Anti patriarcat

Voici le lien vers l’émission de radio libertaire « femmes libres » d’hier soir, où était invité le collectif abolition 2012 qui demande l’adoption d’une loi d’abolition du système prostitueur :
http://media.radio-libertaire.org/backup/45/mercredi/mercredi_1830/mercredi_1830.mp3 Un moment très intéressant auquel j’ai pu participer avec Florence Montreynaud qui animait, Typhaine Duch qui m’accompagnait pour Femmes en résistance, Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, Hélène Hernandez de la fédération anarchiste et Jean-Yves Wilmotte de Zéromacho.


Au-delà du mariage

L’institution du mariage se définit ainsi traditionnellement et jusqu’à aujourd’hui en termes de transmission d’un capital (financier et génétique), de devoirs juridiques contraignants, de domination de la norme hétérosexuelle, de statuts réciproques de “l’homme”, de “la femme”, et de “l’enfant”. Statuts non naturels mais culturels, organisant la domination masculine et adulte d’une part, et fondant d’autre part le fait inacceptable que les un-e-s (enfants, femmes) appartiendraient exclusivement à d’autres qui en seraient les propriétaires (l’homme adulte). La notion de famille implique ainsi la relégation des individus à un âge, notion éminemment culturelle, à un genre, notion elle aussi culturelle fondée sur l’aspect tout à fait bénin du sexe biologique, mais surdéterminant les rapports sociaux.
L’institution du mariage est l’une des plus anciennes institutions, consistant à limiter les possibles, à établir un contrôle social sur nos identités, nos désirs et nos sentiments, et à nous le faire intégrer dans notre intimité même, dans notre façon de concevoir et de juger le monde et les autres. Le mariage, ce dispositif central du patriarcat, est au coeur des rapports de hiérarchie (domination de “la femme”, domination de “l’enfant”) et de privation (organisation de la propriété privée, des biens… comme des personnes !).
La revendication au “mariage pour tou-te-s” doit éviter l’écueil de légitimer ce que suppose cette institution : la domination sociale et la propriété privée… sous peine d’aboutir à un renforcement du dispositif bourgeois. L’abolition du mariage comme institution est une vieille proposition anarchiste, que nous partageons.
Mais comment aller vers cette abolition et vers le respect intégral des individus et leur libre association, dans une société où toute autonomie est détruite par le capital et l’Etat ? Où pour vivre leur amour, les individus atomisés, en manque de repères sociaux, éprouvent parfois le besoin de se jeter sur le mariage comme on se jetterait sur la planche d’un navire en naufrage ?
Peut-être en affirmant que, dans cette revendication d’un mariage pour tou-te-s, nous ne revendiquons pas l’institution du mariage ; mais que nous voulons au contraire en finir avec lui, le dynamiter dans ce qui le fonde, le vider à terme de toute son essence mortifère et sclérosante, pour le ranger un jour au placard des mauvais souvenirs.
Le débat actuel sur le mariage homo, la filiation, l’adoption et la procréation médicalement assistée peut être une chance de remettre en question la distinction et la hiérarchie moisies entre “homme” et “femme”, entre “hétérosexualité” et “homosexualité”, “fidélité” et “infidélité”, ”adultes” et “enfants” (quelle affreuse prétention des individus “adultes” à vouloir disposer des individus “enfants”, que ceux-ci soient issus de leurs gènes ou non, comme s’ils étaient les “leurs”, leur propriété !). Toutes elles-mêmes des catégories factices et frustratrices, réduisant la richesse de la réalité vécue dans les rapports et les liens humains, qui se nouent et se dénouent.
Dans cette lutte encore longue et difficile pour éradiquer le mariage et la famille comme racines de la domination sociale et de la propriété privée, exclusive et excluante, nous ne sommes évidemment pas du côté des fachos ni des intégristes catholiques, musulmans et juifs, aux “arguments” puants, dissimulant leurs prétentions malsaines à maintenir des gens dans la relégation, derrière le fard d’un débat “citoyen”.
Nous sommes du côté des individus que l’institution marginalise et réprime et que des sombres merdes agressent. Nous sommes solidaires avec leurs luttes, parce qu’à travers la conception traditionnelle du mariage, ces personnes sont réprimées et agressées par le même patriarcat, la même coercition légale et la même propriété privée qui nous oppriment aussi. Des personnes qui aiment des individus du même sexe biologique sont empêchées de pouvoir accéder à des pensions de réversion, d’adopter des enfants, de concevoir des enfants. Des enfants sont dans l’angoisse de se retrouver séparés des adultes qu’ils aiment et avec lesquels ils vivent. C’est inacceptable.
Oui au mariage pour tou-te-s… pour qu’un jour enfin il n’y ait plus de mariage pour enchaîner quiconque.
Jeanine, Pavillon Noir, 13 janvier 2013


