Enfin l'Etat se préoccupe des conducteurs non voyants en installant des panneaux en braille
mardi 31 juillet 2018
dimanche 22 juillet 2018
Affaire Alexandre Benalla : naïveté ou hypocrisie générale
Au fait, qu'est-ce qui pose problème ?
Que
Monsieur Benalla ait tabassé un manifestant à terre, malmené une
femme ou que, n'étant pas flic, il n'avait pas à intervenir en
soutien aux C.R.S. ?
Il
y a bien deux niveaux de bavure :
- l'acte de violence délibérée de la part d'un agent de l'Etat au plus haut niveau,
- le fait que cet acte soit commis par un agent non missionné pour intervenir.
Cela
étant, dans les deux cas à gauche comme à droite nos responsables
politiques semblent découvrir que l'exercice du pouvoir, de l'Etat
s'accompagne depuis toujours de ces deux formes de violence. D'un
côté, la vitrine officielle, de l'autre celle, officieuse qui est
chargée de faire le sale boulot qui ne peut être confié aux forces
de l'ordre de la République !
Ces
polices parallèles, ces obscures officines où grouillent
mercenaires et barbouzes de tout poil ont toujours été présentes,
dans l'ombre de l'Elysée et de Matignon. En bon « Chiens de
garde », au coup de sifflet des hommes ont commis les pires
crimes au nom de l'intérêt supérieur de la Nation ! Tel un
iceberg, on ne connaît certainement qu'une infime partie des
assassinats politiques, des scandales politico-mafieux commis dans
cette Vème République née d'un coup d'Etat en 1958.
Toutes
ces violences, de la bavure policière à l'assassinat politique ne
sont que l'ADN du Pouvoir ! Le Pouvoir est Violence permanente !
Petit
tour d'horizon :
- Le pouvoir gaulliste a été impliqué dans la « disparition » en octobre 1965 en France du leader Medhi Ben Barka opposant socialiste au roi Hassan II ; ce pouvoir a su utiliser les services du politico-mafieux Charles Pasqua, de son Service d'Action Civique (S.A.C) pour alimenter les caisses du Parti gaulliste grâce à des attaques de banque,
- Le pouvoir pompidolien a été mêlé en octobre 1968 à l'assassinat de Stefan Markovic, voyou notoire, militant d'extrême droite et organisateur de « parties fines » pour hommes politiques et administrateurs de l'Etat,
- Que dire de la complicité giscardienne avec le dictateur et psychopathe Bokassa ( cf.« L'Affaire des diamants en octobre 1979), sans oublier la mort plus que suspecte de son ministre Robert Boulin le même mois,
- Le grand leader socialiste Mitterand n'a rien eu à envier à ses prédécesseurs avec la mort d'un homme lors du coulage en juillet 1985 du navire de l'organisation écologique Green peace, le « Rainbaud warrior »,
- « L'intouchable » Jacques Chirac, pourrait ouvrir un magasin pour y vendre toutes les casseroles qu'il traîne depuis des décennies en toute impunité,
- Idem pour Nicolas Sarkozy et François Hollande, auteurs de dizaines de scandales politico-financiers, couvrant de multiples bavures policières, coupables de complicité active active avec les dictateurs du Moyen orient,
Dans
toutes ces affaires des hommes de l'ombre ont oeuvré sous la
responsabilité directe des chefs d'Etat et de leurs officines
gouvernementales : de l'intimidation aux menaces en passant par
la corruption, le chantage ou l'assassinat, la panoplie des « actions
officieuses » est très large...
C'est
donc être bien naïf, bien hypocrite que de s'apercevoir tout à
coup que des actes sont commis par des hommes de main, hors de « tout
contrôle démocratique » !
Et
il faut être également bien naïf, surtout bien hypocrite pour
s'insurger contre des violences policières alors que celles-ci sont
bien admises quand elles sont commises par les officielles forces de
l'ordre de l'Etat démocratique et républicain !
Réprimer,
bastonner oui, mais sous contrôle démocratique...
S'alarmer
aujourd'hui du comportement du barbouze Benalla, relève donc de
l'hypocrisie absolue :
En 10 ans, il y
aura eu 47 décès liés aux violences policières et aucun flic ou
gendarme n'est en prison !
Cherchez l'erreur.
Ceux
qui s'insurgent aujourd'hui à l'Assemblée auront, quand ils seront
au pouvoir demain, les mêmes « Gardes prétoriennes » à
leur service...Comme Bob Denard, le barbouze français au service de
plusieurs gouvernements, du Général De Gaulle à François
Mitterand et impliqué dans la plupart des coups d'Etat en Afrique,
ainsi que dans le génocide au Rwanda !
