Joseph Ratzinger, aka le pape Benoît XVI, a donc annoncé sa démission, qui a entraîné une vague de réactions de politicards soucieux de lui témoigner leur “respect”.
Pour rappel, Joseph Ratzinger était devenu préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (dont l’ancien nom était l’inquisition). Il avait alors condamné de nombreux théologiens, notamment parmi ceux qui dénonçaient la trop forte hiérarchie de l’Eglise ou encore la misère dans le monde (accusés de soutenir une conception “marxiste” du “prolétariat”), suscitant la consternation chez nombre d’intellectuels catholiques. Droit dans ses bottes, il avait canonisé des prêtres morts pendant la guerre civile d’Espagne… au même moment où Zapatero reconnaissait les combattants républicains contre la dictature fasciste de Franco.
Proche de l’extrême-droitière Opus Dei dont il admire le fondateur, le franquiste Josemaría Escrivá de Balaguer, il est soucieux de rapprocher l’Eglise catholique de sa branche intégriste scissionniste, en réhabilitant quatre prêtres excommuniés, dont un négationniste. Il dira regretter ce geste, de même qu’il se défendra d’avoir attaqué l’islam lors de son discours de Ratisbonne en citant Manuel II : “Montrez-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. On ne trouvera que des choses mauvaises et inhumaines”. Force est de constater que le “Panzerkardinal” a maintenu une ligne très conservatrice.
Il s’est ainsi opposé à toute évolution de la doctrine concernant par exemple la laïcité (dénonçant le “laïcisme”), le célibat des prêtres, les prêtres femmes, la contraception (l’usage de la capote selon lui “aggrave le sida”) et l’avortement – y compris dans les cas où la santé de la femme est en jeu… Rappelons aussi que Benoît XVI avait validé, par la voix du préfet de la congrégation pour les évêques, l’excommunication de la mère d’une fillette de neuf ans violée par son beau-père, pour avoir aidé sa fille à avorter.
Suivant sa résolution à combattre la “morale dissolue”, il a aussi condamné l’homosexualité, tout en affirmant dans le même temps que les homos avaient droit au respect. Il a fait interdire que des homos ou des hommes promouvant la “culture gay” entrent en séminaire. Il a aussi qualifié l’homosexualité “d’injuste”. Il n’a pas démenti les assertions du cardinal Bertone, selon lesquelles il y aurait un lien entre homosexualité et pédophilie. Au contraire, le Vatican les a reprises, alors même que le pontificat de Benito XVI fut éclaboussé par le scandale de la pédophilie au sein de l’Eglise catholique. Promoteur du mariage de l’homme et de la femme, il va jusqu’à dire, évoquant en creux le mariage homo, que “les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité” (!)
Le seul mérite de ce pape aura été d’avoir un peu plus vidé les bancs des églises par ses déclarations odieuses. Mais l’influence de l’Eglise sur les sociétés, notamment en matière d’homophobie et de rejet de droits des femmes, demeure hélas bien trop forte. Il nous faut continuer de lutter pied à pied contre la domination religieuse sur les esprits et les corps.
Pavillon Noir, 11 février 2013
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