Libre Féminisme ou Domination Masculine ?
Nous nous inscrivons pleinement dans la réponse de Jean (FA 86), en réaction au mal-nommé « Appel pour un libre-féminisme ».
Cet appel n'est en aucun cas une plaidoirie pour un libre féminisme, mais au contraire pour une certaine vision et une certaine pratique du « féminisme », encadrée et réglementée.
Leur vision du féminisme ne peut prendre forme dans des réunions non-mixtes, elle ne doit pas être le thème de rencontres anarchistes, elle ne doit pas passer par la féminisation des mots, et enfin elle ne doit pas abolir le genre.
Les auteur-e-s de ce texte se revendiquent anti-autoritaires, tout en étant dans une négation totale du ressenti des femmes et des hommes dans leur besoin de lieux non-mixtes pour échanger, discuter et s'organiser dans la lutte antisexiste. N'est-ce pas une volonté de domination que d'empêcher les femmes de s'organiser contre le patriarcat ?
Comme illes le disent, la grammaire est à réfléchir. Illes doivent donc savoir qu'il n'y a pas de pronom neutre et que choisir le masculin dans un texte n'est pas impartial, mais s'inscrit au contraire dans une volonté de masculiniser la société. Pensez-vous sincèrement que la neutralité masculine des mots existe ?
Enfin, l'abandon du genre selon le sexe leur paraît être une « dichotomie ». La division ne se trouve pourtant pas là mais dans la création de deux genres selon le sexe, opérée principalement lorsque la société de consommation est en pleine expansion. On estampille les jeux des couleurs rose et bleu pour que chaque petit garçon et chaque petite fille comprenne bien à quels jeux, à quels vêtements, à quels univers ils et elles appartiennent. Le choix des couleurs et donc des jouets est un conditionnement dès l'enfance, utilisé comme argument de vente et conservatisme social. Voulez vous vraiment prôner les mêmes valeurs que le capital ?
Cette lutte, si souvent niée, encore aujourd'hui considérée comme une agitation typiquement féminine, est pourtant mis en lumière pour les rencontres de l'anarchisme 2012.
Nous souhaitons que ces rencontres soient un moment de convivialité, de discussions et d'échanges intéressants. Nous souhaitons vivement que cet appel sera le seul et qu'il restera lettre morte, que les propos et attitudes sexistes, homophobes et racistes n'aient pas lieu d'être et qu'elles seront exclues.
Groupe de Nantes de la Fédération Anarchiste
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Réponse d'une hystérica-féministe à l'appel pour une domination masculine
Le texte de certains membres du groupe Vivre Libre de la FA m'étonne non seulement par son contenu, mais aussi par sa forme.
Illes se revendiquent d'un « féminisme libre », tout en clamant des sentences d'un ton péremptoire, afin de nous éclairer de leurs lanternes. Nous ne devons pas, disent-illes, nier la neutralité masculine des mots et des accords grammaticaux, nier la prise de La Parole Libre en mixité, nier la causalité entre sexe et genre (sans doute utilise-t-il des mots très savants comme dichotomie pour impressionner par leur culture et écraser les volontés de réponse des hystérica-féministes) etc …
Tout d'abord, sachez que malgré notre vagin, notre corps bio ou non, nous avons, nous aussi un cerveau et comble du bonheur, celui-ci fonctionne ! Nous souhaiterions donc pouvoir réfléchir et lutter contre le patriarcat par nous même (ne me libère pas, je m'en charge en quelque sorte). A travers des réunions non-mixtes ou tout autres actions que nous voulons réaliser et que nous pensons fonctionner.
La Sacro-Sainte Parole Libre est malheureusement un mythe ! On vous aurait donc menti ? Ou plutôt vous préférez fermer les yeux … Ne pas pouvoir parler librement, ce n'est pas seulement lorsqu'on me coupe la parole, c'est aussi lorsque je n'ose pas aborder certains sujets en réu, que je suis cataloguée comme la féministe de service, que je quitte une manif lorsque mon agresseur est là parce que je n'ose pas le dire (et que de toute façon la majorité des gens ne réagiraient pas), que si on parle de sexisme en mixité mon agresseur est peut être dans la même pièce alors je n'ose rien dire …
Obligeriez-vous une femme victime d'agression sexuelle à porter plainte ? Non, et pourtant vous refusez aux femmes un espace de discussion sans leur agresseur, non-mixte, confidentiel et solidaire. Vous refusez aux hommes de réfléchir entre eux pour abandonner tout système de domination.
Vous ne pouvez vous opposer au ressenti et à la nécessité d'en parler, des violences verbales et physiques, homophobes, sexistes et transgenres, des agressions, des viols, des intimidations, du manque de confiance en soi, de l'auto-défense etc ...
Le féminisme n'est pas seulement une lutte grammairienne pour féminiser les mots ou de conservation des droits liés à la contraception ou à l'avortement. C'est l'analyse et le refus de la domination masculine liée au fonctionnement de la société. C'est lutter contre le publisexisme, toutes les formes d'agressions sexuelles, la domination des temps de paroles des hommes, l'égale répartition des tâches ménagères qui confinent les femmes à l'intérieur de la maison et les cantonnent à l'éducation des enfants, c'est refuser de voir la contraception comme une affaire de nanas, c'est refuser tout conditionnement de genre selon le sexe et bien d'autres …
Ces valeurs sont liées à la conservation d'un système patriarcal qui nourrit le capitalisme, alors votre anarchisme est-il le refus de toute domination ? Ou est-il une volonté de conservatisme social, pour se concentrer sur les luttes dites « importantes »?
Enfin, la liaison capitalisme-patriarcat n'est pas absolue. Le patriarcat existe sans le capitalisme. Les nombreuses expériences révolutionnaires ou autogestionnaires montrent clairement que le système de domination des hommes sur les femmes est récurrent et extrêmement grave ; chez les zapatistes au Mexique, chez le FMLN au Salvador, le mouvement des MST au Brésil, la Makhnovtchina en Ukraine, les grèves étudiantes et lycéennes en France et en Europe, les locaux syndicaux etc …
Nous avons toutes et tous été conditionné-e-s depuis notre enfance, cette domination ne peut être supprimée en un claquement de doigts. Elle nécessite de comprendre les mécanismes qui s'opèrent et les comportements qui en découlent. La non-mixité femmes ou hommes est notamment un outils pour parler et s'organiser face à cette domination.
Alors oui j'espère qu'il y aura des lieux non-mixtes aux rencontres de l'anarchisme, oui il faut féminiser les mots car ils sont importants, oui il faut lutter pour l'émancipation des femmes et oui il abolir le genre !
TANT QUE LE PATRIARCAT EXISTERA,
LE FEMINISME SERA UNE NECESSITE
Louise, anarcha-féministe, Groupe de Nantes de la Fédération Anarchiste

Lu sur Indymédia Paris : "Nous, féministes
Nous citoyennes et indigènes, immigrées et autochtones, bourgeoises et prolétaires, travailleuses et chômeuses, nationales et naturalisées, européennes et étrangères, militantes et universitaires : filles, mères, ménopausées, avortées ou hormonées, Noires, blanches, tsiganes, arabes, musulmanes, juives ou chrétiennes, croyantes, mécréantes, voilées, dévoilées, revoilées, sexy, grosses, anorexiques, valides ou non, straight, trans, gouines, queer, morales, immorales, amorales, victimes, putes, épargnées ou enragées, … Nous, féministes, filles d’Olympe de Gouges, la demi-mondaine guillotinée pour avoir déclaré nos droits, de Solitude, mulâtresse guillotinée à Pointe à Pitre pour s’être élevée contre le rétablissement de l’esclavage, de Mary Wollstonecraft et de sa philosophie authentiquement universaliste, de Flora Tristan qui défendait "la nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères", de Fatma N’Soumer combattante algérienne qui prit les armes contre l’armée coloniale, de Louise Michel qui se rangea sans hésiter du côté des Kanaks contre les colonisateurs de son pays, d’Olga Bancik la combattante invisible de la bande à Manouchian décapitée par les nazis, des 230 militantes, résistantes, du convoi du 24 janvier 1943 qui entonnèrent la Marseillaise en franchissant le portail de Birkenau, … Nous, filles, petites filles du MLF et du FHAR ; filles d’Audre Lorde, poétesse, lesbienne, caribéenne, traquant le racisme, le sexisme et l’homophobie jusque dans les rangs des mouvements féministes et des mobilisations anti-racistes...
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Hélène Hernandez
L'ORDRE MORAL CONTRE LES FEMMES
Toute religion engendre l’intégrisme. L’aspect social d’une religion - théologie de la libération, doctrine sociale del'Église avec ses prêtres ouvriers - n’est qu’une stratégie mise en place pour conquérir une population dans sa masse. Que ses serviteurs soient sincères et intègres, il n’en reste pas moins qu’ils servent d’autres intérêts supra-humains : ne s’agit-il pas de diriger toutes les consciences pour gouverner l’ensemble de la planète ? L’agression cléricale La croisade bat son plein. La rechristianisation de l’Occident passe par la France dont la tradition fait qu’elle serait la fille aînée de l'Église. Cette seconde évangélisation dont l’appel fut lancé par Jean-Paul II en 1982 à Compostelle, devant des milliers de fidèles, justifie une offensive de la foi contre des libertés fondamentales. Le pape n’a de cesse de vouloir imposer à toutes et à tous ses normes et ses interdits. Qu’il s’agisse du divorce, de l'homosexualité, du préservatif, de l’avortement ou de la contraception, il brandit le spectre de la culture de mort. Il n’est pas suffisant de prêcher et de catéchiser, il lui faut intervenir dans la vie publique et politique comme chef d'État, au-dessus de tous les États. N’affirme-t-il pas que la loi divine doit primer sur toutes les lois civiles ? C’est en cela qu’il soutient les opérations de sauvetage contre les établissements pratiquant des interruptions volontaires de grossesse et que de nombreux prélats sont venus témoigner devant les tribunaux en faveur des commandos anti-avortement, quand ils n’en faisaient pas partie eux-mêmes. Le Vatican, avec l’aide de la puissance de l’Opus Dei, organise un réseau influent dans les milieux politiques et institutionnels :


Thyde Rosell
Femmes libertaires, femmes en lutte... femmes libres !

