dimanche 25 mars 2012

Vers l’illégalité du fichage ADN ?

ndPN : A la suite d’une action contre Hubert Védrine pour protester contre l’implication de la France dans le génocide rwandais, Xavier Renou avait refusé de donner son ADN. A son procès pour refus de fichage, il avait déposé 4 questions prioritaires de constitutionnalité. Le tribunal a donné suite, en reconnaissant le caractère sérieux et pertinent de ces QPC.
Désobéissance civile et fichage génétique des populations : Une première victoire vers l’abrogation du Fichier ADN !!!
La troisième audience du procès de Xavier Renou pour refus de prélèvement ADN fut la plus courte de toutes. La juge Andreau, présidente du Tribunal correctionnel de Senlis (60) a rendu son jugement : rejetant les recommandations maladroites du Procureur, elle a reconnu le caractère sérieux et pertinent des 4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité déposées par le porte-parole du collectif des Désobéissants. Elles seront donc toutes transmises à la Cour de Cassation, afin que celle-ci les transmette à son tour au Conseil Constitutionnel. Là, une audience publique et contradictoire devra être organisée, et il sera donc possible d’avoir sur le fichage génétique des militants, et, au-delà, de l’ensemble de la population, le débat dont nous avons été privés jusqu’ici. On verra alors si le CC aura le même courage que la juge de Senlis et  abrogera enfin le fichier liberticide, qui permet désormais de déterminer la couleur de peau et les pathologies des quelque 2 millions de Français qui y figurent…
Résumé des épisodes précédents. Aux précédences audiences du procès de la désobéissance civile contre les prélèvements d’ADN, à Senlis, près de Paris, la généticienne Catherine Bourgain (INSERM) avait apporté la preuve du caractère « codant » des segments d’ADN prélevés par la police. Des travaux de recherche récents montrent en effet que le Fichier des Empreintes Génétiques (FNAEG) permet ainsi de connaître les origines géographiques (donc avec une forte probabilité la couleur de peau) et diverses caractéristiques intimes (comme les prédispositions à certaines maladies) de 30 000 nouveaux Français par mois. Le gouvernement avait pourtant prétendu le contraire, pour rendre plus acceptable la mise en place du fichage biologique de la population : Christian Estrosi, rapporteur de la loi de Sécurité intérieure de mars 2003, affirmait par exemple le 16 janvier 2003 aux députés réunis pour voter cette loi : « Si à partir d’une empreinte génétique inscrite dans le Fnaeg, vous essayez d’obtenir la moindre information sur la personne – état de santé, métabolisme, couleur des cheveux, des yeux, de la peau, etc. – vous ne le pourrez pas, parce que ces empreintes sont non codantes. C’est totalement impossible. » (Cf. Le Monde 16/17.01.2007)
Cette remise en cause fondamentale du FNAEG constitue le cœur de la première des 4 QPC déposées par Xavier Renou. Un fichage qui s’élargit d’année en année, pour quelles fins ? Depuis 2003, plus de 2 millions de Français ont fait l’objet d’un prélèvement ADN, en garde-à-vue (donc alors qu’elles étaient encore présumées innocentes) ou après une condamnation, même bénigne ou strictement politique (de désobéissance civile). Le Ministère de l’Intérieur impose des objectifs chiffrés aux forces de l’ordre. Le gouvernement a-t-il en outre des arrière-pensées discriminatoires ? Sans doute, puisqu’il développe par ailleurs le fichage systématique des élèves, avec Base-élèves, et souhaitait y inclure, au milieu de considérations scolaires, le lieu de naissance et la langue parlée à la maison. Fichier appelé à suivre les individus pendant toute leur vie active, en s’intégrant au Livret National des Compétences.
Après François Vaillant, déboulonneur de publicité, Xavier Mathieu, syndicaliste des ouvriers de Continental, de nombreux Faucheurs Volontaires d’OGM et bien d’autres, Xavier Renou a refusé de donner son ADN aux gendarmes qui le lui demandaient. D’accord avec le philosophe Giorgio Agamben, qui parle d’une politique qui revient à  »pré-mâcher le travail d’une dictature », X. Renou explique : « Je considère que le fichage biologique est beaucoup trop dangereux pour être ainsi banalisé. Je n’oublie pas que c’est la République qui a commencé, dans les années Trente, à ficher ses étrangers et ses opposants, et que lorsque Pétain est arrivé au pouvoir, tout était prêt pour la machine totalitaire. Parce que l’on n’est jamais sûr de l’avenir, et que je suis inquiet de l’évolution actuelle de notre société, je refuse de donner mon ADN et encourage  tous les militants de la liberté à faire de même, afin de rendre inapplicable cette loi scélérate. »
Xavier Renou, prévenu : 06 64 18 34 21.
Les désobéissants (www.desobeir.net) ont publié un ouvrage sur la question : Désobéir à Big Brother (éd. Le Passager clandestin)
Catherine Bourgain, généticienne à l’INSERM : 06.79.60.53.42
Nous avons besoin de vos dons pour continuer ce précieux combat. Envoyez vos chèques à l’ordre de « Campagne M51″ et à l’adresse suivante : Les désobéissants, c/o Librairie Résistance 4 Villa Compoint 75017 Paris. Il est aussi possible de faire un don en ligne sur le site des désobéissants (onglet don ou rubrique boutique militante) ou de faire un don en prélèvement automatique déductible des impôts : nous contacter pour obtenir par mail ou courrier le formulaire à remplir. Merci de votre soutien !
www.desobeir.net  - mailing du 21 mars 2012

samedi 24 mars 2012

Alerte contre le retour des lois scélérates

Après la mort du responsable des tueries de Toulouse et de Montauban, la récupération politicienne ne chôme pas, pour diffuser son modèle autoritaire. Sarkozy annonce aujourd’hui jeudi 22 mars un énième renforcement de sa politique répressive sur fond d’ »antiterrorisme ». Sauf qu’il ne s’agit plus d’un replâtrage, mais ni plus ni moins que d’inscrire dans le code pénal la consultation de sites « extrémistes ».
Cette proposition, si elle était votée par le parlement et validée par le conseil constitutionnel, instituerait de fait une surveillance généralisée des internautes (sites internet visités, fréquence…) ; soit par l’Etat, soit par les fournisseurs d’accès, ce qui reviendrait au même. Bref, le flicage total, à faire passer Big Brother (déjà très jaloux) pour un petit joueur.
Sans compter que la condamnation ne porterait plus sur des faits terroristes, mais sur une intentionalité présumée. Une personne  soucieuse des libertés et qui, par exemple, surveillerait régulièrement un site promouvant la haine, pourrait ainsi être condamnée, sans parler des journalistes indépendants.
Jamais un Etat dit « démocratique » n’a fait adopter une telle loi. La mesure existe certes déjà, dans le cadre de la répression de la pédophilie ; mais cette disposition n’intervient qu’après coup, souvent par analyse de l’historique de navigation trouvé sur un ordinateur saisi. Ces déclarations sont donc extrêmement graves.
De plus, le flou délibéré des termes employés est pour le moins inquiétant en termes de possibilités répressives :
«Désormais, toute personne qui consultera des sites internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et la violence sera punie pénalement»

