné l’homosexualité, tout en affirmant dans le même temps que les homos avaient droit au respect. Il a fait interdire que des homos ou des hommes promouvant la “culture gay” entrent en séminaire. Il a aussi qualifié l’homosexualité “d’injuste”. Il n’a pas démenti les assertions du cardinal Bertone, selon lesquelles il y aurait un lien entre homosexualité et pédophilie. Au contraire, le Vatican les a reprises, alors même que le pontificat de Benito XVI fut éclaboussé par le scandale de la pédophilie au sein de l’Eglise catholique. Promoteur du mariage de l’homme et de la femme, il va jusqu’à dire, évoquant en creux le mariage homo, que “les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité” (!)
Le seul mérite de ce pape aura été d’avoir un peu plus vidé les bancs des églises par ses déclarations odieuses. Mais l’influence de l’Eglise sur les sociétés, notamment en matière d’homophobie et de rejet de droits des femmes, demeure hélas bien trop forte. Il nous faut continuer de lutter pied à pied contre la domination religieuse sur les esprits et les corps.
Pavillon Noir, 11 février 2013

Les ex-RG priés de surveiller "au plus près" les entreprises en difficulté

Les services de renseignement de la police ont reçu récemment comme instruction de suivre "au plus près" les entreprises en difficulté afin d'anticiper une éventuelle "radicalisation" de mouvements sociaux, selon une note de service consultée lundi par l'AFP.
"Dans un contexte économique dégradé qui touche l'ensemble des territoires, il est important de suivre au plus près la situation des entreprises et filières fragilisées, ou susceptibles de le devenir", explique cette note du directeur central de la sécurité publique (DCSP) qui fixe les objectifs prioritaires de la sous-direction d'information générale (SDIG, ex-RG).
Ce document, daté du 30 janvier et transmis aux différents directeurs départementaux de la sécurité publique (DDSP), pointe la nécessité d'"anticiper" les mobilisations, ainsi que "les risques d'incidents" ou d'éventuelles "menaces sur l'outil de production en cas de radicalisation

d'un conflit".

Depuis plusieurs mois, le contexte social s'est détérioré en France, avec plusieurs annonces de suppressions de postes dans différents secteurs (PSA, Renault, Petroplus..).
Les services de renseignement, selon des sources policières, craignent une "radicalisation" de salariés de ces entreprises en difficulté qui pourrait notamment se manifester lors d'une manifestation le 12 février à Paris.
Des réunions ont eu lieu à cet égard notamment à la préfecture de police de Paris (PP) et ce mouvement, "s'il est confirmé", est "suivi de très près", selon les sources.
La note "insiste" notamment sur la "nécessité de préserver et renforcer au besoin le potentiel d'analyse et de couverture des territoires dans ce domaine".
Concernant les quartiers sensibles, la note précise que le travail de veille doit être "prioritairement" orienté vers les zones de sécurité prioritaires (ZSP) lancées par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
Les fonctionnaires de la SDIG sont également invités, avec leurs homologues du renseignement intérieur, à détecter des "groupes ou individus à risque" qui graviteraient dans les milieux islamiques en France.
Parmi les groupes ou milieux à suivre "avec constance", la note évoque "les sectes apocalyptiques, les groupes survivalistes, tout comme les nouvelles thérapies".
Les mouvements de défense de l'environnement, qui peuvent être amenées à conduire des "actions fortes" sur les thèmes du nucléaire ou du gaz de schiste doivent également "faire l'objet d'une veille permanente", explique cette note.

mercredi 6 février 2013

Europa vaticana est


L'Europe est une production capitaliste mise en scène par le Vatican !


A l'occasion du 50ème anniversaire du traité de l'Elysée, les ambassadeurs de France et d'Allemagne auprès du Saint-Siège se lâchent :

Pour le diplomate allemand : « Le christianisme est dans les gênes de l'Union européenne...Pie XII a ouvert la voie à l'idée européenne ».

Quant à l'ambassadeur français, il assure que les fondateurs de l'Europe étaient porté : « par la force de leur foi catholique ».

Voici donc les fondateurs de l'Europe de l'amnésie !

  • Pie XII, le pape compromis avec les nazis et qui « ignora » le génocide,
  • Robert Schuman, fasciste sous Pétain avant de devenir le 1er Président européen, opusien béatifié par Jean Paul II,
  • Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer, soutiens du fascisme puis chefs de file des démocraties chrétiennes en Italie et en Allemagne d'après guerre, opusiens notoires et spécialistes du recyclage des nazis à la fin de la guerre.

Tous ces hommes et leurs successeurs, tel le socialo-clérical de la CFTC  Jacques Delors, ont construit une Europe autant soumise au capitalisme qu'au Vatican !

