vendredi 27 mars 2015

6ème journées de l'Ateneo Republicano du Limousin


Christian Pataud, un anarchiste à la libération de Limoges

Mercredi 22 avril 2015 
à 18 heures Salle des conférences de la BFM 
2, place Aimé-Césaire à Limoges 



Réservations : cira.limousin@free.fr 

ENTRÉE LIBRE

 Organisé par le CIRA-LIMOUSIN (Centre international de recherches sur l'anarchisme) avec le soutien du groupe Armand-Beaure de la Fédération anarchiste 

Christian Pataud, un anarchiste à la libération de Limoges Planque à Soudaine (Corrèze) Un témoin privilégié de la libération de la ville analyse le contexte de ces moments historiques.

mercredi 18 mars 2015

Face au maire fasciste de Béziers, de l’irresponsabilité au sursaut républicain

La puissance publique se définit comme un ensemble de moyens mis à la disposition de l’État pour assurer la sûreté de son territoire, la sécurité de ses citoyens ainsi que l'application des lois et règlements.

Le 5 décembre dernier, en ouverture de la cérémonie officielle d’hommage aux Morts pour la France de la guerre d’Algérie, le maire de Béziers, Robert Ménard, avait, dans une allocution dont la violence sembla déconcerter le sous-préfet présent, annoncé qu’il débaptiserait la rue du 19 mars 1962 pour lui donner le nom du commandant Hélie Denoix de Saint Marc. Le 11 décembre, il faisait voter une délibération en ce sens par le conseil municipal. Le 14 mars suivant, hier, il dévoilait, à l’entrée de cette rue, une plaque comportant un libellé différent de celui adopté trois mois plus tôt :

Béziers rue HDSM

Le représentant de l’État dans le département a été averti de tous ces éléments : discours révisionniste, délibération légalement contestable, inauguration avec discours potentiellement attentatoire aux principes et valeurs de la République. Il l’a été en temps utile : utile à la protection de la puissance publique face à une menace autrement plus sérieuse  que celle d’un humoriste interdit de spectacle pour risques de grossièretés antisémites. Plus sérieuse parce qu’émanant d’un élu auquel la qualité de premier magistrat municipal ne saurait être reconnue sans faire, en l’occurrence, injure à notre justice. Plus grave, aussi, en raison du déclenchement entre-temps, sur l’ensemble du territoire, d’un plan Vigipirate à son niveau supérieur.

Aucune mesure préventive n’a toutefois été mise en œuvre, et l’autorité de l’État s’en est trouvée affaiblie : déni de la loi du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie ; laissez-faire au regard d’un projet d’éloge public d’un officier militaire - putschiste - ayant trahi la République au moment même où l’on attendait de lui l’obéissance à un Gouvernement légal et à une autorité légitime.

Cette stratégie a permis, hier, à Robert Ménard de tenir - et diffuser dans le même temps sur le site Internet de la ville de Béziers - un discours  (cf. infra, sa reproduction intégrale) allant largement au-delà de la réécriture de l’histoire, de l’apologie du terrorisme de l’OAS et de la propagande nationaliste. En effet, les limites de la xénophobie et du racisme ont été franchies, comme l’illustrent les extraits ci-après, au point de rendre le maire de Béziers passible a priori de sanctions administratives et, plus sûrement, de poursuites pénales au regard des textes qui encadrent la liberté d’expression :

- «  […] alors qu’on obligeait un million de Français à quitter leur Algérie natale, on ouvrait la France - quasi simultanément - à des millions d’immigrés bien décidés pour certains à ne jamais se sentir, à ne jamais devenir des Français à part entière. » ;

- « Colonisation de peuplement, disait-on de la présence française en Algérie. Il faut parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement, d’immigration de remplacement. » ;

- « Il y a 50 ans, je m’en souviens, vous vous en souvenez, nous tapions sur des casseroles en scandant « Al-gé- rie fran-çaise ». Il faudrait aujourd’hui, avec la même ardeur, avec la même détermination, dire non à cette France métissée qu’on nous promet, qu’on nous annonce, qu’on nous vante. ».

La loi s’appliquera-t-elle enfin à l’encontre de ce maire que son programme politique, axé sur la propagande, s’appuyant sur la valorisation des armes et comportant même la justification de leur utilisation contre la République, apparente à un authentique fasciste ?

