mercredi 29 août 2012

Commémoration de la libération de Paris : arrestation d’anarchistes

Le 24 août 1944 Paris était libéré. Les premiers à entrer dans Paris sont des Espagnols. Ils étaient dans la 9e compagnie, la Nueve, du 3e bataillon, commandée par le capitaine Raymond Dronne et appartenant à la deuxième division blindée (2e DB) du général Leclerc. Parmi eux, de nombreux anarchistes.
Au sein de la Nueve, ces hommes avaient combattu en Afrique du nord, en France, en Normandie. Après avoir participé à la libération de Paris, ils avaient poursuivi la lutte en Alsace. Puis, ils avaient livré bataille en Allemagne, jusqu’à l’armistice. Ainsi, après avoir combattu en Espagne contre le franquisme, ils continuaient leur lutte contre le totalitarisme.
C'est pour commémorer cette réalité, peu connue, que nous voulions participer à la cérémonie prévue samedi 25 août à l'Hôtel de Ville de Paris, arborant des drapeaux rouges-noirs et noirs, couleurs des anarchistes de la Nueve. Alors même que, François Hollande déposait une plaque en l’honneur même de la Nueve.
Mais c'était sans compter sur le président qui nous envoya la police pour nous repousser et nous arrêter. Quinze militants de la Fédération Anarchiste ainsi qu'un militant d'Alternative Libertaire et deux passantes sont restés quatre heures aux commissariats du huitième et du neuvième arrondissement pour avoir voulu honorer la mémoire des valeureux combattants de la Nueve. Heureusement que nous vivons une présidence de gauche !
Le refus de la présence des couleurs des anarchistes, lors de cette cérémonie, témoigne d’une occultation d’une réalité historique, voire d’une falsification. Il est grand temps de reconnaître que, nombre d’anarchistes, ont joué un rôle dans la lutte contre le nazisme et ont contribué à la libération de notre pays.

Secrétariat aux relations extérieures de la Fédération anarchiste.

Alors que François Hollande inaugurait samedi une plaque commémorative en l'honneur des anarchistes espagnols qui ont participé à la liberation de Paris, la Fédération Anarchiste, venue pourtant en paix, a été expulsée de l'événement.
a-paris-les-anarchistes-se-font-recaler-d-une-commemoration-en-l-honneur-de-resistants-anarchistes

Des anars dans les rues de Paris

Paris, 24 août 1944. Un jour avant la libération « officielle » de Paris, un premier contingent de soldats entre dans la capitale encore occupée par les Allemands. Ces militaires sont des membres de « la Nueve », une compagnie de l’armée française quasi-exclusivement composée d’Espagnols. Des hommes en lutte contre le fascisme depuis Franco. Joint par StreetPress, Evelyn Mesquida, auteur d’un ouvrage sur le sujet (« La Nueve, 24 août 1944 », aux éditions Le Cherche Midi ), raconte que de nombreux anarchistes composaient cette troupe :

« Raymond Dronne, le capitaine de la compagnie, écrit lui-même dans ses mémoires que la majorité des hommes de ‘’la Nueve’’ étaient des anarchistes espagnols. Des neuf hommes que j’ai pu rencontrer, cinq étaient des anarchistes (Manuel Lozano, Fermin Pujol, Faustino Solana, Germán Arrue et José Fernández). Les autres se sont dits socialistes et républicains. »

Hommage Samedi 25 août 2012, plusieurs anarchistes ont tenté de leur rendre hommage en prenant part à la commémoration de la libération de Paris qui se déroulait devant le parvis de l’Hôtel de Ville. Parmi eux se trouvaient des membres de la Fédération Anarchiste, d’Alternative Libertaire et d’Autre Futur.

Jointe par StreetPress, Agnès, secrétaire aux relations extérieures de la Fédération Anarchiste, explique que les anar’ « souhaitaient être à leur place, à côté des drapeaux républicains » présents dans le public. Sur le parvis, plus d’un millier de personnes étaient réunies pour assister au discours de François Hollande, en compagnie d’anciens combattants.