Au nom des « racines chrétiennes » de l'Europe, leur idéal européen à remplacer les services publics par le privé et le caritatif, à remettre en cause l'IVG et à s'opposer au « mariage pour tous » !
Fuck church !

dimanche 3 février 2013

[Poitiers] Homophobie tranquille dans une ville bonhomme

Aujourd’hui à Poitiers, un millier de manifestant-e-s environ se sont rassemblé-e-s, venant de tout le département de la Vienne, contre le mariage pour tou-te-s. Ces personnes dénient ainsi l’égalité des droits des homosexuel-le-s en termes juridiques (droits de succession, questions de parentalité), et refusent la reconnaissance de situations déjà existantes d’homoparentalité, maintenant jusqu’à présent les enfants concernés dans une situation de déni social (en arguant qui plus est avec cynisme que ce serait pour le bien des enfants).
70 contre-manifestant-e-s ont répondu présent, militant-e-s homos, militant-e-s d’organisations politiques, et un certain nombre d’anti-autoritaires, malgré le relai très faible car tardif de l’information dans les réseaux militants (voir notre appel ici).
Plusieurs choses à noter :
- Comme d’hab, les flics ont empêché les contre-manifestant-e-s de s’approcher, faisant un cordon et discutant avec le service d’ordre des réacs. Comme d’hab, ils nous ont filmé-e-s avec insistance (notamment les anti-autoritaires). Comme d’hab, ils nous ont menacé-e-s quand nous tentions de nous approcher. En revanche, ils ont laissé sans problème passer des gens du rassemblement homophobe, venant tenter de nous convaincre.
- Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont tenu des propos sexistes à répétition, affirmant la différence de l’homme et de la femme, qui auraient des rôles “complémentaires”, reniant ainsi le fait évident que les genres sont des constructions culturelles. Ils ont aussi bien évidemment tenu des propos homophobes inacceptables. Entre autres slogans entendus, à plusieurs reprises : “Mariage homo, mariage OGM”. Quand on sait que l’homosexualité a longtemps été considérée comme une maladie, subir de tels propos se référant à un fléau social d’une part et à la génétique d’autre part, aujourd’hui sur la place publique, sous l’oeil bienveillant des autorités, a de quoi nous mettre en rage.
- Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont disposé d’une véritable tribune, avec micros, table sono et enceintes crachant leurs propos déplorables… sur le parvis même de la mairie, à hauteur de la porte de la mairie. Le bâtiment communal avait à ses pieds une foule d’un millier de personnes déblatérant leur homophobie avec une grosse sono en plein coeur de la ville. De fait la préfecture et la mairie (cette dernière se prétendant pourtant “socialiste” et en tout cas favorable à l’adoption du mariage pour tou-te-s), ont offert éhontément, aujourd’hui, une tribune à la haine homophobe.
Il n’est hélas guère étonnant, dans un système marchand où tout se vaut, que ce gouvernement considère qu’il est “légitime de débattre de façon citoyenne”… entre égalité des droits d’une part et homophobie d’autre part. Un peu comme lorsque des cathos intégristes manifestent contre le droit à l’avortement sous la protection des flics, en comparant publiquement l’avortement à un génocide, au nom d’une “liberté d’expression” à sens unique, où ce sont les contre-manifestants défendant les libertés qui sont filmés, repoussés et parfois réprimés (voir aussi la répression récente de manifestant-e-s antifascistes, lors de la pièce de Castellucci).
Cette triste manifestation de haine sur la place publique par des gens prétendant nous interdire quoi faire de nos vies montre une fois de plus que nous n’avons rien à attendre de quelque gouvernement que ce soit contre la domination patriarcale, et que nous devons nous organiser. Les libertés ne se demandent pas, elles se prennent.
Pavillon Noir, 2 février 2013
NdPN : vidéo de la NR ici, article ici sur les autres manifs ayant eu lieu dans des villes proches.

Transhumance contre le puçage électronique

dimanche 6 janvier 2013 par Collectif d’éleveurs drômois (26)

Le collectif d’éleveurs drômois (26) organise du lundi 28 janvier au vendredi 1er février 2013, une transhumance contre le puçage électronique (RFID) des ovins et contre l’introduction de nouvelles contraintes génético-industrielles dans l’élevage.
Chaque étape, entre Mornans et Valence, sera l’occasion d’une projection du film "Mouton 2.0 - La puce à l’oreille" et d’un débat (voir Agenda et http://transhumance.festive.overblog.com ). Vendredi 1er février, les moutons et les hommes vous invitent à les rejoindre pour manifester à Valence : départ à 9h au niveau de la sortie 33 "Beaumont-les-Valence" (voir plan ci-dessous) pour marcher jusqu’à la préfecture.
Ci-dessous le courrier du collectif 26 aux médias.
Lire aussi, sur ce sujet :
- Des moutons et des hommes
- Occupation du Pôle Traçabilité à Valence (21/11/09)
- Les cyber-moutons et les chèvres cyborgs arrivent
- Appel à la transhumance et manifestation contre le puçage électronique des moutons et des hommes