Sarkozy ne risquerait-il pas de tomber sous le coup de ses propres imprécations contre la « haine », avec ses propos sur la « viande halal », sur le « trop d’étrangers » ? Sans parler de son inénarrable ministre Guéant et de sa petite musique sur la « délinquance roumaine », ou « l’inégalité des civilisations »… Quant à la « violence », nul n’ignore qui en détient actuellement le monopole écrasant. Qui est légalement armé dans ce pays, perpétrant ici ou ailleurs des violences à l’égard des populations ? Que dire de l’enfermement et les expulsions, par dizaines de milliers, de personnes dont le seul tort est d’être nées pauvres ? Un chef de l’Etat donnant des leçons sur la « violence », c’est une sinistre farce.
«Toute personne se rendant à l’étranger pour y suivre des travaux d’endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme sera puni pénalement»
Qu’est-ce que le terrorisme ? Ce terme a toujours aussi désigné les adversaires au pouvoir ; c’était le mot employé par Vichy contre les résistants… S’il s’agit de recourir à la violence et à la peur pour imposer une vision par la force, on peut d’ailleurs tout aussi bien dire que l’Etat, ou encore le capitalisme sont des systèmes sociaux terroristes à l’échelle de la planète. Jamais en effet une institution n’aura perpétré, à travers toute l’histoire, autant de morts dans le monde que l’Etat, et de façon si systémique. En-dehors même des guerres atroces que ses crises ont provoquées, le capitalisme est fondé sur les postulats de la compétition généralisée de tous contre tous, sur le profit et l’exploitation institutionnalisés par le salariat, ayant pour conséquences misère et chômage structurels et de masse,  mutilations, suicides et morts au travail. Et surtout, rareté instituée des marchandises par le prix et la spéculation, c’est-à-dire la privation délibérée d’une partie de la population mondiale quant à l’accès aux richesses qui existent pourtant suffisamment pour tous. Ce qui condamne des dizaines de millions de gens chaque année à mourir de faim à travers toute la planète, et près d’un milliard de personnes à être en sous-nutrition, quand la planète produit de quoi nourrir deux fois l’humanité toute entière. Ainsi, si Sarkozy se déplace pour rencontrer ses homologues et faire appliquer les désastreuses préconisations du FMI et des banques à des pays entiers, ne tombe-t-il pas sous le coup de ses déclarations sur les « voyages » pour « travaux d’endoctrinement » ?
«Avec le Premier ministre (François Fillon), j’ai demandé au garde des Sceaux (ministre de la Justice) de mener une réflexion approfondie sur la propagation de ces idéologies dans le milieu carcéral»
On touche là aux sommets de l’ignominie. Qui n’a eu de cesse toutes ces dernières années, au mépris de toute dignité humaine, d’entasser toujours plus de pauvres dans ces mouroirs que sont les prisons françaises si sinistrement réputées en Europe, où peines longues, isolement, humiliations et sévices imposés par l’arbitraire de l’administration pénitentiaire, sont le lot de dizaines de milliers de prisonniers ? Sans parler de l’arsenal judiciaire répressif des peines planchers, de la détention préventive, de la répression des mineurs, etc. Quelle politique honteuse mène aujourd’hui tant de taulards au désespoir, à la folie, à la haine, sinon à la mort ?
«La propagation et l’apologie d’idéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal, avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte antiterroriste»
On touche là au ponpon du flou répressif tous azimuts. Qu’est-ce qu’une idéologie « extrémiste » ? Sarkozy comparait, au salon de l’agriculture en 2011, les affiches gentillettes de France-Nature-Environnement aux dérives des extrémistes islamistes (!) Du coup, cette annonce peut sans nul doute s’appliquer à nombre de personnes, notamment militantes politiques et associatives (Hollande lui-même n’a-t-il pas été qualifié récemment par Sarkozy de vouloir une « épuration » ?) Sans nul doute, en bonne place déjà dans le collimateur, les anarchistes et plus largement les révolutionnaires. Le simple fait de dénoncer les violences institutionnalisées que sont patriarcat, Etat et capitalisme, et de défendre la réappropriation sociale des décisions, a toujours conduit à la répression. On le sait, la dénonciation de la propriété privée – sanctifiée par les droits de l’homme riche - constitue un crime impardonnable pour la bourgeoisie et ses défenseurs zélés.
Sans nul doute, si ces annonces étaient appliquées dans les termes aujourd’hui prononcés, il s’agirait non seulement d’un retour aux lois scélérates, mais d’un  basculement dans une dictature de type fasciste.
Pour en revenir au tueur de Toulouse et de Montauban, il est évident pour nous que le fascisme, pas plus hier qu’aujourd’hui, ne peut se combattre par le recours à la répression d’Etat. L’Etat sécrète lui-même, de par sa nature toujours plus autoritaire, la discrimination et la haine, la misère de l’exploitation, la violence instituée. C’est par la lutte pied à pied, au quotidien, contre les violences institutionnelles, et par la solidarité, que nous ferons reculer le fascisme… et ce qui le nourrit.
Juanito, groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86

jeudi 22 mars 2012

DÉSERTONS LES URNES, OCCUPONS LA RUE !

Abstention active aux élections !