Sauf que… La présence des anar’ n’est pas vraiment au goût de la police et des autorités. Quelques minutes à peine après leur arrivée sur les lieux de la cérémonie, la quinzaine de militants se retrouve encerclée par les forces de l’ordre. Du côté de la Préfecture de Police, on confirme l’interpellation de « 17 individus pour une manifestation publique non-déclarée ».

« A peine après avoir eu le temps de déployer nos drapeaux, nous avons été tout de suite dirigés vers l’avenue Victoria (l’avenue qui donne sur l’Hôtel de Ville de Paris, ndlr) et encadrés par la police jusqu’à notre départ pour le commissariat », s’indigne Agnès.

«  Mis en retrait » du reste de la foule pendant un peu moins d’une heure, la petite troupe est ensuite conduite dans les commissariats des 8e et 9e arrondissements de Paris pour une « simple vérification d’identité. » Ils seront relâchés en début de soirée. Mais auront râté le gros de la célébration.

Burlesque Agnès ne comprend toujours pas pourquoi la poignée de militants anarchistes a été réfoulée de la sauterie :

« Nous étions juste là avec nos drapeaux et ne lancions aucun slogan et aucun chant. »

Un recalage d’autant plus malvenu que François Hollande a inauguré ce samedi sur la place de l’Hôtel de Ville, une plaque commémorative en l’honneur… de « la Nueve ».

« La plaque posée par François Hollande est un hommage à ‘’la Nueve’’ ! Raison de plus pour les anarchistes soient là » rit jaune Agnès, qui bon gré mal gré trouve la situation « comique ».

Les anar’ ont été interpellés au motif d’avoir organisé « une manifestation publique non-déclarée. » Ils clament ne pas avoir voulu organiser une manifestation, mais seulement participer à la commémoration officielle. Ce qui constituait une première pour eux.

Reconnaissance Malgré une fin de journée compliquée, les militants ne considèrent pas cette action comme un échec. Bien au contraire explique Agnès :

« On est satisfait de l’avoir fait. Les anarchistes ne sont pas passés inaperçus, c’était notre rôle. Il n’y a pas de raisons pour que les socialistes, communistes et républicains de tout bord soient reconnus comme ayant pris part à la libération de Paris et pas les anarchistes qui étaient eux aussi largement partie prenante. »

Même son de cloches pour Evelyn Mesquida :

« Non seulement je comprends les positions libertaires qui souhaitent  faire reconnaître la place jouée par ces combattants de la liberté, mais je trouve aussi qu’on ne les revendiquent pas assez. Je les ai connus, ils étaient admirables et ne se considéraient pas comme des héros. Leur témoignage est simple et magnifique. »

 

Alors que le président François Hollande  présidait ce samedi 26 août 2012 le 68e anniversaire de la Libération de Paris sur le parvis de l'Hôtel de Ville, des militants libertaires et anarchistes ont souhaiter rappeler les  premiers libérateurs de la capitale, une compagnie de quelques 150 républicains espagnols baptisée "la Nueve",  étaient en bonne partie des partisants de la cause anarchiste.
Afin d'affirmer le rôle joué par ces libertaires dans la libération de Paris, les militants avaient déployé des drapeaux noirs et noirs et rouges à proximité de la dernière plaque commémorative indiquant le parcours suivi par les libérateurs de Paris. Un lieu ou une concentration de drapeaux républicains espagnols avait, pour la première fois été autorisée par la Mairie de Paris.

Un rassemblement qui a fini au commissariat, après interpellation des participants.

Pour connaître l'histoire de la "Nueve" :
Sur le site de la CGT espagnole Rojo i Negro, un communiqué de Frank Mintz sur les arrestations de libertaires, et une video La Nueve, los olvidados de la victoria :
une video d'Evelyn Mesquida lors de la présentation de son livre à la librairie espagnole de Paris.


