dimanche 30 juin 2013

Les dix stratégies de manipulation de masses

Les dix stratégies de manipulation de masses
Noam Chomsky Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Nous la reproduisons ici. Elle détaille l'éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu'à maintenir le public dans l'ignorance et la médiocrité.
Image : the last minute
PRESSENZA Boston, 21/09/10
1/ La stratégie de la distraction Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » 2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics. 3/ La stratégie de la dégradation Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité,
délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4/ La stratégie du différé Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. 5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? «Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celle d’une personne de 12 ans». Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles» 6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements… 7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » 8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte… 9/ Remplacer la révolte par la culpabilité Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!… 10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

L'Express avec APF 28/06/2013

la police a été une «vache à lait», accuse l'ancien patron de l'IGS
| Par Louise Fessard - Mediapart.fr
> > Le parquet de Paris a confié le 14 juin 2013 à la Division nationale des investigations fiscales et financières (Dniff) une enquête préliminaire sur les primes en liquide perçues par l’ancien ministre de l’intérieur Claude Guéant. Selon un rapport d’inspection, Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, aurait reçu quelque 10 000 euros en liquide par mois entre 2002 et 2004, prélevés sur les frais d’enquête des policiers. Dernière révélation intrigante sur le train de vie du préfet : selon Paris Match, Claude Guéant et sa femme ont déboursé « comptant » 717 500 euros en mars 2008, pour acquérir un appartement de 90 m2 dans un quartier huppé de la capitale, rue Weber.
> > Directeur jusqu’en 2010 de l'inspection générale des services (IGS) qui contrôle l'action des policiers de Paris et de la petite couronne, Éric Meillan, aujourd’hui à la retraite, estime qu’il s’agit d’un dérive généralisée qui remonte au moins à l’époque où Claude Guéant était directeur général de la police nationale de 1994 à 1998. Cabinet où il est lui-même entré comme conseiller technique en 1993. « Il faut poursuivre tous les non-policiers qui ont perçu des sommes qui étaient dévolues à l’action de police et se sont enrichis individuellement », affirme Éric Meillan*.
> > À quoi servent normalement les frais d’enquête et de surveillance (FES), qui représentent quelque 10 millions d’euros circulant en liquide chaque année dans les services de police ?
> > Éric Meillan : Les frais d’enquête et de surveillance sont des frais officiels pour le fonctionnement opérationnel de la police. Ils n’ont rien à voir avec les fonds secrets qui sont une manne secrète à disposition du gouvernement. En fait, c’est l’argent quotidien qui est indispensable à l’action de la police. Des petites choses pas forcément comptabilisables. Quand vous devez acheter un livre qui vous intéresse, il n’est pas possible de faire un bon d’achat et d’attendre six mois pour l’obtenir !
> > Une police sans argent, c’est une police sans renseignement, des policiers qui ne peuvent pas rendre une invitation, ne peuvent pas se payer un sandwich, c’est la main tendue à des affaires de corruption. La dérive commence en effet quand le policier est obligé d’aller chercher de l’argent pour faire son travail. À ce moment, il risque de franchir la ligne jaune et de passer du mauvais côté.
> > J’ai par exemple participé à l’opération lors de la prise d’otages à la maternelle de Neuilly-sur-Seine par « Human Bomb ». Nous avions prélevé dans le coffre des frais d’enquête et de surveillance l’argent liquide dont nous avions besoin pour verser la rançon. Je crois bien que nous avions tout pris ! Au final, la rançon n’a pas été payée et cette somme a été restituée le soir même ou le lendemain.
> > En fonction de quels critères le directeur général de la police nationale (DGPN) répartit-il ces fonds ?
> > L’argent est détenu par le directeur général de la police nationale (qui en général n’est pas un policier), mais il ne fait qu’exécuter les instructions du cabinet du ministre de l’intérieur. Les FES sont partagés en deux au sommet de la technostructure.
> > Le premier secteur, forfaitaire, est attribué à chaque service pour son activité en fonction des dépenses prévues et reconnues. Et le deuxième secteur est retenu par la technostructure et distribué autants que de besoin aux services de police, pour payer des dépenses imprévues. Il servait aussi à payer une prime à des fonctionnaires méritants. Par exemple, quand un service a fait une belle affaire de drogue, qui a été éreintante et stressante, le directeur de service va solliciter le DGPN pour avoir un remboursement des frais exceptionnels engagés et donner une petite prime à tel et tel fonctionnaire. C’est de moins en moins vrai, puisque cela a été remplacé sous l’ère Sarkozy par les fameuses primes au mérite.
> > Ce deuxième secteur est complètement opaque : seul le DGPN et certains membres du cabinet des ministres en connaissent les montants. Il n’y a pas de remise globale, mais des remises échelonnées qui se font de manière confidentielle. Il n’y a rien de fixe, rien d’affiché, rien de transparent.
> > Mais en tant que patron de la police des polices parisiennes, n’aviez vous pas un droit de regard sur l’usage de ces frais d’enquête ?
> > À l’IGS, nous n'avons jamais été saisis de la question des frais d’enquête et de surveillance et nous n’avions pas de droit de regard là-dessus. C’était un sujet tabou. La technostructure avait réussi l’exploit de mettre mal à l’aise les directeurs de police par ces méthodes un peu opaques. Tout était fait pour que vous ne sachiez jamais où vous en étiez.
> > Au niveau de Radio couloir, nous avions un doute sur l’utilisation de sommes policières par des non-policiers. Et en particulier, nous savions que les frais de cabinet avaient été maintenus au cabinet du ministre de l’intérieur. Mais nous n’avions aucune preuve. C’est dans les médias que j’ai appris que Claude Guéant avait, entre 2002 et 2004, touché 10 000 euros par mois, puisés dans ces frais d’enquête et qu’il considérait comme une prime de cabinet. À côté de ça, ce que touchaient les directeurs de police pour le fonctionnement de leur service, c’était minable.
> > Je rappelle que Claude Guéant avait la volonté de supprimer le corps des commissaires en le fusionnant avec celui des officiers. Pourquoi ? Les commissaires ont fait les mêmes études que les énarques, ils ont une solide formation juridique. Ce sont des gens qu’on ne peut pas manipuler facilement. Je ne peux m’empêcher de penser que s’il n’y avait plus de commissaires pour diriger la police, il aurait été possible de disposer encore plus facilement de ces frais d’enquête et de surveillance.
> > Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Pensez-vous que d’autres personnes que Claude Guéant puissent être inquiétées ?
> > Oui, car ce n’est pas une dérive spécifique à l’ère Nicolas Sarkozy (ministre de l’intérieur de 2002 à 2004 puis de 2005 à 2007 –ndlr). Elle remonte au moins à l’époque où Claude Guéant était directeur général de la police nationale dans les années 1994-1998. Il faut maintenant savoir si cela s’est pérennisé après 2004. Les directeurs de police ont-ils touché plus de FES de deuxième secteur après 2004 ? Je n’ai pas eu connaissance d’une soudaine augmentation des frais policiers après 2004. Alors où est donc cet argent ?
> > C’est une dérive de gens qui ont considéré la police comme vache à lait. Si tout ceux qui ont touché illégitiment ont un peu d’éthique, ils vont rendre cet argent et partir. Ils n’ont pas leur place dans ce type d’institution. J’ai une suspicion concernant certains qui sont passés d’un cabinet à l’autre pendant des années et en ont peut-être bénéficié. Il faut poursuivre tous les non-policiers qui ont perçus des sommes, qui étaient dévolues à l’action de police, et se sont enrichis individuellement.
> > C’est assez facile. Il suffit de faire la différence entre les sommes totales perçues par le ministère de l’intérieur au titre des FES et ce qui a effectivement été remis aux différents directeurs et chefs de service policiers au titre du premier et du deuxième secteur. Là, on aura la somme qui manque ! Cette différence constituerait pour des magistrats l’élément matériel de l’infraction de détournements de fonds publics ou d’abus de confiance, plus de recel.
> > ---------------------------------
> > * Auteur de Confessions d'un sale flic (Éditions du Toucan, avril 2012)
n/a
> > Mais les intéressés n’étaient peut-être pas tous au courant de l’origine policière de ces “primes” ? Jusqu'à la réforme des primes de cabinets ministériels de 2002, cet argent en liquide pouvait venir des fonds spéciaux.
> > Si je vous remettais quelques milliers d’euros dans une enveloppe tous les mois, ne vous poseriez-vous pas des questions de savoir d’où sort cet argent ? Ou alors ces gens n’ont rien à faire à ce niveau-là ! Surtout à partir de 2002, où tout le monde savait qu’il n’y avait plus de fonds spéciaux. Et Radio couloir au ministère de l’intérieur a toujours dit que tout cet argent venait de la police.
> > Qu’en est-il de la fameuse Henriette, une fonctionnaire aujourd’hui partie à la retraite, qui, selon les auteurs de Place Beauvau, la face cachée de la police (Robert Laffont, 2006), distribuait ces enveloppes en liquide tirées de son coffre-fort ?
> > Henriette est une femme de bien, un ancien officier de police. Vu son âge – elle doit avoir 90 ans aujourd’hui –, elle n’était plus en poste comme fonctionnaire mais sous contrat. Elle avait en effet un gros coffre-fort, dont il existait le pendant à la préfecture de police. Je pense que les ministres successifs l’ont maintenue car, malgré son caractère rétif et pas toujours facile, elle exécutait parfaitement les instructions données. C’était quelqu’un de confiance, une vraie tombe !
> > Vous-même, touchiez-vous des FES à vos différents postes, en tant que conseiller technique au cabinet du directeur général de la police nationale entre 1993 et 1998, puis sous-directeur à la DST et enfin patron de l’IGS ?
> > En tant que responsable d’un service de police à la DST, puis comme conseiller au cabinet du DGPN, j’avais une activité policière. J’ai mené plusieurs missions. C’était donc logique que je touche des FES.
> > De quel montant ?
> > Je ne peux pas vous dire, car j’étais habilité très secret aussi bien à la DST qu’au cabinet du DGPN. Mais c’était sans comparaison avec les 10 000 euros de Claude Guéant.
> > Et à l’IGS ?
> > À la tête de l’IGS, je touchais une somme globale que je ventilais ensuite. C’était dérisoire. Avec ça, je n’aurai pas pu me payer le Bristol (un restaurant proche de la place Beauvau – ndlr) tous les jours, contrairement à nombre des personnes du ministère de l’intérieur.
> > Le rapport d’inspection rendu public le 11 juin 2013 pointe également de nombreux errements dans l’utilisation des frais d’enquête par les services policiers eux-mêmes : cadeaux de départs, « dépenses de convivialité », gratifications, etc. L’IGPN elle-même est pointée du doigt pour sa « comptabilité sommaire ».
> > Les policiers sont les destinataires légitimes de ces sommes. S’ils les ont mal utilisées, c’est un problème de gestion interne qu’il faut assumer. Mais on ne peut les assimiler à ceux qui, illégitimement, se sont attribués secrètement des fonds qui ne leur étaient pas destinés et ont manqué à la sécurité. Je crois qu’il y a une volonté de mélanger les deux pour noyer le sujet. Mais il y a, à mon sens, une différence énorme ! Il n’y a aucune raison pour que la gestion des FES demeure opaque. Les directeurs de police n’ont qu’à assumer leurs responsabilités en gérant eux-mêmes cet argent et non en subissant une gestion externe.
> > Le système des informateurs, qui depuis 2004 sont officiellement immatriculés dans un fichier et reçoivent un reçu des sommes versées, montre cependant qu’il semble possible d’avoir une meilleure traçabilité des frais d’enquête sans mettre en danger l’efficacité policière !
> > Cette procédure est d’une stupidité remarquable. Elle a été mise en place par des gens qui n’ont jamais eu à traiter un informateur. Un policier qui accepte de donner les nom, prénom, adresse et les sujets sur lesquels sa source l’informe, c’est contre-nature. Aucun policier traitant digne de ce nom ne va le faire, surtout à des gens qui ne sont pas de son métier.
> > La réalité est que vous ne donnez dans ce fichier que les indics pourris, ceux qui mangent à tous les rateliers. Les vrais informateurs, vous ne les mettez pas ! Toute ma vie de police, j’ai eu des sources, dont certaines de grande valeur, mais je ne suis jamais passé par ce fichier.
> > Le rapport des deux inspections générales n’a pas pu mettre la main sur les archives du cabinet du DGPN avant 2007. C’est une tradition à la DGPN de détruire les archives à chaque élection ?
> > Le cabinet du ministre de l’intérieur avait tendance à détruire ses archives, ce qui n’est pas illogique. C’est le fait politique. Le cabinet de la DGPN est par contre un cabinet technique, qui applique des directives gouvernementales, un peu comme le cabinet militaire au ministère de la défense. Je ne vois donc aucune raison pour que la police détruise ses archives ! Au contraire, c’est une source d’enrichissement pour savoir comment les problèmes ont été résolus par le passé.
> > Comment est-ce possible que pendant dix ans rien n’ait filtré de ces 10 000 euros en liquide reçus chaque mois par le directeur de cabinet du ministre de l’intérieur ?
> > En tant qu’ancien responsable de la DST, du cabinet et de l’IGS, je pense que la police est malade de l’opacité. L’opacité crée la suspicion. Le ministère de l’intérieur n’est pas encore entré dans l’ère du réel, du dit, de l’affiché. Pour les frais, comme pour le reste. Ce n’est pas normal. En dehors du secret défense, je suis partisan de la transparence. La police est un service public, pas un service secret. C’est la seule façon de rétablir le dialogue avec la population et de donner une bonne conscience aux fonctionnaires de police.
> > Vous-même avez été mis en cause dans l’affaire de l’IGS, révélée en janvier 2012 dans Le Monde par d’anciens collaborateurs qui ont affirmé qu’en tant que patron de l’IGS, vous ne pouviez pas ignorer que des procès-verbaux avaient été truqués. Que répondez-vous ?
> > Ces gens-là sont revenus depuis sur leurs positions. Je m’en étais déjà expliqué à l’époque dans Paris Match. J’ai été entendu comme témoin en 2012 dans le cadre de trois des enquêtes ouvertes. J’attends aujourd’hui les décisions de justice pour savoir quelle sera ma position sur ce qui est une non-affaire et a fait l’objet de calomnies dans les médias.
> > Mais si vous estimez avoir fait l’objet d’écrits calomnieux, pourquoi ne pas avoir déposé plainte ?
> > Je laissse la justice faire son travail pout l’instant. Je pourrai toujours le faire après les procédures.

