Dire
qu'il y a 50 années à peine, dans les années 1960, on parlait de
« civilisation
des loisirs »
à venir avant la fin du 20ème siècle !
Quelques
décennies auront suffit pour balayer la quasi totalité des
conquêtes sociales issues de 1936 et 1945, faisant place à un recul
de civilisation sans précédent, à une véritable déshumanisation
de la société.
Parler
alors de « déficit
de démocratie »,
« d'arrogance
des élites »,
de « crise
du capitalisme »,
de « fossé
entre citoyens et élus »
relève de doux euphémismes, tant la réalité actuelle va bien au
delà et nous prépare à une totale « ubérisation »
de la société enfin débarrassée, au nom de la modernité, de tout
lien social et de ses vieux principes d'égalité, de solidarité et
de justice sociale.
L'avenir
est à une société de femmes et d'hommes auto-entrepreneurs
s'auto-exploitant, sans garantie et couverture sociales !
Mais
en dehors de ceux qui restent sourds face à la colère qui monte, de
ceux qui restent aveugles face aux dégâts causés par le système
capitaliste, le libéralisme, et, ou de ceux qui restent muets par
habitude de soumission, de « servitude
volontaire »,
nombreux sont les travailleurs qui prennent de plus en plus
conscience qu'ils sont la proie de véritables prédateurs agissant
en toute impunité, et il faut bien le dire avec la complicité de
tous les hommes politiques, de gauche comme de droite.
Pourquoi
dès lors ne pas (s') avouer que le capitalisme a toutes les raisons
de crier victoire quand il triomphe de toutes les luttes menées par
le mouvement ouvrier depuis plus de 2 siècles ! Pourquoi se
priverait-il de claironner quand le terrain des luttes est déserté
? Face au déchaînement patronal, quelle(s) centrale(s) syndicale
(s) voudrait encore nous faire croire que les 8 % de travailleurs
syndiqués en France sont en capacité de bloquer le pays ? En
ont-ils la volonté et les moyens face aux répressions policières,
à l'immobilisme de toute une société en « état
d'urgence et d'errance »
?
Quelle
centrale syndicale peut justifier, qu'à la place de la nécessaire
globalisation des luttes, les corporatismes s'affichent à longueur
de revendications divisant les travailleurs plus qu'ils ne les
unissent ?
Et
que dire de certaines de celles-ci :
- FO qui se bat pour que les matons aient les moyens d'être encore plus répressifs dans des prisons surchargées où se côtoient petits délinquants, grand banditisme et individus relevant de soins psychiatriques !
- la CGT qui se bat pour maintenir le fonctionnement de la centrale nucléaire de Fessemhein qui a largement dépassée sa durée de vie au bout de 39 ans !
- Quant à la CFDT, le patronat sait qu'il n'a rien à craindre du « syndicat du stylo » pour la « défense du bien commun ». La CFDT ne trahit pas, elle poursuit sa mission originelle d'annexe du Vatican !
Ces
réflexions n'ont pas pour objet de dénigrer l'action syndicale mais
il serait temps, d'observer sans tabou, la réalité des
fonctionnements de confédérations où la préservation de postes de
permanents passe en priorité devant l'écoute, l'information, la
formation et le soutien aux « militants
de la base ».
Après
ces premières réflexions, pourquoi ne pas (s') avouer également
que le triomphe du capitalisme est d'autant plus éclatant qu'il est,
en grande partie dû au soutien que lui accordent toutes les grands
partis politiques dits républicains, y compris ceux issus du
mouvement ouvrier ? Que les partis politiques de droite soutiennent
le patronat, rien que de plus naturel dans la mesure où les élus de
ces partis font partie pour l'essentiel des mêmes familles
d'intérêts. Mais que les forces historiques de la « Gauche
républicaine »
agissent, quand elles sont au pouvoir, de la même manière que
celles de droite pose un sérieux problème de compréhension !
Y
a t-il un seul parti politique de gauche qui, arrivé un temps au
pouvoir, ait tenté de remettre en cause le système capitaliste en
condamnant par exemple la propriété privée des moyens de
production, l'accaparement des richesses par une minorité etc. ?
Aucun ! Jamais ! Aucun parti politique n'a jusqu'à ce jour affiché
sa volonté d'abattre le système d'oppression économique qu'est le
capitalisme, préférant nous faire croire qu'il était possible de
« l'aménager »,
de « l'adoucir »,
bref, de « l'humaniser »,
alors que l'on sait parfaitement que « On
n'humanise pas le capitalisme, on l'abat ! ».
On ne peut qu'observer que les intérêts des hommes politiques sont
les mêmes dès lors qu'ils sont au pouvoir : le garder et se servir
plutôt que servir !
Normal
quand on sait que les élus de gauche, ministres, sénateurs et
députés sont en grande partie issus des mêmes écoles que leurs
collègues de droite !
