jeudi 31 mai 2018

L'armée recrute

Enfin un métier d'avenir, militaire !


Vers les jours heureux

En revendiquant la titularisation de tous les personnels en situation de précarité au sein de la fonction publique, certaines organisations syndicales revendiquent de fait qu’un statut soit attribué à chaque personne travaillant au sein de ces institutions. Ce statut est la reconnaissance d’une qualification attachée à la personne, qui engendre de fait le versement d’un salaire à vie, puisque continué à l’issue de la période d’activité et jusqu’au décès.
En outre, le ou la fonctionnaire ne se soumettra jamais au marché de l’emploi, dont on sait qu’il est aujourd’hui aux mains de la classe dirigeante capitaliste : charge à son employeur de lui trouver un poste, le contraire n’engendrant pas un arrêt du salaire, puisque celui-ci n’est pas attribué au poste mais à la personne dont la société reconnaît ainsi la qualification.
L’institution d’une fonction publique forte fut ainsi à proprement parler révolutionnaire. Elle représente aujourd’hui encore un tiers du Produit Intérieur Brut du pays, malgré toutes les attaques dont elle a fait l’objet au cours des dernières décennies.
Déployer aujourd’hui une stratégie syndicale qui se donne les moyens de ses ambitions revient donc, in fine, à proposer l’instauration progressive du salaire à vie pour toutes et tous, dans les mêmes conditions.
Plutôt qu’être soumis au marché capitaliste, bien des secteurs peuvent sans doute être pris en charge par la fonction publique : santé, éducation, logement, gestion de l’eau, gestion de l’énergie, transport, gestion des territoires…
L’avantage serait double : le (re)-déploiement d’une fonction publique forte dans ces secteurs engendrerait de fait la gratuité des services au public qui en découleraient, constituant ainsi une forme de salaire socialisé ; il tarirait également le marché de l’emploi capitaliste de la main-d’œuvre corvéable dont il se dote actuellement, précarisant sans cesse un peu plus l’ensemble de la société civile soumise aux règles imposées par la classe dirigeante.
Reste à déterminer dans quelles conditions cette perspective peut s’accorder à d’éventuelles visées autogestionnaires. Là encore, la réponse est déjà inscrite dans notre histoire : la Sécurité Sociale fut ainsi très bien gérée par les syndicats (et donc par la classe des travailleuses et des travailleurs) pendant plus de vingt ans ! Durant cette période, les comptes de la Sécu étaient d’ailleurs équilibrés, prouvant par là-même que la classe o(e)uvrière est tout à fait en capacité de relever ce type de défis. Il aura fallu qu’un gouvernement donne, en 1967, les clefs du dispositif aux patrons pour que la situation se dégrade : ceux-ci n’ayant aucun intérêt à ce que cette institution perdure vont inlassablement la saboter, année après année (diminuer par exemple les cotisations sociales équivaut à une baisse des recettes et donc à un déficit inexorable…).
Ce qui a été mis en place pour le secteur de la santé doit aujourd’hui être étendu à d’autres domaines. Dans le contexte actuel, bénéficier d’une sécurité sociale doit signifier bien d’autres choses qu’un accès gratuit aux soins de qualité : l’accès à l’eau potable, à l’énergie, au logement, l’éducation des enfants… peuvent ainsi constituer autant de garanties sociales pour chacun.e.
En d’autres mots, il s’agirait donc de faire sortir certains domaines des prérogatives gouvernementales, en instituant (au sein d’une nouvelle constitution) que ces domaines doivent être gérés, comme celui de la santé, au-delà des querelles partisanes dont se gargarise la classe dirigeante et ses contre-réformes permanentes.
Ainsi, d’autres domaines de la fonction publique, comme par exemple l’éducation, seraient également financés par la cotisation sociale dont s’acquitteraient les employeurs, obligés de ce fait de cotiser davantage au pot commun pour le bien public plutôt que de continuer à s’enrichir individuellement de manière éhontée.
