vendredi 26 avril 2013

La guerre aux migrants a fait 18 000 morts (au moins)

La semaine dernière, Frontex, l'"agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures", annonçait fièrement dans son rapport annuel que "les franchissements irréguliers des frontières extérieures de l'UE ont été divisés par deux en 2012 grâce aux renforcements des contrôles aux frontières", au déploiement de 1 800 gardes-frontière en Turquie, et à la construction d'une clôture en fil barbelé à la frontière gréco-turque longue de 10,3 km chacune et d'une hauteur de 2,5 à 3 mètres :
Quelque 72 430 franchissements illégaux ont été dénombrés en 2012, ce qui représente une baisse de 49 % par rapport aux 141 060 détectés l'année précédente.
Etrangement, Frontex n'évoque pas, par contre, le nombre de migrants morts aux frontières de l'Europe. En 2011, j'avais contribué à créer une carte interactive répertoriant plus de 14 000 hommes, femmes & enfants "morts aux frontières" de l'Europe, depuis 1993.
Printemps arabe "aidant", l'ONG en charge de cette macabre comptabilité a depuis recensé 4 000 victimes supplémentaires, en seulement 2 ans... Une vingtaine d'ONG ont lancé, il y a de cela un mois, une campagne internationale pour dénoncer cette "guerre" que l'Europe a décidé de lancer contre "un ennemi qu'elle s'invente".
A l'exception d'un article sur Slate.fr, des articles et de l'émission « De Big Brother à Minority Report » que le Vinvinteur (l'émission de télévision où j'officie aussi désormais) a consacré à cette guerre qui ne dit pas son nom, aucun média n'en a parlé. Aucun. 18 000 morts en 20 ans, dont 4 000 ces deux dernières années. Aux portes de l'Europe. Dans l'indifférence quasi-générale...


Extrait du n°20 du Vinvinteur, diffusé sur France 5 le dimanche à 20h (& dont je suis le "rédac' chef" -NDLR).
Pour échapper aux scanners rétiniens, et rester incognito, le héros de Minority Report se faisait greffer de nouveaux yeux. L’histoire se passait en 2054.
Le tiers des réfugiés qui migrent aujourd’hui à Calais, dans l'espoir de se rendre au Royaume-Uni, préfèrent de même effacer leurs empreintes digitales en les brûlant au moyen de barres de fer chauffées à blanc, de rasoirs ou de papier de verre (voir Calais: des réfugiés aux doigts brûlés).
Explications : la création de l'espace Schengen a permis d'"ouvrir" les frontières des pays membres de l'Union européenne, afin de permettre aux Européens d'y voyager sans avoir à décliner leurs identités, ni donc être obligés de montrer leurs papiers. Une révolution.
En contrepartie, l'Europe a aussi créé une agence, Frontex, en 2004, afin de sécuriser les frontières extérieures de l’Union européenne. Qualifiée d'« organisation militaire quasi-clandestine » par Jean Ziegler, Frontex disposait en février 2010 de 26 hélicoptères, 22 avions légers et 113 navires, ainsi que de 476 "appareils techniques"...
Frontex est aussi un service de renseignement, ainsi qu'un relais policier, militaire, et diplomatique, avec les autres pays de l'Union... et pas seulement : Frontex a en effet passé des accords techniques de coopération avec des pays comme le Bélarus (157e -sur 179- au classement de la liberté de la presse de RSF), la Russie (148e), l'Ukraine (126e), la Turquie (154e), et en prépare d'autres avec la Libye (131e), le Maroc (136e), l'Egypte (158e), la Tunisie (138e) ou l'Azerbaïdjan (156e, cf « L’Internet est libre »… mais pas notre pays).
Le respect des droits de l'homme ne se résume certes pas au seul respect de la liberté de la presse. A contrario, on a du mal à imaginer qu'un pays qui ne respecte pas la liberté de la presse respecterait les droits des migrants... et donc à comprendre ce pour quoi, et comment, Frontex ait ainsi pu externaliser le fait de bloquer, et faire incarcérer, des migrants dans des pays peu regardants en matière de droits de l'homme.

FrontExit, lancé par une vingtaine d'ONG de défense des droits de l'homme, réclame aujourd'hui "plus de transparence sur le fonctionnement de FRONTEX et le respect des droits des migrant.e.s aux frontières" :
"Pour lutter contre une prétendue « invasion » de migrants, l’Union européenne (UE) investit des millions d’euros dans un dispositif quasi militaire pour surveiller ses frontières extérieures: Frontex."
Le budget annuel de Frontex a été multiplié par 20 en 5 ans, passant de 6 millions d’euros en 2006 à 118 millions d’euros en 2011. Un record, en ces temps de crise, sachant qu’il est aussi 9 fois plus important que celui du bureau européen chargé, non pas de refouler les réfugiés, mais d’harmoniser leurs demandes de droit d’asile…
Une des missions de Frontex est de rendre nos frontières “intelligentes”, au moyen d’une batterie de nouvelles technologies, développées, pour la plupart, par des marchands d’armes : caméras de vidéosurveillance thermiques, détecteurs de chaleurs et de mouvement, systèmes de drones, etc., le tout pour un budget estimé à 2 milliards d’euros.
2 milliards d’euros, c’est grosso modo ce que réclamaient les associations caritatives pour assurer l’aide alimentaire aux plus démunis, soit 19 millions de personnes en Europe, dont 4 millions en France.
Austérité oblige, l’Union européenne a finalement décidé d’amputer l’aide alimentaire de 1 milliard d’euros… au grand dam des ONG humanitaires, qui ont un peu de mal à accepter que "les chefs d'État demandent (donc) aux pauvres de sauter un repas sur deux"...

Pourquoi il ne faut pas "rigoler" sur sa photo d'identité

Le cauchemar décrit dans "Minority Report" est devenu réalité : pour échapper aux systèmes de surveillance, des hommes n'hésitent pas à se mutiler, voire à mourir...
Pour l'instant, & à ce jour, il s'agit essentiellement de "réfugiés”, “sans papiers”. Mais les migrants et étrangers ne sont pas les seuls à être fichés : la "délivrance" d'un visa, ou d'un passeport, est aujourd'hui conditionnée au fait de donner ses empreintes digitales, plus une photo d'identité, bien "cadrée", afin de faciliter la tâche des systèmes de reconnaissance biométrique...
Vous ne le savez peut-être pas, mais s'il est interdit de rigoler sur vos papiers, c'est pour permettre à des logiciels de reconnaissance faciale de pouvoir vous identifier... (voir Il ne faut pas rigoler avec vos photos d’identité). Pour l’instant, seuls les sans papiers en arrivent à se mutiler pour effacer leurs empreintes digitales. Pour l’instant.

