samedi 16 février 2019

RIC ou Révolution ?





Trois mois après sa naissance où en est le « Mouvement des gilets jaunes » ?
Où en est la lutte portant sur les revendications initiales telles que la défense du pouvoir d'achat (salaires, retraites et minimas sociaux), la défense des services publics en particulier dans le milieu rural, portées mi novembre par des centaines de milliers de femmes et d'hommes ?
Où en est la convergence des luttes avec les syndicats, alliance nécessaire pour gagner sur les terrains économique et social ?
Le rejet de beaucoup de gilets jaunes à l'égard des syndicats, la méfiance de ceux-ci par rapport aux gilets jaunes relèvent de la « schizophrénie politique » : en effet, on n'est pas un travailleur, syndiqué ou pas, une partie de la journée et citoyen au sortir du boulot !
Les mêmes volontés d'émancipation sont liées aux mêmes oppressions politique et économique.

Malgré un niveau de répressions qui rappelle la façon dont été traités les opposants à la guerre d'Algérie, le mouvement continue sous diverses formes, pacifistes ou violentes.
Mais est-ce que ce sont les répressions policières, les scissions internes, les difficultés à faire converger les luttes, les difficultés à s'allier avec les syndicats qui amènent une partie de plus en plus importante des gilets jaunes à ne plus parler que du RIC, « remède miracle » à tous nos maux, RIC faut-il le rappeler, inexistant parmi les premières revendications ?
Cette revendication apparaît pourtant de plus en plus dans les manifestations, sur les réseaux sociaux et dans les médias. Elle est reprise, en partie ou totalement, par des partis politiques de la droite nationale et extrême droite (« Debout la France », l'  « Union populaire Républicaine », le « Rassemblement National » etc.), à la gauche, qui tel que la « France Insoumise » vient de présenter une proposition de loi à l'Assemblée.
De ce fait, le RIC est-il un outil « idéologiquement neutre » ? Est-il à droite , à gauche ?
On peut aussi se demander si, faute de pouvoir faire une révolution sociale, le Référendum d'Initiative Citoyenne n'est pas la solution politique offrant une porte de sortie au mouvement des gilets jaunes comme au gouvernement.
Le RIC providentiel a, en tout cas, l'avantage de faire l'économie de la lutte des classes !

Cet article souhaite poser quelques réflexions et questions :
  • Que deviennent les revendications initiales ? Pourquoi disparaissent-elles devant la priorité accordée au RIC par de nombreux leaders des gilets jaunes ?
  • Le « remède RIC » peut-il soigner notre démocratie malade des Institutions de la Vème République, qui plus est, soumises aux directives européennes et au diktat des USA ?
  • Le « remède RIC » peut-il guérir du capitalisme, freiner la rapacité des puissants ?
  • Le référendum citoyen plaçant le peuple au centre du processus démocratique, affirmer que « le peuple a toujours raison parce qu'il est le peuple » ne revient-il pas à considérer les citoyens comme vivant « hors sol », ne subissant aucune influence due à leur environnement politique, économique, social et culturel !
  • Enfin, si le RIC n'est pas soluble dans les institutions actuelles, dans le capitalisme mondialisé et s'il ne garantit pas totalement la démocratie, à quoi et pour quels intérêts est-il censé servir ?
  • Sur le terrain, la défense du RIC s'accompagne souvent de discours anti-syndicalistes, de l'affirmation de l'apolitisme du mouvement des gilets jaunes. Cela, accompagné de la Marseillaise, du drapeau bleu-blanc-rouge ne ressemble t-il pas étrangement à l'idéologie d'extrême droite ? Et est-ce un hasard si plusieurs leaders des GJ, plusieurs porte paroles du RIC ont des liens étroits avec l'ultra droite idéologique ?