Notons ici que ce mode direct de financement présente en outre l’avantage de mettre immédiatement fin aux phénomènes d’évasion fiscale, contrairement à celui de l’impôt dont s’exonèrent aujourd’hui scandaleusement la plupart des grandes entreprises...
Des « caisses éducation » seraient ainsi créées et gérées sur tout le territoire directement par la société civile et par les travailleuses et les travailleurs du secteur, via l’élection de leurs représentant.e.s au sein des organisations syndicales.
Cette perspective nous semble être en mesure de réunir aujourd’hui toutes les forces progressistes du pays, afin qu’un mouvement social d’une ampleur colossale puisse naître dans son sillon, dans le but de destituer d’abord la classe dirigeante des fonctions qu’elle occupe via l’écriture d’une nouvelle constitution, pour ensuite renouer avec notre passé révolutionnaire.
Financer la santé, l’éducation, le logement, l’accès à l’eau… par la cotisation sociale ponctionnée sur les richesses collectivement produites (et actuellement spoliées par la classe dirigeante) et ainsi socialisée puisque ré-affectée aux biens communs autogérés par les travailleuses et les travailleurs nous semble ainsi aujourd’hui tout autant accessible que nécessaire.
Par ailleurs, et puisque toute démocratie ne peut être que sainement vivante qu’à la condition où règne un équilibre entre ce qui est déjà institué et ce à quoi aspire la société civile, il paraît indispensable de porter un soin tout particulier au secteur associatif ou coopératif. Les associations, autogérées par nature, doivent se voir attribuer des moyens conséquents, pour peu que leur utilité publique ou sociale soit établie. Ceci suppose que les instances chargées de délivrer ce type de label puissent être renforcées, afin de fonctionner à plein. Ceci suppose également que les mises à disposition ou détachements de personnels puissent être assurées en nombre par les différents ministères concernés, ce en quoi notre passé pourra également être source d’inspiration.
Enfin, il convient sans doute aujourd’hui de modifier le statut des élu.e.s en charge d’administrer ces associations, et de mettre ainsi fin au travail gratuit, souvent colossal, qu’ils ou elles produisent. Pour ce faire, ces élu.e.s doivent être déchargé.e.s en partie de leur fonction, afin de pouvoir assumer ces tâches essentielles pour la vie démocratique dans de bonnes conditions.
Autant de perspectives qui sont aujourd’hui largement identifiées, et qu’il nous faut de toute urgence populariser afin de dessiner ensemble un avenir susceptible d’apporter une réponse crédible aux crises sociales, financières et écologiques que nous traversons depuis trop longtemps...
Et il faudra d’emblée avoir conscience que la classe dirigeante ne souscrira jamais à ce projet de son plein gré, parce qu’elle n’a rien à y gagner et qu’elle en est incapable, ce qui nous oblige à envisager qu’il faudra la soumettre par la force collective de nos intentions, c’est-à-dire par la lutte.
Bloquer l’économie, organiser des grèves durables et reconductibles, mettre en œuvre des formes de désobéissance et faire vivre d’autres modèles de société restent les leviers principaux que nous pouvons actionner ensemble, parce que ces moyens d’actions présentent l’immense avantage de mettre un coup d’arrêt immédiat au déploiement de la logique capitaliste à laquelle nous continuons souvent à contribuer. Tant que le droit (constitutionnel ) de grève existe encore, obligeant chacun.e d’entre nous à prendre ses responsabilités, il peut et doit notamment nous permettre de réunir nos forces afin d’instituer à nouveau la façon dont nous voulons vivre ensemble, via notamment l’écriture d’une nouvelle constitution.
C’est à ce prix que nous pourrons abolir celle de la Ve république, aujourd’hui largement obsolète. Il est aujourd’hui de notre responsabilité de préparer ainsi des lendemains meilleurs pour les générations futures.
Pour ce faire, il nous faut nous mettre en route ensemble, maintenant

lundi 28 mai 2018

Marée haute en Irlande, marée basse en France



La marée populaire a bien eu lieu mais pas là où on l'attendait !