Pendant
que les pleureuses du Parlement s'agitent, au dessus de l'écran de
fumée Benalla, le banquier Macron patron de l'entreprise France
prépare la rentrée politique. Dans le cartable et après la « casse
du rail », les plans de réformes de la sécu, des retraites,
de l'assurance chômage, la révision constitutionnelle etc.
Bonnes
vacances
mercredi 18 juillet 2018
Lettre ouverte aux « fouteux »
Alors,
heureux ? Vous l'avez votre victoire !
La
France à nouveau championne du monde de football, 20 ans après
1998, a sa deuxième étoile. C'est pas comme l'anniversaire des 50
ans de Mai 1968 quand le mois de Mai 2018 aura rassemblé moins de
manifestants que dans un stade de coupe du monde !
Bon
d'accord, vous avez le droit d'aimer le sport, le foot en particulier
et d'être heureux de la victoire des bleus, mais de là à
transformer la joie naturelle et bon enfant en hystérie collective
au demeurant bien cadrée par le pouvoir et bien entretenue par les
médias....
Lors
de la descente des Champs Elysées, il ne manquait plus que
l'archevêque de Paris pour bénir la ferveur populaire et que
sonnent toutes les cloches de toutes les églises de France !
Avec la réception au Palais de l'Elysée cette démonstration avait
un parfum de « fumet nazional » humé il n'y a pas si
longtemps !
Mais
le pire c'est quand vous expliquez et justifiez votre participation à
cet « orgasme collectif » : « Cà
fait du bien de gagner, surtout en ce moment, avec la crise !».
En fait vos éructations sont la preuve de votre impuissance :
ne pouvant obtenir un mieux vivre en luttant, vous vous êtes
réfugiés dans le rêve, l'illusion et le virtuel. Faute de pouvoir
gagner vous-même quoi que ce soit, vous avez en quelque sorte donné
mission à d'autres de gagner à votre place....
Victoire
sportive en remplacement de victoires sociales ! Et ayant
accompli leur mandat, il vous reste alors à les remercier en hurlant
votre joie, vous qui ne savez plus crier vos colères !
Votre
clef du bonheur c'est aujourd'hui « Assez
de politique, on veut du sport ! ».
Rassurez-vous car vous êtes écoutés et vous en aurez de plus en
plus ; il y a un « pognon de dingue » pour créer
des jeux du cirque et amuser la foule ! Du tennis au vélo en
passant par le football, c'est l'overdose. Overdose est bien le mot
propre à désigner le cyclisme en particulier, un sport très
populaire où les flics ouvrent la route aux toxicos qui pédalent !
Amusant, non ?
En
revanche, pour cause de restrictions budgétaires, il y a et il y
aura de moins en moins de moyens pour l'instruction, l'éducation et
la culture, susceptibles il est vrai de faire réfléchir ce qui peut
s'avérer dangereux pour la santé de nos gouvernants.
Et
on est tellement mieux quand on ne se pose pas de questions !
Contentez-vous donc d'applaudir au coup de sifflet ou au panneau
« Applause » quand il est levé.
Ah,
comme vous les aimez ces stars, ces rois du vélo, du ballon ou
encore du show biz ! Et plus les médias vous en fabrique, plus
vous en voulez et plus vous êtes heureux. Heureux jusqu'à les
identifier comme faisant partie du peuple, comme vous alors qu'ils
gagnent en un jour, peut-être une heure ce que vous n'aurez jamais
gagné en un an ! Pire, vous prenez ces stars pour des proches,
pour vos amis, comme tous ceux qui ont pleuré la mort de Johnny,
vous savez, l'ami des riches et de Sarkozy ! Vos dieux ne sont même
pas venus vous saluer du haut de leur balcon de l'hôtel Crillon !
Le
vrai rendez-vous avec l'histoire c'est cette terrible acceptation de
n'avoir plus que le sport pour rêver, même si celui-ci est
gangréné par le fric, la drogue, et les scandales
politico-mafieux ! Au diable cette réalité, rêvons !
Nous
voilà entrés et pour longtemps, semble t-il grâce à vous et
votre complaisance, dans l'ère de « Union sacrée », de
la « cohésion nationale » permanentes comme « l'état
d'urgence », période où le peuple accepte de se soumettre à
tous les abus de pouvoir pourvu qu'on lui donne des dieux du stade à
vénérer.
