jeudi 11 juillet 2013

Quelle résistance antifasciste ?

La mort violente de Clément Méric, tué par des fascistes, a provoqué un profond émoi. Pour beaucoup d’entre nous, elle s’inscrit dans un contexte de développement, depuis des années, d’un lourd climat politique et social.

On constate, depuis 2010 environ, une multiplication des agressions d’extrême-droite contre des militantEs antifascistes, syndicalistes, révolutionnaires, des homosexuelLEs, des immignéEs dans de nombreuses villes (Lyon, région Lilloise, Tours, Rennes, Limoges…) sans parler des dégradations contre des locaux associatifs, politiques, syndicaux.
La banalisation des thèses du Front National dans le champ politique et médiatique et dans des franges non négligeables de la population, traditionnellement réactionnaires ou bien condamnées à la pauvreté et la précarité par le capitalisme et l’État, est une réalité depuis longtemps.
Ces thèses d’extrême droite imprègnent les politiques sécuritaires, répressives, anti-sociales, anti-immigration mises en place aussi bien par l’UMP que par le PS, depuis les réformes des retraites qui obligent les salariéEs à cotiser plus longtemps pour toucher moins, les accords de Wagram qui précarisent encore un peu plus les travailleurs/euses et facilitent leur licenciement, le flicage des chômeurs/euses, jusqu’à la criminalisation des luttes sociales, les rafles de sans-papiers, les descentes policières dans les camps de roms en passant par le matraquage politico-médiatique islamophobe (ou comment dissimuler la xénophobie derrière la défense de la laïcité…).
Tout cela ne peut qu’être aggravé par la situation de crise sociale actuelle. L’austérité, la pauvreté, la précarité véhiculées par le capitalisme sont des terreaux favorables à la recherche de boucs émissaires, au chacunE pour soi, aux replis identitaires, aux désirs d’État fort et d’ordre musclé.
Pour toutes ces raisons, nous pensons que l’antifascisme n’a de valeur et de sens que s’il se déclare anticapitaliste et anti-autoritaire et assume l’idée de rupture révolutionnaire avec un système économique et politique basé sur les inégalités et les injustices de classe, l’exploitation et la domination des humainEs et des ressources naturelles.
Demander la protection de l’État capitaliste face à l’extrême droite est un leurre. Qui peut penser que la dissolution de quelques groupuscules fachos réglera le problème ? Nous pensons de toutes façons que l’État et le capitalisme ne sont pas là pour assurer la liberté et la justice mais pour se perpétuer quel qu’en soit le prix. Si la pseudo démocratie actuelle permet cela, très bien, s’il faut un régime autoritaire parce que la « démocratie » ne peut plus garantir l’ordre et le bon déroulement du business, très bien aussi. Le système actuel nourrit l’extrême droite et sait l’utiliser s’il le faut pour briser violemment les luttes subversives ou créer le désordre pour mieux rétablir l’ordre, le sien, celui qui rapporte sur notre dos.
Ainsi, pour nous, il ne suffit pas d’identifier les fachos ou d’organiser notre autodéfense si nécessaire : la lutte contre l’extrême droite passe en bonne partie par la participation aux luttes sociales, par le fait de développer en leur sein les pratiques de solidarité, d’entraide, d’égalité, de convergences, d’auto-organisation, de coordination, d’action directe, d’apprentissage collectif, d’internationalisme.
C’est dans et à travers ces luttes, contre l’austérité, la précarité, la pauvreté que nous pourrons construire un rapport de force et une culture d’émancipation qui fera barrage aux thèses réactionnaires, nationalistes, autoritaires, xénophobes, sexistes tout en nous permettant d’améliorer nos conditions de vie et nos capacités de défense collective.
Pour ce faire, il faut aussi mener le combat pour que les mouvements sociaux conquièrent leur indépendance, leur autonomie, leur liberté d’organisation, de pensée et d’action, pour qu’ils rompent avec les récupérations politiciennes, avec les bureaucraties de la gauche politique et syndicale qui les étouffent et les mènent volontairement dans l’impasse. Il y a une certaine urgence. Les temps qui viennent vont être durs. Préparons nous.
Assemblée libertaire de Caen, 23 juin 2013