La marée haute a eu lieu en Irlande où après des décennies de luttes le oui à la libéralisation de l'avortement vient de l'emporter avec 66,40 % des voix.
C'est un jour historique, une véritable révolution au regard de ce résultat sans appel :
1 400 000 irlandaises et irlandais ont dit non à la soumission à l'Eglise et oui à l'avortement interdit depuis 1983.
Dans ce pays à forte tradition catholique c'est une sacrée claque dans la gueule des cléricaux. La plupart, tel Diarmuid Martin, l'archevêque de Dublin préfèrent ignorer la volonté populaire et promettent de poursuivre leur croisade anti-IVG et certainement, même s'ils ne le disent pas, de poursuite les abus sexuels.
Les cléricaux, c'est comme les corbeaux, faut que çà croasse tout le temps, sauf quand ils forniquent ou qu'ils sont morts !
Une belle marée irlandaise pour un week-end tout vert ! Vive l'Irlande !

A l'inverse, ce même week-end en France on a assisté à une marée basse à très « petit coefficient ».
Et il y en a qui osent parler de succès quand moins de 200 000 manifestants ont défilé sur l'ensemble du territoire !
Vous parlez d'un succès quand ils étaient moins de 30 000 à Paris !
Vous parlez d'une marée populaire quand il y aura eu moins de participants le 26 mai que lors de la première « fête à Macron » du 5 mai dernier !
Malgré un appel lancé par plus de 60 organisations, le choix de manifester un samedi, jour de week-end, le beau temps au rendez-vous, la seule convergence réelle est d'avoir réuni
30 000 individus dans la rue durant quelques heures....moins que dans un matche important de la ligue 1 de football !
La contestation, 50 ans après 1968, consisterait donc à faire appel à la plus grande diversité, à charge de chacune des organisations, de chacun des individus de réaliser son petit panneau, son tract, sa banderole, ses slogans et, soyons fous, d'amener son faux nez et son tam tam  ?
Cela ressemble fort à la « fête des voisins », soirée où des habitants qui s'ignorent le reste de l'année saucissonnent autour de l'apéro en évitant les sujets qui pourraient gâcher la fête !
Convergence sur la forme ou sur le fond ?
That is the question !
Ce n'est pas la diversité et encore moins le mélange des genres qui créé la convergence dans les luttes mais des mots d'ordre clairs invitant les travailleurs, les citoyens à agir ensemble, ce dans le respect de leurs différences.
La convergence se fait dans la lutte à l'usine et dans la cité, pas en promenade entre deux places !

Il ne s'agit pas pour moi de mépriser la vraie colère exprimée ce 26 mai par beaucoup de travailleurs présents à cette manifestation, dont certains appelaient à la grève générale, mais j'avoue ne pas comprendre comment ils ont pu accepter que défilent à leur côté des leaders politiques, syndicalistes ayant appelé à voter Macron lors du deuxième tour des dernières élections présidentielles !
Avoir voté Macron pour appeler ensuite à lui « faire sa fête » relève de l'imposture politique. Cela démontre une absence totale de conscience politique ou peut-être bien, qu'à l'inverse, cela annonce les prochains calculs politiques en vue des prochaines élections.
On s'est battu quand il fallait, on a pas réussit, on est pas au 1er tour, mais « Au deuxième tour, pas d'état d'âme, votez Ducon pour faire barrage à Le Pen ! »
...Et ainsi de suite ! La fête continuera, à moins que....

En attendant, le résultat est sans appel, conforme au jeu : Irlande 1 – France 0

samedi 26 mai 2018

Maudite soit la guerre

Motion antimilitariste 77ème Congrès de la Fédération anarchiste mai 2018

Les conflits militaires à travers le monde, les tensions régionales, les menaces et agressions (notamment nucléaires, chimiques...) restent le mode privilégié des relations entre les États ; le tout au profit des lobbys militaro-industriels.