Il ne s'agit pas de ranger le RIC parmi les outils de l'extrême droite mais de s'interroger sur le fait que certaines de ses dispositions ainsi que les discours sur l'apolitisme et l'anti-syndicalisme, sur le « citoyenniste hors sol », hors influences idéologique, sont proches des thèses de l'ultra droite idéologique qui au travers du RIC ambitionnent une autre forme de société.
Avec le RIC, l'extrême droite, en embuscade avant les élections européennes, pensent aboutir au vieux rêve synarchiste des années 1920, projet reposant sur :
  • La fin de la lutte des classes au profit de « l'alliance capital/travail, du « Bien commun » faisant du travailleur l'égal de son patron, projet cher à la « Doctrine sociale de l'Eglise »,
  • La direction du pays par des experts accompagnés de citoyens tirés au sort à la place d'élus de la République !
Pour autant, la majorité des gilets jaunes qui soutiennent la revendication du RIC ne sont pas des militants politiques, encore moins des idéologues d'extrême droite ; vierges de toute expérience politique et, ou syndicale, ils sont par contre influencés et manipulés du fait de leur totale inculture politique par des leaders proches de l'ultra droite idéologique comme le décrit le dernier chapitre de ce dossier.

Le RIC, késako ?
Il s'agit d'une procédure décisionnelle appartenant exclusivement aux citoyens leur permettant dans des conditions prévues par la loi, d'imposer un référendum pour prendre une décision visant à interrompre le mandat d'un élu, de décider d'une modification de la Constitution, d'adopter ou abroger une loi votée, de modifier un règlement ou un décret.
Pour déclencher un référendum il suffirait d'atteindre un certain seuil de signatures sur une pétition. La proposition serait alors soumise au vote de l'ensemble du corps électoral sachant que si la propositions est adoptée ni le président ni le Parlement ne peuvent s'y opposer.
Au dire de ses défenseurs, « le RIC fait du peuple le législateur en dernier ressort ».

Comment le RIC est-il possible dans le cadre des Institutions de la Vème République ?
Dans son article 11 la Constitution prévoit la possibilité d'un « référendum partagé » à condition que la proposition de loi soit déposée par 185 députés et le dixième des électeurs, soit environ 4,7 millions de citoyens.
Partagé ou non, un RIC est impossible et n'a jamais existé dans le cadre de la Constitution de 1958, née du coup d'Etat du Général de Gaulle. Construite pour concentrer tous les pouvoirs dans les mains du président de la République elle ne peut accorder un quelconque pouvoir au peuple.
Pour preuve, l'article 27 de la dite Constitution stipule que « Tout mandat impératif est nul ».
Qui peut croire dans ces conditions dans la possibilité d'un référendum, au respect de celui-ci ?
Chacun a d'ailleurs en mémoire celui de 2005, relatif au Traité Constitutionnel Européen (TCE) et du déni de démocratie qui s'en est suivi !
Dans ce pays, quand du fait des ordonnances, l'intervention des parlementaires est limitées, que dire de la capacité du peuple à se faire entendre et à participer aux décisions qui le concernent ?
La Constitution cadenasse toute possibilité d'émancipation du peuple.
Contrairement à ce qu'affirment les défenseurs du RIC, ce n'est pas la toute puissance des élites politiques qui pose problème mais leur impuissance, leur non volonté à imposer quoique ce soit au capitalisme.
Les gouvernements ne sont que les fondés de pouvoir du CAC 40 !
Il suffit de lire Philippe Souaille, journaliste franco-suisse pour voir que les divers référendums citoyens n'ont rien changé aux conditions de travail, au coût de la vie qui augmente sans cesse etc.
Comment le RIC peut-il s'accorder avec les directives issues de Bruxelles
Il faut savoir à propos des services publics que l'article 9 du préambule de la Constitution de 1946, applicable en droit dans celle de 1958, précise que « Toute entreprise qui a un caractère de service public national ou monopole de fait, doit devenir propriété de la collectivité ».
C'est bien pourtant au nom des directives européennes que les Etats réduisent les dépenses publiques en privatisant les services publics !
Comment un RIC peut-il espérer rétablir le service public de santé quand le gouvernement vient de déclarer qu'il décidera par ordonnance du maintien ou de la suppression des services d'urgence et de maternité dans les hôpitaux ? Voici le retour des dispensaires !
Quant on voit les difficultés de la Grande Bretagne à sortir de l'Europe, comme l'a demandé la majorité de ses citoyens, on ne peut que constater l'impuissance à combattre la toute puissance supranationale de l'Europe sur les Etats ?
D'ailleurs, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne n'avoue t-il pas lui-même :
« Il n'y a pas de décision démocratique contre les traités européens ».

