lundi 24 avril 2017

Pourquoi prendre le pouvoir par la force quand la démocratie vous l'offre par les urnes ?

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Question à x euros : Emmanuel Macron est-il plus démocrate, et en quoi, que Marine Le Pen ?
Autrement dit que penser de la démocratie représentative quand celle-ci ne devient plus qu'une fabrique d'hommes de pouvoir qui dans le contexte d'un capitalisme en crise et face aux volontés d'émancipation des travailleurs, ne peuvent qu'avoir à terme des politiques ultra autoritaires et violentes...

Le plus extraordinaire dans cette escroquerie intellectuelle que sont les élections, paraît-il garantes de nos démocraties modernes (et bien sûr durables, çà va de soi !), c'est qu'elles permettent l'arrivée au pouvoir d'hommes qui, refusant l'idée même de démocratie s'empressent d'en combattre le moindre des principes dès qu'ils sont au pouvoir.
A l'heure du « Tous pour Macron afin d'éviter Le Pen », les bonnes consciences de gauche comme de droite vont ainsi avaliser les pratiques antidémocratiques que le financier Macron a expérimenté quand il était ministre de l'économie, telles que la Loi « Travaille ! », l' ubérisation sociale, le tout à coup de 49.3 en guise de débat !
Mai 2017 ou le CAC 40 à l'Elysée !
Et tout cela dans la plus grande légalité républicaine !
Les élections sont bien de fait la première étape dans la fabrique d'apprentis dictateurs !

L'histoire regorge d'hommes politiques devenus de vrais dictateurs à peine arrivés au pouvoir non pas par un coup d'état mais légalement, par les élections, en fait grâce à l'assentiment et à la crédulité des peuples.
Cette incohérence fondamentale fut démontrée et analysée dans le célèbre « Discours de la servitude volontaire » écrit en 1576 par un certain Etienne de la Boétie. Sur une cinquantaine de pages l'auteur y dénonçait avec une incroyable lucidité la servilité des peuples, leur désir de soumission.
La leçon politique, éthique et morale de la Boétie est contenue dans ce questionnement central : « Comment il se peut que tant d'hommes supportent un tyran seul qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent... ? ». Et à propos des tyrans, il en désigne trois sortes : « Celui qui vient au pouvoir par les armes, celui qui vient du fait de la succession de la race et enfin celui qui y vient par l'élection... ».

Ainsi donc les élections modernes, comme les conquêtes du passé, amènent bien au pouvoir des dictateurs, le chéquier ayant remplacé l'épée et le costume 3 pièces l'armure !
Effectivement dans nos dites « démocraties modernes », pourquoi risquer l'échec d'un coup d'état faisant toujours un peu désordre, quand les élections vous garantissent l'arrivée au pouvoir.
Les mêmes castes dirigeantes sont ainsi portées par les peuples qui n'ont même pas la possibilité (la volonté ?) de contrôler les mandats, et encore moins le pouvoir de révoquer ceux qu'ils ont nommer et qui les trahissent !

Les suicides démocratiques sont ainsi légion dans notre histoire moderne :
  • En 1848, malgré l'assassinat de masse en juin, les classes populaires portent au pouvoir en décembre un certain Louis-Napoléon Bonaparte, futur Président puis monarque, avec l'assentiment du plus grand nombre,
  • En Italie, Benito Mussolini arrive au pouvoir légalement par les urnes le 16 novembre 1922,
  • Même chose en Allemagne, en juillet 1932, où le Parti national-socialiste obtient 37 % des voix, ce qui amènera l'année suivante la désignation d'Hitler comme chancelier du Reich,
  • En France, le 10 juillet 1940, la Chambre des députés et le Sénat de la IIIème république proclame, au nom du peuple, allégeance à Philippe Pétain et à son Gouvernement collaborateur de l'occupant nazi,
  • En Afrique, Robert Mugabe dirige et dévaste le Zimbabwe depuis 1980, date où il est arrivé au pouvoir par les urnes. Même chose au Gabon avec la saga des présidents Mba et Bongo. Que dire du Sénégal et de Félix Houphouët-Boigny au pouvoir durant plus de 30 ans en Côte-d'Ivoire ? Même chose en Tunisie avec Habib Bourguiba et ses 31 années de pouvoir ? Et Sékou Touré en Guinée gardant le pouvoir jusqu'à sa mort...
  • En Turquie, le modèle démocratique à la sauce Erdogan est là pour nous rappeler que les peuples sont capables de voter pour des dictateurs à la poursuite du pouvoir absolu.
  • Même conception ultra autoritaire en Russie et autres pays de l'Est, tel la Hongrie où le parti d'extrême droite de Viktor Orban est au pouvoir grâce aux urnes depuis avril 2010...
Dans tous ces exemples les hommes ont conquis le pouvoir par les urnes !