Les peuples subissent ces violences et sont les jouets macabres des stratégies militaires et politiques : tueries, viols, enlèvements, séquestrations, humiliations et destructions systématiques des infrastructures civiles (eau, hôpitaux, écoles...). Les populations sont déplacées, maltraitées, prises en otage et réprimées dans toutes leurs tentatives de rébellions et de résistances.

Tous les États sont assassins. Hier, la France en Algérie ou le génocide au Rwanda. Aujourd’hui, citons l’Arabie Saoudite bombardant les populations Yéménites, la Birmanie (Myanmar) persécutant les Rohingyas, l’État Israélien tirant sur des populations Palestiniennes désarmées, l’État Syrien massacrant tout azimut sans oublier les États criminels d’Afrique et d’Amérique Latine... et demain ? Y compris tous les États producteurs d’armes, dont la France, exportant les guerres là où se situent leurs intérêts.

De plus, à l’échelle locale, la militarisation de notre quotidien se traduit par l’accoutumance à une présence militaire et policière permanente. Cet état de fait se caractérise par l’intensification de la répression de toute contestation et l’entrée dans la Loi des mesures d’État d’urgence. On retrouve même aujourd’hui en France certains politiciens (Le Pen, Macron, Mélenchon, ...) souhaitant un retour au service militaire. Jusqu’aux États-Unis d’Amérique, entre autres, où l’armement des civils les amène à s’entre-tuer.

Que ce soit à l’échelle mondiale ou locale, la stratégie est toujours la même : instrumentaliser les peurs des individus de plus en plus isolés pour imposer la nécessité d’État-Nations forts. Ces États-Nations sont les chiens de garde, voire le bras armé des intérêts capitalistes.

Il est urgent d’affirmer l’Internationalisme Anarchiste, la solidarité entre les peuples, l’abolition des frontières et le refus des guerres comme projet humain !



dimanche 20 mai 2018

1968, quelques pavés sur les idées reçues


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Bidonville de Nanterre en 1968

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1968, quelques pavés sur les idées reçues

L'historienne Ludivine Bantigny (1) secoue nombre d'idées et de clichés sur mai 68. En ce mois de mai 2018, 50 ans après, il est temps de jeter aux orties l'histoire fabriquée par les élites politico-médiatiques pour un seul but :
éviter que 1968 ne se répète !

Il est urgent de jeter quelques pavés sur les idées reçues, dont celle consistant à décrire les années 1960 comme celles des « Trente glorieuses ». A écouter les « merdias », la société française est alors une société de richesse, affirmation souvent complétée par nos propres gosses accusant la génération 68 d'avoir « dépensé tous les sous et créée la dette » du fait de l'intransigeance de ses revendications...
L'Alzheimer politique existe, je l'ai rencontré !

La réalité est toute autre, les années 1960 c'est :
  1. 5 millions de personnes (sur une population de 51 millions) qui vivent sous le seuil de pauvreté,
  2. 2 millions de salariés qui ont des salaires de l'ordre de 400 à 500 francs par mois, ce qui équivaut à l'équivalent en euros aujourd'hui (cf. le RSA),
  3. La moitié des logements qui n'ont ni eau courante ni toilettes,
  4. Nombre de travailleurs pauvres, d'immigrés qui vivent dans des bidonvilles tel que celui de Nanterre,
  5. Près de 500 000 chômeurs, ce qui est certes faible par rapport à aujourd'hui mais suffisamment important pour que soit crée l'A.N.P.E. en 1967,
  6. Pour un travail égal à celui d'un adulte, un jeune de 16 ans touche 60% du salaire d'un adulte, 70% si il a 17 ans.
  7. La semaine de travail est de 40 heures.