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Nous sommes des collectifs de différents départements, regroupant essentiellement des éleveurs mais aussi des non-agriculteurs. Chaque collectif est indépendant et ne se revendique d’aucun syndicat ni parti politique. En tant qu’éleveurs, nous sommes soumis à des contraintes de plus en plus fortes qui nous obligent à accepter les normes de l’élevage industriel. Considérant que ce mode d’élevage est une impasse, alors même que d’autres voies existent, nous refusons de nous y soumettre et nous revendiquons le droit des paysans à rester maîtres de leur pratiques. Pour ce faire, nous organisons une transhumance de plusieurs jours à travers la Drôme pour attirer l’attention de la population et des pouvoirs publics sur deux mesures qui s’opposent à notre vision de l’élevage et qui contribueront à fragiliser un grand nombre de fermes : l’identification électronique des ovins et caprins et l’obligation d’acheter des reproducteurs mâles « certifiés » pour tous les ruminants.
L’identification électronique des ovins et des caprins, c’est-à-dire la pose d’une boucle munie d’une puce RFID à l’oreille des animaux, est obligatoire depuis juillet 2010. Les arguments avancés par l’administration sont l’amélioration de la traçabilité et la facilitation des conditions de travail des éleveurs, deux arguments que nous réfutons. En effet, le système actuel d’identification (une boucle classique à chaque oreille) assure une traçabilité amplement suffisante et notre travail se verra alourdi d’une contrainte informatique inutile et coûteuse. Si nous ne croyons pas à l’intérêt de cette mesure pour l’élevage, nous ne doutons pas qu’imposer l’usage de gadgets électroniques à toute une profession ouvrira un marché fort intéressant à l’industrie des nanotechnologies, particulièrement bien implantée en France. Les éleveurs qui ne posent pas cette boucle électronique sont passibles de sanctions financières très lourdes. Un couple d’éleveurs de la Drôme s’est ainsi vu supprimer ses aides PAC au titre de la conditionnalité des aides équivalant à 8000€.
Nous acceptons d’autant plus difficilement cet empressement de la France à imposer la mesure qu’elle va totalement à l’encontre d’un rapport parlementaire européen de 2008, signé par notre actuel ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur un tel retournement de situation...
Enfin, nous avons de profondes inquiétudes sur l’avenir d’une société qui puce de plus en plus largement les êtres vivants et qui ne voit de salut que dans toujours plus de technologie.
Autre facette de l’industrialisation de l’élevage, promise pour 2015, l’obligation de se fournir en reproducteurs mâles certifiés, c’est-à-dire issus de centres de sélection. Autrement dit, il s’agit d’interdire aux éleveurs les échanges de mâles entre les fermes, comme cela s’est toujours fait. Les mâles ne seront donc plus sélectionnés que sur des critères propres à l’industrie. Exit les multiples critères paysans qui assurent diversité génétique, rusticité, résistance aux maladies, etc. La seule chose que l’élevage risque de gagner avec une telle mesure, c’est la dégradation du capital génétique existant et l’apparition de nouvelles maladies. Mais soyons rassurés, l’industrie saura inventer les remèdes et vaccins nécessaires !
La transhumance que nous organisons a pour objectif de faire connaître le plus largement possible notre situation et nos positions. Nous souhaitons que la population soit consciente de ce que signifierait la disparition totale des élevages non industriels pour l’environnement, le bien être animal et la santé des hommes et des femmes. Nous pensons que les animaux sont autre chose qu’un objet industriel permettant de faire de l’argent et que les éleveurs doivent rester libres de leurs pratiques pour faire perdurer la notion du vivant dans leurs rapports avec les animaux.
Quant à l’administration, et donc à l’Etat, nous souhaitons lui signifier notre refus catégorique de nous plier à des exigences qui ne servent que l’industrie. Après avoir déjà rencontré à plusieurs reprises différents représentants locaux de l’administration qui nous disent ne pas être en mesure de répondre à nos revendications, nous sollicitons une rencontre avec Monsieur Le Foll, Ministre de l’Agriculture, lors de notre arrivée à Valence pour lui demander la levée de l’obligation de l’identification électronique et la suppression du projet de mâles certifiés.