Tant
mieux si cela permet une plus grande prise de conscience quant à
l'étendue et à la gravité des atteintes portées aux droits des
femmes à travers le monde.
Pour
autant, je ne suis pas sûr que cette marée planétaire suffise à
elle seule à abolir plus de 3 000 ans de soumission de la femme à
l'homme, à mettre un terme aux harcèlements et aux agressions
sexuelles.
Notre
société s'effondre sur ses bases ; elle est à repenser
totalement sur d'autres fondations que les rapports de domination. Il
est à souhaiter qu'elle repose enfin sur des principes d'égalité
et de solidarité.
Mais
ce ne sont pas les réseaux sociaux qui vont nous mener à
l'émancipation de chacun, quel que soit son sexe.
D'autre
part, considérer que la majorité des « mecs
français n'en mène pas large ou crie à la guerre des sexes, à la
délation, à la diffamation, à l'amalgame ou à la loi du lynch »
est réducteur. Il y a aussi des hommes qui s'interrogent sur comment
sortir de cet impasse où ils se sentent également enfermés !
Parce
que nés hommes nous serions des prédateurs par nature, par
définition et par destination ?
Nous
ne serions déterminés que par nos sexes, l'un dominant fatalement
l'autre,sans espoir d'émancipation !
Si
cela était, inutile de s'étendre sur le sujet, autant assumer ou
disparaître !
Les
agressions sexuelles sont une oppression de plus, subies
essentiellement par les femmes, dans une société où le système
capitaliste s'appuie sur ses deux serviteurs zélés que sont l'Etat
garant de la soumission temporelle et la religion garante de
soumission spirituelle. L'une et l'autre sont complémentaires et ce
n'est d'ailleurs pas un hasard si le patronat, sous couvert de
défense de la laïcité, se préoccupe autant de religion dans
l'entreprise.
Les
deux, l'Etat et la religion tentent de soumettre les femmes non
seulement aux hommes mais surtout à un système qui tente de
soumettre nos consciences et d'aliéner nos vies en nous opposant les
uns aux autres, en faisant des uns les prédateurs des autres...
Ils
ont et sont le Pouvoir et nous sommes les victimes !
L'état
de soumission et d'exploitation dans lequel baignent les femmes comme
les hommes est bien à mettre en rapport avec le Pouvoir : y a
t-il un rapport entre la culture machiste justifiant la domination
masculine et la domination sociale politique et économique ?
Non
seulement il y a un rapport mais le patriarcat s'appuie sur ces deux
socles.
La
culture machiste est historiquement liée à l'apparition des
religions monothéistes faisant de la femme l'inférieure de l'homme.
Le capitalisme n'a eu qu'à s'appuyer sur ce dogme pour asseoir
l'exploitation économique : ainsi la propriété des moyens de
production comprend la propriété de l'être inférieur, la femme.
Pour
preuve depuis quand la femme a t-elle le droit d'avoir un chéquier ?
De
diriger un commerce sans le consentement de son mari ?
Comment
détacher les oppressions sexuelles des oppressions économiques
quand la majorité des abus, agressions, harcèlements et viols ont
lieu dans des lieux du monde socio-économiques où, des hommes
essentiellement usent à souhait du pouvoir que leur confère leur
statut socialement reconnu par l'ensemble de la société :
- Le formateur, l'enseignant profitant de son statut par rapport aux élèves, enfants ou adultes, qui lui sont confiés,
- L'éducateur spécialisé travaillant auprès de personnes handicapées en milieu fermé,
- Le chef de service hospitalier dirigeant une équipe d'infirmières,
- Le petit patron chef de quelques dizaines d'employées,
- Le gérant de grande surface régnant sur quelques dizaines de caissières,
- Le prêtre diffusant la parole de l'évangile aux chères petites têtes blondes,
- Le responsable associatif faisant la pluie et le beau temps auprès des adhérents,
- Le dirigeant sportif initiant les enfants et les jeunes,
- Le leader politique vénéré par les militants,
- L'officier commandant les jeunes recrues dans sa caserne, etc.
Et
que dire du militaire, militant d'ONG profitant d'une mission de
protection de civils pour échanger nourriture contre fellation !
Dans
toutes ces situations des délits et crimes sexuels sont commis,
connus et tolérés par autant de femmes que d'hommes. Comment se
fait-il par exemple que des femmes se disant croyantes et
pratiquantes « nous
assourdissent de leur silence »
face aux agressions sexuelles commises, couvertes et étouffées par
l'institution catholique ?
Je
ne leur reproche pas de croire en dieu mais de se taire face aux
crimes commis envers leur progéniture !
Là
comme ailleurs « le
silence des pantoufles permet le bruit des bottes », autrement
dit, le silence de la majorité permet l'abus de pouvoir d'une
minorité.
Il
existe heureusement des hommes qui, refusant toute fatalité,
cherchent à agir, ne confondant pas culpabilité et responsabilité !
Je
ne suis pas le seul à penser que seule une révolution sociale et
libertaire peut nous aider à nous émanciper de 3000 ans de
soumission.
Tant
que le système capitaliste perdurera, tant que les religions et
l'Etat tenteront de nous soumettre, les femmes comme les hommes
continueront de subir les violences sociales, économiques et
sexuelles.
Il
n'y a pratiquement pas de paix dans le monde ; celui-ci donne à
voir deux situations de guerre : la guerre sociale ou la guerre
tout court, celle-ci ne faisant que légitimer encore plus les
agressions faites aux femmes comme aux hommes.
Supprimons
le Pouvoir et nous aurons, espérons-le, moins de violences
sexuelles ; nous aurons du moins une justice rendue par la
société civile et non par une justice de classe exercée par une
minorité de femmes et d'hommes contre une majorité de femmes et
d'hommes.
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