L’Europe a décidé, de façon particulièrement cynique, de privilégier le fichage des étrangers, en limitant le nombre de consulats offrant la possibilité d'obtenir un visa biométrique (cf Tchernobyl: les enfants bloqués à la frontière française), tout en conditionnant l'obtention d'untel visa biométrique au fait pouvoir se le payer (cf La France refoule 12% des artistes africains).
Résultat : en 20 ans, cette “guerre aux migrants” aurait fait entre 18 & 72 000 victimes... C’est le constat, effrayant, dressé par United Against Racism, une ONG qui, depuis 1993, documente dans une base de données les morts aux frontières de l’Europe. Début 2011, elle en avait répertorié 14 000. Printemps arabe aidant, le nombre de victimes serait passé à 18 000, soit 4 000 morts de plus en 2 ans… dans l'indifférence quasi-générale, ce pour quoi j'ai proposé au Vinvinteur d'en parler :

Ghert est l'un des responsables d'United Against Racism, l'ONG qui dénombre les "morts aux frontières" de l'Europe. Il a préféré être interviewé de dos, plusieurs membres de son ONG ayant déjà été menacé voire tabassé par des militants d'extrême-droite. Non content de m'expliquer qu'il n'a pu documenter qu'1/4 des "morts aux frontières" -et qu'il estime donc que le chiffre réel serait trois fois plus important, aux alentours de 80 000-, Ghert m'a notamment raconté l'histoire de cette mère qui a choisi d'éborgner ses enfants -afin de leur permettre de rester en Europe.
Dressant un parallèle entre ce que l'Europe traverse aujourd'hui et ce qu'elle avait vécu dans les années 1930, Ghert estime ainsi que la façon qu'ont les pays du Nord de (mal)traiter la Grèce et l'Italie (notamment), et que la banalisation de la xénophobie, l'institutionnalisation des discriminations, et les résurgences racistes, pourraient déboucher sur une véritable "guerre" -nonobstant les risques de voir un jour cette "guerre aux migrants" se retourner contre "nous", si d'aventure ceux qui en meurent aujourd'hui se décidaient à prendre les armes pour se "défendre". L'interview dure 40', elle est en anglais, mais le constat est terrifiant :

Pour Claire Rodier, que j'avais déjà interviewée en 2011 à l'occasion de la mise en ligne du mémorial des “morts aux frontières de l’Europe“, « la liberté de circulation s’impose comme une évidence au regard des ravages causés par la lutte contre les migrations "illégales" ».
Juriste au Gisti et responsable de Migreurop, l'une des ONG qui a lancé FrontExit, Claire Rodier a publié un essai, « Xénophobie Business », analyse cinglante et alarmante du « marché » de l'externalisation sinon de la privatisation, du contrôle de l’immigration. Elle y dénonce les « profiteurs de guerre » de ce marché "très lucratif" où les agents de sécurité ne reçoivent souvent qu’une formation de cinq jours sur les techniques de contrôle et de contention, failitant d'autant les cas de recours excessif à la force, voire de tabassage en règle. Son interview dure plus d'une heure, mais je ne saurais que trop vous conseiller de la lancer, en tâche de fond, et de l'écouter, vraiment :

Si d'aventure ces questions vous ont ébranlé, vous pouvez également consulter le kit de sensibilisation de Frontexit, les cartes issues de l'Atlas des migrants en Europe , la Transborder map, "carte de la résistance contre le régime des frontières européennes", réécouter l'émission Liberté sur paroles consacrée à Frontexit
(où l'on apprend que des garde-frontières ont tiré sur des bateaux de réfugiés pour les couler, et qu'il est question de doter les patrouilles de Frontex d'armes létales), acheter « Xénophobie Business », le livre de Claire Rodier (voir les 30 premières pages). Voir aussi :
Calais: des réfugiés aux doigts brûlés
La France refoule 12% des artistes africains
Tchernobyl: les enfants bloqués à la frontière française
Fichier ADN : 80% des 2,2M de gens fichés sont « innocents »
Ne dites pas à ma mère que je suis un hacker, elle me croit blogueur au Monde.fr, & reporter au Vinvinteur

L’existence des paradis fiscaux n’est pas une fatalité

17 avril par Arnaud Zacharie, Antonio Gambini

Les révélations du consortium international de journalistes d’investigation sur la finance offshore ont levé un coin du voile sur ces trous noirs de la finance qui sont au cœur de la mondialisation. Les montants en jeu sont en effet faramineux : les sommes illicitement placées dans les paradis fiscaux sont comprises entre 21 et 32 milliers de milliards de dollars ; la moitié des flux financiers internationaux transite par les paradis fiscaux ; le tiers des flux mondiaux d’investissements des firmes transnationales leur sont destinés, ce qui implique notamment que les îles Barbade, Bermudes et Vierges Britanniques reçoivent davantage d’investissements que l’Allemagne ou le Japon ; les flux illicites fuyant chaque année les pays en développement par le biais des paradis fiscaux représentent dix fois le montant total de l’aide publique au développement.
Contrairement à une idée fausse, le problème ne se réduit pas aux comportements illégaux ou immoraux de certains fraudeurs, entreprises ou particuliers, qui ne représentent que la pointe de l’iceberg d’un véritable système mondial qui favorise l’évasion fiscale au détriment des recettes publiques des États. Une situation qui apparaît de plus en plus inacceptable à une époque où les États opèrent des coupes sombres dans les budgets sociaux et d’aide au développement au détriment des populations les plus vulnérables. Ce système n’est toutefois pas une fatalité, car des réformes législatives déterminées peuvent ramener un minimum de justice fiscale dans le monde.
Les flux illicites fuyant chaque année les pays en développement par le biais des paradis fiscaux représentent dix fois le montant total de l’aide publique au développement
Il est également faux d’imputer la responsabilité de cet état de fait à de prétendues fiscalités confiscatoires (comme l’a notamment affirmé à propos de la Belgique Thierry Afschrift dans Le Soir du lundi 8 avril) : ceux qui souffrent le plus de la pression fiscale sont les entreprises plus petites et les ménages modestes et moyens, souvent incapables de recourir aux techniques d’optimisation fiscale. Rappelons ainsi qu’en Belgique, alors que l’impôt des sociétés est fixé à 33,99% et effectivement assumé par la plupart des PME, le taux effectivement payé par l’ensemble des sociétés est en moyenne de 10%, ce qui s’explique largement par les techniques d’optimisation fiscale des grandes firmes transnationales. Parallèlement, alors qu’un salarié belge gagnant 40.000 EUR par an paiera 14.000 EUR d’impôt (35%), un actionnaire enregistrant une plus-value de 40.000 EUR en vendant des actions ne paiera pas le moindre impôt du fait de l’absence de taxation des plus-values boursières. L’« enfer » fiscal belge n’est donc pas une réalité pour tout le monde.
Le système de l’injustice fiscale mondiale s’articule autour de plusieurs éléments, dont l’opacité qui permet de masquer le propriétaire ou le bénéficiaire effectif de revenus derrière des sociétés off shore et des contrats de « trust », et le secret bancaire qui empêche l’échange automatique d’informations entre autorités fiscales. Il n’y a pourtant ici non plus aucune fatalité : l’échange automatique d’information peut et doit devenir la norme internationale, malgré la résistance des États récalcitrants qui tirent directement profit du système. En Europe, le récent assouplissement de la position de l’Autriche et du Luxembourg ouvre la voie à un système européen d’échange automatique d’information toutefois limité aux revenus d’intérêts. Aux États-Unis, la loi FACTA imposant à toutes les institutions financières dans le monde de communiquer les informations concernant les résidents américains entrera en vigueur en 2014, tandis que cinq pays européens (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni) plaident pour un « FACTA européen ». De même, dans le cadre notamment de la révision en cours de l’arsenal législatif anti-blanchiment de l’Union européenne, il est possible d’exiger un registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés et des trusts.
Les systèmes fiscaux sont pour l’essentiel nationaux, alors que l’économie est devenue mondialisée. C’est donc un jeu d’enfant pour les entreprises multinationales de déplacer artificiellement les profits vers les paradis fiscaux, et ainsi échapper à une bonne part de l’impôt, comme l’ont notamment récemment démontré les affaires Google, Amazon et Starbucks. La solution à ce phénomène consiste à obliger les firmes transnationales à publier une comptabilité qui précise quels sont leurs activités, leur chiffre d’affaires, leurs bénéfices et leurs impôts dans chacun des pays où leurs différentes filiales opèrent. Cela permettrait de faire la lumière sur la technique d’optimisation fiscale la plus répandue et qui consiste à manipuler les « prix de transfert » concernant les échanges de composants entre filiales d’un même groupe, permettant ainsi aux firmes transnationales de déclarer la majorité de leurs profits dans des filiales localisées dans des paradis fiscaux, plutôt que dans les pays où ils ont effectivement été réalisés, et ainsi échapper à une bonne part de l’impôt. Cette simple transparence serait bienvenue non seulement pour les contribuables, mais aussi pour les actionnaires et les investisseurs. Malgré l’opposition féroce des lobbies industriels et financiers, des réformes de ce type sont en passe d’être réalisées dans le secteur extractif (aux Etats-Unis et en Europe) et dans le secteur bancaire (dans l’UE uniquement). L’heure est venue d’aller plus loin et de faire la lumière dans tous les secteurs et dans tous les pays, en se donnant les moyens de définir les bénéfices consolidés des firmes à l’échelle mondiale.
A côté de ces réformes structurelles, des mesures plus simples sont possibles dès aujourd’hui. En Belgique, la société publique d’investissement dans les pays en développement, BIO, investit aux Iles Cayman et à l’Ile Maurice, comme le font d’ailleurs l’ensemble des banques publiques de développement (Banque mondiale, BEI, BERD et autres banques nationales semblables à BIO), ceci au nom d’un business model impliquant de passer par des paradis fiscaux pour trouver des co-investisseurs privés dans les pays en développement. Quels que soient l’impact des investissements de BIO, cette situation a ceci de pervers qu’une émanation de l’État crédibilise les paradis fiscaux que le fisc est censé combattre et qui favorisent par ailleurs la fuite des capitaux dans les pays en développement que BIO est censé aider. Cela participe aux incohérences qui continuent d’affecter l’efficacité du développement et auxquelles le ministre Labille s’est engagé à répondre.
En définitive, la lutte contre les paradis fiscaux représente un enjeu majeur en matière de justice fiscale et de financement du développement. Les solutions sont connues et il ne manque plus que la volonté politique internationale que le scandale de l’Offshore Leaks semble raviver. L’existence des paradis fiscaux n’est donc pas une fatalité.