Normal
alors qu'il ne se passe pas un mois sans qu'un nouveau scandale
politico-financier ne vienne éclabousser tel élu de droite ou de
gauche.
De
plus, pourquoi ces hommes se priveraient-ils de piocher dans la
caisse quand ils savent par avance la clémence de la justice à leur
égard ! Au « pas
vu pas pris »
du petit délinquant de banlieue, résonne en écho le « vu
mais pas pris »,
« vu
mais amnistié »
des hommes politiques !
Et
que l'on ne me dise pas que disant cela, je verse dans un populisme
d'extrême droite alors que je ne fais qu'énoncer une réalité qui
devient de plus en plus énorme dans l'indifférence quasi générale
!
Face
à cette gigantesque supercherie qu'est la représentation politique,
il faut bien repondre de temps à autre répondre aux quelques
interrogations dans la tête du citoyen lambda. Il suffit alors à
l'Etat de nous resservir régulièrement le « plat
des élections »,
d'organiser à grand coup médiatique la « Grande
mascarade électorale » ,
cette « Union
sacrée citoyenne »
où tout à coup le peuple aurait le pouvoir de changer les choses
tout en ne changeant rien au menu principal !
Nous
serions sauvés par les « Saintes
urnes »
?
Amen
!
Regardons
un peu en arrière.
Depuis
la dernière guerre mondiale, les français auront eu le droit de
goûter au régime autoritaire du général de Gaulle, puis
brièvement à celui de son dauphin Pompidou ; Après la « droite
autoritaire »,
le centre tout aussi autoritaire avec Giscard d'Estaing, chassé du
pouvoir par un certain Mitterand, paraît-il socialiste ! Deux
mandats plus tard, la droite de plus en plus autoritaire revenait aux
affaires avec Chirac puis le très décomplexé Sarkozy; enfin,
miracle, la « Gôôôche
socialiste »
réapparaissait avec Hollande, paraît-il socialiste.
Les
français auront vraiment tout essayé sauf l'extrême droite, vous
savez « Le
seul parti qui n'a pas besoin d'être au pouvoir pour que sa
politique soit appliquée par la droite comme par la gauche »
!
Si
l'on remonte plus en arrière, plus de deux siècles sont là pour
témoigner des permanentes trahisons des uns comme des autres : 1789,
1830, 1848, 1871, 1936, 1968, autant de périodes de notre histoire
où pour réponses à leur volonté d'émancipation, les travailleurs
ont subi les plus terribles des répressions.
Et
à chaque fois, commandant les fusils il y avait des parlementaires !
Les
décennies passées sont là pour rappeler que « Les
urnes ne sont que le cercueil de nos illusions ! »,
que « Si
elles servaient à changer quelque chose elles seraient interdites
depuis longtemps ».
Il
faut de sacrés trous de mémoire et une grande naïveté pour
retourner à l'isoloir alors que l'on est systématiquement cocufié
!
Comment
expliquer autrement que par une vraie addiction relevant de soins
médicaux, le fait d'aller encore voter quand en 2005 un Traité
constitutionnel refusé par la majorité a fini par être imposé 2
années plus tard à Lisbonne !
Depuis
que les élections, la représentation parlementaire existent, la
règle est simple : dès lors qu'un parti politique, y compris de
gauche, arrive au pouvoir, il « arrive
aux affaires »
et n'a pour seule promesse à tenir que celle faite aux puissants :
ne rien changer !
C'est
la définition même de l'Etat : un collège d'administrateurs qui
protègent les biens des possédants et ne peut donc que criminaliser
toute volonté d'émancipation.
Un
exemple : de la même manière que les travailleurs qui ont osé
déchirer une chemise ne sont pas jugés et condamnés par leur
patron mais par l'Etat, c'est ce même Etat qui envoie les CRS pour
tabasser les manifestants contre la Loi El Khomri !
Cette
relation étroite entre Etat et capitalisme, la soumission du premier
au second est scandaleusement absente de la majorité des critiques
y compris celles venant d'intellectuels dits de gauche qui continuent
de vouloir nous bercer d'illusions en laissant croire que tel
personnage politique fera mieux que les précédents !
Faute
de discours idéologique on fait appel aux majorettes médiatiques !
J'entends
déjà la sirène républicaine appeler, au nom du « pacte
républicain »
à voter Fillon, Macron ou Valls, bref choisir entre des hommes de
droite, pour faire barrage à Le Pen fille ! La politique du « moins
pire »
nouveau concept démocratique et républicain....durable (version
écologiste) !
Le
résultat des prochaines élections est déjà connu. Le vainqueur
est le CAC40 !
Car
la première tromperie consiste à faire croire qu'un élu décide
quand on sait que plus de 75% de ce qui fait le quotidien des
français est décidé à Bruxelles par des technocrates non élus
par le peuple.