un évêque arrêté dans l'affaire de la banque du Vatican

L'Express avec APF 28/06/2013
> Trois hommes, dont l'évêque de Salerne et le vice-président de la banque du Vatican, ont été arrêtés dans une enquête de la justice italienne pour blanchiment d'argent.
Les cardinaux au Vatican, le 19 mars 2013. AFP / ALBERTO PIZZOLI
> Un évêque, un membre des services secrets italiens et un intermédiaire financier ont été arrêtés vendredi dans le cadre d'une enquête de la justice italienne sur l'Institut des oeuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, ont annoncé les médias. Selon le site du Corriere della Sera, le prélat arrêté est Mgr Nunzio Scarano, évêque de Salerne, dans le sud de l'Italie. La télévision Sky TG-24 indique que les trois hommes sont soupçonnés de fraude et corruption.
> L'arrestation des trois hommes a été faite dans le cadre d'une vaste enquête lancée par la justice italienne en septembre 2010 qui visait le président de l'IOR Ettore Gotti Tedeschi et le directeur général Paolo Cipriani de l'époque pour violation de la législation contre le blanchiment d'argent. Des dizaines de millions d'euros avaient été bloqués dans le cadre de cette enquête qui avait conduit, entre autre, au limogeage de la direction du IOR.

Scandales à répétition

> Au fil des ans, des scandales retentissants ont entaché la réputation de l'IOR, des milieux criminels ayant profité de l'anonymat ou de prête-noms pour y blanchir leurs fonds. Le plus important avait été en 1982 la faillite du Banco Ambrosiano, un scandale bancaire qui mêlait CIA et loge maçonnique. L'affaire Enimont (1993) de pots-de-vins à des partis politiques italiens a aussi éclaboussé l'IOR et plus récemment, le tribunal de Rome a détecté des cas de blanchiment d'argent mafieux à travers les arcanes de la banque.
> Le Suisse René Brülhart, conseiller de l'Autorité d'information financière (AIF) qui supervise l'IOR, a indiqué que six transactions suspectes avaient été signalées en 2012. Ces dernières années, le Vatican a renforcé à plusieurs reprises les mécanismes de contrôle du IOR et le dernier en date a été créé il y a deux jours par le pape François sous la forme d'une commission spéciale ne répondant qu'à lui, pour contrôler les activités du IOR.