NDDL Paris : la justice de classe a frappé

http://www.nddl-idf.org/?p=288

Le verdict est tombé. Lundi 24 juin à 14 heures, le TGI de Versailles a rendu sa décision dans l’affaire du pique-nique chez Pinault contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Le tribunal, pour la plus grande joie de la procureur (Naïma Rudloff, syndiquée Force Ouvrière) et de la modeste famille Pinault (actionnaire de Vinci et 3e fortune de France), nous a condamnéEs pour violation de domicile et menaces de mort : à 2 mois de prison avec sursis, à 1€ d’amende au bénéfice de la partie civile, à 5600€ d’amende pour les refus de prélèvements ADN, auxquels s’ajoutent 1260€ de frais de justice. En outre, le tribunal a entériné le vol organisé de nos objets personnels (téléphones portables, ordinateurs portables, caméra, clés 3G…) en ordonnant la confiscation des scellés. De plus, il a rejeté les demandes de non-inscription au casier B2 de nos copinEs fonctionnaires. Nous vous informerons des suites de la procédure.
Le collectif NDDL IDF condamne cette décision emblématique d’une justice de classe et appelle à la poursuite de la mobilisation contre le projet d’aéroport à l’heure où les forages reprennent sur la ZAD et que des menaces de travaux se font entendre. Cet été, un rendez-vous est prévu autour du week-end des 3-4 août sur la ZAD.
Pinault pollueur, voleur, expropriation !
Vinci dégage ! On laissera pas [béton] !
 Pour participer à la caisse de soutien : envoyez vos chèques à l’ordre de «Les Ami-e-s de Clark Kent» en spécifiant bien au dos du chèque «Soutien à la lutte contre l’aéroport de NDDL» à l’adresse suivante : 9, rue François-Debergue · 93100 Montreuil.
Le Collectif francilien de soutien à Notre-Dame-des-Landes
collectifnddlparisidf at riseup.net
Contact presse : presse.nddl-paris at riseup.net
Vu sur le site du collectif NDDL Ile de France, 27 juin 2013

Le modernisme, c'est ce discours de Charles PIAGET et non pas le permanent matraquage mensonger, politico-médiatique actuel.



https://docs.google.com/file/d/0ByAHhzxlu91ReFdLc2x4bFN6NUE/edit?usp=sharing


mercredi 3 juillet 2013

La presse libertaire renait à Cuba après 52 ans de silence

Le journal ¡Tierra nueva! vient de publierandestinement ses deux premiers numéros.
Il a toujours existé une tradition libertaire dans les Caraïbes, les idée acrates ont toujours imprégné le peuple cubain, c’est une expression révolutionnaire née très tôt, lors des premières luttes contre l’esclavage et pour l’indépendance au XIXe siècle. Le mouvement libertaire a plus de cent ans à Cuba, pourtant il a été banni de l’historiographie officielle par les historiens et par les éditeurs à la solde du Parti communiste cubain. En 1960, les différentes organisations anarchistes qui luttèrent, dans la clandestinité ou dans la guérilla pour la Révolution aux côtés des castristes furent interdites. Dans ces années-là, les libertaires furent assassinés, emprisonnés ou contraints à l’exil.