 

Mon nom est personne

La cyberlutte des AnonymousDepuis quelque temps, les Anonymous sont au centre de l’actualité. Le 26 janvier dernier, trois supposés Anonymous ont été arrêtés et mis en examen après une enquête de la DCRI, malgré le manque flagrant de preuves. On raconte à leur propos tout et n’importe quoi. Pour comprendre ce que représentent les Anonymous, une mise au point s’impose.
1661Anonymous

À l’origine : 4chan
En 2003, Christopher Poole créé 4chan, un forum divisé en de nombreuses sous-parties indépendantes et thématiques (des sciences à la pornographie). La plus célèbre et la plus visitée,/b/« random », a une particularité : aucun thème défini et une modération qui se limite au respect des lois.
Aucune inscription n’est nécessaire pour poster un message sur 4chan, et le pseudo par défaut est : anonymous. Le forum est ainsi presque totalement anonyme. Ces caractéristiques fondent une identité collective qui nie totalement l’identité individuelle.
C’est dans la partie random que s’organisent les premières actions telles que la divulgation des informations personnelles d’un homme qui s’est filmé tabassant un chaton, l’intrusion massive à l’intérieur du jeu en réseau Habbo Hotel, ainsi que l’attaque de sites pédophiles.

De anonymous à Anonymous
En 2008, l’Église de scientologie diffuse puis censure une vidéo à destination interne. Mais elle refait surface, jusqu’à être diffusée sur 4chan. Pour certains habitués du forum, c’est une attaque directe contre la liberté d’expression, et c’est ce qui provoque la première apparition des Anonymous tels qu’on les connaît aujourd’hui, avec la symbolique toujours utilisée que l’on détaillera plus tard.
S’ensuit plusieurs attaques à l’encontre des sites de la scientologie qui les met hors service durant quelques jours. C’est aussi la première fois qu’ils apparaissent publiquement, dehors et masqués. C’est l’acte fondateur des Anonymous. Depuis, les actions se font de plus en plus nombreuses, dont la défense de Wikileaks, qui leur apporte une médiatisation sans précédent.


La symbolique des Anonymous
Ce qui réunit entre autres les Anonymous à travers le monde, c’est leur symbolique. Visuellement, le masque de V pour Vendetta, le costume sans tête. Aussi, ils signent toutes leurs interventions (communiqués, vidéos, etc.) par : « Nous sommes Anonymes. Nous sommes Légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous. » (« We are Anonymous. We are Legion. We do not forgive. We do not forget. Expect us. ») Leurs interventions sont toutes structurées et codifiées (constat, expression de l’opposition puis appel à l’action).
Le fait d’utiliser la symbolique et de se revendiquer comme tel suffit à « être » un Anonymous (en faisant bien sûr une action par internet).

Comment opèrent-ils ?
La quasi-totalité des attaques d’Anonymous sont des attaques DDoS (Distributed Denial of Service), c’est-à-dire par déni de service distribué (saturer un serveur par un grand nombre de connexions simultanées). Ces attaques utilisent le plus souvent un logiciel libre, gratuit : LOIC. À chaque attaque, tous les ordinateurs possédant le logiciel sont utilisés pour se connecter au site. Parfois, mais plus rarement, les données personnelles de gens ou d’entreprises (des nazis, des policiers, des membres d’un site, etc.) sont divulguées.

Comment « classer » les Anonymous ?
Le fait que n’importe qui peut se revendiquer comme tel implique qu’il ne peut exister aucune classification globale des Anonymous.
Cependant, on peut identifier des axes communs aux Anonymous. Tout d’abord, la défense absolue d’un internet libre est ce qui les relie. Ensuite, une grande solidarité avec tous les hackers (et surtout eux), par delà les frontières. Enfin, bien entendu, toutes les actions ont un lien avec internet.
Depuis le « début », la fréquence des actions n’a de cesse d’augmenter et il y a bien plus d’actions que celles relayées par les grands médias.
Comme actions emblématiques (mais aussi éclectiques), dans le désordre, on peut citer : l’attaque de Sony (avec divulgation des coordonnées personnelles), l’attaque des sites pédophiles, l’attaque de sites nazis allemands, la divulgation de noms de policiers autrichiens, le soutien aux prisonniers politiques pendant la révolution tunisienne, jusqu’à plus récemment des attaques en série et massives contre les différents sites des ministères liés à la question du copyright.
Donc des actions de types différents, à l’image de ceux qui sont, comme leur nom l’indique, Anonymes.