LE SEXISME, L’ÉCOLE, L’ENTREPRISE, LES MÉDIAS ET LES POLITICIEN.NE.S nous moulent dans une vision résignée, hiérarchiste et autoritaire des rapports sociaux. Ils taisent, dénigrent, étouffent et répriment toutes tentatives de réinventer des rapports humains sans pouvoir, sans « spécialistes ». Les pouvoirs nous éduquent à la croyance qu’ils sont indispensables et perfectibles. Et malgré leur responsabilité fagrante dans le désastre social et écologique actuel, ce discours continue de nous être asséné par les partis politiques.
LE CIRQUE DES ÉLECTIONS de « représentant.e.s » nous est ainsi présenté comme un « droit » et même un « devoir civique ». Et pourtant, si l’on connaît un peu l’histoire, le droit de vote n’a été accordé que très progressivement. D’abord aux seuls riches et de sexe masculin. Il n’a été élargi qu’après des décennies de luttes sociales indépendantes des pouvoirs, et uniquement dans la mesure où la bourgeoisie et les gouvernements en place s’assuraient bien que ce droit de vote… ne remettrait pas en cause les fondements de leur domination : la propriété patronale et étatique des moyens de production. Qui excluent de fait les populations des décisions réelles sur la société dont elles veulent. Le parlementarisme est un simulacre de démocratie. Les élections vont de fait avec le capitalisme et l’État. Elles entérinent, en jouant avec l’accord des exploité.e.s elles.eux-mêmes, la dépossession globale de nos existences et l’accaparement des décisions réelles qui nous concernent par une « élite » de bourgeois.es et de bureaucrates. Cette domination ne repose pas que sur le « consentement » forcé des populations à obéir et à relayer les ordres, mais aussi sur l’abrutissement médiatique, le chantage généralisé à « l’emploi », la répression.
CERTAINS PARTIS (la « gauche », les « écologistes », les « antilibéraux ») prétendent qu’il est possible de « peser » sur les appareils au pouvoir pour « humaniser » leur fonctionnement. Mais comment humaniser un système fondé sur le déni des populations à décider par elles-mêmes ? Comment humaniser un système fondé sur la compétition agressive, la hiérarchie, l’asservissement et l’exploitation de la force de travail dans le seul but de l’accumulation de fric et de pouvoir ? L’organisation même de ce système réduit toujours les prétentions de « gauche » à une alliance objective avec les pouvoirs, dans une pathétique lutte des places. Quand bien même certain.e.s seraient sincères, il.le.s se retrouvent vite contraint.e.s, pour être élu.e.s, à accepter de telles compromissions qu’ils.elles ne peuvent qu’appliquer à la lettre les instructions données par les possédant.e.s. La gauche a ainsi promis de faire appliquer « l’austérité », les verts entérinent le nucléaire, et les « antilibéraux » ne proposent face au capital (c’est-à-dire la domination effective des populations), que la « taxation » ou la « régulation », c’est-à-dire la légitimation… au lieu de son abolition pure et simple.
LA DÉCISION RÉELLE sur les moyens matériels de production n’appartient, en système capitaliste, qu’aux détenteurs.trices de la propriété privée et étatiste. C’est un fait. Et c’est sur ce socle que vivent (grassement) et s’agitent les politicien.ne.s. Il.le.s ne font que gérer les conséquences négatives du capitalisme, tant bien que mal, avec leur baratin et leurs gesticulations dérisoires, et adapter la société à cette dépossession fondamentale et révoltante des populations. Avec des rustines, des boucs-émissaires, des soupapes, des divertissements et des diversions misérables – toujours les mêmes recettes. Quant à l’extrême-gauche « anticapitaliste », qui prétend n’avoir « aucune illusion sur les élections », et n’y participer que pour obtenir une « tribune » dénonçant le système, elle ne fait qu’accepter de jouer ce jeu pipé et en cautionner ainsi, hélas, la règle fondamentale : celle du maintien de cette pseudo-légitimité des élu.e.s de nous gouverner, à notre place.
NOS DROITS SOCIAUX, n’ont jamais été décrétés par le pouvoir, mais concédés par lui comme des miettes, pour sa survie, lors de mouvements sociaux le remettant en cause, lors de grèves, d’occupations, de réappropriations des usines et de la rue. Ces « droits sociaux » n’ont d’ailleurs été, si l’on y regarde bien, qu’une monopolisation par l’État de ce qui existait, déjà bel et bien, en termes de solidarité populaire concrète, d’alternatives constituées et autogérées : caisses ouvrières, éducation populaire… L’État n’a toujours été en réalité qu’une force armée, spoliatrice, centraliste, défendant ses intérêts et ceux des riches par des lois injustes, la conquête militaire et la répression violente. Son essence est la négation même de la capacité des populations à gérer leurs propres affaires, à créer leurs propres repères communs.
NOUS REFUSONS cette pseudo-« démocratie », représentative et centralisée, donnant carte blanche à des politicien.ne.s pour gérer la bonne marche du capitalisme, pour une période fxée, sans aucune autre possibilité de contrôle accordée aux électeurs que celle de la couleur qui habillera leur sombre esclavage. Une fois élu.e.s, les politicien.ne.s n’ont de compte à rendre à personne : les promesses n’engagent que ceux.celles qui y croient. Nous n’avons pas besoin de politicien.ne.s : si les gens ne sont pas capables de se gouverner elles.eux-mêmes, comment sauraient-il.le.s quel candidat.e choisir ? S’il.le.s sont capables, au contraire, d’élaborer les solutions répondant à leurs besoins… alors il.le.s peuvent évidemment s’administrer elles.eux-mêmes !
NOUS PRÔNONS une responsabilisation individuelle et collective, la « démocratie directe ». Des assemblées populaires sur le lieu de production, le quartier, la commune. Où la parole circule librement et également entre les participant.e.s. Les capacités, besoins, désirs et projets, l’élaboration de repères communs, les décisions à prendre le cas échéant, s’y expriment et s’y organisent. Les mandaté.e.s, individuel.le.s (ou collectifs, par exemple en commissions) ne sont désigné.e.s que sur leurs compétences et leurs envies. Il.le.s n’ont pas pouvoir de décider ou de contraindre : il.le.s se contentent d’appliquer les décisions prises en assemblées, concernant les individus qui les ont choisies. Ce contrôle des élu.e.s s’appelle le mandat impératif, combattu depuis toujours par la bourgeoisie (et donc interdit par la « constitution », à l’article 27). Les mandaté.e.s rendent compte aux assemblées et sont révocables par elles. Les mandats s’élaborent librement, et tournent avec une formation assurée pour tout.e.s celles et ceux qui se proposent de participer à la vie commune.
NOUS DÉFENDONS le fédéralisme libertaire. Les communes sont autonomes pour le règlement des questions qui les concernent. Elles sont librement fédérées, ce qui permet des projets communs, leur coordination, leur solidarité, la diffusion des informations, des savoirs et des idées. Les besoins, les capacités et les décisions locales ou sectorielles sont remonté.e.s en assemblée de commune et en assemblées fédérales, par des porte-paroles n’ayant pour toute fonction que la coordination et la circulation des informations, des besoins exprimés. La majorité n’impose pas aux minorités, ni l’inverse, car nul.le n’est tenu.e de participer à tel ou tel projet. Ainsi, chacun.e exprime librement ses capacités, ses besoins et ses désirs, sans hiérarchie : « L’égalité n’est pas l’uniformité » (Bakounine). Et sans liberté réelle de décider ensemble, aucune égalité n’est possible.
CETTE PROPOSITION N’EST PAS « UTOPIQUE » : elle a toujours été le mode de fonctionnement des comités de luttes indépendants des pouvoirs. Comités de sans-culottes, commune de Paris, révolution espagnole, ukrainienne, autogestion en Argentine, comités de bon gouvernement au Mexique, comme tant d’autres expériences d’hier et d’aujourd’hui (ainsi, les assemblées populaires qui essaiment). Ces faits historiques ne sont évidemment relayés ni par les manuels offciels d’histoire ni par les médias, car ils démontrent qu’une auto-organisation efficace est évidemment possible, et que les gouvernements de droite et de gauche n’ont jamais hésité, pour écraser ces velléités d’autonomie, à leur appliquer une répression brutale.
L’ABSTENTION MASSIVE PEUT DEVENIR UNE ABSTENTION ACTIVE. Il n’y a aucun espoir à tirer de la « gauche » ou de la « droite » au pouvoir ; les solutions à nos problèmes ne se trouvent qu’en nous-mêmes et dans nos solidarités. En notre capacité à nous organiser selon des moyens adéquats à nos fns, c’est-à-dire par nous-mêmes, sans domination, sans médiation, sans privilèges ni exploitation d’individus par d’autres. Il est urgent de nous réapproprier nos vies, de rejoindre dès à présent les luttes et assemblées, les expériences autogestionnaires qui se tissent.
DÉSERTONS LES URNES, OCCUPONS LA RUE !
Groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86
pavillon-noir [gare aux bases] federation-anarchiste.org
Télécharger le tract en pdf

dimanche 18 mars 2012

Poème de Victor Hugo en hommage à Louise Michel et à la Commune de Paris (18 mars 1871)