La
deuxième tromperie réside dans le fait que les décisions prises
sur les 25 % restant sont souvent à l'inverse des promesses
électorales faites.
Pourquoi
un élu politique se poserait-il des questions de conscience quant au
respect de ses engagements quand il sait pertinemment qu'il n'a aucun
compte à rendre ? Il fut un temps où des hommes ont essayé
d'imposer le « Mandat
impératif »
histoire de limiter les abus de pouvoir.
Mais
c'était avant !
Aujourd'hui
d'ailleurs je me demande pourquoi dépenser l'argent public alors
qu'il suffirait que gauche et droite alternent leur passage au volant
puisqu'il s'agit de conduire sur la même route !
Quelle
image extraordinaire d'une démocratie à l'agonie : la France est
dirigée par des hommes, des partis politiques qui ne représentent,
selon le type d'élections, que 5 à 10 % de la population ! Il y a
un mot pour qualifier cette réalité : illégitimité absolue de nos
gouvernants !
Et
il y en a encore qui vont vouloir aller voter en 2017 ?
Oui
des femmes et des hommes retourneront à l'isoloir parce que l'Etat
les a convaincu que « faire
de la politique est quelque chose de complexe »,
et que l'on « ne
peut confier la gestion et administration des biens et des hommes
qu'à des professionnels, des experts ».
Dans
le moindre petit village, le maire vous dira qu'il reçoit chaque
semaine plus de papiers, règlements, directives à lire, remplir et
à signer qu'il n'y a d'habitants dans sa commune ! Quant au
fonctionnement des communautés de communes, loin d'être des lieux
de fonctionnement démocratique, ce sont des lieux de pouvoir où des
hommes non mandatés prennent les décisions les plus importantes !
Au
bout du compte, à tous les étages de cette pseudo « démocratie
aux valeurs républicaines bien de chez nous »,
les élections sont là pour nous dessaisir de nos vies, de nos
capacités à nous gérer nous-mêmes.
Nous
sommes considérés tels de grands enfants devant encore croire au
« Père
Noël électoral ».
L'Etat cherche à nous faire croire qu'il suffit de glisser un papier
dans l'urne, comme la liste de cadeaux dans les chaussures au pied du
sapin, pour rêver que nous avons un rôle à jouer en allant voter.
L'histoire
est pourtant là pour rappeler que toutes les tentatives
d'émancipation se sont déroulées en dehors du terrain électoral,
se sont menées par le peuple dans la rue, par les travailleurs dans
leurs usines.
Seule
la réappropriation peut nous délivrer de l'oppression capitaliste
et étatique.
En
1871, lors de la Commune de Paris, comme dans l'Espagne de 1936, les
femmes et les hommes surent s'organiser, collectiviser et
s'autogérer. Malgré les erreurs et dans des situations de guerre,
de trahisons de partis de gauche, ces expériences ont prouvé que
les travailleurs, citoyens étaient en capacité de changer le monde
!
L'expérience
a aussi malheureusement montré qu'à chaque fois des hommes
sortaient du bois, s'autoproclamant « Sauveur
suprême »,
« Avant
garde éclairée du prolétariat »
etc.
Si
il y a une leçon à tirer de tout cela, c'est bien la nécessaire
vigilance des travailleurs face aux tentatives d'abandon, de
trahisons, en particulier de ceux qui sont censés les représenter.
Il
suffit de regarder l'Espagne et la Grèce d'aujourd'hui où des
« Gourous
de circonstance »,
néo-marxistes pour la plupart ont très vite montré pour quels
intérêts ils oeuvraient en réalité.
Jean
Luc Mélenchon qui se déclare l' « insoumis
de service »
après une vie politique commencée au biberon trotskyste avant
d'aller à la soupe socialiste est-il crédible ?
Mon
choix est depuis longtemps fait : je n'irai pas voter aux prochaines
élections ! J'engage le maximum de femmes et d'hommes à faire de
même. Dès aujourd'hui il nous faut travailler à convaincre autour
de nous pour que l'abstention soit l'unique réponse au carnaval
électoral, à la parodie de démocratie que certains voudraient
d'ailleurs rendre obligatoire !
Le
mot d'ordre d'abstention massive ne suffit pas. Il doit immédiatement
être accompagné de manifestations dans les rues, d'occupations dans
les usines et dans tous les lieux de décisions. Il est grand temps
de faire monter la pression, qu'enfin puissent être entendus les
millions de femmes et d'hommes qui n'en peuvent plus de cette société
là et qui refusent d'avoir toujours des imposteurs au bout de leur
bulletin de vote.
Il
n'y a pas de sauveur suprême dit la chanson. Sauvons-nous nous-mêmes
!
Il
est temps de dire non à la « servitude volontaire »
Ni
dieu, ni maître
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