On peut l’espérer en considération de l’esprit républicain retrouvé avec les interventions, au cours de la journée d’hier, du Gouvernement à ses plus hauts niveaux, venu in extremis conforter les opposants à la cérémonie appelée par Robert Ménard.

Ainsi, réprouvant cette initiative, le Premier ministre a-t-il affirmé que "la nostalgie, et notamment la nostalgie de l'Algérie française, n'apportera rien de bon", le porte-parole du gouvernement déclarant quant à lui : « Avec Denoix de Saint Marc, Ménard et FN montrent leur visage : réécrire l'Histoire, mépriser la mémoire et s'en prendre à la République. Face à ceux qui cherchent à raviver les plaies du passé pour nous diviser, plus que jamais, le devoir de rassemblement s'impose. ». Dans un communiqué national intitulé "Le maire de Béziers, soutenu par le FN, porte atteinte à la République", le Parti socialiste avait, de son côté, dit presque dans le même temps s’associer aux initiatives se déroulant ce samedi à Béziers contre la décision de M. Menard.

Ces positionnements ont été obtenus grâce l’engagement et à la mobilisation, dans l’unité pour la République, d’associations nationales, régionales et locales, représentatives du monde combattant, des victimes de l’OAS, des rapatriés, des valeurs humaines et citoyennes ainsi que d’organisations syndicales et de formations politiques qui, dès l’origine, ont su voir dans l’infâme projet de Robert Ménard tant une menace au regard de l’ordre public qu’un risque de retour à la guerre, celle des mémoires, entre la France et elle-même.

Ces déclarations ont été rendues possibles par le recueil de plus de trois mille signatures sur une pétition électronique en faveur de la sauvegarde de la rue du 19 mars 1962 à Béziers cf. : http://www.petitions24.net/signatures/sauvons_le_nom_de_la_rue_du_19_mars_1962_de_beziers/start/3640).

La publication de ces communiqués gouvernementaux a été l’heureux point d’orgue d’un contre-rassemblement auquel le président de la FNACA de Paris, empêché à la dernière minute, a dû mandater l’un de ses membres. Face à moins d’un millier et demi de revanchards de l’Algérie française, d’anciens criminels de l’OAS et d’identitaires de la Ligue du Midi, ce sont quelque 600 participants, parmi lesquels des parlementaires, anciens ou en activité, qui ont exprimé de vive voix leur opposition résolue à la ligne de conduite fascisante tracée par Robert Ménard dans les rues de Béziers.

Dans ce contexte de sursaut républicain à la tête de l’État et du parti de gouvernement majoritaire, l’on se prend à espérer, outre la mise en œuvre de procédures de sanction à l’encontre du maire de Béziers, la présence, le jeudi 19 mars, du Premier ministre devant le Mémorial national des Morts pour la France en AFN quai Branly à Paris et celle du Président de la République lors du ravivage de la Flamme du Souvenir sous l’Arc de Triomphe.

Dans l’immédiat, tournons nos pensées vers les six victimes du massacre collectif perpétré, il y a tout juste cinquante-trois ans, à l’intérieur du siège des Centres sociaux éducatifs créés à Alger par la résistante et déportée Germaine Tillion. Sachons nous rappeler que ces six serviteurs de l’éducation et de la culture française ont été assassinés par un commando de déserteurs issus du même régiment qu’Hélie Denoix de Saint Marc, à la mémoire de qui le maire de Béziers a osé dédier une rue le présentant comme un héros français.

Jean-François Gavoury
Président de l’Association nationale
pour la protection de la mémoire
des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)
Cel. : 06 14 79 95 02





Discours de l'inauguration de la rue Commandant Denoix de Saint Marc
14/03/2015 - 14:30
L'inauguration de la rue Commandant Denoix de Saint Marc en remplacement de la rue du 19 mars 1962 a eu lieu le samedi 14 mars 2015 à14h30.