  • 1968 serait une affaire essentiellement parisienne, « une petite révolte d'étudiants parisiens et de fils à papa ! » alors que :
  1. De grandes manifestations paysannes éclatent en Bretagne (Quimper) dès octobre 1967,
  2. En janvier 1968, ce sont les ouvriers qui mènent d'importantes grèves dans le secteur automobile en Normandie (Caen)
  3. On observe également de nombreuses grèves avec occupation dans des industries textiles vosgiennes, y compris en milieu rural dans des petites entreprises de moins de 20 salariés,
  4. Il y a dès 1967 un immense mouvement au niveau national, ouvrier, paysan qui se construit durant des semaines et qui déborde souvent les syndicats.
  • 1968 et la répression policière :
  1. Qui sait qu'il y eut 6 morts, dont l'un d'une balle en pleine tête le 12 juin 1968 ?
  2. Les travailleurs immigrés, nombreux dans les grosses industries en particulier automobiles vont être expulsés par centaines en juin 1968,
  3. Qui connaît le nombre de tabassages, de viols commis par les flics dans les commissariats et les cars de CRS ?

  • 1968 et la solidarité ouvrière, étudiante :
  1. Solidarité avec les immigrés (manifestations et milliers d'affiches dénonçant les expulsions)
  2. Solidarité des étudiants qui organisent des collectes pour aider les familles de grévistes,
  3. La conscience et la solidarité internationaliste avec les peuples qui se soulèvent, en particulier le Vietnam. Une des « étincelles » est le 22 mars 1968 où les étudiants de Nanterre décident l'occupation du centre administratif après l'arrestation de camarades arrêtés lors d'une manifestation contre la guerre du Vietnam.

A l'opposé de ce qui est raconté depuis 50 ans, le printemps 1968 fut donc bien :
  1. Une véritable révolution sociale, à caractère libertaire par bien des aspects,
  2. Une vraie convergence des luttes entre étudiants, paysans et ouvriers,
  3. Un moment intense de solidarité envers les travailleurs immigrés
  4. Une leçon de conscience internationaliste avec les manifestations de soutien aux peuples se battant pour leur indépendance (cf. Vietnam, Palestine).

Alors, oui, les espoirs portés par 1968 ont été trahi, comme en 1936, par les mêmes forces dites de « gauche » politique et syndicale ! Sans oublier 1981 !
Et elles ne peuvent que continuer de trahir puisqu'elles n'envisagent pas de renverser le capitalisme !
Comme le dit la chanson « Nos révolutions sont toujours trahies ! »
Oui, le printemps 2018 voit fleurir de multiples lutes, mais 50 ans après, en mai 2018, où en est-on :
  • Dans la convergence des luttes ?
  • Dans le soutien aux migrants fuyant les bombes, françaises en particulier ?
  • Dans les combats pacifiste, antimilitariste, anticapitaliste ?
  • Dans le combat contre le retour du religieux ?
  • Dans le soutien aux peuples combattants pour leur liberté ?

Quant au « Comment lutter ensemble », au regard des abandons et trahisons vécus depuis des décennies, il est temps de tirer les leçons de l'histoire.
L'unité, les convergences se font à la base, dans l'action et ne sont pas décrétées par :
  • des partis politiques (y compris dits « radicaux ») préoccupés par nature et définition par leur accession au pouvoir,
  • des centrales syndicales souvent plus préoccupées par la sauvegarde de leurs permanents et leur reconnaissance institutionnelle par l'Etat.

Il est grand temps d'entendre le message de Louise Michel :
« La propriété individuelle s'obstine à vivre malgré ses résultats anti-sociaux ; les crimes qu'elle cause de toutes parts(...)L'effondrement des sociétés financières, par les vols qu'elles commettent – la danse macabre des banques – les gaspillages des gouvernements affolés qui se feraient volontiers entourer chacun par une armée pour protéger les représentations propices et les festins des hommes de proie, toutes ces turpitudes sont les derniers grincements de dents qui rient au nez des misérables. Une seule grève générale pourrait y mettre fin, elle se prépare sans autre meneur que l'instinct de la vie – se révolter ou mourir, pas d'autres alternatives.
Louise Michel - « prise de possession – fin 1880



(1) « Mai 68. De grands soirs en petits matins » – Editions le seuil

mercredi 16 mai 2018

La constitution de l'Etat d'Israël : une imposture



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« La barbarie que les palestiniens subissent depuis 60 ans n'est pas moins atroce que celle commise par les nazis à l'encontre des juifs » Salah Salah, membre du Conseil National Palestinien lors d'un meeting à Paris.