Méditerranée : Manifeste du front commun d’organisations politiques contre la dette

22 avril
Le manifeste de la rencontre méditerranéenne de Tunis contre la dette
(23-24 mars 2013)
Réunis à Tunis du 23 au 24 mars 2013, à l’appel du Front Populaire, nous, représentants de partis politiques progressistes de la région méditerranée, avons adopté la résolution suivante. |1|
1- Depuis plus d’un quart de siècle, la mondialisation capitaliste néolibérale n’a cessé d’étendre sa domination sur la planète toute entière. Les processus qu’elle met en œuvre accélèrent la marchandisation du monde au profit d’une minorité et confisquent la citoyenneté et la souveraineté des peuples et des États. Ils aggravent l’insécurité économique et les inégalités sociales au Nord et au Sud et creusent davantage le fossé qui sépare les pays riches et les pays dits pauvres.
Les peuples du Sud, sont tout particulièrement soumis au régime dévastateur des politiques d’ajustement structurel et des politiques de libre échange qui empêchent leur développement solidaire, détruit leur environnement et les prive de leur souveraineté en les fragilisant davantage et en aggravant leur dépendance aux pôles économiques dominants du Nord.
Le sort de l’humanité est désormais décidé par une poignée de transnationales et par des institutions financières internationales sur lesquels les peuples n’ont aucun contrôle.
Depuis 2008, sur fond de crise du système capitaliste mondial, ces politiques sont étendues aux pays de la rive nord de la méditerranée, nommées avec mépris PIGS (cochons en anglais).
En Tunisie, cette politique a été imposée depuis 1986 par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, avant d’être renforcée, à partir de 1995, par l’Accord d’Association imposée, lui aussi, par l’Union Européenne et ses États membres et dont l’application a été garantie par la dictature politique.
A l’heure actuelle, ces différents acteurs de la mondialisation capitaliste néolibérale tentent d’imposer la poursuite des mêmes politiques tout en cherchant à profiter de la crise révolutionnaire pour les approfondir et les étendre davantage. Il s’agit surtout de barrer la route aux aspirations et la volonté de changement radical exprimées massivement par les classes populaires, notamment la jeunesse, au cours de l’insurrection révolutionnaire de décembre-janvier 2011.
2- En chassant le dictateur, celle-ci a désarmé l’ordre capitaliste néolibéral local et permis de réaliser certains acquis, sans pour autant le renverser. Le régime social, qui est le produit historique de la domination étrangère et, plus récemment, de la restructuration capitaliste néolibérale mondiale, est toujours debout. Mais, la crise révolutionnaire que l’insurrection a ouvert demeure active. La victoire de la révolution démocratique et sociale en Tunisie, comme dans les autres pays de la région, demeure possible.
3- La révolution tunisienne a marqué le début de la révolution arabe. A ce jour, quatre dictateurs, dont la durée moyenne au pouvoir dépassait 30 ans, ont été éliminés. Ces bouleversements politiques sont, sans aucun doute, les plus importants que connaisse la région arabe depuis des décennies. La Tunisie et toute la région arabe et maghrébine vivent à l’évidence un tournant dans leur histoire.
C’est, au sens même du mot, un moment « historique ». En effet, les peuples de la région, qui n’ont cessé de lutter, se dressent aujourd’hui contre leurs oppresseurs directs, en faisant irruption sur la scène politique pour reprendre leur destin en mains.
4- La dette qui a servi sous la dictature comme outil de soumission politique et de mécanisme de transfert de revenus du travail au capital local et, surtout, mondial, sert actuellement à la contre-révolution pour maintenir l’économie néocoloniale et la domination étrangère sur la Tunisie. Ailleurs, en Égypte, au Maroc, en Grèce, à Chypre, dans l’État espagnol et dans bien d’autres pays du bassin méditerranéen, la dette continue de servir les intérêts d’une minorité contre les intérêts de l’écrasante majorité. Elle est partout, le prétexte pour l’application de politiques d’austérité imposées par les Institutions financières internationales et les États capitalistes qui violent les droits humains.
5- Partout, au Nord comme au Sud, ce sont les mêmes logiques de profit, de domination et de destruction de la planète qui continuent d’être imposées à l’ensemble des peuples et à la nature. La révolution tunisienne, la révolution arabe, les luttes héroïques de tous les peuples de la planète contre l’ordre capitaliste néolibéral, notamment ceux des peuples grecs, portugais, basque, catalan et dans l’État espagnol sont autant d’actes politiques fondateurs de ce nouvel ordre mondial social, démocratique, féministe, solidaire, pacifique, qui garantit la souveraineté populaire et l’autodétermination des peuples et respecte la nature pour lequel militent nos partis respectifs.
6- Mais, face à cette volonté populaire de changement radical, les classes dominantes, les transnationales et la finance mondiale font bloc, contre attaquent et tentent de mettre en œuvre des politiques encore plus antisociales et antidémocratiques pour briser cet élan populaire libérateur et pour continuer à faire supporter le coût de la crise du système capitaliste mondial aux mêmes victimes ; l’ensemble des peuples et la planète.
7- Nous croyons que les partis politiques progressistes de la région méditerranée doivent, eux-aussi, unir leurs efforts et leurs actions aussi bien au niveau régional que international afin d’appuyer et de soutenir les luttes des peuples et des classes exploitées et opprimés qui aspirent à la liberté, à la dignité et à la justice sociale. Nous soutenons la lutte révolutionnaire du peuple syrien pour conquérir la liberté, la démocratie, la justice sociale, l’égalité et la dignité nationale. Nous condamnons toute intervention étrangère de nature à s’opposer à la réalisation de ces objectifs.
Dans le but d’agir en commun dans ce sens, les partis politiques progressistes de la région méditerranée qui participent à la rencontre méditerranéenne de Tunis contre la dette, les politiques d’austérité et la domination étrangère, pour une méditerranée libre, démocratique, sociale, solidaire et respectueuse de l’environnement, s’engagent à :
  • soutenir les processus de lutte des mouvements sociaux, des syndicats et des associations, pour un audit citoyen de la dette ;
  • promouvoir des propositions d’annulation de la dette illégitime ;
  • intégrer la revendication de l’audit de la dette et l’annulation de la dette illégitime dans nos programmes politiques, et soutenir la lutte des peuples pour leur souveraineté et leur autodétermination ;
  • construire un réseau de soutien mutuel entre les peuples pour aider les pays qui choisissent de ne pas payer la dette illégitime ;
  • mettre en place un réseau de communication pour faciliter l’échange d’informations et d’expériences ;
  • mettre en place une coopération concrète visant à la construction des outils de lutte et de mobilisation nécessaires à la défense de nos objectifs ;
  • organiser une deuxième rencontre dans l’État Espagnol.
Les partis politiques progressistes de la région méditerranée qui ont participé à la rencontre méditerranéenne de Tunis, ont tenu à saluer le FSM qui s’est tenu à Tunis du 26 au 30 mars qui a été une réussite et a permis, à son tour, d’avancer vers la réalisation des objectifs inscrits dans la charte de Porto Alegre.
Enfin, nous condamnons vivement l’assassinat de Chokri Belaid, Secrétaire général du Parti Patriote Démocratique Unifié et dirigeant du Front Populaire, que nous qualifions de crime politique. Nous réclamons que la vérité soit dite sur tous ceux qui sont impliqués dans ce crime odieux.