J'lai pas vu, j'l'ai pas lu mais j'en ai entendu causer. Mujeres Libres, à peine citée dans l'histoire des femmes, non reconnue comme composante du mouvement libertaire espagnol par les anars eux-mêmes. Les auteurs d'ouvrages relatant la révolution espagnole, les militants essayant d'en rendre compte dans la presse anarchiste ont du mal à définir ce mouvement : propos déformés, lesbianisme nié (1), intellectuelles ou ouvrières... Et pourtant, ce furent des milliers et des milliers de femmes qui s'émancipèrent et assumèrent la situation (2). Plus de 20.000 femmes s'ouvrirent comme des roses (3) à la construction de leur émancipation en termes économiques, sociaux, culturels, éducatifs, guerriers ou médicaux. Le tout dans l'enthousiasme de la jeunesse, de la liberté, au nom de la vie enfin réinventée. Dès l'origine, les Mujeres Libres considèrent le féminisme comme un mouvement politique visant la prise du pouvoir car aucune organisation de femmes ne remet fondamentalement en cause le fonctionnement de l'État espagnol ou le capitalisme. Ayant comme contre-modèle le courant féministe bourgeois et réactionnaire très actif en Espagne au cours des années trente les initiatrices de Mujeres Libres, formées à la CNT ou aux Jeunesses Libertaires, créeront une organisation de femmes se considérant comme une des composantes du mouvement libertaire. Sans qu'on le sache, une révolution féministe était en train de naître, de la même manière qu'entre tous nous faisions une révolution sociale (4). Triples victimes : du capital, du patriarcat et de l'ignorance disent-elles en parlant de l'oppression féminine. Nous pourrions ajouter un quatrième joug : celui de la reproduction dans la sphère politique de la hiérarchisation des fonctions. Le mouvement libertaire n'y échappera pas. Mujeres Libres subira de plein fouet désengagement, désintérêt, humiliation de la part des organisations anarchistes. La chape de plomb du franquisme, le renouveau du féminisme des seventies, le silence tonitruant de l'anarchisme organisé ou non participent, chacun dans son domaine, à la méconnaissance de cet élan social, libertaire et féministe de ces milliers de compagnes espagnoles.


Voltairine de Cleyre
Voltairine de Cleyre est née le 17 novembre 1866 à Leslie, dans le Michigan. Libre-penseur, son père admire beaucoup Voltaire, notamment sa critique de la religion, ce qui explique le choix du prénom de sa fille. (...) Le grand-père maternel de Voltairine avait défendu des positions abolitionnistes et participé au «chemin de fer souterrain» (à la filière clandestine) qui aidait les esclaves à fuir jusqu'au Canada. Quant au père de Voltairine, luimême, il avait émigré de France et était un artisan socialiste et libre-penseur. (...) Il travaille de très longues heures pour gagner un maigre salaire, sa femme fait des travaux de couture à domicile, mais leurs enfants sont constamment «sous-alimentés» et «très faibles physiquement». Selon Addie, l'une des sours de Voltairine, leur enfance misérable explique le radicalisme de Voltairine ainsi que « sa profonde sympathie et sa compréhension pour les pauvres». Ces difficultés matérielles contribuent également à multiplier les points de friction entre leurs parents, qui finissent par se séparer. Voltairine étudie ensuite pendant trois ans et demi dans un couvent où son père l'envoie pour combattre sa paresse et son absence de bonnes manières. Pourquoi cet homme anticlérical et libre-penseur a-t-pris une telle décision? Avrich pense qu'il était exaspéré par la situation économique dans laquelle il se trouvait et ne voulait pas que Voltairine connaisse la pauvreté. Il espérait que la formation acquise au couvent aiderait sa fille à se défendre dans la vie. Cette expérience va influencer toute l'existence de Voltairine. Si elle apprit beaucoup de choses, notamment à parler français et à jouer du piano, ce séjour dans une institution catholique poussa aussi son esprit rebelle dans une direction antiautoritaire. Dans son essai «Comment je devins anarchiste»,



Nelly Trumel
LA RELIGION CONTRE LES FEMMES
"Débattre des origines religieuses de l’oppression des femmes, c’est débattre des fondements symboliques et juridiques du pouvoir et de l'État" (Suzanne Blaise) Le retour en force du religieux, accompagné d’un développement du fondamentalisme, dans un monde patriarcocapltaliste en crise profonde, ne peut que susciter une immense inquiétude, particulièrement en ce qui concerne les libertés et les droits des femmes. Mais ces pouvoirs patriarco-politico-religleux ne sont pas issus d’une génération spontanée et pour mieux comprendre ce qu’il en est aujourd'hui, un retour aux sources est nécessaire. Au commencement... étaient les déesses mères Les recherches archéologiques et anthropologiques mettent en évidence l’existence d’un pouvoir religieux féminin et la première hiérarchie : le sacré et le profane. Peu à peu, au cours des millénaires, un semblable divin de sexe opposé s’est imposé, ces déesses mères se retrouvent entourées d'hommes, époux, amant ou fils élu. Cette revanche des dieux mâles implique un meurtre de la mère et la destruction d’une religion et d’une symbolique propre aux femmes a eu lieu lors de la révolution néolithique (8000/2000 av. J-C). Avec la découverte des métaux apportait une longue période de guerres, de conquêtes. Les hommes imposent leur domination et pour ce faire approprient le sacré, fondement originel du pouvoir.