La Palestine est une prison à ciel ouvert avec pour maton l'Etat d'Israël qui depuis plus de 60 ans, en toute impunité y assassinent femmes, enfants et vieillards palestiniens sous couvert de « guerre juste » contre un extrémisme arabe en général, le « Hamas » en particulier.

Le prétexte ne tient pourtant pas au regard de la guerre menée en 2000 dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, alors que le Hamas n'était pas au pouvoir !

Comment en est-on arrivé là ?

La situation des territoires occupés, du peuple palestinien plonge ses racines dans la partition de la Palestine, promulguée en 1948 par l'ONU afin de défendre les intérêts de l'Impérialisme américain. Mais bien avant l'impérialisme britannique avait permis d'établir les fondements.

Au XIXème siècle, la Palestine appartenait à l'Empire Ottoman. A cette époque, il y avait alors 25000 juifs pour la plupart venus d'Espagne (les « Séfarades ») après avoir fui les persécutions des souverains catholiques au XVIème siècle.

La Palestine d'alors c'est une certaine cohésion sociale et une réelle stabilité dans le millier de villages et villes florissantes, telles que Gaza, Haïfa, Hébron, Jéricho etc. « Le commerce, l'artisanat, le textile, la construction et la production agricole sont largement développés... Si la société palestinienne souffre de la collaboration des propriétaires terriens féodaux (« effendi ») avec l'Empire ottoman, elle reste très productive et diversifiée socialement et culturellement » (« l'histoire cachée du sionisme » de R. Schoenman).

C'est précisément cette cohésion sociale qui conduit Lord PALMERSON, en 1840, lorsque l'Angleterre a établi un consulat à Jérusalem, à proposer : « une colonie de juifs européens pour préserver les intérêts les plus larges de l'Empire britannique ».

En effet en Europe, à la fin du XIXème siècle, il y a un fort développement du capitalisme en même temps qu'une volonté d'expansion coloniale : la France, la Grande Bretagne, la Russie et l'Autriche-Hongrie s'intéresse de près à l'effritement du pouvoir de l'Empire Ottoman. L'occupation territoriale du Proche et Moyen-Orient a été précédée par une pénétration économique accélérant la dissolution des structures sociales de l'Empire Turc qui au début du XXème siècle a un endettement de 200 millions de livres sterling envers ses créanciers européens.

En 1914, la population palestinienne s'élève à 790000 habitants dont 92% d'arabes. Depuis 1882 par vagues successives des milliers d'immigrés juifs se sont installés sans qu'il y ait de problème entre eux et la population palestinienne. Cette immigration va s' accélérer avec la naissance du mouvement sioniste, vers 1895 en Europe Centrale, encourageant « par principe » la colonisation de la Palestine (résolution du 1er Congrès sioniste mondial à Bâle en Août 1897).

C'est BALFOUR, alors chef du gouvernement impérialiste anglais qui, le 2 novembre 1917 va permettre la constitution d'un « Foyer national juif en Palestine ».

En 1922, suite à la défaite de l'Empire Ottoman durant la 1ère guerre mondiale, la Société des Nations (SDN), ancêtre de l'ONU, octroie aux Britanniques, un mandat sur la Palestine. De façon délibérée l'impérialisme britannique va utiliser le mouvement sioniste en facilitant l'immigration juive au détriment des masses arabes installées depuis toujours en Palestine.

C'est bien là une des caractéristiques de l'impérialisme que de diviser les peuples afin de développer sa propre domination.