Premières organisations signataires (ordre alphabétique)

Algérie
Parti Socialiste des Travailleurs
Mouvement Baath algérien
Égypte
Union Populaire Socialiste
État espagnol
SORTU – Euskal Herria (pays basque)
IA - Izquierda Anticapitalista –Gauche anticapitaliste
CUP – Comités de Unidad Popular – Catalunya –Comités d’Unité Populaire - Catalogne
IU - Izquierda Unida – Gauche Unie
France
Parti Communiste français/Front de Gauche
Gauche anticapitaliste
NPA – Nouveau Parti Anticapitaliste
Les Alternatifs
Grèce
Syriza
Italie
Sinistra Critica – Gauche Critique
Liban
Parti Communiste Libanais
Forum Socialiste
Maroc
La Voix Démocratique
El Mounadhil
Portugal
Bloco da Esquerda – Bloc de Gauche
Syrie
Le courant de la Gauche Révolutionnaire Syrienne
Tunisie
Front Populaire
Avec le soutien de la GUE/NGL du Parlement européen (Gauche Unitaire Européenne, Gauche Verte Nordique)

L’égalité des droits homos/hétéros, une cause pas si «populaire»

VENDREDI 19 AVRIL 2013
C’EST L’AMÉRIQUE !
L’agitation qui entoure les débats autour du mariage pour tous en France tranche singulièrement avec le climat consensuel et apaisé qui a caractérisé la promulgation de la loi permettant le mariage entre personnes de même sexe en Uruguay – une loi ouvrant également le droit à l’adoption pour ces mêmes couples. Mercredi 10 avril dernier, l’Uruguay est donc devenu le douzième pays au monde à adopter ce type de disposition, le second en Amérique latine après l’Argentine en 2010. Un club restreint que la Nouvelle-Zélande vient de rejoindre à son tour ce mercredi.
La reconnaissance du mariage homosexuel en Amérique latine semble illustrer l’emprise dont l’Eglise catholique dispose dans le sous-continent. L’Uruguay a ainsi la particularité d’être le pays le plus laïcisé de toute l’Amérique latine, avec seulement deux tiers de la population se revendiquant comme catholique. Ce chiffre peut paraître élevé vu d’Europe: il n’en est rien dans un continent où cette proportion atteint souvent aisément 80% à 90%, l’Uruguay s’offrant même le luxe de devancer légèrement Cuba, où l’Eglise catholique a pourtant longtemps été combattue par le régime castriste avant d’être tolérée depuis les années 1990. De fait, les appels de l’Eglise à la résistance contre la mesure promue par le gouvernement du Frente Amplio (Front large, centre-gauche) n’ont quasiment pas été suivis d’effets, indiquant ainsi que, si les catholiques déclarés dans le pays sont majoritaires, le relâchement des pratiques est tel que le clergé ne parvient pas à mobiliser ses ouailles sur des questions sociétales qui remettent pourtant directement en cause les dogmes énoncés à Rome. Pour sa part, le Parti national (opposition) n’a même pas
vu l’intérêt de se
saisir du thème comme
d’une question électorale et a donné une totale liberté de vote à ses
parlementaires.
En Argentine, en revanche, la reconnaissance du mariage homosexuel s’est beaucoup plus apparentée à une confrontation stricte entre un régime de centre-gauche progressiste sur les questions sociétales et une opposition influencée par une Eglise à la doctrine mâtinée de catholicisme social – proche des pauvres, mais soucieuse de la préservation de l’ordre social. Comme en France, la droite argentine s’est ainsi ralliée au combat d’arrière-garde livré par le cardinal Bergoglio (devenu depuis le pape François) dans l’espoir de mettre à mal le gouvernement de Cristina Kirchner – sans succès. Pourtant, il serait caricatural de réduire l’Eglise à une position intrinsèquement réactionnaire, comme l’illustre le cas quelque peu atypique du Brésil, où le développement de courants inspirés par la théologie de la libération a permis d’atténuer l’opposition du clergé, souvent sans concession dans le reste de l’Amérique latine, envers les droits des homosexuels.
Si l’Eglise catholique recèle des contradictions sur ce thème en Amérique latine, force est de constater que les régimes progressistes ne sont pas en reste. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les divisions engendrées par la défense de ces droits ne recoupent que rarement le clivage gauche/droite: ainsi, la Colombie ancrée à droite s’avère éminemment plus progressiste sur la question que les régimes nationaux-populaires du Venezuela, du Pérou ou de la Bolivie. Dans ces trois pays, c’est une gauche d’extraction populaire et proche de l’armée qui est arrivée au pouvoir, une gauche d’autant moins encline à s’intéresser aux questions sociétales qu’elle est imprégnée d’une culture viriliste et d’une vision genrée de la société... elle-même héritée de l’Eglise catholique! D’où un tiraillement palpable face à des questions qu’elle n’a guère l’habitude de traiter, et dont la droite se saisit plus volontiers afin de satisfaire un électorat urbain de classe moyenne plus réceptif.
Le détour par l’Amérique latine, et l’Uruguay en particulier, ne vient pas seulement souligner le caractère éminemment réactionnaire des résistances à l’adoption du «mariage pour tous» en France. Il montre également que la jonction entre la question sociale et les questions sociétales relève de tout sauf de l’évidence. En ce sens, les avancées obtenues en Argentine et en Uruguay doivent encourager les militants et militantes LGBT latino-américains qui s’identifient aux processus de transformation sociale en cours dans le continent de la pertinence d’un combat spécifique pour l’égalité des droits en leur sein. Que la dirigeante communiste Marie-George Buffet soit devenue de nos jours, en France, l’une des plus ardentes défenseures du mariage pour tous, elle qui est pourtant issue d’un courant qui stigmatisait jusque dans les années 1980 une «tradition étrangère à la classe ouvrière», prouve que la tâche des militants LGBT dans les mouvements populaires en Amérique latine est délicate, mais sûrement pas insurmontable.
Au sein de quelques Etats fédéraux latino-américains, certains Etats reconnaissent déjà ce droit: Mexico et Quintana Roo au Mexique, et Alagoas au Brésil.
 
* Enseignant-chercheur à l’Université de Nice Sophia Antipolis.

mercredi 24 avril 2013

Accueil du site > Truks de dernières minutes > Marinaleda, un village en utopie

http://www.youtube.com/watch?v=UkLbnLpHl-8

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=UkLbnLpHl-8

Banalisation de l’homophobie et répression des antifascistes/antisexistes : NO PASARAN !

