« ...Ah,
comme tu vas souffrir, mon frère, de découvrir combien nos
semblables sont souvent haïssables, même nos amis, même nos
propres parents, je te dis. Et sais-tu pourquoi ? Parce qu'ils
sont lâches. Et un jour nous le paierons, nous le paierons car nous
n'aurons pas eu ce courage de nous élever, de crier contre les actes
les plus abjects. Personne ne veut crier, personne ; crier çà
emmerde les gens. En fait, j'ignore si çà les emmerde, ou si çà
les fatigue. Mais les seuls qui crient sont ceux que l'on bat, à
cause des coups. Et autour, personne ne ressent de rage, personne
pour faire du vacarme. Cà a été toujours comme çà, et çà le
restera : l'indifférence. La pire des maladies , pire que la
peste...L'indifférence ne se combat pas, ou alors difficilement.
L'indifférence est la raison même pour laquelle nous ne pourrons
jamais dormir tranquilles ; parce qu'un jour nous perdrons tout,
non pas parce que nous sommes faibles et que nous avons été écrasés
par plus fort que nous, mais parce que nous avons été lâches et
que nous n'avons rien fait...Et qu'il faudra vivre quand même... »
Extrait
« Les derniers jours de nos pères » de Joël Dicker
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