Quant à la revendication de RIC locaux, comment les envisager quand la « loi NOTRe » portant sur la nouvelle organisation de la république, vise à renforcer les compétences des régions au détriment du pouvoir des communes ? Sans moyens financiers, sans réel pouvoir sur des décisions sociales et économiques locales, le RIC local revient à choisir la couleur des fleurs sur le carrefour !

Comment le RIC peut-il s'exercer dans le système capitaliste ?
Depuis l'avènement du mouvement ouvrier, ce sont des décennies de luttes qui ont permis d'arracher des conquêtes sociales. De 1936 à 1968, de l'obtention des congés payés aux droits à la retraite, à la protection sociale et à l'amélioration des conditions de travail, c'est bien le résultat de la lutte des classes qui a permis d'engranger des acquis, non le résultat de référendums !
Les travailleurs, les syndicats savent bien que le patronat n'a de cesse de remettre en cause toute avancée sociale.
Comment peut-on laisser croire qu'un RIC demandant une augmentation conséquente des salaires trouverait un écho favorable parmi les milliardaires du CAC 40 ?

Qui peut croire à la volonté du capitalisme de partager un tant soit peu les richesses quand il court après le moindre profit réalisé sur la misère des hommes ?
Et qui peut croire à la volonté de l'Etat d'appuyer quelque revendication des travailleurs quand celui-ci est de tous temps au service des puissants.
Du 1er mai 1891 à Fourmies, à Notre Dame des Landes en passant par le « mouvement des gilets jaunes », c'est bien l'Etat qui réprime les volontés d'émancipation .
Qui peut enfin croire qu'un RIC obligerait les meRdias a être autre chose que les « perroquets du pouvoir », dont le seul objectif est la « fabrique du consentement » comme le dit si bien Noam Chomsky !

Cela étant dit, le RIC est-il vraiment un outil démocratique ?
Les critiques les plus modérées soulèvent plusieurs réserves d'importance :
  • En quoi la démocratie serait-elle sauvée par la seule utilisation d'un outil binaire où il s'agirait de répondre Oui/Non, Pour/Contre en dehors de toute mise en contexte ?
  • Les femmes et les hommes ne vivent pas « hors sol », coupés de toutes influences idéologiques. En quoi donc le fait de proposer un tirage au sort de citoyens pour cogérer le pays avec des experts est-il une garantie de démocratie ? Les experts seraient-ils également « hors sol », apolitiques ?
  • La société capitaliste favorisant le divertissement de masse, la « consommation de produits culturels » plutôt que l'éducation populaire, quels critères pourraient nous permettre d'assurer un tant soit peu d'intelligence, d'humanité ?
  • Quand on sait la puissance des réseaux sociaux, on peut se demander si le RIC ne « joue pas avec le feu » en fixant à quelques centaines de milliers le nombre de pétitionnaires nécessaires au dépôt d'une loi. Il ne serait pas très difficile à un gourou bien au fait des outils de communication de faire ainsi pétitionner les masses, ce au profit de groupes de pression plus ou moins occultes.
  • Enfin et c'est le plus inquiétant, les plus ardents défenseurs du RIC expliquent que « toute loi pouvant être abrogée ».
le peuple, dans sa grande sagesse « originelle », pourrait ainsi revenir sur l'abrogation de la peine de mort, de l'IVG ou du « mariage pour tous », comme le souhaitent d'ailleurs certains groupuscules !
Cela signifie que toute avancée émancipatrice est suspendue à une suppression pure et simple grâce à « un coup de RIC » !
Cela équivaut à dire qu'aucune loi ne serait de portée universelle, !
Combien y a t-il de groupuscules qui rêvent d'un RIC qui leur permettrait d'abolir ce que des siècles, depuis le siècle des Lumières à aujourd'hui, ont permis de construire en matière de valeurs humaines, de principes d'égalité et de solidarité ?
Cette possible remise en cause de toute loi, est défendue par Etienne Chouard, porte parole du RIC et devenu la coqueluche de nombreux gilets jaunes. Ces propos ont été tenus à plusieurs reprises, en particulier lors d'une conférence avec des gilets jaunes dans le Var ainsi que lors d'un débat télévisé avec François Asselineau, gauchiste bien connu, sur UPR TV.