Le “débat” interminable et puant pour ou contre le mariage homo, s’étalant au Parlement et dans les médias, ne cesse de banaliser l’homophobie. Avec des conséquences parfois tragiques. Aucun débat n’est possible avec les fachos attaquant les libertés et l’égalité !
Les associations de soutien aux LGBT croulent sous les appels de jeunes en détresse, qui ont triplé en 2012 par rapport à 2011. Les agressions homophobes ont sensiblement augmenté depuis novembre 2012 (+30%), soit le début du “débat”, et ont littéralement explosé depuis le début de l’année 2013. Les homophobes tentent de prendre la rue avec des manifs moisies à répétition, et radicalisent leurs actions. Les propos appelant à la haine se banalisent : “Hollande veut du sang, il en aura !” (dixit Frigide Barjot). Des membres d’organisations fachos (comme le GUD) appellent ici et là à passer les homos à tabac. Le cas de Wilfried ayant publié sa photo sur facebook, après avoir été agressé à Paris par des fachos, lui et son copain à qui il tenait la main, n’est hélas pas un cas isolé.
Ainsi hier soir 17 avril à Lille, des fachos ont agressé des gens dans un bar homo. Il n’y a pas de hasard : hier ont aussi eu lieu, à nouveau, des manifs homophobes un peu partout en France. Y compris à Poitiers (voir ici l’article de la Nouvelle République).
A Paris, ces nuisibles ont manifesté devant l’Assemblée Nationale, avec des contingents de brutes fascistes. Des camarades antifascistes/antisexistes, dont des copains et copines de la Fédération Anarchiste, ont fait une petite action pour protester. Comme d’habitude, c’est sur nos camarades que la répression policière a frappé. Sur la quarantaine d’arrestations sur toute la manif, environ un tiers d’entre nos camarades, soit 24 personnes, se sont faites embarquer dans un bus où il faisait au moins 50°, et sont sorties au bout de deux heures de contrôle d’identité…
Si les fachos se sentent pousser des ailes, c’est bien avec la complicité active des forces de répression. L’Etat a beau jeu de faire des discours contre l’homophobie ! Non seulement les flics de l’Etat permettent aux fachos d’exprimer leur vomi haineux dans la rue, dans des rassemblement homophobes ou anti-avortement, mais ils répriment les antifascistes et antisexistes.
A Poitiers aussi, ce sont aussi les camarades qui tentent de s’opposer aux manifestations homophobes qui sont systématiquement filmé-e-s et intimidé-e-s par la police locale.
Tout cela, bien loin de nous décourager, ne fait que renforcer notre détermination à lutter contre l’homophobie et le fascisme, partout où ils attaquent. Continuons tou-te-s à nous défendre et à défendre la rue contre les manifestations homophobes et fascisantes !
A Poitiers comme ailleurs : No Pasaran
Pavillon Noir, 18 avril 2013
NDPN – Mise à jour : 3 dates prévues de rassemblement contre l’homophobie : le Groupe d’action unitaire de la Vienne contre l’extrême-droite appelle à un rassemblement dimanche 21 avril à 10 h 30 sur le parking d’Auchan Poitiers Sud (là où se sont donnés rdv les homophobes). Ainsi qu’à un rassemblement contre l’homophobie mercredi 24 avril à 18 h place d’armes (devant l’hôtel de ville). Le Collectif LGBTI (Lesbiennes Gays Bis Transgenres Intersexués) appelle aussi à un rassemblement mardi 23 avril à 18h30, place d’armes.

Les impôts, c’est pour les pauvres




Dans la Nouvelle République de ce 20 avril 2013, un article croustillant annonce le bilan de la fraude fiscale en Poitou-Charentes : rien moins que 1,5 milliard, soit l’équivalent des budgets cumulés du Conseil régional et du conseil général de Charente-maritime. “Le chiffre donne le vertige”, nous dit le journaliste : c’est plutôt lui qui donne l’impression de débarquer !
De leur origine historique, où l’exaction se pratiquait encore à la truelle avec son lot de massacres, de viols et d’esclavage, jusqu’à nos jours plus policés : les impôts d’Etat n’ont jamais eu pour autre but que de perpétuer l’exploitation des pauvres, chargés de financer leur propre mise au pas. La “fraude fiscale” n’est que la partie émergée de l’iceberg de l’ “optimisation fiscale”, et toutes deux se sont toujours faites avec la bénédiction de l’Etat, qui n’est bon prince qu’avec ceux qui tiennent le manche. Le capitalisme et le salariat perpétuent le racket institutionnel des richesses produites par les dominé-e-s, sous le ripolinage de la démocratie.
De fait en France, les 10% les plus aisés détiennent 62 % du patrimoine total. Pire, les 1% les plus aisés en France détiennent à eux seuls un quart du patrimoine total, et 32,4% des revenus du patrimoine. Quant à la “progressivité de l’impôt” ? Encore une bonne farce des droits de l’homme riche. Si les taux d’imposition varient entre 41 % et moins de 48 % pour les 50% des Français-e-s les plus modestes, ils baissent pour les plus friqués, passant même sous la barre des 40 % pour les 1 % les plus richards. “La plupart des hauts revenus et des revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values, loyers) bénéficient d’exemptions et de règles dérogatoires leur permettant d’échapper au barème de l’impôt sur le revenu”, selon les économistes Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez.
Là où nous devrions davantage nous étonner quant à nous, c’est de voir le syndicat Solidaires (s’affichant pourtant plus “radical” dans ses analyses et ses actions), réclamer un machin consternant en guise de solution. A savoir donner plus de moyens aux services des impôts de l’Etat… pour lutter contre ses propres fondements. Beau tableau du syndicalisme “révolutionnaire”, dont le but originel était l’abolition du salariat et de l’Etat… il s’agit à présent de demander à l’Etat, principe même de la domination sociale et du racket institutionnel, d’aiguiser ses armes… dans l’espoir qu’il les retourne contre lui-même et ses petits copains. Autant conseiller au petit poucet de demander à l’ogre  de se bouffer une main ! Oh les copains, on aime bien croire aux histoires des endormeurs de tout poil, mais à la condition qu’elles aient au moins un minimum de réalisme.
Les pauvres payent et trinquent toujours plus au final que les riches qui les exploitent, ce n’est pas un scoop : ça durera tant qu’on n’aura pas aboli l’Etat, le salariat et ce qui va avec, à savoir l’argent lui-même. Rien à attendre des jérémiades hypocrites des étatistes de gauche ou de syndicalistes glorifiant l’impôt, ni même par des déclarations d’intention libertaires ; nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, par la pratique ici et maintenant de la réappropriation, de l’autonomie et de l’entraide. Ca ne tombe pas du ciel : ça s’organise, sur tous les champs de la lutte sociale.
Juanito, Pavillon Noir, 20 avril 2013

samedi 13 avril 2013

Poitiers] Du fumier pour les fumiers

 
NdPN : hier 12 avril, des éleveurs ont mis le boxon devant de nombreux supermarchés. Du fumier pour les fumiers ! On sait que les subventions massives de l’Union européenne nuisent aux petits producteurs des pays dits en voie de développement, souffrant d’une concurrence “déloyale” avec le lait importé d’Europe. Mais ce discours conduit parfois à cracher sur les éleveurs européens en général… Or, hormis le fait que toute concurrence soit en soi déloyale, on peut aussi souligner que les petits producteurs de lait en Europe ne roulent pas non plus sur l’or, vendant même bien souvent à perte le fruit de leur travail. Les vrais voleurs ne sont pas celles et ceux qui triment, mais les capitalistes. Qu’il s’agisse des grosses firmes productrices de lait, engrangeant les subventions publiques (proportionnelles à la production, une aberration qui vise à soutenir la monopolisation capitaliste sur cette production), ou de la grande distribution, écrasant les producteurs au nom de “la vie moins chère” pour les consommateurs-trices, eux et elles-mêmes pressuré-e-s par des salaires minables. Les salauds ne sont pas du côté des gens qui bossent, mais des profiteurs capitalos qui avec l’aide des Etats, accaparent aussi bien la production que la distribution. La lutte contre ces requins par des actions directes (voir ci-dessous) est incontournable ; pour être victorieuse, il faudra aussi qu’elle se double de la mise en place de circuits courts et directs entre producteurs et consommateurs.
Hier matin, des agriculteurs ont barré l’accès au Géant Casino de Poitiers. Pour faire pression sur les distributeurs qui ne lâchent pas de lest sur le prix du lait.
L’heure du laitier ou presque. Il est 7 h 45 sur le parking du Géant Casino de Poitiers ce vendredi. Le directeur du magasin est en bras de chemise sur le parking. Il sait déjà que la journée ne sera pas bonne. Car des tracteurs ne tardent pas à déverser du fumier et des pneus aux différents accès à cette enseigne. Des barrages dissuasifs pour les clients en voiture.