Une nouvelle entourloupe de la part des sénateurs à l'encontre de l'enseignement public.

http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/s-nateurs-cr-ent-un-statut-aux-tablissements-denseignement-sup-rieur-priv-s-non-lucrat

Les sénateurs créent un statut aux établissements d'enseignement supérieur privés à but non lucratif

sénat - AFP

Crèche, hôpital, entreprise: l’Observatoire de la laïcité se méfie des «lois émotion»

Pour l’instant, c’est ni oui ni non. Dans son «rapport
d’étape» publié le 25 juin (
y accéder dans son
intégralité
), l’Observatoire de la laïcité ne prend pas
parti pour une loi interdisant le port de signes religieux
dans les structures privées, comme les associations,
assurant une mission d’accueil des enfants. Mais
il ne l’exclut pas non plus. Il déblaie le terrain,
particulièrement encombré, et se donne jusqu’à la
fin de l’année pour se positionner. Ce faisant, il
ressort de ce premier bilan quelques principes et
orientations allant dans le sens de l’
«apaisement»,
pour paraphraser François Hollande, qui, sur cette
affaire, s’est plutôt montré va-t-en-guerre.
C’est en effet une décision de la cour de cassation
du 19 mars 2013 qui a mis le feu aux poudres en
annulant le licenciement d’une employée de la crèche
Baby-Loup au motif qu’elle portait le voile. Pourtant
généralement prudent sur ces questions brûlantes, le
président de la République, lors d’un entretien télévisé
le 28 mars, a jugé indispensable
«que nous posions des
règles»
. Autrement dit, moins de dix ans après la loi
sur le voile à l’école, il s’est déclaré favorable à une
nouvelle loi. Créé il y a six ans sans jamais voir le
jour, l’Observatoire de la laïcité a été relancé à cette
occasion. Sa présidence a été confiée à Jean-Louis
Bianco, ancien ministre et ex-directeur de campagne
de Ségolène Royal.
Dans la lettre de mission, François Hollande estime
que
«les lignes de séparation entre secteur public
et secteur privé ont évolué»
et qu’«il y a donc une
nécessité de clarification»
. Ne citant qu’un exemple,
celui de Baby-Loup, il demande à l’Observatoire
d’
«émettre rapidement des propositions».
Il devra attendre encore quelques mois pour obtenir
un avis formel.
«Prenons le temps nécessaire pour
dresser un état des lieux aussi objectif, complet
et impartial que possible»
, temporise Jean-Louis
Bianco, dans l’introduction de ce rapport de près
de 200 pages.
«D’un côté, des événements dans
certains établissements publics ou privés, largement
médiatisés, donnent à penser que la laïcité serait un
principe moins respecté aujourd’hui qu’hier. D’un
autre côté, les constats faits par les administrations
et les entreprises privées semblent montrer que
beaucoup de questions relatives au fait religieux
peuvent être réglées – et le sont le plus souvent – par
le dialogue»
, assure-t-il, listant toutes les possibilités
s’offrant à l’exécutif, de la loi à la circulaire en passant
par une charte générale et des
«guides de bonnes
pratiques»
.
Interrogé par Mediapart, il paraît hésitant à initier
une refonte législative, refusant les
«lois émotion»
et se préoccupant de la réception que pourrait avoir
une telle loi
«dans un contexte où le FN se fait le
champion de la laïcité»
. «Une loi va-t-elle apaiser
la société ou au contraire durcir les rapports entre
les Français?»
, s’interroge-t-il, évoquant la «montée
impressionnante de l’islamophobie en France»
. Il
reprend à son compte la formule d’Aristide Briand,
déjà citée par le ministre du travail Michel Sapin,
appelant de ses voeux une
«laïcité de sang-froid»,
et espère aboutir à un
«consensus» sur un «sujet
extrêmement difficile»
.
Plusieurs fois, que ce soit à propos des salles de
prière, des menus à la cantine, des fêtes religieuses et
des tenues vestimentaires, il en revient à l’expérience
du terrain.
«Dans les entreprises, les administrations,
les communes, l’hôpital, l’enseignement supérieur,
etc.,le nombre d’incidents recensés est moins élevé
qu’auparavant
, souligne-t-il. La plupart des conflits
se règlent par le dialogue. Le plus souvent, le bon
sens l’emporte, grâce à l’existence de nombreux
outils de régulation.»«Nous n’avons pas recueilli de
demande nette d’une nouvelle loi, en même temps
,
reconnaît-il,
il y a des accrocs. Nous avons aussi des
témoignages où la laïcité est mise en cause, il ne faut
pas minimiser.»

JP Morgan prescrit la dictature en Europe

Attention danger , selon Stefan Steinberg  dans un billet du World Socialist Web Site, la banque américaine appelle purement et simplement à l'avènement de la dictature en Europe.
JPMorgan réclame des régimes autoritaires en Europe Par Stefan Steinberg
19 juin 2013
Dans un document publié à la fin du mois de mai, le géant des banques d’investissement américain JPMorgan Chase réclame l’abrogation des constitutions démocratiques bourgeoises établies après la Seconde Guerre mondiale dans une série de pays européens et la mise en place de régimes autoritaires.
Le document de 16 pages a été réalisé par le groupe Europe Economic Research de JPMorgan et est intitulé « L’ajustement de la zone euro – bilan à mi-parcours. » Le document commence par faire remarquer que la crise de la zone euro a deux dimensions.
Pour commencer, il affirme que des mesures financières sont nécessaires pour garantir que les principales institutions d’investissement comme JPMorgan puissent continuer à engranger d’énormes bénéfices de leurs activités spéculatives en Europe. Ensuite, les auteurs soutiennent qu’il est nécessaire d’imposer des « réformes politiques » destinées à supprimer l’opposition aux mesures d’austérité massivement impopulaires qui sont appliquées au nom des banques.
Le rapport exprime sa satisfaction vis à vis de l’application par l’Union européenne d’un certain nombre de mécanismes financiers visant à garantir les intérêts bancaires. A cet égard, l’étude souligne que la réforme de la zone euro en est pratiquement à mi-chemin. Mais le rapport réclame aussi davantage d’action de la part de la Banque centrale européenne (BCE).
Depuis l’éruption de la crise financière mondiale de 2008, la BCE débloque des milliers de milliards d’euros en faveur des banques pour leur permettre d’effacer leurs créances douteuses et de redémarrer une nouvelle série de spéculations. En dépit d’une pression grandissante venant des marchés financiers, le chef de la BCE, Mario Draghi a déclaré l’été dernier qu’il ferait le nécessaire pour consolider les banques.
En ce qui concerne les analystes de JPMorgan, ceci n’est cependant pas suffisant. Ils exigent de la part de la BCE une « réponse plus spectaculaire » à la crise.
Les critiques les plus dures du document sont cependant formulées à l’égard des gouvernements nationaux qui ont mis bien trop de temps à appliquer le genre de mesures autoritaires nécessaires à l’imposition de l’austérité. Le processus d’une telle « réforme politique » précise l’étude, a « même à peine commencé. »
Vers la fin du document, les auteurs expliquent ce qu’ils entendent par « réforme politique. » Ils écrivent : « Au début de la crise l’on avait pensé que ces problèmes nationaux hérités du passé étaient en grande partie d’ordre économique, » mais « il est devenu manifeste qu’il y a des problèmes politiques profondément enracinés dans la périphérie qui, à notre avis, doivent être changés si l’Union monétaire européenne (UME) est censée fonctionner à long terme. »
Le document détaille ensuite les problèmes existant dans les systèmes politiques des pays de la périphérie de l’Union européenne – la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie – qui sont au centre de la crise de l’endettement en Europe.
Les auteurs écrivent: « Les systèmes politiques de la périphérie ont été établis après une dictature et ont été définis par cette expérience-là. Les constitutions ont tendance à montrer une forte influence socialiste, reflétant la force politique que les partis de gauche ont acquise après la défaite du fascisme. »
« Les systèmes politiques autour de la périphérie affichent de manière typique les caractéristiques suivantes : des dirigeants faibles ; des Etats centraux faibles par rapport aux régions ; une protection constitutionnelle des droits des travailleurs ; des systèmes recherchant le consensus et qui encouragent le clientélisme politique ; et le droit de protester si des modifications peu appréciées sont apportées au statu quo politique. Les lacunes de cet héritage politique ont été révélées par la crise. » Quelles que soient les inexactitudes historiques contenues dans leur analyse, il ne peut y avoir l’ombre d’un doute que les auteurs du rapport de JPMorgan plaident pour que les gouvernements adoptent des pouvoirs de type dictatorial afin de mener à bien le processus de contre-révolution sociale qui est déjà bien avancé à travers toute l’Europe.
En réalité, il n’y avait rien de véritablement socialiste dans les constitutions établies durant la période d’après-guerre partout en Europe. De telles constitutions visaient à garantir le régime bourgeois dans une situation où le système capitaliste et ses agents politiques avaient été totalement compromis par les crimes des régimes fascistes et dictatoriaux.
Les constitutions des Etats européens, y compris celles de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce et du Portugal, ont été élaborées et appliquées en collaboration avec les partis socialistes et communistes des pays respectifs et qui ont joué le rôle clé dans la démobilisation de la classe ouvrière pour permettre à la bourgeoisie de maintenir son régime.
Dans le même temps cependant les classes dirigeantes discréditées de l’Europe étaient parfaitement conscientes que la Révolution russe demeurait une inspiration pour de nombreux travailleurs. Elles se sont senties obligées de faire une série de concessions à la classe ouvrière dans le but d'empêcher une révolution – sous la forme précisément de protections sociales et constitutionnelles, dont le droit de manifester, ce que JPMorgan aimerait à présent voir aboli.
Dans une certaine mesure, les critiques de la banque à l’égard du manque d’autoritarisme des gouvernements européens sonnent creux. Partout en Europe, les gouvernements ont à maintes reprises recouru ces dernières années à des mesures d’Etat policier pour réprimer l’opposition à l’encontre de leur politique.
En France, en Espagne et en Grèce, des décrets d’urgence et l’armée ont été utilisés pour briser des grèves. La constitution adoptée en Grèce en 1975, après la chute de la dictature des colonels, n’a pas empêché le gouvernement grec de licencier en masse des fonctionnaires. Et dans un certain nombre de pays européens, les partis dirigeants sont en train d’encourager le développement de partis néofascistes tel le mouvement Aube dorée en Grèce.
Toutefois, pour JPMorgan cela ne suffit pas. Afin d’éviter une révolution sociale dans la période à venir, ses analystes préviennent qu’il est indispensable que les gouvernements capitalistes partout en Europe se préparent aussi vite que possible à mettre en place des formes de régime dictatoriales.
A la fin du document, les auteurs avancent une série de scénarios qui, selon eux, pourraient découler de l’échec des gouvernements européens à ériger des systèmes autoritaires. Ces variantes comprennent : « 1) l’effondrement de plusieurs gouvernements favorables aux réformes en Europe méridionale, 2) un effondrement du soutien à l’euro ou à l’UE, 3) une victoire électorale incontestée de partis anti-européens radicaux quelque part dans la région, ou 4) l’ingouvernabilité de fait de certains Etats membres une fois que les coûts sociaux (notamment le chômage) dépasseront un certain seuil. »
C’est la voix authentique du capital financier qui parle. Il faut rappeler que JPMorgan est profondément impliqué dans les opérations spéculatives qui ont dévasté la vie de centaines de millions de travailleurs partout dans le monde. En mars de cette année, une commission du sénat américain a rendu public un rapport de 300 pages documentant les pratiques criminelles et la fraude réalisées par JPMorgan, la plus grande banque des Etats-Unis et le plus grand agent de produits dérivés du monde. En dépit des révélations détaillées dans le rapport, aucune action ne sera prise à l’encontre du PDG de la banque, Jamie Dimon, qui jouit de la confiance personnelle du président américain.
Cette même banque se permet à présent de faire la leçon aux gouvernements. Soixante-dix ans après la prise de pouvoir par Hitler et les nazis en Allemagne, dont les conséquences furent catastrophiques pour l’Europe et le monde, JPMorgan est le premier à réclamer des mesures autoritaires pour réprimer la classe ouvrière et éradiquer ses acquis sociaux.