Ayant vu le massacre immense, le combat
Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat, La pitié formidable était dans
tes paroles.
Tu faisais ce que font les grandes âmes folles Et, lasse de lutter, de rêver
de souffrir, Tu disais : " j'ai tué ! " car tu voulais mourir.
Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine.
Judith la sombre juive, Aria la romaine
Eussent battu des mains pendant que tu parlais.
Tu disais aux greniers : " J'ai brûlé les palais !"
Tu glorifiait ceux qu'on écrase et qu'on foule.
Tu criais : " J'ai tué ! Qu'on me tue ! - Et la foule Ecoutait cette femme
altière s'accuser.
Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ; Ton oeil fixe pesait sur les
juges livides ; Et tu songeais pareille aux graves Euménides.
La pâle mort était debout derrière toi.
Toute la vaste salle était pleine d'effroi.
Car le peuple saignant hait la guerre civile.
Dehors on entendait la rumeur de la ville.
Cette femme écoutait la vie aux bruits confus D'en haut, dans l'attitude
austère du refus.
Elle n'avait pas l'air de comprendre autre chose Qu'un pilori dressé pour
une apothéose ; Et, trouvant l'affront noble et le supplice beau Sinistre,
elle hâtait le pas vers le tombeau Les juges murmuraient : " Qu'elle meure !
C'est juste Elle est infâme - A moins qu'elle ne soit Auguste "
Disait leur conscience. Et les jugent, pensifs Devant oui, devant non, comme
entre deux récifs Hésitaient, regardant la sévère coupable.
Et ceux qui, comme moi, te savent incapable De tout ce qui n'est pas
héroïsme et vertu, Qui savent que si l'on te disait : " D'ou viens tu ? "
Tu répondrais : " Je viens de la nuit ou l'on souffre ; Oui, je sors du
devoir dont vous faites un gouffre !
Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux, Tes jours, tes nuits, tes
soins, tes pleurs donnés à tous, Ton oubli de toi-même à secourir les
autres, Ta parole semblable aux flammes des apôtres ; Ceux qui savent le
toit sans feu, sans air, sans pain Le lit de sangle avec la table de sapin
Ta bonté, ta fierté de femme populaire.
L'âpre attendrissement qui dors sous ta colère Ton long regard de haine à
tous les inhumains Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ;
Ceux-là, femme, devant ta majesté farouche Méditaient, et malgré l'amer pli
de ta bouche Malgré le maudisseur qui, s'acharnant sur toi Te jetai tout les
cris indignés de la loi Malgré ta voix fatale et haute qui t'accuse Voyaient
resplendir l'ange à travers la méduse.
Tu fus haute, et semblas étrange en ces débats ; Car, chétifs comme tous les
vivants d'ici-bas, Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées Que le
divin chaos des choses étoilées Aperçu tout au fond d'un grand coeur
inclément Et qu'un rayonnement vu dans un flamboiement.

-> victor Hugo
"viro major"

lundi 12 mars 2012

militants arrêtés lors d'un collage



 
COMMUNIQUE DE LA FEDERATION ANARCHISTE

Le 8 mars 2012 au soir, quatre militantes et militants de la Fédération anarchiste, ainsi que sept autres camarades d’Action antifasciste, du NPA et d’Alternative libertaire ont été arrêté-es à Paris et placé-es en garde à vue. Il leur est reproché de s’être livré-es à des dégradations en réunion. En réalité, leur action était un collage destiné à refuser la banalisation de l’extrême droite et à informer sur la tenue des « Assises Nationales de la Nationalité, de la Citoyenneté et de l’Identité », prévues pour le samedi 10 mars dans le 12ème arrondissement. Cette manifestation à visée prétendument citoyenne est déjà la deuxième du genre, elle véhicule ouvertement pour le compte du Bloc identitaire les prises de position xénophobes et racistes les plus abjectes.
Dans cette affaire, les forces de répression de l’Etat ont clairement indiqué quel est leur camp naturel ; la garde à vue a été prolongée jusqu’au samedi 10 mars à 22 heures, l’emprisonnement a duré jusqu’au dimanche 11 dans l’après-midi, sans aucun fondement juridique aux termes du droit bourgeois, et les rassemblements organisés en soutien ont été neutralisés avec l’efficacité qu’on connaît à la police de ce pays quand il s’agit d’écraser les luttes sociales. De toute évidence, le pouvoir d’Etat a décidé de frapper fort et d’envoyer un message d’encouragement aux fascistes de tout poil. Mise en relation avec les déclarations récentes du ministre de l’Intérieur et la tonalité générale de la campagne électorale, cette série de gardes à vue, prouve, s’il en était besoin, que l’extrémisme de droite est un rouage essentiel à la stabilité du capitalisme et de l’Etat, et qu’on ne s’en débarrassera définitivement qu’en détruisant le système économique et politique qui lui accorde sa protection.
La Fédération anarchiste soutient l’action des militant-es arrêté-es et exige l’arrêt des poursuites engagées contre elles et eux , elle dénonce une atteinte à la liberté d’expression et le caractère inédit des mesures de garde à vue suivie de détention pour collage d’affiches .
La Fédération anarchiste remercie l’ensemble des personnes qui ont manifesté leur soutien immédiat sans céder aux intimidations policières. D’ores et déjà, la solidarité s’organise : une souscription est ouverte ; il suffit pour cela d’envoyer un chèque à l’adresse suivante : PUBLICO, 145 rue Amelot ,75011 PARIS, à l’ordre de « Publications Libertaires », en rajoutant la mention « Solidarité 8 mars » au dos. Les informations sur les différentes initiatives de soutien à venir seront communiquées au fur et à mesure.






Fédération anarchiste, secrétariat aux Relations extérieures, dimanche 11 mars.

dimanche 11 mars 2012

Ils ne nous ferons jamais taire ! Vive l'anarchie...

Trente-trois nuits au gnouf pour un collage d’affiches !
Solidarité avec les onze antifascistes mis en examen !
Le 8 mars 2012 au soir, quatre militantes et militants de la Fédération anarchiste, ainsi que sept autres camarades d’Action antifasciste, du NPA et d’Alternative libertaire ont été arrêté-es à Paris et placé-es en garde à vue. Il leur est reproché de s’être livré-es à des dégradations en réunion. En réalité, leur action était un collage destiné à refuser la banalisation de l’extrême droite et à informer sur  la tenue des « Assises Nationales de la Nationalité, de la Citoyenneté et de l’Identité », prévues pour le samedi 10 mars dans le 12ème arrondissement. Cette manifestation à visée prétendument citoyenne est déjà la deuxième du genre, elle véhicule ouvertement pour le compte du Bloc identitaire les prises de position xénophobes et racistes les plus abjectes.
Dans cette affaire, les forces de répression de l’Etat ont clairement indiqué quel est leur camp naturel ; la garde à vue a été prolongée jusqu’au samedi 10 mars à , l’emprisonnement a duré jusqu’au dimanche 11 dans l’après-midi, sans aucun fondement juridique aux termes du droit bourgeois, et les rassemblements organisés en soutien ont été neutralisés avec l’efficacité qu’on connaît à la police de ce pays quand il s’agit d’écraser les luttes sociales. De toute évidence, le pouvoir d’Etat a décidé de frapper fort et d’envoyer un message d’encouragement aux fascistes de tout poil. Mise en relation avec les déclarations récentes du ministre de l’Intérieur et la tonalité générale de la campagne électorale, cette série de gardes à vue, prouve, s’il en était besoin, que l’extrémisme de droite est un rouage essentiel à la stabilité du capitalisme et de l’Etat, et qu’on ne s’en débarrassera définitivement  qu’en détruisant le système économique et politique qui lui accorde sa  protection.
La Fédération anarchiste soutient l’action des militant-es arrêté-es et exige l’arrêt des poursuites  engagées contre elles et eux , elle dénonce une atteinte à la liberté d’expression et le caractère inédit des mesures de garde à vue suivie de détention pour collage d’affiches .