Quelles perspectives ?
À court terme, force est de constater que la fermeture de MegaUpload a constitué un tournant dans la cyberlutte sociale, et qu’aujourd’hui, s’il est difficile de prévoir les suites, il est clair que la lutte des Anonymous est en croissance exponentielle et n’est pas près de s’arrêter.
Les moyens d’action des Anonymous sont (relativement) accessibles à tous, bien qu’illégaux la plupart du temps. On a vu des Anonymous soutenir des Indignés (et autres Occupy). Cependant, les Anonymous dans leur ensemble ne représentent pas une perspective révolutionnaire, et ne remplaceront jamais les luttes sociales. Sans compter que ce qui fait l’essence des Anonymous est l’absence d’organisation, de ce fait ils sont cantonnés à une lutte réformiste.
Néanmoins, jusqu’à présent, les Anonymous ont défendu des valeurs proches des nôtres, aussi il nous semble intéressant de suivre ce mouvement et de ne pas rester passif. Il est important de ne pas se contenter d’une posture de spectateur bienveillant, mais de nous comporter en force agissante au sein de ce mouvement.

Bali, groupe Regard noir de la Fédération anarchiste
Anonymous «Lutte contre la surveillance constante»
Lire la vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=kG19Q9UnXE8

Afrique du Sud : « Marikana montre que nous vivons dans une prison démocratique »


lundi 27 août 2012, par Bandile Mdlalose
Le bilan officiel du massacre de la mine de Marikana, le 16 août 2012 et les jours précédents, s’établit actuellement à quarante-quatre morts, trente-quatre lors de l’assaut policier et dix autres (dont deux policiers) au cours des attaques précédentes menées soit par la police, soit par des gardes de sécurité, soit par des nervis du syndicat des mineurs (NUM), le 10 août, qui voulaient empêcher par la force le déclenchement de la grève, déclarée « illégale » par le gouvernement car échappant au syndicat officiel des mineurs.
Le texte suivant est écrit par la secrétaire générale du mouvement Abahlali baseMjondolo [1], Bandile Mdlalose.

L’Afrique du Sud a la plus belle Constitution de tous les pays. Sa beauté est parfaitement attestée et respectée. Mais nous vivons dans une prison démocratique.
Nous devons saluer le combat du docteur Nelson Mandela, de Steve Biko et les luttes de la communauté des années 1980, de la jeunesse de 1976 [Soweto] et des ouvriers de 1973 [vague de grèves dans la région de Durban]. Les luttes du passé ont vaincu les Boers blancs et nous ont apporté la démocratie avec tous ces beaux droits sur le papier. Nous avons tant de droits attestés, comme le droit au logement et à la protestation. Mais chaque jour, nos droits sont violés par les Boers noirs. Ils ont fait le serment de protéger nos droits, mais le serment était un faux serment.
Au lieu de soutenir les luttes du peuple afin que nous puissions faire une véritable démocratie et faire de nos droits une réalité, ils envoient leurs forces de sécurité et de police pour expulser les pauvres, pour nous enfermer en dehors des villes et écraser nos luttes. Au lieu de travailler avec le peuple pour transformer la société, ils répriment le peuple pour protéger la société inégalitaire qu’ils ont prise en charge en 1994.