JPMorgan calls for authoritarian regimes in Europe
World Socialist Web Site-16 juin 2013
Pour le document de JP morgan voir ici

dimanche 16 juin 2013

Terreur répressive à Istanbul

Message d’Istanbul, nuit du 15 au 16 juin 2013 aux alentours de minuit :
Aujourd’hui, suite au discours extrêmement sectaire, violent et mensonger du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan à Ankara, la police a commencé à attaquer vers 21 heures des milliers de personnes qui dînaient Place Taksim et au Parc Gazi. Il y avait des enfants de 4 ou 5 ans, des mères et des personnes âgées lors de k’attaque à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Selon les rapports, la police n’a pas autorisé les journalistes à faire leur travail ou à prendre des photos Parc Gezi.
http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/108.jpgEnfants victimes de la terreur policière, Istanbul nuit du 15 au 16 juin
La police a aussi attaqué à coup de canons à eau les manifestants qui se sont réfugiés dans le célèbre hôtel Divan qui leur avait ouvert ses portes. Les gens disent qu’il y a des milliers de blessés dans l’hôtel. Les gens ont formé une chaîne humaine devant l’hôtel pour empêcher une attaque policière. Un autre rapport dit que les gens ne peuvent pas quitter l’hôtel parce que la police arrête tous ceux qui en sortent.
D’autres rapports indiquent que la police à fait fermer le métro et les liaisons par bateaux entre l’Europe et l’Asie pour empêcher que les gens viennent se joindre aux manifestations.  Il y a beaucoup d’enfants disparus, ou d’enfants qui ont été séparés de leurs familles. Les manifestants affrontent la police à Sıraselviler, Cihangir, Harbiye, et probablement autour de Dolmabahçe et Maçka. Ce qui se passe cette nuit est d’une brutalité inouïe, une véritable sauvagerie. C’est une sale guerre où seul un camp est armé. C’est de la terreur d’Etat.
Toujours vers minuit : Des témoignages de manifestants rapportent souffrir de brûlures après avoir été arrosés par des cannons à eau… à se demander ce qu’ils mettent…
http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/136.jpgBrûlures aux jambes suite aux tirs d’eau par la police (Istanbul, nuit du 15 au 16 juin)
Message reçu vers 2 heures du matin :
Je vais bien, mes amis aussi, du moins ceux que j’ai pu joindre. Istanbul vit un enfer. Ils cherchent à tuer la ville, la voie de sa population. La situation est terrible. La police a attaqué le parc alors qu’il y avait des milliers de personnes, dont des centaines de jeunes enfants, des personnes âgées, des handicapés et des animaux sans défense. Les gens ont été gazés sans pitié. Des centaines de personnes se sont réfugiées à l’Hôtel Divan, qui a toujours ouvert ses portes aux manifestants. C’était l’enfer. Le gaz entrait dans l’hôtel en même temps que les manifestants. On nous a dit d’aller en salle de conférence en bas des escaliers. Il y avait beaucoup d’enfants et beaucoup de personnes blessées. C’était terrible. Des scènes comme dans un film d’horreur. C’était difficile de respirer, nos peaux nous brûlaient, il faisait très chaud, nous suions comme des fous, les gens pleuraient, s’évanouissaient, vomissaient, appelaient à l’aide… Après une heure et demi, on nous a dit qu’il était sur de fuir vers Harbiye. Nous sommes passés devant des centaines de policiers et beaucoup de véhicules de combat en marche vers Nisantasi. Les gens sont descendus dans les rues contre cette barbarie, criant des slogans et tapant des casseroles. Deux de mes tantes étaient dans la rue, trempées, suite aux tirs d’un canon à eau ; elles ont la soixantaine bien passée et ont été jetée contre le mur par l’eau. Comme d’autres jours avant, Kizilay, le croissant rouge turc, refusait de transporter les blessés, et des sources très fiables (des docteurs) m’ont rapporté les faits. Les docteurs d’un petit hôpital privé ont dû payer une compagnie privée pour faire transporter une personne gravement blessée qui a pu ainsi survivre. C’est un scandale. Nous vivons dans un Etat policier. La police a arrêté 49 avocats en investissant le Palais de Justice l’autre jour. Maintenant ils essayent d’arrêter tout docteur ou toute infirmière qui aide les manifestants blessés. Le gouvernement et le gouverneur d’Istanbul continuent de parler de “groupes marginaux”. Le masque de la démocratie et de l’État de droit est tombé dans ce pays. Priez pour nous et diffusez l’information.

lundi 10 juin 2013

L'Eglise catholique refuse la débaptisation


René L., baptisé à l'âge de 2 jours, décide à l'âge adulte de se faire débaptiser.
En 2001 il demande et obtient que soit inscrite sur le registre du diocèse la mention « a renié son baptême ». En 2009, il réclame à ne plus apparaître du tout sur le registre, ce que lui refuse le diocèse.
En octobre 2011, le tribunal civil de Coutances donne raison à René et demande au diocèse d' « effacer dans un délai de 30 jours toute mention de baptême ».
Malgré cette décision de justice le diocèse refuse d'appliquer la loi, et c'est la cour d'appel de Caen qui doit trancher ce dossier ces jours-ci.
René L., précise qu'en 2012, grâce au premier jugement de Coutances, des baptêmes ont été effacé comme à Tulle par exemple. En Italie comme aux Pays-bas, pays catholiques, ce sont des milliers de demandes de débaptisation qui sont recensées sans problèmes particuliers.
Mais l'Eglise catholique française, ignorant la Loi de 1905, continue de considérer que « le baptême n'est pas un acte de la vie privée, mais un acte de la vie publique » !
Curés, sachez qu'il me suffit d'exprimer ma volonté de renoncer au baptême, à travers un formulaire et que vous êtes tenus de me délivrer un certificat avec l'acte d'abjuration de la foi.
Curés, débaptisez-moi...et très vite !