Féminisme et anarchie

Source  Commission des femmes, Fédération Anarchiste. 1970

Le 20 avril 1870, Serge Netchaîev écrit en collaboration avec Ogarev une proclamation intitulée : «L'association révolutionnaire russe aux femmes» dans laquelle il est dit : «L'histoire du développement juridique des sociétés humaines vous a mises partout dans un état de suggestion absolue vis-à-vis de l'homme. Elaborant lui-même les lois sociales, n'ayant en vue que ses propres intérêts, l'homme vous a fait auprès de lui une place de concubine on de servante. Toutes les lois sont rédigées dans un tel esprit que la femme la plus douée est considérée comme inférieure à l'homme le plus niais.»
Deux ans plus tôt, Bakounine avait résumé le problème de la femme en envoyant au troisième congrès de l'A.I.T. une lettre dans laquelle il disait : «Au nom de l'affranchissement intellectuel des masses populaires, au nom de
l'affranchissement économique et social des peuples, nous voulons, premièrement, l'abolition du droit de la propriété héréditaire, deuxièmement, l'égalisation complète des droits politiques et sociaux de la femme avec ceux de l'homme, troisièmement, l'abolition du mariage en tant qu'institution religieuse, politique et civile, etc.» Un siècle plus tard, les mouvements féministes reposent avec acuité le problème de l'égalité de la femme avec l'homme. Déjà en 1905, E. Reclus écrit dans «l'Homme et la Terre» : «Evidemment toutes les revendications de la femme sur l'homme sont
justes». Le masculin l'emporte sur le féminin : c'est une des règles de notre
grammaire mais c'est aussi l'une des bases fondamentales de notre société. Dans les relations humaines, ce critère est inscrit profondément dans la structure de pensée des individus ; d'un côté les hommes qui veulent préserver leurs prérogatives et conserver ce qu'ils conçoivent comme un avantage que la nature leur a donné, de l'autre, la passivité des femmes qui acceptent docilement la place qui leur est laissée et qui collaborent inconsciemment au rôle que leur a déterminé la société. La femme qui accepte la position qui lui est destinée accepte ainsi le rôle de courroie de transmission des sociétés capitalistes et impérialistes. Elle fait d'ellemême son propre bourreau et devient le bourreau de ses enfants en commençant à leur inculquer l'esprit d'obéissance aux parents qui les mènera à la soumission aux chefs et à l'ordre établi au détriment de leur individualité et au profit de cet ordre.
La hiérarchie de sexes existe de fait et oblige les individus à vivre des rapports
inégalitaires. Tous les apôtres du phallocratisme et les assoiffés de pouvoir ont essayé de justifier la dépendance, l'obéissance et l'infériorité de la femme par rapport à l'homme. Ces thèses, profondément racistes, ont bien sûr été reprises par tous ceux qui trouvaient ou qui pensaient trouver des avantages à cette situation. C'est en partie sur la différence de force physique qui existe entre les hommes et les femmes que certains ont bâti une théorie où jamais n'entre l'égalité dans la différence. Nous pourrions répliquer à ceux qui se réclament encore de ce principe qu'entre les hommes eux-mêmes il y a aussi une différence de force physique et que celui qui soulève 100 kilos n'est en rien supérieur à celui qui ne peut en lever que 50, et que prendre la différence que la nature fait entre les hommes et les femmes, et même, comme nous l'avons vu, entre les hommes eux-mêmes, afin d'en appliquer une théorie de l'infériorité, est une aberration et une pratique réactionnaire qui peut aller jusqu'à cautionner le racisme. On a voulu faire croire, et on a réussi à démontrer qu'en fonction de sa nature la femme ne peut avoir d'autres fonctions que celle de reproductrice des enfants que l'homme lui fait. On a essayé et on a réussi à lui faire avaler que le rôle d'éducatrice est une confiance, presque une faveur, que l'homme lui accorde et qu'il est dans sa nature de tenir le foyer familial, ce qui permet à l'homme de sauvegarder sa «liberté». L'homme du peuple a toujours repris les conceptions aberrantes que lui fournissent abondamment ses penseurs les plus sérieux et les plus autorisés, fier et heureux de n'être pas complètement en bas de l'échelle de la
hiérarchie. A l'heure actuelle, les capitalistes et les impérialistes d'Est et d'Ouest veulent assurer leur continuité par l'entretien d'une classe régnante sur une classe à exploiter pour son profit, et par la domination de l'homme sur la femme, continuité de la société patriarcale dont les structures font de la femme la propriété de l'homme en perdant son identité par le mariage qui la fait passer de l'autorité paternelle à celle du chef de famille (et il en sera de même pour sa fille et ainsi de suite...). Ainsi commence avec la famille patriarcale le type de structure sociale du système capitaliste et étatique. Il faut un chef de famille responsable, qui exerce par sa domination de chef sa domination sur sa femme et ses enfants selon l'idéal voulu et entretenu, de même qu'il faut un patron-chef, un chef d'Etat, un Etatchef, ordre hiérarchique qui sévit depuis des millénaires. Nous savons que dans la société tous les prétextes que prennent les individus pour justifier l'exploitation, la domination qu'ils exercent sur une classe, un sexe, un groupement, un autre individu, ne tiennent que dans la mesure où cette classe, ce sexe, ce groupement ou cet individu subissant cette exploitation ou cette domination n'ont pas pris conscience de cette réalité. La négation de cette réalité sociale prend sa source dans la révolte de l'individu face à sa condition. Toute notre histoire nous apprend que l'être humain s'est toujours révolté face à une situation
d'injustice. Ces révoltes collectives ou individuelles qui naissent d'un désir plus ou moins conscient de vivre d'autres rapports ne donnent pas toujours lieu à des acquis pour ceux qui se révoltent. Le grand rassemblement que désirait le mouvement féminin prit le départ après Mai 1968 et s'inscrivit dans une analyse d'où résultait la volonté de rassembler toutes les femmes de la société sans distinction aucune, partant du principe que toute femme, quelle que soit sa position sociale, subit à un degré ou à un autre la domination de l'homme et que cette subordination de la femme est une des bases
du système capitaliste. Rapidement se fit jour à l'intérieur de ce mouvement des divergences idéologiques.
Certaines souhaitent articuler dans une perspective marxiste l'analyse de
l'oppression des femmes avec l'analyse de classe de la société capitaliste, s'opposant à celles qui considèrent le patriarcat en soi comme une structure que l'on retrouverait à tous les stades de l'histoire et qui déclarent que la lutte
révolutionnaire doit s'attaquer au patriarcat plutôt qu'au capitalisme, celui-ci n'en étant que la représentation historique. D'autres encore, se déclarant contre tous les «ismes» (humanisme, idéalisme, socialisme), puisque contre toute idéologie, pensent que «la politique consiste à chasser le phallus de sa tête». Ces trois principaux courants comportent une réalité plus complexe faite de fluctuations et entrent facilement dans le spontané avec ses contradictions et souvent dans l'inorganisé. Tous ces mouvements idéologiques ou non se rejoignent sur un point : le refus d'accepter les hommes dans leurs luttes
estimant que malgré toute la bonne volonté que peuvent manifester certains
hommes, ils restent les oppresseurs de la femme.
Les revendications des différents mouvements féminins ont apporté une prise de conscience de plus en plus importante parmi les femmes et sont arrivées jusqu'à une répercussion générale inévitable, même si certaines se sont exprimées par une violence anti-mâles ou que d'autres ont limité leurs luttes à des revendications spécifiques telles que : contraception, avortement, crèches, égalité des salaires. Si ces mouvements féminins ont fait ressortir les problèmes inhérents à la société, ils ne sont cependant pas allés jusqu'à remettre la société tout entière en cause ; tout au plus ont-ils posé leurs problèmes en tant que lutte des classes en considérant que l'homme représente la classe bourgeoise et la femme le prolétariat.