Nous avons évoqué à plusieurs reprises, sur notre journal et à travers le blog Polémica cubana, la renaissance ces dernières années, à Cuba, du mouvement libertaire. Depuis la création, il y a quelques années du réseau social Observatoire critique et plus récemment de l’Atelier libertaire Alfredo López de La Havane, nos compas libertaires luttent pour redonner vie à l’anarchisme. Ce groupe de jeunes activistes questionnent la réalité cubaine, l’histoire du mouvement libertaire et ses idées. Malgré la répression et l’impossibilité d’exprimer dans les médias, aux mains du régime, tout point de vue libertaire jugé contre-révolutionnaire par les autorités, les libertaires sortent peu à peu de la clandestinité.
La Révolution a créé beaucoup de frustration et de déception, particulièrement chez les nouvelles générations. Un profond désir de liberté, de dignité, de parler et d’agir existe à Cuba. Les liens sociaux restent à réinventer en vue de contribuer à une « révolution dans la révolution » et pour combattre le pouvoir autoritaire, la bureaucratie et la corruption généralisée.
Nous saluons aujourd’hui, malgré la censure et la répression, la renaissance d’une presse libertaire clandestine à Cuba, nos jeunes compas de La Havane viennent de publier les deux premiers numéros de ¡Tierra nueva! – Terre nouvelle ! en français – après plus de 52 ans de silence. Il faut rappeler qu’à la fin de l’année 1960, toutes les publications libertaires furent interdites. Donnons la parole aux courageux rédacteurs du journal, nous publions ici l’éditorial du numéro 1 :
« ¡Tierra nueva!, parce que nous nous sentons les héritiers du groupe libertaire qui a publié pendant 22 ans l’hebdomadaire ¡Tierra!, au début du XXe siècle.
Cette publication est née pour contribuer au regroupement des individus et des collectifs qui vivent des relations libres, égalitaires et solidaires au quotidien, avec un esprit anarchiste, rebelle et spontané.
Nous pensons qu’une société sans médiation, sans spectacle, sans misère, sans autorité, sans lois, sauf celles que nous choisirons, sans discrimination, sans simulation, sans oppression et sans servitude est possible.
Nous n’avons rien contre l’utopie, rien n’est plus loin de la réalité actuelle, mais nous savons qu’il est beaucoup plus utopique de rêver à un futur “État du bien-être” qu’à une société qui ne fonctionnerait que grâce aux efforts de tous dans les temps à venir.
Pour ceux qui croient que nous voulons vivre dans le désordre, nous voulons dire que nous serions enchantés par l’unique ordre qui ne naît pas des chaînes de la servitude, un ordre qui naîtrait de notre liberté  accomplie : le seul ordre que nous entendons comme naturel et antagonique avec le désordre actuel, c’est-à-dire l’ordre qui est imposé par les autorités.
Comme nous aspirons à une société d’individus libres et pleinement épanouis, comme nous savons que les États assurent l’actuel régime d’exploitation en ces temps modernes (l’esclavage salarié), nous ne pouvons pas faire moins que nous déclarer comme les ennemis de ce régime. Ainsi, sont invitées à collaborer toutes les personnes intéressées, sauf celles qui d’une manière ou l’autre vivent du travail d’autrui.
Alors que les classes dirigeantes nous maintiennent dans l’inaction, dans la confusion, dans le manque de solidarité, dans l’isolement, dans l’attente de choisir de nous donner un avenir meilleur, nous croyons que le principal coupable, celui qui ne nous permet pas de bien vivre, ici et maintenant, est le policier que nous portons presque tous en nous-mêmes. Et ce policier sera victime un jour des attaques que nous lui portons.
Nous rejetons toute forme de participation politique au jeu du pouvoir, parce que nous pensons que le pouvoir politique n’est pas un outil de transformation de la société, mais une façon expéditive avec laquelle les classes dominantes imposent leur volonté, en utilisant le cadre de l’État, son armée, sa police, ses juges et ses bourreaux. Nous ne voulons pas légiférer à propos du fonctionnement de telles institutions, mais les éliminer ! Nous voulons vivre d’une manière différente à celle que proposent les partis de gauche, du centre, de droite ou leurs intermédiaires dans ou à l’extérieur de notre pays.
Nous n’avons pas l’intention de nous ériger en portes paroles de quiconque, excepté de nous-mêmes et de ceux qui nous rejoignent tout au long du chemin. Nous n’avons rien à attendre de l’État, mais nous n’hésiterons pas à utiliser ce qu’il nous a volé. Compte tenu des difficultés, cette publication sortira quand elle le pourra. »
En publiant ce journal nos compagnons cubains prennent des risques énormes, ils risquent des années de prison selon la loi cubaine qui interdit toute publication libre. La solidarité politique internationale est importante en cas de répression et d’obstruction venant des services de contre-intelligence et de la Sécurité d’État, quand nos compagnons seront inquiétés pour leurs activités.
La renaissance d’un mouvement libertaire à Cuba, l’existence d’un Forum social autogéré sont des éléments clés afin d’entreprendre un large travail de conscientisation. Mais pour développer les courants libertaires et les courants critiques de type autogestionnaire, fédéraliste et écologiste, il faut des moyens matériels qu’il est difficile de trouver sur l’île. De là, l’importance du soutien extérieur, même s’il s’agit d’une action délicate, car l’aide internationale aux mouvements d’opposition est considérée par le gouvernement comme un financement de l’“Empire” en faveur de la contre-révolution.
Nous rappelons que l’Internationale des fédérations anarchistes (IFA) et le Groupe d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba (GALSIC) ont lancé une campagne internationale de solidarité avec les libertaires cubains. Pour l’envoi de matériel (livres, revues, CD, DVD, etc.), prenez contact avec le GALSIC (Groupe d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba) :
cubalibertaria@gmail.com
Pour soutenir les compas de l’Atelier libertaire de La Havane, vous pouvez faire parvenir votre aide financière sur un fond de soutien permanent qui sera à la charge de l’Internationale des fédérations anarchistes.
Envoyez vos dons à l’IFA :
Société d’Entraide libertaire (SEL) c/o CESL, BP 121, 25014 Besançon cedex (chèques à l’ordre du SEL, mention Cuba au verso).
Daniel Pinós Barriera