Michel

ANTIFA - Chasseurs De Skins (complet) .


Publiée le 4 juil. 2012
Documentaire français de Marc-Aurèle Vecchione sorti le 12 juillet 2008.

Paris début 80 le mouvement Skinhead arrive en France, et s'apprête à défrayer la chronique pour la décennie à suivre, à coup de provocations et de crimes racistes. Des bandes se forment et se lancent dans une véritable guérilla urbaine pour contrer l'offensive fasciste. Ils sont les Red Warriors, les Ducky Boys ou les Ruddy Fox. Les jeunes parisiens vont les surnommer " chasseurs de skin ". Leur motivation : combattre le fascisme et les actes racistes par tous les moyens nécessaires quitte à retourner contre leurs adversaires la violence qu'ils emploient. ANTIFA est non seulement l'histoire d'une culture, le mouvement skinhead mais aussi l'histoire des bandes qui ont créé un antifascisme autonome, urbain et ultra violent aujourd'hui reconnu partout en Europe. À travers des interviews exclusives, les membres des principales bandes antifa reviennent sur leur engagement et livrent leur témoignage sur la situation de la jeunesse des rues 20 ans auparavant. À l'aide d'archives exceptionnelles "ANTIFA " porte un regard sur une période charnière, celle d'une génération entre la fin du rock et le début du rap, dont les maux étaient déjà annonciateurs des tentions urbaines d'aujourd'hui.

Plongée dans la fabrique des élites

 
Bertrand Rothé Marianne 09/06/2013

Sur quels sujets de culture générale sélectionne-t-on aujourd'hui à HEC, à l'ENA et dans les autres grandes écoles ? "Marianne" y a relevé, en tout cas, quelques superbes perles de la pensée unique : violente, méprisante, ultralibérale.

C'est le temps des concours. Même quand le printemps n'arrive pas à naître, après deux ans d'un travail d'athlète dans les classes préparatoires aux grandes écoles, 40 000 étudiants sont aujourd'hui convoqués pour passer à la guillotine du savoir. Parqués dans de grandes salles, ils ont transpiré encre et eau. Aujourd'hui, les écrits sont passés, les oraux sont en cours. Les meilleurs - comprendre les mieux classés - se voient convoqués par les plus grandes des «grandes écoles». Souvent costumés comme pour un mariage, ils se rendent qui dans les ENS ou à Polytechnique, qui à HEC, à l'Essec ou à Sciences-Po. Pendant la sélection, la sélection continue. L'X propose un peu moins de 400 places par an, HEC, 380.
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> Mais sur quels sujets de culture générale sont donc choisis les futurs ministres et patrons du privé ? «Sciences-Po se place clairement dans le champ de la compétition internationale», affirme une de ses brochures. «Que faites-vous si vous n'êtes pas pris ?» voilà une des questions fétiches des oraux d'intégration aux masters de la Rue Saint-Guillaume. Pas de pitié pour les losers. En 2010, HEC préparait ses futurs étudiants en les invitant à réfléchir à cette autre question : «La vie est-elle autre chose que le théâtre de la cruauté ?» Les enfants de bons profs et les quelques littéraires que forme encore l'Education nationale ont fait référence au Théâtre et son double, d'Antonin Arthaud. Mais, pour la plupart, les futurs patrons et les traders ont vu là une invitation au cynisme et aux restructurations au sabre «du même Mittal».
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> Les écoles de commerce ne cachent pas leur jeu. On sait qu'on est là pour «se préparer à une excellente carrière de cadre supérieur». Ce noble objectif est vanté par les professeurs de spéciales, autre nom des profs de prépa, regroupés au sein de l'UPS (Union des professeurs de spéciales). En 2006, les futurs étudiants de l'Essec ont planché pendant quatre heures autour de ce «to be or not to be» version Alain Minc : «Qu'est-ce qu'un juste salaire ?» Si les candidats, qui rêvent tous de hautes fonctions dans les entreprises, ont défendu comme un seul homme les revenus des patrons «créateurs de richesse et d'emplois», certains des lauréats ont même pensé à remettre en cause le Smic, un salaire administré et surélevé, donc injuste, dont l'effet pervers serait de condamner les plus faibles au chômage. Le même sujet a, du reste, été posé à l'ENA sous une forme certes beaucoup moins vulgaire. Les grands commis de l'Etat n'ont pas encore le parler cash des business schools.
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> A chaque école ses traditions
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> En 2009, l'épreuve de culture générale de l'ENA invitait ainsi les futurs Moscovici et Attali à se surpasser sur un thème jubilatoire : «Répartition de la valeur ajoutée et performances économiques». Chaque école a cependant ses traditions et ses préoccupations. Parmi les sujets de culture générale destinés à sélectionner les commissaires de police : «Existe-t-il une juste violence ?» ou «La tolérance est-elle l'une des vertus ou l'une des faiblesses de la démocratie ?» En 1999, les futurs commissaires de police ont également été invités à plancher sur «La rue est-elle un ennemi pour la démocratie ?» Depuis un certain temps, la rue et la révolution préoccupent l'ensemble des élites. Ont-elles peur ? En 1998, les énarques s'interrogeaient ainsi sur «l'utilité de la contestation» ou plus récemment sur la révolution comme «phénomène périmé». Il faut dire que, juste après le tournant de la rigueur de 1983 et la conversion définitive des socialistes au libéralisme, l'ENA s'était vite adaptée avec une magistrale citation d'Henry de Montherlant à commenter : «Les révolutions font perdre beaucoup de temps».
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> Surprise, la guerre est très présente dans toutes les épreuves de ce genre de concours qui sont certes de vrais champs de bataille. HEC propose ainsi : «Les guerres ont-elles changé de visage au XXIe siècle ?», ou encore «Les vertus militaires conservent-elles une valeur dans les sociétés démocratiques ?» Idem en 2009 pour une question posée dans les instituts d'études politiques (IEP) de province : «Peut-on "civiliser" les manières de faire la guerre ?». A l'ENA, où les Clausewitz se ramassent à la pelle, en 2011, il était proposé «Les démocraties face à la guerre». Beaucoup d'étudiants voient dans la guerre une métaphore de la compétition économique. Dans les forums où ils donnent leur avis, les candidats se laissent aller à parler de «guerres économiques et financières». Certains se rêvent en Napoléon ou en Hannibal de ces multinationales qui s'entredéchirent. Il y a des territoires à conquérir et il y aura des morts sans sépulture, des gueules cassées du libéralisme. A Louis-le-Grand et dans la prépa privée Ipesup, les profs leur ont appris à aimer ce credo. Pourtant, un sujet d'oral d'HEC 2012 aurait dû les titiller : «Les rivalités économiques entre grands pays avant 1914». Trente ans de concurrence internationale sauvage avaient en effet conduit à l'exacerbation nationaliste puis à la Première Guerre mondiale. Neuf millions de morts.
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> Jusqu'à la fin des années 80 à Sciences-Po, un sujet sur deux incitait à composer sur l'Allemagne, ce qui enchantait Julien Gracq qui était géographe et germanophile. Le monde a changé. Si nos voisins d'outre-Rhin occupent encore un peu nos étudiants, l'analyse approfondie des sujets les incite désormais à travailler la mondialisation et l'Europe. En histoire, «Pipo» (le surnom péjoratif de Sciences-Po Paris) propose en 2009 : «L'idée d'Europe et ses réalisations de 1945 à nos jours». En 2011, les IEP de province soumettent : «La France et la construction européenne 1957-1992». La palme revient à l'Essec en 2010 qui réunit les deux concepts en un sujet : «Quels rôles pour l'Union européenne dans la mondialisation et le jeu des puissances ?» Comment s'étonner qu'au référendum de 2005 les cadres supérieurs aient voté massivement pour le traité constitutionnel ? Pendant toute leur scolarité, on les a invités à construire des dissertations en mots de catéchisme sur la CEE puis l'Union européenne.
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> «Apprendre à oser», proclame HEC ! Mais, pour tenir son rang de meilleure european business school de 2006 à 2011 (selon le classement du Financial Times), l'école de Jouy-en-Josas encadre souvent l'audace par des questions fermées. Quelques exemples tirés des sujets d'oraux de 2011. «Quelles justifications pour les privatisations ?» Interdit de réfléchir, même une seconde, aux conséquences négatives des privatisations ou aux éventuelles justifications des nationalisations. Le créneau du lieu, c'est la formation de sociaux-libéraux à la Hollande. Faut-il rappeler que notre président, Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy, le président partant de l'OMC, sortent tous d'HEC ? En bons étudiants, leur chanson n'a qu'un couplet : les privatisations. DSK en est le champion toutes catégories. Un homme audacieux, dont l'école a longtemps été très fière. Autre sujet orienté : «Mondialisation et bien-être». Evidemment, la conjonction de coordination «et» sert à exprimer une addition, puisqu'il va de soi que les deux marchent ensemble, comme la bielle et le piston. Pendant ce temps-là, à l'école de la vie, chez les ouvriers par exemple, on sait déjà que le «bien-être» dont parle HEC se nomme Pôle emploi et délocalisations. Pour finir, cerise sur le Medef, toujours à HEC, en 2011 : «Le service public a-t-il un avenir en Europe ?» et «L'avenir de la protection sociale en France». Sans avoir fait HEC, vous avez compris que la réponse est cachée dans la question. Evidemment, pas un seul crétin n'a envisagé un avenir radieux au système dans un pays qui n'a pourtant jamais été aussi riche. S'il est sage, l'animal à concours énumère les «nécessaires réformes» : allongement des durées de cotisation, augmentation du ticket modérateur. Les candidats les plus audacieux auront proposé une privatisation de la protection sociale... Trois des quatre plus grosses compagnies d'assurances françaises sont dirigées par des anciens d'HEC. Ah, privatiser le parapluie social ! Le bonheur de Denis Kessler.
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> Autres temps, autres mœurs, voici en tout cas un petit chef-d'œuvre d'une époque espérons-le révolue... En 2002, pour préparer aux délocalisations, les élèves de l'Essec eurent ainsi à traiter : «L'industrie a-t-elle encore une place dans l'économie française aujourd'hui ?»
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> Attention aux pièges toutefois. En 2011, trois ans après la crise des subprimes, les étudiants des écoles de commerce ont planché quatre heures sur «Les défaillances des marchés financiers justifient-elles l'intervention de l'Etat ?» Une lecture trop rapide du sujet peut vite conduire au hors-sujet. La question est assez insidieuse, le jury ne remet pas en cause le marché. Ouf. La défaillance dont on parle induit une «faiblesse momentanée» ou un «dysfonctionnement». Re-ouf. Impossible d'imaginer que la crise soit consubstantielle aux marchés. L'étourdi qui a envisagé cette terrible vérité n'a eu que 2/20. C'est bien fait pour lui. L'équilibre du marché est une loi naturelle, comme la pomme soumise à la gravitation. Il peut avoir des faiblesses momentanées, des défaillances. Les séditieux qui le nient n'ont rien à faire dans le commerce. Le secret de ces concours est de platement fayoter avec les idées des maîtres, ceux qui ont pondu le sujet. Ainsi, à la question sur la défaillance des marchés qui justifient l'intervention de l'Etat, l'étudiant parfait renvoie l'interrogation comme un boomerang : «L'intervention de l'Etat n'est-elle pas à l'origine de la défaillance des marchés financiers ?» Derrière ça, on enquille avec la citation de Reagan : «L'Etat n'est pas la solution à notre problème ; l'Etat est le problème.» Si vous faites ainsi, c'est que vous êtes déjà, au choix, Maurice Herzog, Jacques Cheminade, Eric Woerth, ou que vous le serez bientôt.
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> Un mauvais point pour HEC. En 2012, l'optimiste jury de notre meilleure école de management demandait à ses admissibles : «La crise est-elle terminée ?» Plus avisé, un an après, en 2013, celui de l'ENA propose de sélectionner les admissibles sur l'«efficacité des mesures de sauvegarde de l'emploi en période de crise». Si nos futures élites sont sélectionnées sur de telles valeurs, «à qui la faute ?» C'est le sujet de culture générale d'HEC 2006. Une chose est sûre, ce n'est pas la faute à Voltaire.