La révolte des femmes représentée par les mouvements féministes a eu le mérite de poser le problème autrement qu'en terme de lutte de classe, unique moteur de l'histoire vu par les marxistes, en faisant ressortir le problème d'un type d'exploitation économique autre le travail non rétribué des femmes à la maison), car il permet la reproduction de la force de travail de l'homme. Le capitalisme a besoin idéologiquement de cette forme d'organisation de la société ; afin de détruire les barrières de classe, en mettant tous les hommes dans le même sac au nom de la virilité régnante ; afin de masquer l'exploitation de l'ouvrier en lui assignant un rôle dominant dans la famille, sur la femme et les enfants ; afin d'institutionnaliser les rapports de domination subordination, de hiérarchisation au sein de la structure familiale.
C'est par la révolte des femmes et non par leur attente passive que se fera leur
libération, car la révolte est le premier acte de liberté qu'accomplit l'individu et, par conséquent, sa première manifestation vraiment humaine et libre. En se
révoltant, la femme pose le problème de l'égalité et «nous le savons, l'égalité n'est possible que par la liberté ; pas cette liberté exclusive des bourgeois qui est fondée sur l'esclavage des masses et qui n'est pas la liberté mais le privilège ; mais cette liberté universelle des êtres humains qui élève chacun à la dignité humaine. Nous savons aussi que cette liberté n'est possible que dans l'égalité. Révolte non seulement théorique mais pratique contre toutes les institutions et contre tous les rapports sociaux créés par l'inégalité, puis l'établissement de l'égalité économique et sociale par la liberté de tout le monde».
La révolte des femmes pose donc le problème de la contradiction de l'homme qui désire son émancipation en tant qu'exploité dans la société et qui refuse
l'émancipation de la femme de la tutelle masculine comme condition primordiale de son exploitation. Aucun être humain ne peut prétendre à la liberté si lui-même se pose comme barrière à la liberté d'autrui. Nul ne peut se prétendre libre si sa liberté est une atteinte à la liberté humaine dans sa globalité, car la liberté individuelle n'existe que si elle a pour corollaire systématique la liberté collective.
Le problème de la libération de la femme se situe à deux niveaux :
— Le refus de continuer d'accepter le rôle traditionnel que la société désire lui voir jouer, mais aussi de poser le problème relationnel avec l'homme, c'est-à-dire de refuser les relations de subordination, de domination et surtout de hiérarchisation qui existent actuellement, en contraignant l'homme à rejeter les prérogatives que cette société lui impose comme nécessaires à la survie de celle-ci qui l'exploite à un autre niveau. L'homme qui entreprend l'effort de rejeter le rôle traditionnel que la société lui impose comme faisant partie de sa nature forte et virile, pour vivre des rapports égalitaires avec la femme, tout comme la femme qui se révolte contre la situation qui fait d'elle le dernier barreau de l'échelle de la hiérarchie posent le problème de l'égalité dans la différence et accomplissent un acte révolutionnaire.
— Le fait est que l'on retrouve des femmes dans toutes les classes sociales, mais si l'ouvrière se libère puisqu'elle n'a rien à perdre et tout à gagner, il en va autrement des intérêts des femmes de la classe bourgeoise, car, si elles accomplissent leur révolte de femmes face à l'homme, elles affaiblissent les structures de la société sur lesquelles s'appuie la lutte des classes. Il est clair que si la bourgeoise refuse l'autorité de son mari et le rapport que la société lui impose comme femme, elle doit aussi refuser le rôle d'exploitation et de domination qu'elle joue au sein de la classe privilégiée si elle veut être conséquente, logique et honnête avec elle-même et les autres. La révolte de la femme bourgeoise en tant que femme doit aller de pair avec son refus de collaborer sous toute forme à une exploitation dont elle cherche à se débarrasser à un autre niveau. Il va sans dire que cette double démarche qu'elle doit accomplir n'est pas près de se réaliser car, finalement, la bourgeoise préfère, lorsqu'elle en a conscience, préserver ses privilèges de classe et accepter la place qu'on lui laisse en tant que femme.
Dès cet instant, les intérêts des femmes bourgeoises et ouvrières ne se recoupent pas puisqu'elles ne peuvent pas être solidaires entre elles. La libération de la femme doit dépasser largement le cadre de sa propre émancipation pour arriver à celle, plus vaste, de l'humanité tout entière sous peine de mourir de sa spécificité.
La lutte des femmes n'étant qu'une lutte parmi d'autres dans la société, tous les éléments étant indissolublement liés et s'interférant, elle s'inscrit de plain-pied, comme toutes les luttes spécifiques qui tendent à poser les bases d'une société
différente, dans les fondements d'une société à caractère anarchiste. Le refus des mouvements féministes de voir en l'homme un être humain capable de se libérer et de refuser le pouvoir que la société lui procure, en considérant ce pouvoir comme une aliénation pour lui-même, est un refus de concevoir l'homme comme capable de se révolter contre une injustice qui l'oblige à vivre en contradiction avec ses sentiments, ses désirs et sa nature profonde.
Qu'on le veuille ou non, la libération de la femme engendre la libération de
l'homme. Qu'on le refuse ou qu'on l'accepte, on ne fera pas taire la révolte et la soif d'égalité qui existent chez tout individu pour qui la liberté, sa liberté, n'existe qu'en fonction de la liberté des autres. Il serait trop facile de croire que cette évolution peut se faire sans heurts et sans craquements dans la baraque vermoulue qu'est la société capitaliste. La difficulté qu'a l'être humain à se prendre en charge et à remettre en question la base de ses relations humaines ne peut permettre de faire cette évolution sans douleur. L'accouchement progressif d'un comportement différent s'accompagne quelquefois d'une césarienne. La libération de la femme ne doit pas non plus tendre vers une uniformisation de la personnalité. La révolte de la femme, comme celle de l'homme, doit être liée à la découverte de sa propre individualité. C'est la diversité des capacités et des forces, les différences d'ethnies, de sexes, de moeurs qui, loin d'être un mal social, constituent la richesse de l'humanité.
C'est la possibilité donnée à l'être humain d'être lui-même qui constitue la base d'une société anarchiste. «Le vieux monde des Etats fondés sur la civilisation bourgeoise avec son complément indispensable : le droit de la propriété héréditaire et celui de la famille juridique, s'écroule pour faire place au monde international et librement organisé des travailleurs», écrit Bakounine. Les femmes doivent en effet e débarrasser du carcan juridique et moral du vieux monde et apprendre qu'elles ne sont pas la propriété de l'homme mais d'elles-mêmes. Il dit encore : «Après l'anthropophagie est venu l'esclavage, après l'esclavage le servage, après le servage le salariat auquel doit succéder d'abord le jour terrible de la justice et beaucoup plus tard l'ère de la fraternité.» Les femmes vivent encore leur temps de servage, à elles de s'en libérer.
Le présent doit tirer ses leçons d'un passé vers un avenir qui dépassera ce passé non pas dans sa continuité, mais vers un avenir qui fera l'éclatement d'une
nouvelle société. Par leur libération, les femmes feront oeuvre par la terrible justice qui reste encore à faire et qui mènera hommes et femmes à l'ère de la fraternité.
Commission des femmes, Fédération Anarchiste. 1970



