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La guerre en Syrie, notre histoire
Posté le 6 décembre 2015 par Jean-Louis Cordonnier
Le 13 Mai 2015 Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Paul Brighelli se lamentaient sur le site de Valeurs actuelles : « Ce qui est plus grave, c’est la volonté affichée d’en finir avec le “roman national”(…) ». Le 16 novembre 2015, se tenait au Grand Palais (Paris) une conférence sur « Comment enseigner l’histoire de France aujourd’hui ?
Je suis frappé que les attentats du 13 Novembre soient vus comme l’irruption de méchantes mouches venant vrombir dans notre bocal paisible. Comme si l’histoire de la Syrie – loin là-bas – n’avait rien à voir avec l’histoire de France. Alors, pour retrouver la mémoire, quelques bribes du roman national :
Lors de la première guerre mondiale, l’empire Ottoman qui s’étendait sur le moyen-orient depuis des siècles a pris parti pour l’Allemagne. Pendant le conflit, les accords Sykes-Picot (accords secrets signés le 16 mai 1916, entre la France et le Royaume-Uni avec l’aval des Russes et des Italiens), prévoient déjà le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre. L’accord est entériné et légalisé avec un mandat en bonne et due forme de la Société des Nations lors de la Conférence de San Remo (19 au 26 avril 1920) et formalisé au traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920. La France reçoit mandat du Liban et de la Syrie, la Grande-Bretagne de l’Irak, de la Transjordanie et de la Palestine.
Le général Gouraud, haut-commissaire de la France au Levant, écrase en 1920 l’embryon d’armée syrienne, issue du rêve nationaliste arabe, à la bataille de Khan Mayssaloun. Face à l’attitude syrienne, le général Gouraud menace : « Par un sentiment d’humanité commun à tous les Français, je n’ai pas l’intention d’employer les avions contre les populations sans armes, mais à la condition qu’aucun Français, aucun chrétien ne soit massacré. Des massacres, s’ils avaient lieu, seraient suivis de terribles représailles par la voie des airs ». Il faut environ trois ans aux Français pour contrôler le pays.
En 1936, la France envisage d’accorder l’indépendance à la Syrie dans un délai de cinq ans. Néanmoins ce projet est définitivement enterré par le Parlement Français en 1938. Après la défaite française de 1940, l’Armée du Levant (45 000 hommes, 120 canons, 90 chars et 289 appareils) constitue un enjeu stratégique en Méditerranée Orientale. Elle est sous les ordres de l’État français dirigé par le Maréchal Pétain. Les Allemands et les Italiens sont autorisés à faire escale dans les aérodromes Syriens avant de rejoindre l’Irak en guerre contre les Britanniques. La « guerre du Levant » (8 juin-11 juillet 1941) voit l’invasion du Levant français (la Syrie et le Liban contrôlés par Vichy, donc) par des troupes notamment britanniques, indiennes, australiennes et françaises libres.
Cinq ans après avoir obtenu son indépendance des Forces françaises libres, en 1941, la Syrie se soustrait de la tutelle française. Ses dirigeants proclament l’indépendance le 17 avril 1946 alors que les dernières troupes françaises quittent le pays. La fête nationale syrienne commémore ce 17 avril, date du départ des derniers soldats français.
Le 7 août 1957, après avoir vainement tenté d’obtenir des armes de Occident, et pour se protéger les menaces israéliennes, turques et irakiennes à ses frontières, le gouvernement syrien signe un traité d’assistance économique et technique avec Moscou.
Et comme disait Victor :
Je défends l’égaré, le faible, et cette foule
Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écroule
Et tombe folle au fond des noirs événements ;
Étant les ignorants, ils sont les incléments ;
Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire
À vous tous, que c’était à vous de les conduire,
Qu’il fallait leur donner leur part de la cité,
Que votre aveuglement produit leur cécité ;
D’une tutelle avare on recueille les suites,
Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes
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