“ Si on ne veut plus de nous, il faudra penser à se nourrir autrement ”
« Notre action s’est déclenchée en plusieurs endroits du département pour bien faire passer notre message (1), souligne Mathieu Morin, président des Jeunes Agriculteurs 86. Et des céréaliers sont là également en solidarité avec nos éleveurs. » Ces producteurs laitiers sont étranglés par des charges en constante augmentation, notamment les matières premières. En face, à la table des négociations, la grande distribution ne lâche rien. « Un éleveur qui se lève, il sait qu’il va perdre de l’argent, assure Mathieu Morin. C’est toujours à lui de s’adapter. Payer un litre de lait deux centimes de plus, les distributeurs sont capables de l’assumer. Cela permettrait de souffler et de vivre un peu mieux. On ne peut plus continuer comme ça. » « Nous avons rencontré le directeur du Géant Casino et on compte sur lui pour faire remonter l’information », espère Denis Bergeron, président de la FNSEA 86. Mathieu Morin précise : « Michel-Edouard Leclerc est prêt à faire un premier pas, mais sur trois mois. Ça ne suffit pas. » Avant de s’alarmer : « A terme, c’est la mort de l’agriculture. Si on n’en veut plus, il faudra penser à se nourrir autrement. »
(1) A Montmorillon, Leclerc, Leader price et Super U ont été ciblés, ainsi que Leclerc et Auchan à Châtellerault.
Jean-François Rullier, Nouvelle République, 13 avril 2013

L'Eglise catholique, toujours là malgré ses crises, malgré la crise...


  
Depuis des semaines, les médias nous ont abreuvé de reportages autour de la démission du pape Benoît XVI, alias Monsieur Ratzinger, éduqué dans les jeunesses hitlériennes et du nouveau mitré, François 1er, alias Monsieur Bergoglio, le soutien du général Jorge Rafael Videla, chef de la dictature militaire responsable de dizaines de milliers de morts et de disparitions en Argentine de 1976 à 1983.
A regarder de plus prêt les raisons de la démission du premier, au delà de la langue de bois « vaticanesque » faisant état de fatigue, de maladie, tous les observateurs sérieux de la curie romaine ont mis en avant la crise majeure qui traverse une Eglise se voulant dépositaire d'une « morale universelle » : scandale de la pédophilie, scandales financiers, etc.
Toutes ces affaires montrent l'existence et affrontements de clans d'intérêts, de fractions politiques n'ayant rien à envier aux bandes mafieuses. Rien d'étonnant, l'Eglise, soutien indéfectible du capitalisme fonctionne sur les mêmes bases du pouvoir et de l'argent, donc produit ses propres crises.
Des campagnes contre la contraception, l'avortement à celle actuelle contre le « mariage pour tous », l'Eglise avec ses positions rétrogrades en matière de vie sociale ferait même plutôt désordre au sein même de sa propre famille chrétienne de plus en plus désemparée, sans parler d'un rejet populaire de plus en plus affirmé chez la majorité de nos concitoyens.
On est alors en droit de s'interroger :
  • malgré sa difficulté à recruter, former de nouveaux prêtres,
  • malgré la relative désertion de ses églises par les fidèles,
  • malgré les incroyables scandales révélés,
  • malgré les passés plus que douteux de ses chefs,
  • malgré la crise qu'elle traverse, comment expliquer la puissance politique de l'Eglise catholique en France et au delà, au niveau européen ?
Pourquoi cet acharnement des institutions européennes à privilégier une institution qui se vide de ses clients ? Pourquoi ces soutiens de partis politiques aussi bien de droite que de gauche ?
La réponse remonte à 1891 et un certain encyclique (Rerum novarum) de Léon XIII ouvrant la nouvelle stratégie cléricale : l'infiltration de tous les rouages de la République française, puis ultérieurement des institution européennes, ainsi que l'infiltration et parasitage des partis politiques se réclamant de la laïcité.
C'est ainsi qu'est apparue la « deuxième gauche » confortablement installée aux commandes de nombreuses organisations du mouvement ouvrier, la CFTC condamnant dans ses statuts le concept de « lutte des classes », est un exemple majeur !
Même chose au niveau européen avec les (bien nommés) « Pères de l'Europe », les Schumann, Monnet et autres, tous militants catholiques, souvent cartés à l'Opus déi !
Preuve que l'Union européenne représentante du capital financier, est bien le produit du Vatican, qu'elle s'est construite sur les principes de la doctrine sociale de l'Eglise élaborée depuis ce fameux encyclique « Rerum novarum ».
Sa négation de la « lutte des classes » à travers la notion de « bien commun » qui exige l'union du salariat et du patronat est une arme indispensable pour celui-ci et les gouvernants qui ne sont que les valets représentant les intérêts capitalistes.
L'  « Accord sur la flexibilité », brisant l'aspect national du Code du tarvail, signé entre le gouvernement « socialiste », le MEDEF et cette officine de l'Eglise qu'est la CFDT (née de la CFTC) est une éclatante démonstration !
C'est l'illustration de ce que certains appellent la « nouvelle démocratie sociale » prônant le dépassement de la lutte des classes au profit de la « Coopération entre salariés et entrepreneurs ».
A quand la nouvelle « Charte du Travail » ?
Les positions politiques du Vatican se retrouvent également dans la « décentralisation-régionalisation », pur produit issu des mouvements catholiques comme Maurras ou Pétain qui en avaient fait leur cheval de bataille dans les années 1940 !
Et il en est de même avec la loi Peillon sur l'enseignement, mettant en place des « projets territoriaux » soumis dans leur application ultérieure au bon vouloir d'hobereaux locaux mangeant à la gamelle du clientélisme électoraliste.
L'Eglise catholique est donc bien là, présente dans toutes ces attaques contre la laïcité, contre les services publics, contre toute amélioration, avancée dans la vie économique et sociale des femmes et des hommes.
A l'émancipation humaine, l'Eglise a toujours opposé l'obscurantisme et la soumission, soit de manière brutale lorsqu'elle régnait en maître sous l'ancien régime, soit et c'est le cas aujourd'hui, de façon insinuante par l'infiltration à tous les niveaux de la vie politique, économique et sociale.
Notre compagnon Mar Prévôtel, anarcho syndicaliste et libre penseur l'écrivait dans « Cléricalisme moderne et mouvement ouvrier » (grand prix « Ni dieu, ni maître » en 2008) : « ...Le cléricalisme ancien avait la bedaine ostensible et aimait à parader avec les traineurs de sabre. Il avait su se rendre indispensable aux puissants par sa gestion abêtissante de multitudes en haillons. Ce cléricalisme là affichait haut et clair son appétit de pouvoir temporel...La bourgeoisie s'appuyant sur le peuple fit une révolution lui permettant d'avoir elle aussi sa part du gâteau...Il y a un siècle, le cléricalisme moderne s'est rallié à cette évidence : « Tout peut changer sans que rien ne change », et si l'Eglise ne pouvait plus faire exploser de l'extérieur la gueuse (la République), il lui suffisait de faire semblant de s'y rallier pour pouvoir la faire imploser de l'intérieur..Ainsi est née sa doctrine sociale... ».
Hier avec Benoît XVI, aujourd'hui avec François 1er, l'Eglise a trouvé les mêmes qualités requises pour être un bon pape : investir le champ social, corrompre les institutions, soumettre les peuples !