VERS UNE BANALISATION..... 
  

« DES HOMMES EN VRAI » 
 
Tout mouvement d'émancipation contre l'exploitation et la domination doit non seulement critiquer l'évidence de l'ordre existant mais aussi contrer les éléments réactionnaires qui font obstacle à la révolte.
 
Le féminisme n'échappe pas à la règle ; en plus de combattre les rapports inégalitaires entre les hommes et les femmes, il doit aussi contrer des courants politiques  « masculinistes », composés d’hommes anti-féministes qui s'attachent hystériquement à leurs privilèges, type SOS papa, Réseau Hommes, etc. Dans le seul but de s'opposer aux aspirations féministes pour la justice et l'égalité, ces courants reproduisent ou développent des logiques teintées de haine et de mépris à l'égard des femmes. Le documentaire Des hommes en vrai, diffusé dans le cadre des manifestations proposées par la ville de Rennes autour du 8 mars, laisse une  visibilité importante à des discours qui rappellent curieusement les procédés utilisés par les « masculinistes », à l’instar de ce premier homme interviewé qui déclare sans vergogne : « J’en veux vraiment à la féminité […] j’en veux vraiment à ces femmes, là, qui sont vraiment… elles sont ignobles, ignobles ».
 
Les stratégies déployées par ces mouvements anti-féministes se retrouvent à de nombreuses reprises dans les propos des hommes filmés dans le documentaire, dont nous reproduisons ici des passages (en gras) :
 
*Les solidarités entre femmes contre l'oppression masculine sont dénoncées et caricaturées comme des « petits arrangements ». Tandis que la solidarité et la complicité masculine permettrait de résister aux femmes malfaisantes : « Un par un, ils m’ont pris à part et ils m’ont dit : “On t’a vu avec cette femme ; on en a beaucoup entendu parler, maintenant on l’a vue […] t’es en train de te ruiner la tête, on ne te reconnaît pas quand t’es avec elle. Quand tu rentres à Paris […] lâche-la, qu’on n’en parle plus et que tu redeviennes toi-même’’. »
 
*Une stratégie anti-féministe bien connue consiste à rendre les femmes responsables de la violence masculine qu’elles subissent. Par exemple, alors qu'il vient de mimer le début d'étranglement fait contre sa compagne, et bien qu’il nous dise regretter ce geste, un homme s'explique: « Il y avait quelque chose en elle qui me disait: “alors tu es un mec, allez, vas-y montre le !’’ »  Ailleurs, la violence physique exercée contre les femmes est banalisée : « parfois infidèle, quelque fois agressif, blablabla ».
 
*Le contrôle de la maternité est vue comme la « nouvelle puissance des femmes », qui se servent de leur pouvoir pour faire des enfants dans le dos des hommes et les priver de leur droit à la paternité ! La contraception est une affaire de femmes et la responsabilité des hommes est complètement éludée, comme semble le penser cet homme « victime » d’une de ses conquêtes lui ayant « caché » quelques temps sa paternité : « Elle m’avait dit furtivement qu’elle prenait pas la pilule,  mais je l’ai pas relevé. » Ben voyons…
 
*Les mères sont stigmatisées comme des : « lionnes », « petit caporal », ou « grande figure qui manipule ». Et comme le clame sans relâche SOS papa, les femmes ont la mainmise sur les enfants, privant les pères de leur présence dans les cas de litige. Ces derniers n’ont aucun moyen de se défendre puisque la justice familiale est entièrement entre les mains des femmes : « c’est une femme qui est juge, c’est une femme qui fait l’enquête sociale ordonnée par le juge, c’est une femme qui est psychologue pour faire l’enquête psychologique de la femme, de l’homme et des enfants, et c’est une femme que l’on juge. Contre un homme. »
 
*Et, bien que toutes les statistiques sérieuses démontrent l'étendue des privilèges masculins et l'assignation des femmes à des tâches particulières, certains osent s'épancher sur leur « difficulté d'être un homme ». D'autres inventent même des piètres douleurs et des énormités du genre : les hommes sont « sommés d'éjaculer en permanence ».
 
Contrairement au message implicite du documentaire, les féministes et les mères en général ont toujours souhaité un investissement effectif des hommes dans les soins aux enfants. Elles travaillent politiquement pour une répartition égalitaire des tâches. Elles n'ont jamais stigmatisé les pères en soi, elles signalent davantage leurs incompétences et leur manques, et elles pointent le fait que des femmes doivent y pallier.
 
Des hommes en vrai cherche à  affirmer une communauté d'intérêt des hommes et croit parler au nom de tous. A travers la défense des droits des pères, et en feignant de se préoccuper du bien-être des enfants, certains des hommes du documentaire, comme les masculinistes en général, cherchent à reconduire leur contrôle sur le(ur)s femmes. Et, derrière une supposée banale « quête identitaire », ils souhaitent une réaffirmation de leur position de dominant.
 
Dans les années 70, un travail important a permis de dénoncer la supposée nature des femmes comme outil d'oppression et d'assignation à un rôle féminin. Et c'est pourquoi, grâce à un long travail de conscientisation, on ne parle plus à Rennes de la journée de LA femme mais de la journée DES femmes. La guerre est loin d’être gagnée et il est primordial, non seulement de repérer mais aussi de s’opposer clairement aux ennemis des féministes et des femmes que sont les antiféministes et les misogynes. Ces « loups déguisés en agneaux », pour reprendre les mots de Christine Delphy (sociologue et militante féministe) à propos des « masculinistes », sont bel et bien dangereux, et ne devraient bénéficier d’aucune publicité dans le cadre des journées DES femmes.
 
Le fait que la Ville de Rennes, le Comptoir du doc et les Champs Libres aient programmé un tel documentaire dans l'espace des « documentaires au féminin » et des « enjeux du féminisme au XXIème siècle » demeure pour nous, en plus d'une énigme, une erreur très grave.
 
..... DE L'ANTIFEMINISME ??
 
Des féministes et pro-féministes de Rennes




  Femmes, l'Eglise vous aime !