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DES SCIENTIFIQUES TRÈS LITTÉRAIRES
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> Paradoxalement, c'est dans les épreuves des écoles scientifiques que l'on fait le plus référence aux textes classiques. Ces dernières années, les futurs étudiants de l'Ecole polytechnique, de l'Ecole normale supérieure et de l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles ont commenté une citation de Paul Ricœur, Georges Bataille, Nelly Wolf et Pierre Jourde. Excusez du peu. L'argumentation doit s'appuyer sur trois romans, pièces de théâtre ou autres. Des livres que les «taupins» ont dû travailler pendant l'année. En 2012, Eschyle, Pascal et Steinbeck étaient au programme. C'est avec les Raisins de la colère que les futurs ingénieurs découvrent les conséquences de la crise de 1929. Petit détail, cette épreuve ne porte pas l'enseigne fumeuse de «culture générale». Plus sobrement, elle s'intitule «composition française», comme au temps du certificat d'études. Certains y verront un peu de tenue dans l'indécence, d'autres - les bêtes à concours mondialisées - une présentation archaïque qui explique nos difficultés à accepter une mondialisation salvatrice.

Place Jean Moulin, l'hommage vibrant à Clément Méric


Un moment d'indivisible soutien

Plus d'une centaines de personnes se sont réunies ce jeudi 6 juin à 19 heures pour rendre un dernier hommage à Clément Méric, militant antifasciste décédé des suites d'une agression menée par des skinheads rue Caumartin à Paris.

C'est seulement quelques heures avant le rassemblement qu'a été officialisée la nouvelle du décès de Clément Méric, jusqu'alors en situation de mort cérébrale depuis son agression de la veille. La manifestation, qui s'est tenue place Jean Moulin à Bordeaux, a rassemblé une foule nombreuse et émue d'où émergeait des drapeaux socialistes, communistes et anarchistes.
Tour à tour, les représentants des diverses forces politiques en présence ont pris la parole pour saluer la mémoire du jeune militant, dont l'auteur présumé de l'agression aurait été arrêté selon le ministère de l'intérieur. Les portes-parole d'associations comme la LICRA ou la Ligue des Droits de l'Homme se sont joints à eux.
Vincent Feltesse chahuté
Lors de son intervention face à la foule, Vincent Feltesse, président socialiste de la Communauté Urbaine de Bordeaux, a été chahuté par une poignée de militants d'extrême-gauche ; ces derniers reprochant au Parti Socialiste sa participation implicite à un climat de violence, leurs accusations portant notamment sur le maintien de la politique d'expulsion des sans-papiers par le ministre de l'intérieur Manuel Valls. Il a appelé, de même que la représentante des Jeunes Ecologistes, à l'apaisement et la réunion autour des valeurs communes à l'ensemble de la gauche en ce jour funeste.
L'émotion était vive lorsque retentit sur la place le chant des partisans, entonné par une militante à la voix brisée par la tristesse. Des rassemblements similaires ont eu lieu sur l'ensemble du territoire, et il reste maintenant à éclairer les conditions de cette agression ainsi que l'identité du ou des agresseurs.

L'antifascisme n'est pas un extrémisme

L'assassinat en plein jour à Paris d'un jeune militant antifasciste par un groupe de nazillons skin-heads est présenté depuis ce matin d'une façon absolument insupportable: il s'agirait à entendre les commentateurs de la télé (BFMTV et France2 notamment) d'un "militant d'extrême-gauche battu à mort par un groupe de militants d'extrême-droite"!
Ainsi est placé un signe d'égalité infâmant entre un militant antifasciste et ses assassins: l'extrême-gauche renvoyant à l'extrême droite dans un shéma tout à la fois simpliste et complice.
Qu'on nous permette donc ce bref rappel: l'antifascisme n'est pas un extrémisme.
L'antifascisme est un combat dont la nécessité est vitale pour notre société.
Depuis plusieurs années on assiste en France à une remontée des pires remugles des égoûts d'une droite désormais incapable de garder ses distances avec ce danger de plus en plus présent, de plus en plus actuel, et de plus en plus menaçant - dont elle favorise la résurgence.
A force de parler d'une droite "décomplexée" et de draguer les thèmes racistes, xénophobes, homophobes et fascistes, tels qu'ils se sont manifestés récemment au sein même des manifestants contre l'égalité des droits au mariage, les responsables de la droite prétendûment républicaine portent une responsabilité politique directe dans toutes les violences qu'ils ne craignent pas de déchaîner dans leurs dérives électoralistes complètement irresponsables.
Les actes très violents qui se sont produits ces derniers temps sont inspirés directement par ces apprentis-sorciers, il en sont le résultat direct.
Le crime abominable commis hier soir contre notre camarade Clément Méric n'est en rien dû au hasard: ceux qui vont chercher les tueurs pour assurer leur service d'ordre ont, tout autant que le groupuscule nazi auteur de cet assassinat, une responsabilité directe!
Les extrémistes, ce sont ceux qui attisent les passions anti-républicaines, anti-égalitaires, le refus de l'autre, de la diversité, de la démocratie, de la république qui sont les références d'un fascisme hideux, chargé de crimes innombrables.
Nul ne peut ignorer que ceux qui banalisent la haine siègent aussi sur les bancs de la droite nationaliste.