Discours de Robert Ménard, Maire de Béziers, prononcé lors de l'inauguration de la rue Commandant Denoix de Saint Marc :

"Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les présidents, Mesdames, Messieurs,Et surtout, chers, très chers amis,
D'abord, merci ! Merci d'être là. Merci d'être venus au rendez-vous de la justice et de la fidélité. Honneur à vous qui, parfois, avez parcouru 500 kilomètres, 1000 kilomètres pour être ici. Votre présence, votre nombre, prouvent combien cette cérémonie répond à un impérieux besoin de réparation et de reconnaissance. Et puis, pourquoi ne pas le dire, votre présence me touche infiniment. Oui, merci d'être là. Pour nous, pour tous ceux qui nous ont quittés et, aussi, pour ceux qui viennent.Il y a des moments, il y a des gestes, il y a des paroles qui vous engagent totalement. Qui disent d’où vous venez. Qui disent ce qui est essentiel à vos yeux. Qui disent ce que vous êtes. Qui vous donnent l’occasion – rare, précieuse – de vous replacer dans une lignée, de rendre hommage aux vôtres, de saluer un père, une mère, une famille, de saluer votre famille.Il y a des moments où il faut se rassembler, se retrouver, se souvenir, se tenir chaud les uns les autres. Il y a des moments où il faut dire non aux mensonges, à l’histoire trafiquée, réécrite, bafouée. Il y a des moments où trop c’est trop, où nos plus âgés meurent sans que jamais l’on ait reconnu leur travail, leur mérite, en un mot, leur vie. Oser dire, oser laisser penser que la guerre, oui la guerre d’Algérie s’est terminée le 19 mars, le jour de la signature des accords d’Evian, n’est pas seulement un mensonge, c’est une ignominie, une insulte à la mémoire de tous ceux – pieds-noirs, harkis, jeunes du contingent – qui ont été torturés, qui ont été émasculés, qui ont été tués, qui ont disparu après cette date, après cette capitulation, après cet abandon, après ce renoncement à ce que fut la France, à ce que fut la grandeur de ce pays, de notre pays.

À cela, nous ne pouvons nous résigner. À cela je ne peux me résigner. Parce que je pense à ma famille, à nos familles. Parce que je pense à mon père, à nos pères. Parce que je pense à ces cimetières abandonnés, saccagés, rayés de la carte, comme gommés de l’histoire officielle, expurgés des manuels scolaires qu’on impose à nos enfants, à nos petits- enfants.
Voilà pourquoi je suis là aujourd’hui. Voilà pourquoi nous sommes là aujourd’hui. Pour rappeler à ceux qui nous ont trahis qu’ils ne pourront pas, éternellement, mentir, tromper, falsifier. L’Algérie de notre enfance, l’Algérie de nos aïeux, notre Algérie, ce n’est pas ce que certains veulent nous faire croire, ce n’est pas ce qu’un Benjamin Stora ne cesse d’écrire, ce n’est pas aux renégats, aux porteurs de valises d’en imposer l’image. De cela, nous ne voulons pas, nous ne voudrons jamais.

Je le dis à l'adresse de ceux qui s'agitent là-bas, plein d'une haine titubante, enveloppés dans de vieux mensonges qui s'effilochent : le communisme est mort et ses derniers militants sont des spectres errant dans le dédale de leur rancœur et de leur ignorance. Ils ont voulu hier l'Algérie algérienne, ils ne veulent pas aujourd'hui de la France française. La traîtrise est leur patrie. Nos victoires leur châtiment.« À lire une certaine presse, écrivait Albert Camus en 1955, il semblerait vraiment que l’Algérie soit peuplée d’un million de colons à cravache et à cigare, montés sur Cadillac... »60 ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Alors, si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour dire« assez ! ». Assez de ces contre-vérités sur les pieds- noirs qui n’étaient pas tous des colons roulant en décapotables américaines. Assez des mensonges sur le bilan de la colonisation. Assez de cette perpétuelle repentance !

Oui, nous pataugeons dans une perpétuelle contrition. Honteux de ce que nous avons été. Honteux même, parfois, de ce que nous sommes. Quand la France intervient en 1830 en Algérie, elle mène une guerre de conquête longue et impitoyable, c’est vrai ! Mais, faut-il le rappeler, il s’agissait de mettre hors d’état de nuire les pirates qui sévissaient depuis la côte algéroise. Ces forbans n’étaient pas des pirates d’opérette : ils enlevaient, suppliciaient, réduisaient les chrétiens en esclavage. Le rappeler, est-ce se transformer en avocat inconditionnel de l’épopée coloniale ? Bien sûr que non !