RIC ou Révolution
On pourrait imaginer que dans une autre société, débarrassée de l'Etat, en tout cas sous ses formes actuelles, débarrassée du capitalisme, le RIC permette en définitive une plus grande capacité d'expression, d'implication, de responsabilisation des hommes et des femmes par rapport à la gestion de leurs vies.
Nous n'en sommes pas là et les puissants peuvent continuer de régner, sans crainte d'un RIC qui, ils le savent bien, ne risque pas de les déstabiliser puisque ce sont eux qui ont la clef de la prison dans laquelle ils nous ont enfermés.
La classe possédante est prête à tout pour conserver son pouvoir.

Les défenseurs du RIC sont-ils de droite ou de gauche ?
Le RIC est-il une arme révolutionnaire, nouvel outil dans la lutte des classes ?
On peut en douter quand on sait que les gilets jaunes, pour la majorité, ne tiennent pas un discours anti-capitaliste affirmant une position de classe, mais un discours exprimant une méfiance à l'égard des élites, des politiques coupés du peuple.
Sans références politiques, syndicales, le mouvement des gilets jaunes n'est pas un mouvement social comme le fut le mouvement de Mai 1968, avec plus de deux mois de grève générale menée par des millions de travailleurs, des mois occupations d'usines, de facs etc.
La seule force susceptible de gagner c'est bien la mobilisation de millions de travailleurs.
En mettant en avant la revendication du RIC au détriment des revendications sociales nombre de gilets jaunes ne veulent tout simplement pas d'une révolution et en ce sens ils offrent une porte de sortie au pouvoir qui trouvera bien le moyen, en clôture de son « Grand débat national », de réaliser un référendum histoire de mettre quelques pansements sur les plaies dues à la « crise ».

Il n'y a rien à attendre d'un pouvoir au service du capitalisme et celui-ci n'a rien à lâcher, prêt à tout pour réaliser encore plus de profits.
Dans le monde tel qu'il est, les capitalistes n'ont rien à faire de nos votes s'ils ne vont pas dans leur sens. Chaque fois que l'on a dit aux exploités qu'ils pouvaient faire confiance en la démocratie, ils ont été écrasés.
A tous ceux qui disent que le RIC permettrait de faire passer des lois amenant plus de démocratie sociale, rappelons que ceux qui ont les clefs du monde n'ont pas l'intention de respecter ces lois, rappelons aussi que le passage de la démocratie à la dictature peut être très rapide si nous touchons à leurs intérêts. En France, pendant que la gauche se regarde le nombril, l'extrême droite est à l'affût !