La Fédération anarchiste remercie l’ensemble des personnes qui ont manifesté leur soutien immédiat sans céder aux intimidations policières. D’ores et déjà, la solidarité s’organise : une souscription est ouverte ; il suffit pour cela d’envoyer un chèque à l’adresse suivante : PUBLICO, 145 rue Amelot ,75011 PARIS, à l’ordre de « Publications Libertaires », en rajoutant la mention «  Solidarité 8 mars » au dos. Les informations sur les différentes initiatives de soutien à venir seront communiquées au fur et à mesure.

Fédération anarchiste, secrétariat aux Relations extérieures, dimanche 11 mars.
relations-exterieures@federation-anarchiste.org

samedi 10 mars 2012

"GRÈCE GÉNÉRALE" court métrage réalisé par Réjane TREMEL et Samuel WAHL

Réjane et Isabelle m'ont tout d'abord contacté pour que je leur envoie un enregistrement sonore du texte que j'avais écrit quelques jours auparavant avec Raoul VANEIGEM : "La Grèce berceau d'un autre monde" (Libération, 22 février), et leur confier des photos du livre "Paroles de murs athéniens" (Éditions Libertaires, janvier 2012). Lisa, ma fille de 18 ans, a également donné sa voix pour présenter la version grecque du poème hommage de Serge PEY à Mikis THÉODORAKIS qu'elle avait elle-même traduit à la demande de l'ami Serge et que nous avions envoyé au compositeur de "Z" et de "Zorba le Grec", très touché. Au final, la découverte de l'ensemble m'a d'autant plus ému que Réjane et Samuel ont dédié leur création à ma fille Lisa et, à travers elle, à la jeunesse grecque qui souffre et qui lutte. Merci pour elle, pour eux.
Accès à la vidéo :

vendredi 9 mars 2012

L’Assemblée nationale a voté le fichage intégral de la population française

L’Assemblée nationale a voté le fichage intégral de la population française

Pendant que les petites phrases, les annonces budgétaires et autres opérations de communication à courte vue occupent intégralement une campagne électorale qui n’intéresse guère les Français, des choses fondamentales sont discutées au Parlement mais passent presque inaperçues.
Photo : Josef Zisyadis
L’Assemblée nationale a ainsi définitivement adopté, mardi 6 mars après-midi, la proposition de loi sur la « protection de l’identité ». Après de vifs débats ayant opposé députés et sénateurs depuis plusieurs mois, ce texte vise à instituer un dispositif inédit d’encartement de la totalité des citoyens français. Le dispositif prévoit en effet la mise en place d’une nouvelle carte nationale d’identité biométrique comportant une puce électronique dite « régalienne » dans laquelle seront insérées des données personnelles relatives à son détenteur : nom, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, domicile, taille, couleurs de ses yeux, deux empreintes digitales et photographie. Une autre puce, facultative, est aussi envisagée pour autoriser une identification du porteur de la carte dans le cadre des démarches administratives en ligne et du commerce électronique. Mais ce n’est pas tout.
Le dispositif prévoit aussi la constitution d’une base centralisée (le fichier TES – Titres Électroniques Sécurisés – également alimenté grâce à la procédure de délivrance du passeport biométrique) dans laquelle seront notamment conservées les données biométriques de chaque titulaire de la nouvelle carte. Enfin, la proposition de loi prévoit l’exploitation des données dactyloscopiques contenues dans cette base centralisée à des fins de police judiciaire, dans des limites fixées par le législateur : notamment sur réquisition judiciaire dans le cadre de recherches relatives à la fraude identitaire.
Un débat sur les libertés publiques insuffisant, des avis contraires écartés
Ce fichage biométrique généralisé de la population française soulève d’importants problèmes dont certains font clairement polémique et dont on s’étonne qu’ils n’aient pas davantage attiré l’attention dans le débat public tant les enjeux en termes de libertés publiques sont importants.
Tout d’abord, imposer un tel dispositif de mise en carte de l’ensemble des Français en recourant à une proposition de loi, et non à un projet de loi, a permis délibérément au Ministère de l’Intérieur de se soustraire à toute étude d’impact et aux avis de la CNIL et du Conseil d’État. Ainsi, si on peut se réjouir que pour la toute première fois en France l’encartement des nationaux donne lieu à des débats parlementaires, force est de constater que l’ensemble des risques susceptibles d’être engendrés par la mise en œuvre de ce nouveau dispositif biométrique de mise en carte institué n’ont pas été sérieusement évalués et n’ont pas toujours fait l’objet de discussions collectives approfondies. Rappelons qu’initialement le texte de cette proposition de loi n’a été adopté à l’Assemblée nationale qu’en présence de 7 députés de la majorité et de 4 députés de l’opposition !
Photo : Lefigaro.fr
Dans le détail, les débats parlementaires se sont surtout focalisés sur les modalités d’utilisation des données biométriques collectées qui seront contenues dans la base centralisée : lien faible (usage des données aux seules fins d’authentification du demandeur de la nouvelle carte) ou lien fort (possibilité d’exploiter les empreintes digitales à des fins plus larges d’enquêtes policières). Toutefois, la question reste de savoir s’il est indispensable de constituer un tel fichier dactyloscopique de la population ? Rappelons que la CNIL a toujours été réticente à la création de telles bases de données biométriques centralisées. Cette institution a par exemple souligné, dans son avis en date du 11 décembre 2007 relatif au décret du ministère de l’Intérieur (4 mai 2008) instituant le passeport biométrique, que les arguments alors mis en avant par la place Beauvau pour légitimer la création de TES ne lui apparaissaient pas suffisants : « Tout en prenant acte des garanties prises pour assurer la sécurité de cette base centrale d’empreintes, qui sera séparée des autres fichiers de gestion et accessible uniquement dans des conditions strictement encadrées, la Commission a estimé que le ministère n’avait pas apporté d’éléments convaincants de nature à justifier la constitution d’un tel fichier centralisé. Elle a d’ailleurs observé que certains États membres de l’Union Européenne (Allemagne par exemple) ont mis en œuvre les passeports biométriques sans pour autant créer des bases centrales d’empreintes digitales ».
La protection de l’identité, un prétexte au fichage ?
Le problème principal auquel on cherche officiellement à remédier à travers la mise en place de cette base centralisée de données biométriques est de mieux lutter contre le phénomène des usurpations d’identité qui revêtirait actuellement une ampleur considérable. Or, personne ne s’accorde sur l’importance quantitative de ces usurpations d’identité. La fraude identitaire ne se résume d’ailleurs pas seulement à la fraude documentaire. Tout comme en 2005, lorsqu’un projet de loi avait déjà voulu instituer une première carte nationale d’identité biométrique (INES : Identité Nationale Électronique Sécurisée), le ministère de l’Intérieur est dans l’incapacité de fournir des données précises en la matière. Les derniers chiffres officiels  indiquent pourtant que la Police aux frontières n’a seulement constaté, en 2010, que 651 cas d’usages frauduleux de cartes d’identité ! De plus, précisons que des instruments policiers existent déjà pour lutter contre les usurpations d’identité : le FAED (Fichier automatisé des empreintes digitales) ou encore le système de « traitement de données à caractère personnel relatif à la lutte contre la fraude documentaire et l’usurpation d’identité » institué par un arrêté du ministère de l’Intérieur en date du 9 novembre 2011.
Pour sécuriser les procédures de délivrance de la carte nationale d’identité, le pouvoir politique actuel privilégie donc la solution biométrique. Or rien n’oblige à le faire. De plus,  la biométrie, qui repose sur des calculs probabilistes, est loin de constituer une solution « miracle » en matière d’identification des personnes (voir l’analyse ici). Le G29 (qui regroupe les responsables des différentes autorités de protection des données en Europe) a par exemple pu souligner que la possibilité de retrouver les données d’un individu dans une base biométrique diminue proportionnellement à l’augmentation du nombre de données qu’on traite dans cette même base.
Rappelons encore que d’autres « solutions » (comme l’a suggéré à plusieurs reprises la CNIL) peuvent être envisagées afin de sécuriser ces procédures, notamment rendre plus fiable l’état civil.
Photo : lepoint.fr
L’histoire montre que les fichiers sont souvent détournés de leur fonction première
Le Ministre de l’Intérieur et la majorité à l’Assemblée nationale sont favorables à l’exploitation des données dactyloscopiques contenues dans le fichier TES à des fins de police judiciaire. Plusieurs « garde-fous » ont toutefois été prévus en la matière à la suite des recommandations émises par le Sénat. Cependant, comme le montre l’histoire du fichage en France (y compris la plus récente avec par exemple le STIC et le FNAEG), les détournements de finalité sont extrêmement fréquents (voir notre analyse). Ne risque-t-on pas, dans un avenir très proche, de voir ce fichier être quotidiennement utilisé par les services de police et sans réels contrôles à des fins de lutte contre la délinquance dans une logique faisant de chaque citoyen un suspect potentiel ?
La puce facultative visant à permettre l’identification du détenteur de la nouvelle carte dans le cadre des démarches administratives en ligne et du commerce électronique n’est pas anodine. La CNIL souligne qu’il existe en la matière des dangers significatifs car cette puce rend possible « la constitution d’un identifiant unique pour tous les citoyens français ainsi que la constitution d’un savoir public sur les agissements privés » (voir ses observations ici).
Même si la nouvelle carte d’identité instituée n’est pas obligatoire, il sera, de fait, presque impossible à chacun de se soustraire à l’entreprise de fichage biométrique voulue par le ministère de l’Intérieur.
Resterait aux opposants à saisir le Conseil constitutionnel d’une part, la Cour Européenne des Droits de l’Homme d’autre part. Le 8 décembre 2008, dans l’arrêt Marper, cette dernière avait par exemple condamné La Grande-Bretagne pour violation de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (relatif à la protection de la vie privée) au motif que ce pays conservait trop longuement les empreintes digitales et les profils ADN de certains de ses ressortissants qui n’avaient pas été condamnés.
Pierre Piazza, Maître de Conférences en Science politique à l’Université de Cergy-Pontoise
* Lire aussi tous les articles sur le fichage sur le site Délinquance, justice et autres questions de société.
Le Monde, 6 mars 2012