Les politiciens ne se sont pas unis avec le peuple. Ils se sont unis avec les capitalistes. Le résultat de cette nouvelle alliance entre les politiciens et les capitalistes, c’est que le 1 % de l’élite prend pour elle-même la plupart des fruits de cette démocratie. Les classes moyennes ont toujours leurs belles vies, mais pour les pauvres, avec ou sans emploi, les choses ont empiré et elles continuent d’empirer.
Les arrestations, les passages à tabac, la torture, la destruction des maisons des gens et les tueries ont continué après l’apartheid. Maintenant, nous avons aussi le massacre.
Chaque année, les Boers noirs nous disent de nous souvenir de 1976, mais ils ne disent rien à propos de la répression de nos luttes après l’apartheid. Ils ne disent rien à propos de Thembinkosi Mpanza et de Vukani Shange, abattus par la Farm Watch [gardes armés, association des fermiers dédiée à la surveillance des fermes] à eMasangweni en 2006. Ils ne disent rien au sujet des attaques de la police contre Abahlali baseMjondolo en 2008, les attaques armées contre notre mouvement à Kennedy Road [Durban] en 2009 et la répression de la Campagne antiexpulsion [Anti-Eviction Campaign], le Mouvement des sans-terre [Landless People’s Movement], le Mouvement des chômeurs [Unemployed People’s Movement]. Ils ne disent rien à propos de l’assassinat par la police d’Andries Tatane l’année dernière ni de la longue liste des personnes qui ont été tuées par la police alors qu’ils protestaient.
Maintenant que les grévistes de Marikana ont été tués, ils en parlent comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, alors qu’en fait c’est une catastrophe politique perpétrée par les capitalistes et les politiciens.
Allons-nous rester les bras croisés et regarder chacun de nos mouvements se faire écraser un par un ? Combien d’entre nous doivent mourir avant que nous soyons reconnus et inclus dans la société ? Combien d’entre nous doivent mourir avant que la terre et la richesse soit équitablement partagées et que chacun ait son mot à dire dans toutes les décisions qui le concernent ? Quand les opprimés se lèveront-ils et parleront-ils d’une seule voix ?
Nous sommes traités comme cela parce que nous sommes pauvres. Nous ne sommes pas autorisés à exercer nos droits face au gouvernement. Sur le papier, les droits sont pour tout le monde. En réalité, ils ne sont là que pour les riches. Nos droits sont bien connus car ils sont écrits, mais ils ne sont pas mis en application. L’alliance entre les politiciens et les capitalistes a créé une prison démocratique. Nous pouvons voter, mais seulement pour notre propre oppression. Nous pouvons voter, mais l’État continue d’ignorer la loi quand il s’agit de pauvres. Il est normal pour nous d’être expulsés et réprimés, même si ces choses sont illégales. C’est pourquoi les gens commencent à appeler les politiciens des Black Boers [des Boers noirs]. Oui, ils gouvernent le pays, mais ils ne le gouvernent pas pour nous ou avec nous.