Plus que jamais: no pasaran !

samedi 8 juin 2013

"Un client toutes les quinze minutes pendant huit heures d'affilée, imagine-t-on ce que c'est ?"

Laurence Noëlle, sur un quai de métro parisien, le 29 mai.
Laurence Noëlle, sur un quai de métro parisien, le 29 mai. | © Camille Millerand Pour "Le monde"



Ce qui frappe d'abord chez elle, c'est son regard bleu et franc, qui se plante dans le vôtre et ne le quitte pas. "Avant, je ne pouvais regarder personne en face", lance Laurence Noëlle. Pendant vingt-huit ans, elle a détourné les yeux et gardé le silence. Pour rien au monde elle n'aurait voulu que "ça" se sache, "à cause de la honte". Maintenant, à 46 ans, elle ose parler, et se montrer, en espérant que son témoignage changera des vies.
A 17 ans, jeune fille "paumée, livrée à elle-même, assoiffée de chaleur humaine", elle s'est retrouvée sur le trottoir, enrôlée par un réseau de proxénètes. "La plus douloureuse et destructrice expérience qui soit", résume-t-elle dans un livre, paru en avril, Renaître de ses hontes (Le Passeur, 220 p., 19,50 euros).
Depuis sa sortie, tout va très vite. Fin mai, elle était auditionnée par la députée (PS) Maud Olivier, chargée de rédiger la proposition de loi visant à la disparition de la prostitution qui doit être débattue au Parlement à l'automne. Samedi 8 juin, elle doit lancer officiellement la branche française des Survivantes, un réseau international d'anciennes prostituées, lors de l'assemblée générale du mouvement abolitionniste du Nid.
"JE ME SUIS TUÉE. J'AI FAIT LA MORTE"
Elle veut montrer "l'autre visage de la prostitution". Pas celui du "travail du sexe" choisi, souvent dépeint dans les médias par les quelques porte-voix de femmes et d'hommes la plupart du temps...
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A propos de l’arrestation de deux camarades, suite à la manifestation en hommage à Clément

[Poitiers] A propos de l’arrestation de deux camarades, suite à la manifestation en hommage à Clément