Les élections...ça vous amuse encore ?


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Sanctionné pour avoir refusé de couper le courant

Un technicien d’ERDF risque le licenciement pour avoir laissé 
un répit à des familles 
en difficulté en situation d’impayés à Arcueil (Val-de-Marne).
Le distributeur d’électricité d’ERDF court-circuite un de ses salariés. Jef Duval, technicien clientèle depuis 2008 à l’agence d’Arcueil (Val-de-Marne), est menacé de renvoi pour avoir fait preuve d’humanité. Son crime ? Avoir reconnu lors d’un entretien avec ses supérieurs ne pas poser systématiquement de « service minimum » (SMI). En clair, il lui est reproché de ne pas avoir mis en place ce disjoncteur d’une capacité très réduite de 1 000 watts aux foyers dans l’incapacité de régler leurs factures. Cette procédure constitue la dernière étape avant la coupure définitive du courant. Pour avoir fait preuve de compréhension et laissé un sursis à deux ou trois familles en difficulté cet été, le technicien de vingt-trois ans est passé le 17 février en conseil de discipline. Et risque d’être poussé vers la sortie.
Pour Laurent Langlard, de la fédération CGT de l’énergie, cette situation est endémique. « Jef n’a fait ni plus ni moins que ce que font d’autres agents ! Beaucoup ont encore un attachement au sens du mot service public. Devant des familles avec des enfants, on est obligé de prendre des décisions. » Mais ces valeurs se heurtent aux exigences de résultats d’EDF, fournisseur d’électricité auprès de son distributeur ERDF. Depuis la 
séparation entre les deux entités amorcée dès 2004 avec le changement de statut d’EDF en société anonyme à capitaux publics, puis confirmée en 2008 avec la création d’ERDF, la culture du service aux usagers semble passer au second plan. Maintenant, quand EDF donne l’ordre d’intervenir pour une coupure, l’agent ERDF ne connaît pas la situation délicate des usagers, ne sait pas s’ils ont été informés de tous les recours possibles, il doit juste accomplir sa tâche. « Quand les deux entreprises étaient intégrées, on pouvait gérer les difficultés. Mais aujourd’hui, EDF met la pression sur son distributeur pour gagner toujours plus », tempête Laurent Langlard.
La CGT dénonce l’abattage, le travail à la chaîne des coupures d’électricité. D’après le syndicat, 1 245 coupures pour non-paiement ont été programmées entre le 1er juin et le 31 août rien qu’à Arcueil ! Le géant de l’électricité n’ignore pas qu’entre 4 millions à 5 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique en France, c’est-à-dire qu’elles consacrent 10 % de leur budget à l’énergie et ont des difficultés pour régler leurs factures. « Face à ces situations de détresse, les agents sont en première ligne, et ce ne sont pas des robots », souligne Laurent Langlard. Jusque-là, Jef, également militant CGT, avait connu un parcours sans encombre au sein de l’entreprise après deux ans d’apprentissage et un an de stage. En attendant la sentence, une pétition a été lancée pour soutenir le salarié, coupable d’avoir une conscience civique et morale.