Entendez
les puissants qui rient en vous voyant :
« Ah, tous ces cons de pauvres qui payent très cher pour voir
des riches s'amuser à la baballe » ! Mais
il est vrai que vous avez intégrés les insultes de vos dirigeants
vous désignant comme des « Sans dents », des « Gens
de rien », des « A passer au karcher », des
« Preneurs d'otage » quand vous osez réclamer votre part
des richesses que vous produisez...Mais vous réclamez de moins en
moins n'est-ce pas !
Jadis
des femmes et des hommes ont rêvé et se sont battus pour parvenir à
leurs rêves faits d'humanité ; cette époque semble bien
révolue...
Le
drapeau rouge fait place au drapeau national capable de créer à la
fois les vocations de militaires et de supporters !
« Celui
qui se bat peut perdre, celui qui ne se bat pas a déjà perdu...sauf
au sport »
Allez,
je vous laisse, il y a l'arrivée d'étape du Tour de France...
lundi 16 juillet 2018
La Coupe du monde, ce moyen rêvé pour nous faire oublier que les politiques menées détruisent notre vivre-ensemble
Le gouvernement, le pouvoir et les possédants en général ont intérêt à fabriquer et à récupérer un tel événement. C'est déjà le cas de Macron.
- Philippe Poutou Porte-parole du NPA, candidat à la présidentielle 2017
Charles Platiau / Reuters
> L'équipe de France masculine de football est qualifiée pour la finale de la Coupe du monde. Difficile de ne pas le savoir tant l'événement prend une place considérable à la télévision, dans les médias, comme dans les bars, comme un peu partout. Certains parlent même de rendez-vous avec l'Histoire.
> Le fait est que pour une bonne partie de la population, c'est la fête. Pas pour tout le monde certes, parce qu'il y a toujours des originaux, mais quand même cette "ferveur populaire" est importante et prend de l'ampleur au fil des jours.
Comme cela arrive souvent dans ces cas d'élan populaire, il ne fait pas bon d'aller à contre courant, ne serait-ce que prendre un peu ses distances avec le phénomène. Pourtant cela mérite discussion.
> La "France" est en finale, on nous dit que c'est énorme, que les "Français" sont tous derrière leur équipe, que la cohésion nationale est retrouvée, que voilà le bonheur d'être unis, ensemble, solidaires, le bonheur tout court. On nous dit que c'est la beauté du sport, que seul le sport peut procurer cette émotion auprès de tant de gens, que seul le foot a ce pouvoir d'unifier une population, tout un peuple.
> On nous en dit trop, on nous en met trop plein la tête pour que cela soit honnête. Bizarrement tout le monde semble d'accord, le gouvernement et ses oppositions, les politiciens de droite comme de gauche, les journalistes, les chroniqueurs, des stars, des artistes, plus de disputes, tous sont sur la même longueur d'onde, derrière le même drapeau, le "bleu-blanc-rouge", fiers et heureux d'appartenir à la même nation, alors ils sont heureux, ils en font des tonnes mais il ne faut pas lésiner.
> La machine est en marche, ce serait le moment de faire la fête, même le moment de manifester dans la rue, de manifester sa joie et non pas sa colère évidemment, c'est le moment d'occuper la plus grande avenue du monde, le moment du "tous ensemble" derrière le drapeau tricolore c'est bien et pas comme ces dernières mois derrière un drapeau rouge, avec des cheminots ou des hospitaliers.
Visiblement la marseillaise et le drapeau tricolore protègent, pas de risque d'intervention policière. C'est le moment de faire du bruit, c'est autorisé et même encouragé!
> Il y a bien une grosse entourloupe de la part de ceux qui ont le pouvoir ou de ceux qui tiennent les gros médias, ce qui peut revenir au même. Car cette "fête" n'est pas neutre, on nous dit que c'est inoffensif, que c'est du sport, que ce n'est pas politique. Mais en vrai c'est tout sauf neutre.
> Cette coupe du monde comme tous les grands événements sportifs ne sont pas que des machines à rapporter du pognon (pognon de dingue) à des profiteurs, ce sont aussi des moyens de propagande idéologique, qui distillent le chauvinisme et le nationalisme, qui veulent faire croire que riches et pauvres, patrons et ouvriers, banquiers et chômeurs, seraient unis par notre drapeau et auraient les mêmes intérêts.
> Les victoires de l'équipe de France peuvent être récupérées politiquement afin de cultiver les préjugés nationalistes, pacifiques aujourd'hui mais peut-être agressifs demain. Alors bien sûr qu'on peut comprendre et être sensibles à la joie des gens qui défilent dans la rue, on peut même applaudir aux matches et aux victoires de l'équipe de France comme des autres équipes d'ailleurs. Mais on peut légitimement prendre ses distances avec "l'unité de la nation", on peut dénoncer l'hypocrisie et les mensonges sur ce "tous ensemble", on peut aussi dénoncer ce sport business.