L'ultra droite et la défense du RIC
A quoi et à qui peut donc servir un RIC dont nous avons relevé les limites et les dangers, lorsqu'il s'avère impossible dans le cadre de nos institutions nationales ou supranationales ainsi que dans le système capitaliste ?
La relation RIC/Extrême droite n'est-elle pas de fait lorsque des discours identiques apparaissent, quand certains porte paroles font partie de la « fachosphère française » ?
« Le Conseil National de Transition » né du groupuscule conspirationniste, le « Mouvement du 14 juillet 2015 » qui envisageait un coup d' Etat à l'occasion de la fête nationale, est un exemple de récupération et de manipulation de l'ultra droite ?
Cette organisation prône la gouvernance du pays par un Conseil des sages composé de commissions constituées par 3000 citoyens tirés au sort, assistés de quelques milliers d'experts professionnels connus pour leurs travaux.
Dans ce cadre le peuple est souverain, remplace les élus politiques, ignore les rapports de production, les syndicats étant exclus de la vie économique.
Les défenseurs les plus ardents du RIC ne disent-ils pas la même chose en se disant apolitiques, hors du champ des luttes sociales, anti-syndicalistes, prônant un « citoyennisme de l'absolu » etc.

La cinquantaine de noms qui figurent dans ce fameux Conseil des sages fait penser à un inventaire à la Prévert : parmi des personnalités du showbiz, des journalistes, des scientifiques et hommes de la droite modérée, voire de gauche, on trouve l'élite intellectuelle de l'extrême droite française :
  • 2 généraux, un Lieutenant-Colonel et quelques militaires ex combattants au Rwanda,
  • Plusieurs personnalités d'extrême droite comme Eric zemmour, Alain Soral,
  • Les équipes au complet des « Réseau Voltaire », d'« Egalité et réconciliation » ou de « Riposte laïque »,
  • D'anciens militants des groupes fascistes « Ordre nouveau » et « Occident »
Bref, que du beau monde ! Que des gauchistes !
Sans oublier Pierre Rahbi grand catho-écolo intégriste, Brigitte Bardot, « Celle qui préfère les bêtes aux migrants » ou le boudhiste millionnaire Mathieu Ricard !
Est-ce « à l'insu de son plein gré » que Etienne Chouard, le grand défenseur du RIC apparaît dans ce Conseil des Sages ?

Face aux critiques qui lui sont faites, relatives à ses propos et à ses fréquentations douteuses n'affirme t-il pas : « Lorsque l'on est un démocrate, on se doit de parler avec tout le monde ! ».
Chacun appréciera !
Le lien entre le CNT ancré à l'extrême droite et une partie des leaders, membres des gilets jaunes qui n'ont d'autres revendications que le RIC, est réel : dans son appel du 20 novembre dernier, le CNT stipule d'ailleurs que : « Le mouvement des gilets jaunes, émanant de la nation est devenu la seule autorité légitime du pays...il est donc en droit de revendiquer l'usage de la force publique ».
Nul doute que les casseurs du samedi, dont on sait les liens avec l'ultra droite, ont compris le message.
Pour l'extrême droite, deux stratégies semblent se compléter :
  • d'un côté la stratégie pacifiste avec la revendication exclusive du RIC,
  • de l'autre la stratégie violente qui se reproduit chaque samedi.

Contrairement à ce qu'affirme Etienne Chouard, la démocratie n'est pas « un lieu permettant à chacun de trouver sa place, y compris fascistes et racistes ! ».
Dans une société qui se « droitise » de plus en plus, où embrasser les flics est devenu aussi nécessaire que de se vendre au capital, cette vision de la démocratie où le rêve des femmes et des hommes est suspendu à un référendum, n'est tout simplement que la revendication de la cogestion et de la collaboration de classes.
A nos RIC et périls !

jeudi 7 février 2019

Et le 8ème jour, dieu créa le RIC....



A l'heure où beaucoup de GJ n'ont plus que le mot RIC en bouche, il est urgent 
de se poser quelques questions...

 Le RIC, kézako ? 