Alors que cela devrait pour le moins interpeller le citoyen lambda, il semble que l'acte de voter se suffise à lui-même !
Peu importe les mensonges, trahisons et reniements du leader choisi pourvu que l'on ait déposé le bulletin de vote dans l'isoloir avant de rentrer chez soi pour n'en ressortir que quelques années plus tard afin de remettre un nouveau bulletin dans l'urne cercueil des illusions.
Et cela ne s'arrêtera que lorsque le peuple aura compris que çà n'est pas par les élections qu'il pourra s'émanciper.

L'on va bien sûr me dire que j'exagère en considérant que tous les chefs d' Etat sont des dictateurs au sens classique du terme. Bien sûr que non, mais ce qui est vrai c'est que dans nos sociétés de plus en plus malades du capitalisme, les gouvernements qui n'ont pas pour but de renverser le système ne peuvent que le maintenir à coup de répression et de criminalisation des luttes sociales.
Partout dans le monde et en Europe en particulier on observe le durcissement de la plupart des gouvernements vis à vis des peuples qui revendiquent un meilleur vivre !

Mais qui met au pouvoir ces gouvernants de plus en plus ultra autoritaires si ce n'est le peuple ? Tout au moins qui les tolère et les maintient si ce n'est ce même peuple ?
Les faits sont pourtant là pour témoigner que la moindre des conquêtes sociales, économiques n'a pas été gagnée par les élections mais bien par la rue et les luttes dans l'entreprise !
Par la lutte des classes, tout simplement et il serait temps d'y revenir de manière radicale face à la barbarie de plus en plus présente !

Alors aujourd'hui, en France, dans une Vème république en pleine décomposition, née d'un coup d'état gaulliste, quel choix pour le deuxième tour, entre le banquier Macron et la chemise brune Le Pen ?
Comme en 2002, la gauche néo marxiste va t-elle appeler à voter pour la droite macronienne, avec des gants et en se pinçant le nez !
Au nom du pacte républicain le « peuple de gauche » va évidemment être appelé à voter pour le banquier héritier des maîtres des forges, et dont il faut rappeler qu'il est le véritable auteur de la Loi El Khomri et du projet d'ubérisation de la société.
Dont acte !
J'ose espérer que non...

Avec Macron, nous serions rendus dans l'ère du « Ni gauche, Ni droite » ?
Faux ! Nous sommes objectivement dans une société véritablement ancrée à l'extrême droite. Au soir de ce premier tour des élections présidentielles près de 70 % des électeurs ont répartis leurs suffrages entre :
  • Macron, l'homme du grand patronat (23,9%),
  • Le Pen la néo-fasciste (21,4%) et son double Dupont Aignan (4,7%), soit 26,1 %
ce qui en fait la première force politique,
  • Fillon le catho intégriste (19,9%).
70 % de citoyens se retrouvent donc au moins en partie dans les valeurs défendues par les hommes et femmes ci-dessus.
La voilà la preuve de la fabrique des futurs dictateurs par l'élection !

Cela ne peut qu'inquiéter quand par soustraction et en ne comptant pas les 6,3 % d'un Hamon, représentant d'un parti socialiste à classer définitivement à droite de l'échiquier politique, la « gauche néo marxiste » des Ménenchon, Artaud et Poutou totalise à peine 21 % des suffrages !

Et une fois de plus grâce à cette magnifique supercherie que sont les élections, un système qui ne considère les hommes que soumis va pouvoir se perpétrer grâce à la complicité du peuple !
Sous l'Ancien régime le peuple subissait les tyrans, avec la République, il les choisit !

C'est bien ce que disait déjà au 16ème siècle Etienne de la Boétie dans son « discours de la servitude volontaire »: « le tyran asservit les sujets les uns par les autres. Il est gardé par ceux dont il devrait se garder...les hommes se contentent d'endurer le mal et d'en faire, non à celui qui leur en fait, mais bien à ceux qui, comme eux l'endurent... ».

Alors, le choix est simple : continuer à « jouer aux élections » et fabriquer les tyrans à venir, ou choisir une fois pour toutes la seule alternative aux élections : la lutte des classes !