> Le gouvernement, le pouvoir et les possédants en général ont intérêt à fabriquer et à récupérer un tel événement. Ils l'utilisent, c'est déjà le cas de Macron, pour faire oublier que ce sont eux, que ce sont leurs choix qui détruisent le "vivre ensemble" en démantelant les services publics, qui divisent et fragilisent la population en l'appauvrissant et en la précarisant, qui font exploser les inégalités sociales et les injustices en s'attaquant à tous les acquis sociaux qui mènent des politiques xénophobes, ce sont eux qui répriment brutalement celles et ceux qui résistent.
Comment oublier les matraques, les gazages, les blessures, les gardes à vue, les condamnations? Comment oublier que les cheminots ou les manifestants ont été traités récemment de preneurs d'otages? Et maintenant il faudrait faire cause commune, faire comme si de rien n'était, parce que c'est le foot, parce que c'est la fête?
> Alors quitte à apparaître comme "rabat-joie", l'envie est bien là de dénoncer cette embrouille qu'est l'idéologie nationaliste car elle met des frontières entre les peuples, de dire que l'on veut faire la fête avec qui on veut, quand on veut, qu'il n'y a pas que le sport et le foot, qu'il peut y avoir de l'émotion, du spectacle, du bonheur aussi dans la culture, dans les arts de partout (pas que national), que le "tous ensemble" c'est le partage des richesses, la fin des inégalités, des discriminations, du racisme, de l'homophobie, du sexisme... que les seules frontières que nous reconnaissons c'est celles entre les oppresseurs et les opprimés, entre les classes sociales.
dimanche 15 juillet 2018
La préfète le dit ouvertement : « La situation de la Creuse m’a été signalée par l’administration centrale. Nous devons surveiller l’ultra-gauche. »
L’ultra-gauche ferait-elle plus peur que l’islamisme radical ?
Ce n'est pas exclu. « La Creuse est très clairement concernée, je dirais même plus que les autres départements. »
La préfète le dit ouvertement :
« La situation de la Creuse m’a été signalée par l’administration centrale. Nous devons surveiller l’ultra-gauche. »
Quels relais politiques et syndicaux en France sur ce type d'action qui fait hurler les sionistes?
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mercredi 11 juillet 2018
Surveillance : le réseau français “intelligent” d’identification par caméras arrive
La reconnaissance faciale “intelligente” est annoncée comme une nécessité pour le ministère de l’Intérieur. Le modèle chinois de contrôle et surveillance de la population par des caméras et des algorithmes d’identification des personnes semble inspirer le gouvernement et l’administration française qui lance des expérimentations et des partenariats. Explications.
L’identification en temps réel des personnes par des réseaux de caméras de rue n’est plus un fantasme de film d’anticipation : la Chine a massivement déployé ces sytèmes et s’en vante. Le “réseau céleste” — ainsi nommé par le gouvernement central — de 20 millions de caméras, est un œil géant piloté par des intelligences artificielles qui travaillent jour et nuit à analyser les millions de visages des passants des grandes villes chinoises. Un journal de Hong Kong — cité dans le Courrier international — l’Apple Daily, résume les capacités surhumaines du “réseau céleste” avec délectation :
Le système peut identifier en temps réel avec exactitude le type de voiture, l’habillement, le sexe et même l’âge d’un passant… Ces informations sur les passants s’affichent automatiquement à l’écran. Quand il s’agit d’un criminel recherché, l’alarme du système se déclenche en montrant les données le concernant sur l’écran.Extrait du Courrier International : “Surveillance. Le “réseau céleste”, version chinoise de Big Brother”, le 28/09/2017
La France est l’un des pays champion des technologies numériques de surveillance. Pionnier dans le domaine du “Deep packet inspection” (DPI, inspection profonde de paquets) grâce à sa recherche universitaire et des montages d’entreprises spécialisées dans l’exportation de ces systèmes à des dictatures, le pays de Victor Hugo a légiféré en cascade depuis plusieurs années pour autoriser les services de police et de renseignement à surveiller et capter les échanges numériques des citoyens de façon administrative, sans contrôle d’un juge d’instruction.
“Boites noires” chez les fournisseurs d’accès internet, sondes sur les câbles sous-marins, systèmes d’interception des communications “silencieux”, logiciels de morpho-analyse intelligents : la plupart des technologies numériques de surveillance, d’identification et d’analyses prédictives sont en place dans les services de renseignement et de police français. Ne manque — visiblement — aujourd’hui qu’à déployer de façon massive les derniers outils de reconnaissance faciale, pilotés par intelligence artificielle, et les généraliser. Ce qui semble être en cours de discussion dans les ministères, les centres de recherche et les services d’Etat.