A bas la calotte, vive la sociale, vive l'anarchie

samedi 6 avril 2013

Grèce : une usine relancée en autogestion

mardi 12 février 2013
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    C’est une première en Grèce : ce mardi 12 février, une usine fermée ré-ouvre en autogestion. A Thessalonique, deuxième ville du pays, les salariés de l’entreprise Viomichaniki Metaleftiki, dite Vio-Me, reprennent les commandes du site de matériaux de construction, à l’arrêt depuis le départ de la direction en mai 2011, avec l’ambition d’adapter la production à leurs valeurs. Dans un pays miné par trois ans d’ajustement structurel, alors que le gouvernement vient d’entamer une vaste opération de police pour éliminer tous les "foyers d’illégalisme du pays", les travailleurs de Vio-Me ont d’urgence besoin de soutien politique, financier et moral. D’où l’appel qui suit.
    Cet hiver, lors de son itinérance à Thessalonique, la Revue Z a rencontré ces travailleurs et leur consacre un reportage dans son numéro à paraître en mai.

    Une usine grecque occupée reprise en autogestion

    « Pour nous, c’est la seule façon de donner un avenir aux luttes des travailleurs », Makis Anagnostou, porte-parole du syndicat des travailleurs de Vio-Me.
    Ce mardi 12 février marque officiellement le premier jour de fonctionnement en autogestion de l’usine Viomichaniki Metalleutiki (Vio-Me), située à Thessalonique, en Grèce. Il s’agit d’une production sans chefs ni hiérarchie qui est organisée directement par les travailleurs réunis en assemblées démocratiques. L’assemblée des travailleurs de Vio-Me a décidé de mettre fin à l’inégalité de ressources en décidant collectivement de salaires égaux et justes. L’usine produit des matériaux de construction que les travailleurs ont déclaré vouloir transformer progressivement en matériaux respectueux de l’environnement.
    « Alors que le chômage atteint 30%, les salariés de Vio-Me, qui n’ont pas été payés depuis mai 2011, en ont assez de la langue de bois, des promesses non tenues et des hausses d’impôts. L’assemblée générale du syndicat des travailleurs de Vio-Me, déterminée à ne pas se résigner au chômage perpétuel, a décidé de se réapproprier l’usine pour la faire fonctionner de façon autonome. L’usine Vio-Me réouvrira sous le contrôle des travailleurs !  » (Déclaration de l’assemblée de solidarité, co-écrite avec les salariés de Vio-Me – texte intégral sur Viome.org)   Les salariés de Vio-Me ont cessé d’être payés en mai 2011 quand le site a été abandonné par les propriétaires et l’équipe de direction. Après une série d’assemblées, les travailleurs ont décidé de faire fonctionner l’usine par eux-mêmes. Depuis, ils ont occupé le site pour empêcher la saisie des machines nécessaires à la production. Ils ont également communiqué auprès d’autres ouvriers et de communautés dans l’ensemble de la Grèce et ont reçu un soutien important. C’est grâce à la solidarité de tous ces groupes, communautés et individus que les ouvriers et leurs familles ont pu survivre jusqu’ici.
    De nombreuses expériences d’occupations d’usines permettant leur reprise en autogestion ont déjà eu lieu par le passé, et même récemment. En Argentine, depuis 2001, il existe près de trois cents lieux de travail dirigés démocratiquement par les ouvriers : centres de santé, journaux, écoles, usines sidérurgiques, imprimeries, ainsi qu’un hôtel. L’expérience montre que non seulement les travailleurs sont capables de gérer eux-mêmes leur lieu de travail, mais aussi que leur gestion est meilleure. L’exemple argentin a été une source d’inspiration dans toute l’Amérique latine et du sud et s’étend aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis. A Chicago, les anciens salariés de l’entreprise New World Windows ont repris la production en autogestion après des années de lutte contre leurs anciens propriétaires et patrons. Aujourd’hui, en Grèce, les travailleurs veulent montrer une nouvelle fois que le contrôle des travailleurs et l’autogestion des lieux de travail par la démocratie directe permettent de refuser la crise et de sortir du chômage.
    « Nous demandons à tous les travailleurs, les chômeurs et ceux qui subissent la crise de soutenir les ouvriers de Vio-Me et de les aider à mettre en pratique l’idée que les travailleurs n’ont pas besoin de patrons ! Ils peuvent participer à la lutte en s’organisant par eux-mêmes sur les lieux de travail, de façon démocratique et sans bureaucrates. » (Site du syndicat des travailleurs de Vio-Me : biom-metal.blogspot.gr)   Comme chaque fois qu’une usine est récupérée, la question du financement initial est vitale. Si la solidarité a permis de subvenir aux besoins des salariés de Vio-Me et de leurs familles, la production nécessite de très importantes sommes d’argent. Le syndicat des travailleurs a mis en place un plan de reprise viable, mais il ne sera pas rentable immédiatement. Ces premiers mois de production seront cruciaux. Une aide financière peut faire toute la différence, y compris les contributions les plus modestes.
      Vous pouvez envoyer directement un soutien financier en passant par le site de solidarité internationale du syndicat des travailleurs de Vio-Me de Thessalonique : viome.org
    Les communiqués et les questions peuvent être adressées sur le site : protbiometal@gmail.com
    L’assemblée de solidarité de Thessalonique, Brendan Martin (Working World), Dario Azzellini et Marina Sitrin.

    vendredi 5 avril 2013

    Le socialisme, c’est pas si mal.