Suite à l’assassinat de Clément Méric ce 5 juin par des fascistes, des dizaines de manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes de France et d’ailleurs, pour rendre hommage à ce militant syndicaliste, antifasciste et révolutionnaire. Il s’agissait aussi de prouver que les idées qu’il défendait ne sont pas mortes avec lui. Elles ont rassemblé un grand nombre de personnes, militantes ou non d’associations, de collectifs, de syndicats et d’organisations politiques, dans la dignité et l’émotion. Dans plusieurs villes néanmoins, des militant-e-s antifascistes ont réagi avec agacement à des interventions publiques de représentants de partis politiques (du PS, du Front de gauche…), accusés de récupération. L’antifascisme ne consiste en effet pas qu’à s’indigner que des brutalités de groupuscules d’extrême-droite. Il consiste aussi à dénoncer et à lutter contre ce qui a toujours favorisé le fascisme, à savoir  la répression du capitalisme et de l’Etat ; contre les pauvres, les immigrés, les Roms, les femmes, les homos, bis, trans… C’étaient les idées de Clément Méric, ce sont les nôtres.
A Poitiers aussi, la manifestation fut importante, avec 250 à 300 personnes, rassemblées avec des banderoles, des slogans, des drapeaux et des chansons. Or à Poitiers, une fois de plus la police s’est comportée de façon indigne. Les policiers n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’interpeller deux camarades peu après la manifestation, qui ont ensuite passé la nuit en garde à vue ! Ils ont été accusés d’ « outrage » au directeur départemental de la sécurité publique adjoint. Une accusation hélas récurrente de la part des services de police, notamment contre un certain type de personnes bien ciblées.
Rappel du contexte poitevin de cette manifestation : hormis les tâches peu glorieuses, hélas communes à tous les policiers de par leurs fonctions, d’arrêter des étrangers, d’expulser des squats de sans-papiers et de Roms, de défendre la propriété privée, ou de conduire des pauvres en prison, les policiers poitevins s’illustrent depuis un bon moment dans d’autres comportements, dépassant de fait allègrement leurs prérogatives et le droit, en matière notamment de liberté d’expression.
Ces intimidations portent sur un certain type de militant-e-s, bien souvent étiqueté-e-s libertaires, anarchistes, autonomes, communistes, etc. C’est un fait plusieurs fois avéré par des contrôles d’identité (parfois avec fouille sur la voie publique). Ces contrôles d’identité, bien ciblés, lors de rassemblements antifascistes, antiracistes, antisexistes, antihomophobes, se font au nom de la prévention du « trouble à l’ordre public », notion fourre-tout critiquée par de nombreux éminents juristes. Ils s’ajoutent en outre à une longue liste locale de tentatives de confiscation d’appareils numériques et plus généralement d’enfreintes diverses à la liberté d’expression : banderoles arrachées, confiscations voire arrestations pour diffusion de journaux et de tracts sur la voie publique… bref des atteintes manifestes et récurrentes aux droits que les policiers sont sensés faire respecter, et respecter eux-mêmes.
Par ailleurs, ces derniers mois à Poitiers (comme à Paris pour Clément, et en bien d’autres endroits encore), des antifascistes se sont régulièrement rassemblé-e-s contre des expressions homophobes sur la voie publique. Ces antifascistes ont été parfois menacé-e-s par la police poitevine d’amendes, de peines de prison ; ont été systématiquement filmé-e-s ; il y a eu des contrôles d’identité, et même des arrestations. Alors que le droit à la contre-manifestation a été reconnu par la cour européenne des droits de l’homme le 24 juillet 2012 (affaire Faber contre Hongrie). Les policiers n’ont par contre pas eu la même attitude avec les manifestant-e-s contre le mariage homo, parmi lesquels étaient présents des militants d’extrême-droite, s’accordant même avec des homophobes pour faciliter leurs manifestations. Ces comportements pour le moins partiaux et intimidants, posent question ; y compris du point de vue déontologique si l’on ne s’en tenait même qu’à cela. Ils n’ont pas contribué à la “tranquillité publique” – qu’ils sont pourtant sensés défendre si l’on en croit leur ministre de tutelle.
Cette manifestation du 6 juin à Poitiers n’a pas échappé à ce triste acharnement policier. Elle a, dès le départ, été étroitement encadrée par un grand nombre de policiers, dont plusieurs en civil de la BAC qui n’ont une fois de plus pas estimé nécessaire de respecter le code de déontologie minimal consistant à revêtir leurs brassards “police” en manif. Les policiers n’ont cessé de prendre des vidéos des visages des manifestant-e-s, déjà bien ému-e-s par la mort de Clément. S’approchant à outrance, parfois à moins d’un mètre. Un autre policier est venu avec insistance dans le cortège, pour demander à des manifestant-e-s, choqué-e-s par cette attitude, de ne pas « dissimuler le visage ». Les manifestant-e-s, qui n’étaient pas là pour finir en garde à vue, ont obtempéré. Rappelons que les manifestant-e-s marchaient dans l’émotion et la dignité, suite à la MORT d’un militant : un minimum de décence s’imposait ! Un manifestant a justement demandé aux policiers, à deux reprises et avec émotion, d’avoir un minimum de décence et d’arrêter de filmer ainsi des manifestant-e-s ému-e-s par l’assassinat d’un camarade. Rien n’y a fait. Enfin, après la manif, pendant plus d’une heure des policiers (dont des hauts gradés) ont continué de filmer, photographier et prendre des notes sur des manifestant-e-s, qui après leur dispersion se reposaient à des terrasses ensoleillées de la place du marché… On sait que la police poitevine s’acharne contre certain-e-s, mais on ne l’a pas toujours vu faire de façon aussi caricaturale et indécente sur la place publique.
Revenons-en à présent à la manif, et à l’accusation policière d’outrage. Dans le cortège, des manifestant-e-s ont chanté une chanson bien connue d’un groupe anarcho-punk, avec des paroles contenant l’expression “flics porcs assassins”. Il est à noter que, bien que connu, ce groupe n’a jamais été condamné pour ses textes, la liberté d’expression ayant été reconnue ces dernières années pour de nombreux groupes ayant des paroles mettant en cause la police. Pourquoi cette chanson ? Ce texte rend explicitement hommage à Zyed Benna et Bouna Traoré, deux mineurs morts dans un transformateur électrique alors qu’ils étaient poursuivis par la police. Or, la veille de l’assassinat de Clément, le 4 juin, l’avocate général de la cour d’appel de Rennes venait de réclamer un non-lieu pour les deux policiers impliqués, tandis que l’avocat représentant les policiers accusés de non-assistance à personne en danger avait qualifié de « poutinerie » [sic] la volonté de l’accusation de les renvoyer en correctionnelle… ajoutant l’injure à la souffrance des familles, surtout quand on connaît la violence de la police de l’Etat dirigé par Vladimir Poutine. Cette chanson antifasciste était donc d’autant plus pertinente, vu le contexte, qu’elle rend aussi hommage à un autre jeune antifasciste, assassiné cette fois-ci par la police grecque, il y a quelques années, en reprenant le slogan célèbre des manifestant-e-s de ce pays contre les répressions policières : « flics, porcs, assassins ». Encore une fois, l’antifascisme ne dissocie pas les violences d’extrême-droite de celles que les Etats infligent aux pauvres, aux immigré-e-s, aux militant-e-s LGBTI, etc.
Il ne s’agit pas pour nous de juger ou non de l’esthétique ou de la pertinence politique des paroles  de cette chanson, comprenant ce slogan grec devenu le symbole du ras-le-bol de tout une population. Mais de montrer en quoi la convocation de nos deux camarades poitevins, pour une composition pénale avec le procureur de la république, est à notre sens non fondée. Non seulement sur un plan éthique (ce qui ne devrait poser aucune question à nos lecteurs-rices, du moins on l’espère), mais aussi sur le plan juridique. Leur convocation étant identique dans les reproches d’outrage au DDSP adjoint Laurent SIAM, quoiqu’à des dates distantes (nous y reviendrons), nous pouvons émettre des critiques communes sur la recevabilité à notre sens fort douteuse de cette nouvelle initiative répressive.
Premièrement, il est reproché que l’outrage (en l’occurrence, « flics, porcs, assassins ») ait été adressée à une personne, Laurent SIAM, ce qui est tout simplement aberrant. Les paroles criées en manifestation sont politiques, elles ne désignent généralement pas des individus particuliers. “Flics porcs assassins”, faisant partie des paroles chantées par des manifestant-e-s, dénonce non des personnes précises sous leurs uniformes, mais l’institution policière qu’elles servent, leur travail consistant à exécuter les ordres, y compris lorsque ceux-ci sont parfois manifestement injustes et inhumains. Ca se discute, mais c’est une opinion tout à fait libre, du moins en France, n’en déplaise aux policiers. Pourquoi un policier particulier a-t-il pensé que cette phrase s’adressait à lui en particulier, alors même que son nom n’a jamais été prononcé ? Voilà qui interroge, mais nous n’avons pas pour propos de rentrer dans des considérations psychologiques.
Cette phrase « flics porcs assassins » dénonce les meurtres commis par la police tout au long de son histoire contre des militant-e-s des mouvements sociaux, jusqu’à nos jours, en France aussi hélas. Comme nous l’avons dit, elle a été popularisée après la mort d’un jeune grec, tué par la police grecque, qui a ému toute la Grèce et bien au-delà. On connaît hélas les accointances de certains policiers grecs avec le mouvement néo-nazi Aube dorée, responsable de crimes contre des immigré-e-s et des militant-e-s. Nous ne ferons pas la sinistre liste des personnes mortes du fait de violences policières, nombre d’historien-ne-s, de journalistes et d’avocat-e-s ayant déjà fait ce travail – et continuant à le faire. Cette phrase dénonce juste un fait établi, certes peu agréable pour les oreilles de certains policiers, nous pouvons le concevoir, mais n’empêche : sans même avoir à remonter jusqu’à la déportation des juifs sous Vichy, OUI, la police a  assassiné et continue d’assassiner des militant-e-s des mouvements sociaux. Ce qui à moins de n’avoir aucune notion d’histoire ou de ne lire aucun journal, est une évidence. Que l’on considère qu’il s’agisse de « bavures », ou d’un phénomène récurrent parmi toutes les polices de tous lieux et toutes époques, est un autre débat.
Quant à la comparaison avec le cochon, elle remonte à très loin (XIXème siècle, puis dans les mouvements antiracistes des années 1960 aux Etats-Unis, où les policiers assassinaient des militant-e-s noir-e-s). Tout comme celle avec le « poulet » du reste… Comparaison au passage, à notre sens, malheureuse (les cochons n’ayant jamais assassiné quiconque, mais c’est un autre débat). Nous noterons aussi qu’une autre métaphore zoologique, en l’occurrence canine, comprise dans les paroles de la chanson (« clébards »), chantée par de nombreux-euses manifestant-e-s à Poitiers, n’ait pas été retenue comme un outrage. Il faut croire que « porcs » est jugé plus outrageant que « clébards en uniforme », mais là non plus, nous ne nous aventurerons pas dans des considérations psychologiques – ni des jugements artistiques.
Quand bien même le nom de ce policier qui se sent « outragé » aurait été associé à une insulte  en manifestation, ce qui n’est répétons-le pas le cas, la jurisprudence retient qu’à Poitiers, M. A. Evillard a été totalement relaxé par la justice, au nom de la liberté d’expression, pour avoir qualifié le procureur de l’époque de « Papon » et de « salaud », lors d’une manifestation pour protester l’emprisonnement de trois militants. LIBERTE D’EXPRESSION : notion constitutionnelle avec laquelle la police poitevine semble avoir quelques difficultés, comme nous l’évoquions plus haut. Mais fermons cette parenthèse juridique car répétons-le une dernière fois : pas une seule fois le nom de M. Laurent SIAM n’a été ajouté dans la chanson, ni crié par des manifestant-e-s.
Autre piste juridique : le fait que chanter une chanson puisse être considéré comme un outrage ? Là aussi, la jurisprudence est claire. Et pas seulement celle concernant les groupes musicaux, que nous avons évoquée plus haut, relaxés depuis plusieurs années pour des chansons très dures contre la police, avec des mots parfois insultants. Là aussi, contentons-nous de rester à Poitiers, et revenons à ce jugement de M. J.-C. Clochard, qui passait il y a quelque temps au tribunal de grande instance, pour outrage à un agent de police. L’outrage consistait d’abord, pour la police, en le fait d’avoir chanté la chanson « Hécatombe » de Georges Brassens (contenant une flopée d’injures contre l’institution policière). Cet “outrage” a finalement été abandonné par le procureur lui-même, là aussi au nom de la liberté d’expression, comme le rappelle le compte-rendu du procès. Les choses sont très claires, comme dans d’autres villes d’ailleurs, où le même type de procès avait eu lieu : chanter une chanson n’est pas condamnable, c’est l’exercice de la liberté d’expression. Le seul outrage retenu par la justice avait été celui… d’un jet de confettis, ce qui est peut-être plus ridicule encore, mais là n’est pas le débat : chanter une chanson, même désagréable à certaines oreilles, relève de la liberté d’expression, et ce n’est même pas nous qui le disons, mais la constitution et la jurisprudence.
Pour conclure, puisque rien ne tient dans cette procédure judiciaire, nous pouvons nous interroger sur le choix du procureur de proposer une composition pénale, et non directement un procès. Il s’agit d’une procédure juridique consistant à conclure un arrangement entre les parties, avec une peine éventuellement proposée par le procureur.  Si l’on considère de plus que les rendez-vous fixés sont très dispersés (juillet pour l’un, septembre pour l’autre), alors qu’il s’agit des mêmes accusations, nous pouvons supposer plusieurs choses. D’une part, que police et justice semblent cette fois-ci mal à l’aise de faire un procès pour outrage. La raison en est simple : juridiquement, comme nous l’avons dit, l’accusation ne tient pas debout. Politiquement en revanche, il y a un intérêt pour la police… il s’agit de continuer à mettre la pression judiciaire des personnes isolées bien précises, et d’éviter un procès public, qui porterait à la connaissance et à la réflexion d’un grand nombre de gens certains comportements de la police. La police poitevine veut visiblement éviter de montrer une fois de plus (de trop ?) son acharnement contre des militant-e-s bien ciblé-e-s. Politiquement toujours, il s’agit aussi d’éviter l’indignation que pourrait susciter l’indécence d’un procès public pour “outrage”, de la part des autorités, contre des personnes accusées d’avoir chanté une chanson antifasciste…  Rappelons-le, cette manifestation était en hommage à un militant antifasciste, tué pour ses idées !
Nous en avons assez des agressions brutales de l’extrême-droite, et de la banalisation de ses discours, repris partout par les médias et le pouvoir politique. Nous en avons aussi assez, en tant que militant-e-s antifascistes, d’être harcelé-e-s par la police et la justice de la ville de Poitiers. Cela devait être dit. Il faudrait par ailleurs dénoncer la qualification devenue quasi-systématique de “manifestation illégale”, cette nouvelle arme de la police de Poitiers pour s’attaquer à la moindre protestation portée sur la place publique dès qu’une poignée de personnes se retrouvent, mais ce sera un autre débat.
Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86), 7 juin 2013