Nous citoyennes et indigènes, immigrées et autochtones, bourgeoises et prolétaires, travailleuses et chômeuses, nationales et naturalisées, européennes et étrangères, militantes et universitaires : filles, mères, ménopausées, avortées ou hormonées, Noires, blanches, tsiganes, arabes, musulmanes, juives ou chrétiennes, croyantes, mécréantes, voilées, dévoilées, revoilées, sexy, grosses, anorexiques, valides ou non, straight, trans, gouines, queer, morales, immorales, amorales, victimes, putes, épargnées ou enragées, … Nous, féministes, filles d’Olympe de Gouges, la demi-mondaine guillotinée pour avoir déclaré nos droits, de Solitude, mulâtresse guillotinée à Pointe à Pitre pour s’être élevée contre le rétablissement de l’esclavage, de Mary Wollstonecraft et de sa philosophie authentiquement universaliste, de Flora Tristan qui défendait "la nécessité de faire bon accueil aux femmes étrangères", de Fatma N’Soumer combattante algérienne qui prit les armes contre l’armée coloniale, de Louise Michel qui se rangea sans hésiter du côté des Kanaks contre les colonisateurs de son pays, d’Olga Bancik la combattante invisible de la bande à Manouchian décapitée par les nazis, des 230 militantes, résistantes, du convoi du 24 janvier 1943 qui entonnèrent la Marseillaise en franchissant le portail de Birkenau, … Nous, filles, petites filles du MLF et du FHAR ; filles d’Audre Lorde, poétesse, lesbienne, caribéenne, traquant le racisme, le sexisme et l’homophobie jusque dans les rangs des mouvements féministes et des mobilisations anti-racistes...
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Nous, féministes
Lu sur Indymédia Paris : "Nous, féministes

« DEUS CARITAS EST »,
1ère encyclique de Benoît XVI

Partant du vaste champ sémantique du mot « amour », Benoît XVI distingue et rapproche, sur un bon tiers de l’encyclique,  deux notions issues de la Grèce antique : l’amour « Eros » et l’amour « Agapé ».
L’amour « Eros » serait un amour ascendant et sensuel, longtemps, le reconnaît le Pape, ignoré et condamné par l’Eglise, opposé à l’amour « Agapé », amour descendant, oblatif.
« Le christianisme a-t-il véritablement détruit l’éros ? », s’interroge le Pape, en reprenant les critiques faites en son temps par Friedricht Nietzsche : « Le christianisme a donné du venin à boire à l’éros qui, s’il n’en est pas mort, en est venu à dégénérer en vice ! ».
Mais, il n’y a pas de corps sans âme, et à partir de ce principe théologique, l’amour est une réalité unique où :
 « l’amour éros discipliné, est purifié, ennobli par et dans l’amour Agapé ».
La foi biblique ne pouvant pas construire un monde à part des réalités humaines, elle ne peut qu’accepter l’homme tel qu’il est, en proposant ainsi une forme réductrice de l’amour, un renoncement des sens au nom de la domination des instincts :
« Oui, l’éros veut nous élever en extase vers le divin…C’est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purification et de guérison ! ».
Cette papale contribution intellectuelle reflète un caractère réactionnaire, sexiste vis-à-vis de l’amour en général, et de l’amour au sens sensuel, physique, en particulier. Les épicuriens de la Grèce antique comme les libertins du 18ème siècle passent pour de fiéfiés obsédés sexuels, sans parler du « divin » Marquis de Sade !
Sur le plan des relations « officielles »,  Homme-femme, le discours papal est très clair :
« L’éros renvoie l’homme au mariage…et seulement ainsi, se réalise sa destinée profonde. A l’image du Dieu du monothéisme correspond le mariage monogamique…fondé sur un amour exclusif et définitif, devenant l’icône de la relation avec Dieu… ».
Donc point d’éros sans mariage !
C’est vrai que pour l’Eglise, «  la femme exemplaire reste la Madone qui a engendré le Christ ». La profonde misogynie millénaire de l’Eglise l’amène à avoir une haine du corps, l’éros n’étant qu’un « mal nécessaire » ( Lucette Droz dans « Deux mille ans de misogynie » - L’idée libre n° 283).
« Dieu nous commande de l’aimer, puisqu’il nous aime ! ».
L’argumentation se poursuit sur un autre terrain, celui de l’amour du prochain, qui se confond allègrement avec la notion de charité :
« L’amour du prochain est inséparable de l’amour de Dieu…Dieu est plus intime à moi-même que je ne le suis à moi-même…L’abandon en Dieu, devient notre joie…Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, la bienheureuse Teresa de Calcutta a puisé dans la rencontre avec le Seigneur sa capacité à aimer son prochain… ».
L’amour éros est donc indissociable de l’amour agapé, charitable, et à partir de cette démonstration, reste à expliquer « l’exercice de l’amour de la part de l’Eglise, en tant que communauté d’amour ».
Tout le problème, dans cette 1ère encyclique est de faire comprendre comment l’Eglise, au nom de l’amour qu’elle porte, peut justifier, faire accepter, légitimer tant d’injustices au travers des siècles passés, de l’actualité !.
« L’amour est le service que l’Eglise réalise pour aller constamment au-devant des souffrances et des besoins des hommes…Cette tâche d’amour est un caractère constitutif dans l’Eglise des origines. Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble et mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens, leurs propriétés pour en partager le prix, entre tous, et selon les besoins de chacun.. ».
Mon Dieu que c’est beau, sauf qu’au passage le partage ne se faisait qu’entre chrétiens !
Au diable les notions d’égalité des droits, de solidarité et de fraternité.
Aimez vous les uns les autres, et surtout entre vous !
« Le service caritatif de l’Eglise est son essence même, l’exercice de la charité est devenu un de ses secteurs essentiels…Elle n’est pas pour l’Eglise une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature…Elle ne peut y renoncer… ».
Comment ne pas voir et revoir ici l’éternel discours, la toujours présence de la doctrine sociale de l’Eglise qui ne voient les hommes que soumis et à genoux !
Benoît XVI écarte comme ses prédécesseurs toutes critiques par rapport à l’aspect caritatif de l’Eglise, n’ayant aucun rapport avec un quelconque souci de réelle justice :
« Depuis le 19ème siècle, on a soulevé une objection contre l’activité caritative de l’Eglise, objection développée avec insistance par la pensée marxiste…Les œuvres de charité seraient en réalité, pour les riches, une manière de se soustraire à l’instauration de la justice, et d’avoir leur conscience en paix, maintenant leurs positions et privant les pauvres de leurs droits.  Au lieu de contribuer au maintien des conditions existantes, il faudrait créer un ordre juste, dans lequel tous recevraient leur part des biens de ce monde, et n auraient donc plus besoin des œuvres de charité… ».
Rassurons nous, le Pape n’est pas marxiste et il le dit :
« Dans cette argumentation il y a du vrai, mais aussi beaucoup d’erreurs…La norme fondamentale de l’Etat doit être la recherche de la justice, et le but d’un ordre social juste consiste à garantir à chacun, dans le respect du principe de subsidiarité, sa part du bien commun ».
A l’Etat d’assurer l’ordre juste, à l’Eglise, au nom du principe de subsidiarité d’indiquer le chemin, « la foi étant la force purificatrice de la raison ».
Effectivement, la pensée scientifique, libérée des dogmes ne peut convenir à l’Eglise :
« Le marxisme a présenté la révolution mondiale comme étant la panacée à la problématique sociale…Avec la révolution et la collectivisation des moyens de production qui s’ensuivit, tout devait immédiatement aller de manière différente et meilleure…Dans la situation difficile où nous nous trouvons aujourd’hui à cause de la mondialisation de l’économie, la doctrine sociale de l’Eglise est devenue un repère fondamental qui propose des orientations valables à appréhender dans le dialogue avec tous ceux qui se préoccupent sérieusement de l’homme et du monde… ».
Il est vrai que l’Eglise a fait ses choix, depuis longtemps :
« Le capitalisme n’est pas intrinsèquement mauvais, il a été vicié » (« Quadragesimo anno », Pie XI, 1931), et que par contre « Le communisme est intrinsèquement pervers » (« Divini redemptoris », 1937).
Aussi, aux notions de justice, d’égalité, le Pape préfère affirmer que :
« Politique et foi se rejoignent…Celle-ci étant une force purificatrice pour la raison elle-même…Force nécessaire à la formation éthique afin que les exigences de la justice deviennent compréhensibles et politiquement réalisables… ».
Rien de nouveau depuis « Rerum novarum ». Le « Droit naturel des choses, d’essence divine », explique tout :
« La justice est le but de toute politique…Ainsi l’Etat se trouve confronté à la question : comment réaliser la justice ici et maintenant ? Mais cette question, en présuppose une autre plus radicale : qu’est-ce que la justice ? C’est un problème qui concerne la raison pratique…Mais pour pouvoir agir de manière droite, la raison doit constamment être purifiée, car son aveuglement éthique, découlant de la tentation de l’intérêt et du pouvoir qui l’éblouissent est un danger qu’on ne peut jamais totalement éliminer… ».
La raison, sans la foi n’existe pas et, à partir de là il n’y a pas de place pour quelque revendication sociale que ce soit !
Les consciences ne sont que si elles sont formatées à l’acceptation des réalités économiques et sociales , telles que présentées par les pouvoirs.
La notion de « personne humaine », chère à l’Eglise, supplante celle d’individu, de citoyen. Elle voudrait en finir avec toutes les notions de solidarité, de fraternité et d’égalité ! Plus d’action, de vie collective, mais un rapport étroit, individualisé avec l’Etat et autres formes de gouvernement des esprits et consciences :
« L’Eglise ne peut prendre en main la bataille politique pour édifier une société plus juste…Celle-ci requiert des renoncements, et ne peut s’affirmer, se développer en dehors du réveil des forces spirituelles sans lesquelles la justice ne peut exister…Il y aura toujours de la souffrance…Des situations de nécessité matérielle ».
Souffrez au nom de l’ordre naturel des choses, du droit divin, et sachez que l’Eglise vous aime !
« Nous avons besoin d’un Etat qui reconnaisse  et soutienne, dans la ligne du principe de subsidiarité…L’ Eglise est une des forces vives qui offre réconfort et soin de l’âme, aide souvent plus que le nécessaire matériel…L’affirmation selon laquelle les structures justes rendraient superflues les œuvres de charité, cache en réalité une conception matérialiste de l’Homme…La charité doit animer l’existence entière des fidèles laïques et donc aussi leur activité politique, vécue comme « charité sociale »… ».
Bienvenue au corporatisme, au « bien commun » réunissant en toute convivialité exploiteurs et exploités dans l’entreprise.
Mais il est vrai que pour l’Eglise les classes n’existant pas, il n’y a pas d’antagonismes entre elles ! La propriété privée des moyens de production n’étant pas remise en cause au nom du  Droit naturel des choses, et autre Droit divin, la misère est fatalement naturelle et doit être traitée avec compassion.
Ainsi cette 1ère encyclique se conclut par une éloge des institutions caritatives et humanitaires, à toutes les formes possibles de collaboration entre les instances étatiques et ecclésiales pour :
« Unir leurs voix et leur engagement, pour le respect des droits et des besoins de tous, spécialement les pauvres… »
Lutter contre la misère, l’exploitation tel que l’ont fait des révolutionnaires, relève pour le Pape d’une :
 « Philosophie inhumaine, l’Homme vivant dans le présent étant sacrifié au Moloch de l’avenir ».
Paul VI dans « Popularum progressio » (1967) dit la même chose :
« On le sait pourtant, l’insurrection révolutionnaire…Engendre des injustices…Provoque de nouvelles ruines. On ne saurait combattre un mal réel au prix d’un plus grand malheur… ».
L’activité caritative de l’Eglise est ainsi la seule « issue de secours » au capitalisme, ou plutôt la meilleure façon de le subir, de le supporter, en attendant un mieux vivre…au Paradis bien sûr !
Toute contestation relève d’une analyse  matérialiste diabolique !
Et Benoît XVI confirme et signe :
« Les collaborateurs qui accomplissent concrètement le travail de la charité dans l’Eglise ne doivent pas s’inspirer des idéologies de l’amélioration du monde, mais se laisser guider par la foi…C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous ».
Heureusement pour l’humanité, des hommes de culture, des scientifiques ont démontré la capacité humaine à l’amélioration de sa condition, ce bien sûr contre l’Eglise dressant ses bûchers !
Mais pour le Pape, il est vrai que les personnages à retenir dans l’Histoire de l’humanité, sont Ignace de Loyola, Saint François d’Assise et autre Teresa de Calcutta, sans oublier le fondateur de l’Opus dei, Josémaria Escriva de balaguer.
Le Pape en rajoute encore :
«L’expérience de l’immensité des besoins peut nous pousser vers l’idéologie qui prétend faire maintenant ce que Dieu, en gouvernant le monde n’obtient pas…Mais dans cette situation, la prière est le moyen pour puiser la force…La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté…Bien que plongés comme tous les autres hommes dans la complexité dramatique des évènements de l’histoire, les chrétiens continuent de croire, ils restent ferme dans la certitude que Dieu est père et qu’il nous aime, même si son silence nous demeure incompréhensible… ! ».
Dieu qui est censé nous aimer nous laisse dans la m…..
Dieu qui est censé nous gouverner, en est incapable,
De plus il est invisible et muet.
Il faut vraiment avoir la foi pour croire !