    Avec mon épouse Marie-Cunégonde, nous avons regardé la prestation télévisuelle du “socialiste” Hollande hier, sur notre nouvel écran plat home cinema.
    Nous fûmes bien rassurés : comme je l’ai fait remarquer ce matin au squash à mes associés, le président a montré qu’il n’était ni social, ni mou, mais bien droit dans ses bottes de chef de la rigueur. Compréhensif avec nous, les créateurs de richesses et d’emplois, les winners !
    Sur les retraites ? Les manifs où se pavanait le PS contre la droite sont bien loin  : Hollande annonce des durées de cotisations encore plus longues que celles dont rêvait Nicolas. Avec l’annonce d’options telles que l’élévation des cotisations et la baisse des pensions, qui plus est. Bientôt le problème des petits vieux sera réglé : ils seront morts avant même de toucher la retraite. Cela leur épargnera de longues années d’ennui, ce qui n’est pas plus mal. Si on peut les valoriser au travail jusqu’au bout, ils se sentiront utiles à la société jusqu’à leur dernier souffle.
    Hollande a fait une louange méritée à l’accord de flexisécurité. Le PS n’est pas si mal finalement : Hollande dit lui-même que sa priorité ce sont les entrepreneurs, et j’ai récemment entendu Montebourg déclarer que c’était la prunelle de ses yeux… Nos “partenaires sociaux” aussi ; à la CFDT, à la CGC et à la CFTC, y’a quand même des gens intelligents et compréhensifs. Au MEDEF, la CGT nous fait marrer avec ses jérémiades sur le fait que ces syndicats soient minoritaires, elle se plaint de cet accord alors que c’est elle a signé les accords de représentativité… comme je disais récemment à Lepaon, faut savoir être fair-play mon cher Thierry !
    Taxe à 75% sur les salaires de plus d’un million d’euros ? Je m’en fichais un peu déjà, vu que ce sont surtout mes dividendes qui rapportent. Mais avec Hollande, on n’aura même plus besoin de faire croire qu’on va déménager en Belgique : il l’a dit, on ne sera pas touché : on fera juste passer la taxe sur le compte de l’entreprise.  Faudra juste rogner un peu plus sur le salaire des ouvriers, mais ça ira : ils ont l’habitude de sucer des pâtes de Lidl, ils savent qu’il faut faire des efforts pour l’entreprise et le bien de la nation, depuis le temps qu’on leur répète…
    Quant aux dépenses publiques, ça va continuer de baisser. Tant mieux, c’est un bon signe pour le marché, moi qui craignais pour mes actions… Et puis, les fonctionnaires, même si on en a de moins en moins, c’est toujours de trop ! De quoi se plaignent les pauvres avec la dégradation des services publics ? Leurs mômes pourront socialiser davantage avec 35 camarades de classe, ils pourront tisser plus de liens d’amitié en se retrouvant à dix dans des chambres d’hôpital… S’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à souscrire à une mutuelle, comme tout le monde. De nos jours, ne pas souscrire à une mutuelle, quelle inconscience !
    Hollande annonce quand même qu’un budget public sera épargné, celui de la défense, qui serait au moins maintenu jusqu’en 2019. Comme je le disais l’autre jour à Le Drian, c’est vrai que mes missiles et mes avions sont les meilleurs au monde. Un peu chers c’est vrai, mais faut ce qu’y faut, la qualité c’est important. C’est qu’il faut bien protéger nos colonies, contre ces filous d’amerloques et ces rusés de Chinois ! Hollande annonce même que l’armement nucléaire doit être “modernisé”. Pas de problème, je vais mettre mes ingénieurs sur le coup.
    Autre chose que j’ai trouvé positif, c’est l’annonce de mesures allégeant la fiscalité sur les cessions et les transmissions d’entreprises. Enfin un homme qui a compris que le pognon aujourd’hui, ça ne se trouve plus dans l’industrie (bon, à part celle de l’armement), mais sur les marchés financiers… J’achète, je licencie, je revends, j’achète, je licencie, je revends… Hollande a pigé que le capitalisme productif c’est mort depuis les années 1970, et qu’il ne faut pas décourager les courageux investisseurs. Les plans sociaux sont un mal nécessaire. Sinon comment produirait-on encore de la valeur pour le pays ?
    Quant au non-cumul des mandats, la bonne blague ! Ce ne sera pas pour les municipales, mais après la fin du mandat de Hollande, autant dire pour jamais. Un ami chez qui on est allé dîner dimanche dernier, qui est maire et député PS, m’avait bien dit qu’il n’y croyait pas. C’est pas pour demain qu’il devra retourner enseigner devant des jeunes racailles, m’a-t-il confié avec un soulagement compréhensible.
    Hollande prévoit aussi une loi sur la laïcité dans les entreprises. Bien, ça. Tenez, vendredi dernier, alors que je passais dans mon bureau pour toucher deux mots à mon DRH, je tombe sur une femme de ménage qui portait une burqa sur ses beaux cheveux frisés. C’est dommage, elle est si mignonne cette petite. Elle était en train de jeter à la poubelle un cubain à 300 euros à peine commencé en vidant le cendrier ! Je lui ai bien fait remarquer que je ne voulais pas d’une femme voilée dans mon entreprise. Non je ne suis pas raciste, lui ai-je dit, je suis laïque. Oui, c’est bien le pape qui est accroché au mur, mais j’ai bien le droit d’être catholique non, je suis chez moi dans mes bureaux quand même ? Comment ça moi aussi je prie dans la rue ? Oui, mais c’est contre les homos et l’avortement, et les institutions nous protègent, nous. Rien à voir avec le fait de prier les fesses en l’air, et d’empêcher les femmes d’être séduisantes !
    Bref, comme je suis de droite mais d’esprit ouvert, j’ai toujours dit que Hollande ne serait pas un mauvais président. Au MEDEF, les copains auraient préféré Nicolas, mais moi je dis que c’est pas plus mal comme ça. Hollande est tout aussi compréhensif que Nicolas au point de vue économique et social.  Il reste ferme sur l’immigration et se débrouille encore mieux pour dégager les Roms, ce qui nous fait de la main-d’oeuvre fort souple et conciliante, pas comme ces fainéants de cégétistes. Mais surtout, avec lui au pouvoir on a la paix sociale. Pfffuit, finies les manifs, les occupations ou les menaces de sabotage dans nos entreprises ! Quand on a encore un problème avec une bande d’excités, on appelle les confédérations et les ministres, et c’est plié dans les deux jours, à l’amiable ou à la méthode ferme. Vu que les centrales syndicales sont encartées dans le même camp que le gouvernement, on respire enfin un peu ; c’est bien agréable je vous assure.
    Le “changement”, quelle idée ! La crise ? Moi je dis que tout va pour le mieux. Certes, moi et mon pote Xavier s’inquiète quand même un peu de ces zigomards anarcho-machin-chose dans le bocage nantais. Faut bien des aéroports, sinon à qui je vendrais mes avions ?Heureusement, Jean-Marc et Valls ont remis un peu d’ordre ; on espère bien que la commission de conciliation les aura un peu divisés.
    En 2017, je voterai socialiste !

    Solidarité avec Moisis Litsis, journaliste et responsable syndical grec, menacé par les fascistes

    les fascistes
    par
    litsis1 (1)
    Communiqué unitaire

    Solidarité avec Moisis Litsis, journaliste et responsable syndical grec, menacé par les fascistes.

     L’offensive néonazie en Grèce, après avoir ciblé les immigrés,  s’attaque maintenant à des animateurs syndicaux ou journalistes qui ont le tort d’avoir des origines juives. Le journal fasciste grec Stohos (: Cible) vient de publier une « notice biographique » de Moisis Litsis, sous le titre : « Le Syndicat des journalistes grecs a un Juif comme trésorier ». Le journaliste  Moisis Litsis a été un des principaux animateurs de la grève exemplaire de huit mois des travailleurs du quotidien Elefterotypia, et un des fondateurs du Comité grec contre la dette, associé au Comité pour l’abolition de la dette du tiers-monde (CADTM). Dans un style raciste et antisémite affiché,  Stohos écrit : « Dans les assemblées générales du Syndicat des journalistes,  à la place de parler des problèmes des journalistes grecs, Moisis Litsis aime parler de l’holocauste juif et de la nécessité de condamner l’Aube dorée ».  
    Nous voulons manifester notre solidarité avec le syndicaliste et journaliste grec Moisis Litsis, et son combat contre le groupe néonazi Aube dorée. C’est une affaire qui concerne tous les syndicalistes, les démocrates, les antiracistes et les antifascistes,  où qu’ils soient.
    Signataires :
    Alternative Libertaire, Antarsya-France, Association Memorial 98, Association pour l’autogestion, ATTAC-France, CADTM-France, Editions Syllepse, Euromarches, Fédération Anarchiste, Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique, Fondation Copernic, Féministes pour une Autre Europe, Gauche Anticapitaliste, Initiative des étudiants et travailleurs grecs à Lyon et à Paris, Initiative des grec(que)s de Grenoble, L’Appel des appels, Les Alternatifs, Ligue des Droits de l’Homme, Mouvement pour le socialisme/Bewegung für sozialismus (Suisse), Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti de Gauche, Parti Communiste des Ouvriers de France, République et Socialisme, Solidaires, Syriza-Paris, Syndicat national des journalistes CGT, UL-CGT et CGT cadres de Bobigny, USI-CGT, Vigilance Initiatives Syndicales Antifascistes…
    Contacts : Roxanne Mitralias : roxanne.mitralias@gmail.comPanos Angelopoulos : panos.angelopoulos@gmail.com
    voir aussi : http://initiativegrecqueaparis.wordpress.com/2013/02/25/le-ventre-est-encore-fecond-dou-a-surgi-la-bete-immonde-par-cadtm-international/