Pendant des années, les luttes de la communauté ont été attaquées. Qui aurait imaginé que les luttes actuelles des travailleurs seraient également attaquées par la police ? La lutte se propage à partir des cabanes vers les mines et des mines elle revient aux cabanes. En regardant le silence de la Cosatu [confédération des syndicats] et l’ensemble des associés des Boers noirs, je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il va se passer à partir de maintenant. Il semble que les pauvres sont de notre côté. Il semble que beaucoup d’entre nous devront être emprisonnés, battus et tués avant que nous comptions dans cette société.
Je souhaite que chaque personne regarde soigneusement cette soi-disant démocratie. Je souhaite à chacun et chacune de se demander si nous sommes réalistes quand nous disons que nous sommes dans une démocratie ou si nous vivons vraiment dans une prison démocratique. Il est clair que nous n’avons pas réellement les droits et libertés qui sont écrits dans la Constitution. Il est clair que nos gouvernants utilisent la force armée pour nous exclure de la société et pour nous réprimer quand nous résistons. Regardez ce qui est arrivé à Abahlali baseMjondolo en 2009 [2]. Regardez ce qui est arrivé au Mouvement des sans-terre en 2010. Regardez ce qui est arrivé à Andries Tatane l’année dernière [un manifestant abattu en pleine rue par la police en avril 2011]. Regardez ce qui est arrivé au Mouvement des chômeurs récemment. Regardez ce qui est arrivé aux grévistes de Marikana.
Ne nous leurrons pas en disant que nous sommes dans un pays démocratique alors que nous sommes dans une prison démocratique.
Les Boers noirs pensent que nous, les pauvres, nous sommes « dom ». Ils pensent qu’en nous faisant voter pour eux et qu’en nous souvenant de la lutte contre les Boers blancs, nous penserons que nous sommes « free » [3]. Nous avons seulement été libérés du régime de l’apartheid et de la domination des Boers blancs, mais le même système qui rend certaines personnes riches et d’autres pauvres existe toujours. Le même système qui maintient solidement les pauvres à l’écart et réprime nos luttes existe toujours.
Il est clair que ce pays est dirigé par la main sanglante et que, tant qu’il est pris par la même main sanglante, nous continuerons à verser notre sang. Mais, nous les pauvres, nous devons mettre un terme à cela et nous libérer de telle sorte que nos enfants soient heureux de vivre dans notre pays. Nous devons façonner notre propre avenir, car de la façon dont nous vivons, nous ne faisons que garantir l’avenir des Boers noirs. Nous avons besoin d’un pays dans lequel il n’y a plus de Boers, de quelque couleur qu’ils soient. Nous avons besoin d’un pays où nous sommes tous, juste des gens, des gens qui comptent tous autant et ont les mêmes droits.
Personne ne nous fournira la liberté. Nous devons nous battre pour prendre notre propre liberté dans nos propres mains. Mais la politique de la main sanglante est la politique des Boers, noirs et blancs. Notre politique doit être différente et meilleure. Notre politique doit être la politique d’un peuple organisé, uni et déterminé.
Bandile Mdlalose
[1] Le mouvement des shack dwellers (littéralement « habitants des cabanes ») s’est donné le nom d’Abahlali baseMjondolo (en zulu, « mouvement des habitants des cabanes de bidonvilles »). C’est à la fois un mouvement de défense des habitants des cabanes, des squatters, pour une vie digne, le « droit à la ville », mais aussi un mouvement de base qui cherche à construire une « politique de l’opprimé », dans une démarche autonome, « par et pour les pauvres ». Abahlali refuse les partis politiques, boycotte les élections (« No land, no house, no vote ! »), se réfère à l’autonomie, pratique l’action directe et la désobéissance, insiste sur les processus délibératifs et démocratiques, regroupe les habitants sans tenir compte de l’ethnie ou de la nationalité, évoque parfois la perspective d’un « communisme vivant ». Le mouvement est né en 2005 dans le bidonville de Kennedy Road (banlieue de Durban). Il existe maintenant dans les villes de Pietermaritzburg et dans la zone ouest du Cap.
Sur ces luttes urbaines postapartheid, voir :
Afrique du Sud : l’ANC attaque les mouvements de squatters, article paru dans Échanges n° 131 (hiver 2009-2010).
Abahlali baseMjondolo sur « la voie du jaguar » :
La lutte populaire pour le droit à la ville à Durban, Afrique du Sud
Les habitants des bidonvilles s’essaient à l’autogestion
[2] En septembre 2009, un rassemblement contre les conditions de vie, organisé par le mouvement Abahlali baseMjondolo dans le bidonville de Kennedy Road (Durban, province du KwaZulu-Natal) a été attaqué par une bande d’une quarantaine de nervis et de militants locaux de l’ANC équipés d’armes à feu, de bâtons et de couteaux.
Cette descente, qui s’est faite en plusieurs fois, procédait à la fois du nettoyage ethnique (nationalisme zulu) et de la liquidation politique (écraser un mouvement social dissident en pleine expansion). La police, présente sur place, n’est pas intervenue. Il y a eu plusieurs morts, les cabanes des membres d’Abahlali détruites, ces militants ont été arrêtés ou contraints à la clandestinité et un millier de sans-abri non zulus (sur sept mille habitants du bidonville) contraints de quitter les lieux. Des cadres de l’ANC sont ensuite venus prendre le contrôle politique du bidonville.
[3] Jeu de mots à partir de freedom : free, libre, et dom, qui vient de l’anglais et du hollandais anciens, voulant dire « appartenant à un domaine, à un territoire, à une juridiction ». Ainsi, on est free ou dom ; c’est pas la même chose…