Gérard Collomb annonce…
Le ministre de l’Intérieur français, Gérard Collomb ne s’est pas caché depuis quelques mois de vouloir moderniser la police et les services de renseignement français. Cette modernisation passait pour l’instant par le déploiement de tablettes, de caméras connectées, le tout lié au nouveau fichier “monstre” TES de fichage biométrique de la quasi totalité de la population française.
L’intelligence artificielle doit permettre, par exemple, de repérer dans la foule des individus au comportement bizarre. Gérard Collomb dans son bilan “d’un an de maintien de l’ordre”, le 8 juin 2018
Des déclarations sur l’utilisation de technologies à base d’IA comme aide à la décision pour les forces de police avaient déjà été effectuées alors par Gérard Collomb : “Les service de l’Etat vont analyser les données avec de l’intelligence artificielle pour être encore plus efficaces, avec une expérimentation déjà lancée dans onze départements.” La question de la concomitance de ces annonces avec les nouvelles disposition de surveillance technologique policières — prises par le gouvernement chinois — se posait déjà en février 2018 :
Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur annonce clairement ses intentions au sujet de la surveillance et l’identification par reconnaissance faciale dans son bilan “d’un an de maintien de l’ordre” (article La Croix) :
(…) en matière d’exploitation des images et d’identification des personnes, on a encore une grande marge de progression. L’intelligence artificielle doit permettre, par exemple, de repérer dans la foule des individus au comportement bizarre.
Sur la problématique des manifestants violents, le ministère veut explorer des voies technologiques prédictives, et ne s’en cache pas : “Les services ont identifié certains meneurs, il y a aussi sûrement de petits groupes assez structurés derrière eux, et il faudrait pouvoir agir en prévention.” Arrêter des futurs manifestants avant que les actes violents ne soient commis à l’aide de caméras intelligentes repérant les individus aux comportements suspects ? Les défenseurs des libertés et les avocats sont logiquement déjà alarmés par cette possibilité. Comment accepter, dans une démocratie, l’arrestation de personnes sans qu’elles n’aient commis de délit, mais seulement parce que des machines les ont repérés, identifiés et analysés de façon prédictive comme étant de futurs fauteurs de troubles ?
Le CNRS confirme
L’annonce récente par le CNRS de la signature d’une convention avec la Direction du renseignement militaire (DRM) confirme l’intérêt des services de l’Etat pour le développement d’intelligences artificielles de reconnaissance d’image, comme Fabrice Boudjaaba, le directeur adjoint scientifique de l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS l’explique : “Les questions liées à l’Intelligence artificielle sont évidemment centrales. Les recherches sur la reconnaissance automatique d’image intéressent particulièrement le renseignement militaire. En effet, leur principal problème du renseignement aujourd’hui n’est pas le manque d’information, mais bien le trop plein d’information qui peut submerger et finalement paralyser l’outil de renseignement.”
Si les technologies innovantes d’analyses d’image par intelligence artificielle pour la DRM sont avant tout liées à des théatres d’opérations à l’étranger, il n’est pas interdit de penser que ces recherches publiques seront utilisées aussi pour du renseignement intérieur ou de l’investigation policière.
Les questions dans le cadre de la surveillance de la population et l’identification des personnes par apprentissage automatique restent donc toujours sans réponse de la part des autorités, et celles-ci sont pourtant très simples : peut-on ficher une population et laisser des agents numériques traiter les données biométriques qui s’y affèrent ? La surveillance d’Etat par reconnaissance et identification faciale est-elle compatible avec le respect des libertés publiques et des droits fondamentaux à la vie privée ? Quelles garanties la population a-t-elle que les données biométriques propres à chacun ne serviront pas à des fins de prévention ou de répression d’expression politique ou de contestation sociale ?
La Chine, quant à elle ne s’est pas posée ces questions et applique sans états d’âme la surveillance électronique permanente des citoyens : la France, bien plus discrètement, et sans publicité s’apprête visiblement à faire de même. Jusqu’à copier aussi à terme le système de crédit social chinois ?
Reste que l’on ne sait pas si la population française est prête à accepter de vivre dans une société sous contrôle de machines autonomes où chacun de ses faits et gestes sera enregistré, analysé et poteniellement… noté ?
Pascal Hérard
Source : TV5 Monde, Pascal Hérard, 11.06.2018
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