dimanche 4 mars 2012

La révolution ici et maintenant

Extrait ML n°7

Quand on milite pour l'Anarchie on peut parfois s'interroger
parfois sur l’imprégnation de nos idées
dans la société où l’on vit; l’histoire n’étant pas
linéaire mais faite de périodes de progrès, de
ruptures… et de régressions. Au contraire
d’une lutte syndicale (comme l’augmentation
des salaires après deux jours de grève), d’une
action écologiste (abandon de la construction
d’une centrale nucléaire, d’un incinérateur
d’ordures ménagères, etc.), il est parfois difficile
de prendre la mesure des «résultats» de
notre militantisme libertaire. D’autant plus
quand la répression, diffuse ou brutale, côtoie
nos vies; quand les mouvements s’essoufflent;
quand la réalité de cette époque d’attaques antisociales
et de destructions écologiques revient
inlassablement saper non pas nos convictions,
mais nos espoirs.
Pourtant, notre besace n’est pas vide. Plutôt
que de rebuter son monde – pas que les gens,
mais aussi nous-mêmes – en invoquant de
grandes idées, certes légitimes, mais qui nous
font aller (et parfois dériver) vers un utopisme
idéaliste et dogmatique (quand bien même
l’anarchisme est par définition un adogmatisme
en actes), il peut être bon de réfléchir aux
conquêtes en partie issues de nos pratiques,
même si le chemin n’est jamais qu’à moitié
parcouru. Ainsi, nous évitons de projeter nos
rêves dans une eschatologie révolutionnaire
(un avant et un après la révolution tant souhaitée),
et nous pouvons nous recentrer sur une
notion et une pratique de la révolution dans
l’ici et le maintenant, une dynamique d’émancipation
individuelle et collective. La vieille
dichotomie réformisme/révolution se résout
dans l’action directe, dans l’énergie d’émancipation
et de réappropriation à l’oeuvre dans
toutes les sphères de la vie individuelle et
sociale. L’anarchie, c’est l’anarchisme. Et à bien
y regarder, cette force, cette affirmation permanente
de la vie contre la résignation ont oeuvré
pour transformer la société.
Jadis, la mixité à l’école a été promue et
expérimentée dès la fin du XIXe et le début du
XXe par des anarchistes, avant de devenir la règle
dans le milieu des années 1960. La lutte pour
l’objection de conscience au service militaire a
donné le statut d’objecteur de conscience – luimême
tombé en désuétude du fait de la fin de
la conscription obligatoire. Les anarchistes ont
aussi milité pour l’autonomie de la classe
ouvrière à travers une organisation fédéraliste
des exploités, d’où furent issues en France les
formes d’organisations fédéralistes et confédéralistes
des syndicats. Fédéralisme de branche,
mais aussi territorial, avec le mouvement des
bourses du travail initié par des anarchistes.
Malgré leurs dérives bien connues, ces organisations
syndicales demeurent un outil de lutte
et d’autonomie des «bases ». Bien des
conquêtes ouvrières furent obtenues par cet
esprit pragmatique d’indépendance et d’autoorganisation,
les droits sociaux n’ayant jamais
été conquis qu’en débordant les bureaucraties
politiques (et syndicales). La laïcité elle-même
fut un compromis étatique obtenu sous la
poussée d’une lutte antireligieuse résolue.
L’union libre fut issue de la popularisation des
thèses anarchistes sur l’amour libre. Le droit à
l’avortement fut concédé après la constitution
de réseaux d’entraide autogérés par des militantes
féministes passant elles-mêmes à l’action
directe. Des gynécologues libertaires et des
militant-e-s anarchistes ont ainsi pratiqué des
avortements illégaux, au nom de la liberté de
choisir des femmes et en solidarité avec ces personnes.
À une époque où la contraception était
inexistante, certains anarchistes sont allés
jusqu’à la vasectomie pour éviter les grossesses
non désirées et ont été condamnés pour cela
(affaire des stérilisés de Bordeaux en 1935). Et
caetera
Aujourd’hui? Sur les dix-quinze dernières
années, on peut encore relever des victoires,
issues de la diffusion des idées et des pratiques
portées par de nombreuses personnes aux
idéaux anarchistes. Dans une émission de
Daniel Mermet de début février, consacrée à un
fictif «alter-gouvernement» de gauche, avec
des ministres militants d’Attac et autres, on a pu
entendre le pressenti «ministre à la Ville» (Paul
Ariès) dire qu’il mettrait en place la gratuité des
transports en commun, alors que ce catho de
gauche et électoraliste n’est pas anarchiste.
Certaines villes sont d’ailleurs déjà passées à la
gratuité des transports en commun. Or cette
revendication politique a longtemps été portée
par le mouvement libertaire, dont la Fédération
anarchiste n’était pas la dernière. Le cercle d’influence
d’influence sest donc bien élargi. De même, la pratique
du prix libre est née dans la mouvance
anarcho-punk et s’est depuis largement diffusée
dans les forums sociaux locaux, y compris
pour les repas. Dans cette mouvance anarchopunk,
la gratuité des CD et des concerts est
expérimentée pour s’affranchir de l’esprit de
marchandise. La prise de décision au consensus,
avec attention portée au temps de parole de
chacun-e, au contrôle en assemblée de l’action
des commissions ou des mandaté-e-s, est aussi
désormais pratiquée dans bien des forums
sociaux, avec des participant-e-s venant pourtant
d’horizons très différents, y compris de
partis à la tradition beaucoup plus hiérarchiste…
Chez les indignés aussi, malgré un
manque parfois criant de «culture» politique,
ces pratiques ont fleuri. Dans le film Tous au
Larzac, on a pu voir que c’était la prise de décision
au consensus qui prédominait dans les
assemblées et apportait satisfaction (une seule
fois il y a eu vote, à la fin du mouvement).
En ces temps de régression sociale, il est
bon pour le moral de se rappeler que, si nous
sommes pour une révolution réappropriatrice
et autogestionnaire, pour autant une partie de
nos idées vogue, que quelques-unes germent
sans qu’on ne sache pourquoi celles-là plutôt
qu’une autre.
L’anarchisme a toujours défendu une pratique
d’alternatives en actes ici et maintenant,
indissociable d’une aspiration révolutionnaire
globale. Continuons!
Stef
Groupe Vannes-Lorient de la Fédération anarchiste
Juanito
Groupe Pavillon noir de la Fédération anarchiste

samedi 3 mars 2012

Nous sommes tous grecs !


Athènes en flammes ! Flammes de rage ! Quelle horreur ! Quel plaisir !
Je n’aime pas la violence. Je ne pense pas que l’on peut gagner beaucoup de choses en incendiant des banques et en brisant des vitrines. Et pourtant je ressens une vague de plaisir quand je vois les réactions à Athènes et dans les autres villes de Grèce en réponse à l’acceptation par le Parlement grec des mesures imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international. Mieux : s’il n’y avait pas eu cette explosion de colère, je me serais senti à la dérive dans une mer de dépression.
Ce plaisir est la joie de voir que les opprimés tant de fois piétinés se retournent, font face et rugissent. La joie de voir ceux qui ont été battus mille fois rendre les coups. Comment pouvons-nous demander aux gens d’accepter docilement les coupes féroces dans leur niveau de vie qu’impliquent les mesures d’austérité ? Voulons-nous qu’ils expriment leur accord quand l’énorme potentiel créatif de tant de jeunes est simplement éliminé, quand leurs talents sont pris au piège dans une longue vie de chômage ? Et tout cela uniquement pour que les banques puissent être remboursées, que les riches deviennent encore plus riches ? Et tout cela, juste pour maintenir un système capitaliste qui a depuis longtemps dépassé sa date de péremption et qui n’offre désormais plus rien d’autre au monde que sa destruction. Pour que les Grecs acceptent docilement les mesures, il faudrait multiplier la dépression par la dépression, la dépression d’un système qui a échoué, aggravée par la dépression de la dignité perdue.