Trois mois de prison pour un Marocain ayant rompu le ramadan en public







Le jeune homme, arrêté alors qu'il prenait un repas en public à une heure où les croyants jeûnent, a plaidé en vain avoir agi par «conviction» et «liberté individuelle».


Un jeune Marocain a été condamné à trois mois de prison ferme pour avoir rompu publiquement le jeûne pendant le mois de ramadan à Rabat, a indiqué mardi à l’AFP une source judiciaire.
«Ce jeune a été arrêté par la police alors qu’il était en train de manger publiquement dans la médina (vieille ville, ndlr) de Rabat. Le verdict a été rendu vendredi», selon la même source.
L’article 222 du code pénal marocain punit la rupture publique du jeûne pendant le mois de ramadan d’une peine pouvant aller jusqu'à six mois ferme.
«Au cours de son interrogatoire, il a affirmé qu’il avait accompli cet acte par conviction et que cela faisait partie de sa liberté individuelle», a indiqué Abdelhamid Amine, vice-président de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), joint par téléphone.
Le condamné a la possibilité de faire appel de ce jugement.
Des jeunes marocains ont créé récemment sur Facebook un groupe appelé «Masayminch» («nous ne jeûnons pas» en arabe marocain) pour «défendre le droit de ne pas jeûner pour les non croyants».
(AFP)

Maroc : « Masayminch », ces rebelles qui mangent en public pendant le Ramadan
Des jeunes revendiquent leur droit à ne pas jeûner

Un mouvement qui défend le droit de ne pas jeûner durant le mois de Ramadan vient de voir le jour au Maroc : « Masayminch 2012 ». Créé par le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, ce groupe veut faire entendre aux autorités que la religion est une conviction personnelle.
« Masayminch » ! Traduisez, « Nous ne jeûnons pas ». Ce mouvement, formé il y a quelques jours, à l’initiative du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (MALI), lance, cette année encore, un message fort au gouvernement marocain. Ces jeunes, qui n’ont pas l’intention de jeûner durant le mois de Ramadan, devant débuter le 20 juillet au Maroc, souhaitent pouvoir manger en public sans risquer d’être réprimés par la police. Car au royaume chérifien, un musulman qui rompt le jeûne en public, sans motif admis par la religion musulmane, est passible d’une peine d’emprisonnement allant d’un à six mois et d’une amende de 12 à 120 dirhams (1 à 100 euros), selon l’article 222 du code pénal marocain. Au nom des libertés individuelles, le mouvement « Masayminch » réclame l’abrogation de cette loi.
Des actions en vues
Le groupe prépare plusieurs vidéos. La principale sera consacrée à la présentation des idées et des actions qui seront menées durant le mois saint. En 2009, le MALI avait donné rendez-vous à plusieurs adeptes devant une gare afin de manger en public. L’action a été stoppée par les forces de l’ordre. L’évènement avait créé la polémique dans ce pays partagé entre conservatisme et libéralisme. Une invitation à une action de non-jeûner a été lancée par le groupe sur Facebook. Combien de personnes celle-ci rassemblera-t-elle ?
Parfois, ce sont des familles entières qui ne jeûnent pas durant le mois sacré chez les musulmans. Sans toutefois généraliser, ces familles sont principalement issues des classes sociales aisées du royaume. Ou encore, il s’agit de Marocains non croyants ou tout simplement non pratiquants. En soi, il est possible de manger durant le mois de Ramadan au Maroc, comme dans tous les pays musulmans d’ailleurs, à condition que cela se fasse dans le cadre privé. Pour des raisons de tradition et de morale, il est malvenu de se nourrir au vu et au su de tous.
Dans le Royaume, certains restaurants, à l’instar de la chaîne de restauration rapide Mc Donald’s, refusent de servir un repas sur place aux musulmans adultes pendant les journées du mois de Ramadan. En cause, l’article 222. Seules les ventes à emporter sont autorisées. Pour les non-musulmans, hormis pour les Marocains athées, aucun problème pour manger en public. Quoique... Cela dépend, car manger en public même pour un non-musulman peut provoquer l’ire des pratiquants selon la ville ou le quartier dans lequel on se trouve...
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jeudi 16 août 2012