- Le RIC est impossible, inconciliable avec la Vème République née du coup d'Etat gauliste de 1958...
On sait ce qui en a été du référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel, du déni de démocratie qui
a suivi. Comment peut-on croire, faire croire que des institutions créées pour donner les pleins pouvoirs
au président de la République puissent accepter une part de pouvoir donnée au peuple ? Qui plus est
quand cette Vème république est aux ordres de Bruxelles, soumise au diktat des USA !

- Le RIC est impensable dans une société capitaliste où quelques milliardaires du CAC 40 s'accaparent
les richesses. Comment peut-on imaginer que le patronat accepterait une hausse significative
du SMIC parce que demandée par un RIC ? Comment croire que l'Etat au service du capitalisme accepterait
un RIC demandant le maintien et développement des services publics quand celui-ci, aux ordres de
Bruxelles, les privatise depuis 30 ans ?
Il serait logique de penser d'abord à abolir le capitalisme ! Et d'abolir l'Etat au service de
la caste des possédants...

- Le RIC est Incompréhensible, il entretient une très grave confusion : ce n'est pas le statut de citoyen
qui fait bouffer chacun d'entre nous mais bien sa situation de travailleur. C'est celle-ci qui détermine les
conditions matérielles d'existence et cela pose la question de l'existence des classes opposées, de
l'antagonisme de classe, et donc de la lutte des classes. Depuis quand un RIC local permet-il l'augmentation
de salaires dans la boîte locale ? 

On sait bien depuis la fin de 18ème siècle, avec a naissance et évolution du mouvement ouvrier
qu'il n'y a jamais eu d'avancée sociale et économique sans rapports de force entre opprimés
et exploiteurs, sans lutte des classes ! Le RIC est la négation de cette réalité !

Ce n'est pas un RIC, référendum qui ont donné aux travailleurs le droit à la retraite, à la sécu, aux congès
payés mais des décennies de luttes !
En définitive, ceux qui ne cessent de réclamer le RIC, font de la "Politique hors sol", hors réalité...
Reste à connaître pour quels intérêts non avoués !

Le RIC, c'est le Canada dry de la politique. Il a l'odeur et le goût de la démocratie mais n'est qu'un erzat...

Pas étonnant alors que parmi les plus farouches tenants du RIC on trouve des hommes farouchement
anti-syndicalistes, anti politique au sens de anti-idéologique : ces hommes clament la fin des idéologies 
au nom du pouvoir qui serait rendu au citoyen, hors de toutes réalités économiques et sociales!

C'est exactement le rêve des synarchistes des années 1920 qui, niant la lutte des classes, prônaient la
défense du "bien commun" si cher à la doctrine sociale de l'Eglise : "Patron/ouvrier même combat !"!
Et pour ce faire, il suffisait de nommer des experts à la place des élus du peuple. Quel enfumage !
Pas étonnant que Macron reprenne l'idée du référendum ?
Il faut donc savoir qu'aujourd'hui comme hier, ce rêve là est celui de l'extrême droite idéologique, celui
des militants du Conseil National de Transition......Allez voir leur site, c'est hallucinant !

Le drame est que par manque de culture et de conscience politique, beaucoup de gilets jaunes tombent
dans un piège magistral.
Il est temps de démasquer les imposteurs...
 S'il fallait aussi une autre réflexion menant au doute sur l'intégrité de certains "leaders GJ"...
- comment se fait-il qu'ils ne parlent plus que du RIC quand mi-novembre des centaines de milliers de gens se sont levés pour défendre leur pouvoir d'achat, exiger des services publics en particulier dans le milieu rural ?
- Est-ce un hasard si plusieurs des hommes qui apparaissent comme les porte parole du RIC émarge à ce fameux Conseil National de Transition où l'on trouve la fine fleur de l'extrême droire française, où il n'est question que de ce fameux RIC !

Si chacun a le droit d'avoir son opinion, il a aussi le devoir de s'informer et surtout réfléchir...

La lutte des classes existent encore malgré eux ! Et contre eux !