"on arrive sur un centre de tir"...
Dans notre histoire, si la vérité n’apparaît pas dans les témoignages des policiers,
elle ressort, banale et répugnante, au détour d’une communication radio entre
policiers, enregistrée et portée au dossier. En se rendant sur les lieux, l’un des
policiers dit : « On arrive sur le stand de tir ». Il faut se répéter deux fois cette phrase
pour y croire et mesurer sa violence au regard des actes qui l’ont accompagnée.
« On arrive sur le stand de tir ». Ces quelques mots révèlent l’état d’esprit dans
lequel étaient les policiers le soir du 8 juillet, quand ils nous ont tiré dessus au
flash-ball. A quoi font-ils référence ? A une séance d’entraînement, à un concours
sportif, à un jeu de fête foraine ? Tout cela à la fois, sûrement. Qu’étions-nous
pour les policiers qui nous ont tiré dessus ? Des silhouettes en carton ? Sauf que les
cibles n’étaient pas dessinées sur nos torses mais sur nos visages. Le gagnant du
soir partait favori. Le policier qui a éborgné Joachim était champion de France
de tir. En plein dans le mille. Le procès qui s’annonce touche, lui aussi, en plein
dans le mille. Il aura lieu en Seine-Saint-Denis, au tribunal de grande instance
de Bobigny. Il nous permettra de mettre en lumière les violences policières dans
les quartiers populaires, ainsi que le silence et le déni de justice qui les entourent.
Il nous permettra aussi de faire le procès du flash-ball, et de toutes les nouvelles
armes dont la police se dote pour frapper, blesser, mutiler les corps. »
Extrait d’un tribune publiée par
le Collectif huit juillet dans Libération
le 18 août 2014
INFO
Toutes les analyses, interventions
et tribunes du collectif huit juillet
sont disponibles sur son site :
https://collectif8juillet.wordpress.com/
Facebook et Twitter :
collectif 8 juillet
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