Echos de Saint Imier

De sympathiques anarchistes

Saint-Imier (Sipa) La Rencontre internationale de l'anarchisme a attiré au moins 3.000 personnes de jeudi à dimanche à Saint-Imier, dans le Jura bernois. Les participants sont venus des cinq continents et avant tout d'Europe, a expliqué à Sipa Michel Némitz, responsable de la coopérative Espace Noir et l'un des organisateurs de la manifestation.
L'événement aura été riche tant en termes de convivialité que par ses aspects culturels et politiques, selon Michel Némitz. "L'entente a été assez extraordinaire entre les gens du coin et les anarchistes". Certains habitants de la région ont eu l'occasion de changer leur opinion sur ce que sont les anarchistes, que se sont révélés des personnes sympathiques et cultivées.
Michel Némitz souligne la qualité des débats et des rencontres, qui devraient déboucher sur des projets de dimension internationale. La réunion de clôture n'a pas permis d'aboutir à l'adoption d'une résolution politique commune. Constituées de revendications libertaires, plusieurs déclarations émanant de différentes organisations ou de groupes spontanément ont toutefois été élaborées.
La manifestation commémorerait les 140 ans du congrès de la première internationale "antiautoritaire" qui a eu lieu en 1872 à Saint-Imier. La localité fait figure de berceau de l'anarchisme. Tandis que l'Association Internationale des Travailleurs (AIT) est fondée en 1864, des sections se créent rapidement dans la région, à la Chaux-De-Fonds, au Locle, à Saint-Imier et dans le reste du Jura suisse. Beaucoup d'ouvriers qui y adhèrent sont encore des travailleurs à domicile. Lorsque Mikhaïl Bakounine vient dans la région en 1869, la Fédération jurassienne devient le pôle libertaire de l'AIT qui s'oppose à la tendance marxiste. SIPA
http://www.google.fr/search?hl=fr&gl=fr&tbm=nws&q=saint+imier&oq=saint+imier&gs_l=news-cc.3..43j43i400.85440.90786.0.91767.11.7.0.4.0.0.691.3518.0j1j1j0j1j4.7.0...0.0...1ac.Fq3hofMgwzs

En voici un autre, issus du journal du soir sur la télé nationale suisse du samedi 11 août (tourné le jeudi) :
http://www.rts.ch/video/info/journal-19h30/4193648-saint-imier-be-accueille-les-rencontres-internationales-de-l-anarchisme-durant-cinq-jours.html



Les anarchistes sont de retour… en Suisse

Trois mille militants du monde entier ont investi depuis mercredi un village helvétique. Près d’un siècle et demi après leur naissance, les anars sont toujours là.

http://www.leparisien.fr/politique/les-anarchistes-sont-de-retour-en-suisse-12-08-2012-2122553.php

Autre lien, une émission de france culture sur les RIA de Saint-Imier (non
dépourvue d'absurdités) :
http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-d-ete-l-anarchisme-aujourd-hui-une-nouvelle-jeunesse-2012-08-09

http://www.canal3.ch/FR/index.php?option=com_canal3&Itemid=23

http://www.journaldujura.ch/nouvelles-en-ligne/region/le-pelerinage-des-anarchistes