On l’aura compris, Benoît XVI est bien dans la continuité de la doctrine sociale de l’Eglise. Comme ses prédécesseurs, le Pape déclare la religion comme « fondement de toutes lois sociales », elle a la solution à tous nos maux, et à nous d’accepter notre sort, l’injustice comme l’amour-agapé, bref la charité, son complément naturel. Ce début de XXI siècle doit conforter le Pape, il est caritatif avec la panoplie des restos du cœur, téléthon, divers secours aux pauvres et autres appels à la misère partagée !
D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, Benoît XVI appelait les chômeurs « A garder l'espoir...et penser aux plus malheureux qu'eux ! ».
Voilà qui ne peut que rassurer les dizaines de milliers de travailleurs, sacrifiés sur l'autel du capitalisme!.
Mais il suffit de se rappeler d’une autre encyclique, il y a plus d’un siècle, pour mieux comprendre le « véritable amour de l’Eglise » :
« Il n’est pas rare qu’un travail trop prolongé…pénible et un salaire jugé trop faible, donnent lieu à des chômages voulus et concertés qu’on appelle des grèves…A cette maladie si dangereuse, il convient aux pouvoirs publics de porter un remède car ces chômages nuisent aux intérêts généraux de la société …»
(Rerum Novarum – 1891, Pape Léon XIII).


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