La violence de la réaction en Grèce est un cri lancé au monde. Combien de temps allons-nous rester assis et regarder le monde déchiré par ces barbares, les riches, les banques ? Combien de temps allons-nous rester là à regarder l’augmentation des injustices, à assister au démantèlement des services de santé, à la réduction de l’éducation à un non-sens acritique, à la privatisation des ressources en eau du monde, à l’anéantissement des communautés humaines et au déchirement de la terre pour le profit des sociétés minières ?
Cette attaque, qui prend une forme si aiguë en Grèce, se déroule dans le monde entier. Partout l’argent a subordonné la vie humaine et non humaine à sa logique, la logique du profit. Ce n’est pas nouveau, mais l’intensité et l’ampleur de l’attaque est nouvelle, et est également nouvelle la prise de conscience généralisée que la dynamique actuelle est une dynamique de mort, qu’il est très probable que nous soyons tous emmenés vers l’anéantissement de la vie humaine sur terre. Lorsque de savants commentateurs expliquent les détails des dernières négociations entre les gouvernements sur l’avenir de la zone euro, ils oublient de mentionner que ce qui est en train de se négocier si légèrement, c’est l’avenir de l’humanité.
Nous sommes tous grecs. Nous sommes tous des sujets dont la subjectivité est simplement écrasée par le rouleau compresseur d’une histoire déterminée par le mouvement des marchés monétaires. Des millions d’Italiens ont protesté à maintes reprises contre Silvio Berlusconi, mais ce sont les marchés monétaires qui l’ont viré. La même chose en Grèce : manifestation après manifestation contre Georges Papandréou, mais à la fin, ce sont les marchés monétaires qui l’ont licencié. Dans les deux cas, des serviteurs de l’argent, loyaux et éprouvés, ont été désignés pour prendre la place des politiciens déchus, sans même un simulacre de consultation populaire. Et cette histoire n’est même pas faite par les riches et les puissants, même si, certainement, ils en tirent profit : cette histoire est faite par une dynamique que personne ne contrôle, une dynamique qui est en train de détruire le monde, si nous laissons faire.
Les flammes d’Athènes sont celles de la colère, et nous nous en réjouissons. Mais la rage est dangereuse. Si elle se personnalise ou se retourne contre des groupes particuliers de personnes (les Allemands, dans ce cas), elle peut facilement devenir purement destructrice. Ce n’est pas un hasard si le premier ministre à démissionner en signe de protestation contre la dernière série de mesures d’austérité en Grèce est le chef de file du parti d’extrême droite, le Laos. La rage peut facilement devenir une rage nationaliste, fasciste même ; une rage qui ne fait rien pour rendre le monde meilleur. Il est important, alors, d’être clair sur le fait que notre rage n’est pas une rage contre les Allemands, pas même une rage contre Angela Merkel ou David Cameron, ou Nicolas Sarkozy. Ces politiciens sont des symboles simplement arrogants et pitoyables de l’objet réel de notre colère – la domination de l’argent, la soumission de toute vie à la logique du profit.
Amour et rage. Rage et amour. L’amour a été un thème important dans les luttes qui ont redéfini le sens de la politique au cours de la dernière année, un thème constant des mouvements « Occupy », un sentiment profond, même au cœur des affrontements violents dans de nombreuses régions du monde. Mais l’amour avance main dans la main avec la rage, la rage de « comment osent-ils nous prendre nos vies, comment osent-ils nous traiter comme des objets ? ». La rage pour un monde différent qui force son chemin à travers l’obscénité du monde qui nous entoure. Peut-être.
Cette poussée vers un monde différent n’est pas seulement une question de rage, bien que la rage en fasse partie. Elle comporte nécessairement la construction patiente d’une manière différente de faire les choses, la création de différentes formes de cohésion sociale et de soutien mutuel. Derrière le spectacle des banques qui brûlent en Grèce, il y a un processus plus profond, un mouvement plus calme de personnes qui refusent de payer les tickets de bus, les factures d’électricité, les péages autoroutiers, les dettes bancaires ; un mouvement, né de la nécessité et de convictions, de personnes organisant leur vie d’une manière différente, en créant des communautés de soutien mutuel, de réseaux alimentaires et des cuisines populaires, en occupant des bâtiments vides et des terres, en créant des jardins communautaires, en retournant à la campagne, en tournant le dos aux politiciens (qui n’osent plus maintenant se montrer dans les rues) et en créant des formes de démocratie directe pour prendre des décisions sociales. Encore insuffisant peut-être, encore au stade expérimental, mais crucial. Derrière les flammes spectaculaires, il y a cette recherche et cette création d’une autre façon de vivre qui va déterminer l’avenir de la Grèce, et du monde. Nous sommes tous grecs.

John Holloway

vendredi 2 mars 2012

Donne ta RTT,

Le Furet
Monde Libertaire n°7

Un député UMP a proposé une loi afin que les
salariés puissent, en plus de se faire exploiter
par un patron, se faire exploiter par un ou
une collègue qui aura un enfant gravement
malade en lui donnant des jours de repos,
toujours chèrement obtenus. Comme c’est
mignon. Plus fort encore, le texte de loi prétend
donner « un cadre légal à des initiatives spontanées» : c’est là un tour  de
passe-passe digne des politiciens les plus habiles.
Il confond tout simplement solidarité
et charité.


S’il s’agissait de solidarité, ce ne sont pas
seulement les salariés de l’entreprise qui
feraient un effort – et d’ailleurs, encore fautil
qu’ils soient assez nombreux dans la boîte
pour que cette aide en vaille vraiment la
peine ? – mais tous les citoyens, comme
pour la sécu (ou ce qu’il en reste).
On voit là que la charité sert bien le libéralisme,
prônant la démerde individuelle
plutôt qu’une véritable solidarité. Et le
patron, il donnera quoi ? Comme d’hab’: la
« solidarité », c’est pour ses enfants à lui, pas
ceux des employés.
Les médias font leur travail de propagande,
reportage voué à faire pleurer dans
les chaumières, interview de la secrétaire
d’État aux solidarités... Un travail d’information
aurait pu consister à voir les choses
autrement, non selon un plan com’du gouvernement,
mais ceux qui font la télé, s’ils
n’ont pas d’enfants gravement malades, en
ont un certain nombre à nourrir et un loyer
à payer, etc. Ils ne vont pas risquer leur job.
Ensuite, ce serait le chômage, peut-être
même le RSA... Et le S de RSA, c’est encore la
solidarité. Comme ce monde est bien fait !
Faire jouer les sentiments, et même culpabiliser,
car refuser de donner sa RTT face à
la pression de la morale charitable, ce ne
sera pas facile, on reconnaît bien là les traits
d’une idéologie shootée à l’eau bénite. Et on
voit bien à quel point la religion peut être
néfaste en dehors même des superstitions
abêtissantes qu’elle enseigne.