Durant les années 1920 à 1926, sur tous les territoires placés sous mandat, la répression est brutale face aux manifestations, émeutes arabes contre la colonisation sioniste :

  • En 1920, c'est la création de l' »Histadrout », syndicat ouvrier israëlien, dont le 1er Président est Ben Gourion et le slogan :  « Le travail aux juifs » !
  • Dans la foulée, en 1921 c'est la création de la « Haganah », véritable milice sioniste armée, à l'origine de la « Police des colonies ».

En 1927, la PAWS (société des travailleurs arabes) appelle à la révolte contre le mandat britannique et la colonisation sioniste. La répression est féroce, le pillage et l'exploitation ayant besoin de sérénité politique ! Les richesses pétrolières du Moyen-Orient explique pour beaucoup l'attitude des puissances américaines et européennes en Palestine.

En 1935, le capitalisme juif contrôle 872 des 1212 entreprises industrielles de Palestine. Un ouvrier juif touche un salaire de 145% supérieur à un ouvrier arabe palestinien. L'Histadrout déclare : « autoriser les arabes à pénétrer le marché du travail juif signifie que l'afflux du capital juif sera employé au développement arabe, ce qui est contraire aux objectifs sionistes ».

Le sionisme des années 1930 s'apparente en tous points au fascisme ascendant en Europe. Il utilise les mêmes méthodes en combattant le mouvement ouvrier progressiste aussi bien juif qu'arabe.

La Haganah cherche d'ailleurs à isoler le Parti communiste palestinien (PCP) dont les dirigeants juifs s'opposent aux organisations ouvrières sionistes.
En 1936, une révolte importante a lieu, due à la transformation de la société arabe agricole en société « occidentalisée » sioniste. Désobéissance civile et lutte armée se développent dans les campagnes afin de contraindre le Gouvernement Britannique à stopper l'immigration juive. En réponse, celui-ci appuie les groupes sionistes dans la répression qui par exemple amène la destruction de milliers de maisons de palestiniens à Jaffa, faisant plus de 6000 sans domicile. En revanche entre 1936 et 1937, ce sont 50 colonies sionistes qui sont construites, protégées par la Haganah devenue la « Police des colonies ».

L' Impérialisme britannique a donc préparé le terrain, mis en place les bases sur lesquelles pourra se réaliser la partition de la Palestine et c'est le 29 novembre 1947 que l'Assemblée générale de l'ONU vote cette partition avec le soutien des USA (H. TRUMAN) et de l'URSS (STALINE).

Dès avril 1948, la Haganah organise le nettoyage ethnique des palestiniens, ouvre une guerre sans fin qui perdure aujourd'hui.

1948, c'est pour les palestiniens la « Nakba », la « Catastrophe » : 800 000 d'entre eux sont expulsés, plus de 500 villages sont détruits.

La partition de la Palestine de 1947 est à la base des accords d'Oslo de 1993 entérinant l'ordre impérialiste, confirmant l'éclatement et la négation des peuples, fondé sur l'oppression et la négation de la démocratie. A l'opposé d'une démarche de paix ces accords ont crée les conditions pour de nouveaux affrontements et massacres. Aujourd'hui comme en 1948 ou 1993, la Nakba continue du fait de la nature profondément anti démocratique et usurpatrice du sionisme.

Désormais, la Palestine est éclatée en ghettos, en territoires, poches emmurés, véritables prisons à ciel ouvert. L'Etat palestinien est un « semblant d'Etat » donnant à voir la dislocation de tout un peuple.

Il est tant d'affirmer encore une fois que l'Etat d'Israël n'est pas né d'un développement national aboutissant à la constitution d'un Etat mais d'une « simple » décision arbitraire de l'ONU !

Alors que la seule solution pour la paix consisterait en une République laïque palestinienne garantissant à tous l'égalité des droits, on voit bien qu'à l'opposé, Israël, fort du soutien des USA et des grandes puissances entend bien continuer son oeuvre d'occupation amorcée à la fin du XIXème siècle.

Et tant pis si un peuple sans terre, sans avenir est appelé à disparaître !