Faut-il le redire aux révisionnistes de tout poil, la présence française en Algérie, ce sont des ports, des aéroports, des routes, des écoles, des hôpitaux. Ce sont des marais asséchés, des maladies éradiquées. Mais aussi du soleil sur la peau, des éclats de rire sur les plages, des filles à la peau suave, un ciel comme il n’en existe nulle part ailleurs. L’Algérie, disait ma mère, c’est notre paradis à nous, ce paradis qu’on nous a enlevé, ce paradis qui hante, toujours, plus de cinquante ans plus tard, nos cœurs et nos mémoires. Après nous avoir pris notre pays, certains voudraient maintenant nous priver de nos souvenirs. Et nous faire croire que les combats ont cessé le jour où des traîtres signaient un cessez-le-feu qui n’était rien d’autre qu’un lâche abandon, un vil renoncement. Demandez aux Algérois de la rue d’Isly ! Demandez aux Oranais du 5 juillet ! Demandez aux milliers, aux dizaines de milliers de harkis ! Demandez à nos martyrs ! Demandez-leur ce que furent les jours, les semaines, les mois qui ont suivi cette véritable capitulation ! On voudrait les faire disparaître une seconde fois ! On voudrait les oublier, les nier.

Les oublier ? C’est hors de question. Comment oublier ces Européens enlevés par le FLN afin de récupérer le sang dont il avait besoin pour soigner sescombattants ? Vidés, oui vidés de leur sang, au sens clinique du terme... Et dire que certains continuent de se vanter d’avoir été les « porteurs de valises » de ces terroristes qu’on applaudit dans la bonne presse. C’est raté. Nous sommes ici des milliers pour porter témoignage. Nous sommes ici pour dire haut et fort notre vérité, la vérité. Pour la jeter à la figure de tous ceux qui nous font la morale, qui nous parlent du sens de l’histoire, des accommodements auxquels nous devrions nous résigner. Nous sommes ici pour dire tout cela à ceux qui armaient le bras des assassins, des bourreaux des Français d’Algérie.

Des assassins, des bourreaux qui nourrissent encore aujourd’hui une haine à l’égard de la France, de ses valeurs, de son histoire, de ses combats, de sa civilisation. Une haine qui pousse certains à abattre des journalistes parce qu’ils sont journalistes, à abattre des policiers parce qu’ils sont policiers, à abattre des Juifs parce qu’ils sont juifs. Cette haine de la France est comme une insulte, comme une gifle pour d’autres musulmans, pour nos amis musulmans, pour nos frères harkis, eux qui ont choisi la France, qui sont morts pour la France. Eux qui ont été massacrés, certains écorchés vifs, ébouillantés. Eux qui ont été abandonnés sur ordre de l’État français, livrés à la vindicte du FLN.

Mais que s’est-il donc passé ? Que s’est-il passé pour qu’aujourd’hui, dans notre pays, on occulte à ce point la réalité de notre histoire ? Tout simplement que, alors qu’on obligeait un million de Français à quitter leur Algérie natale, on ouvrait la France - quasi simultanément - à des millions d’immigrés bien décidés pour certains à ne jamais se sentir, à ne jamais devenir des Français à part entière.

Colonisation de peuplement, disait-on de la présence française en Algérie. Il faut parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement, d’immigration de remplacement. Un chassé-croisé dont l’histoire a le tragique secret et dont je redoute que nous ne cessions de mesurer les funestes, les dramatiques conséquences. Je voudrais me tromper. Je crains d’avoir raison.

Face aux drames d’hier, il est des hommes qui ont su dire non. Des hommes qui n’ont pas hésité à tout risquer, à tout perdre pour des valeurs qui étaient, qui faisaient toute leur vie, au point d’être prêts à mourir pour elles. Hélie de Saint Marc était de ceux- là. On les appelle des héros. Un mot qui sonne comme un anachronisme à une époque, la nôtre, où l’on nous serine qu’on ne va quand même pas mourir pour des idées, où la vie, son confort, ses petites habitudes justifient tous les compromis, toutes les compromissions. Je ne vais pas avoir l’outrecuidance de rappeler les états de service, les engagements, le prix payé par Hélie de Saint Marc devant les membres de sa famille qui nous font l’immense honneur d’être aujourd’hui parmi nous.

« Se tenir à la pointe de soi-même. » Voilà une phrase du commandant de Saint Marc qui dit, avec la plus grande justesse, l'exigence de sa vie, de toute sa vie. De l'Occupation à la perte de l'Algérie, rien n'a pu anéantir ce cœur vif, ce cœur exemplaire. Né mille ans plus tôt, son histoire serait celle d'une chanson de geste. Hélie de Saint Marc est un preux, un orphelin d'un ordre spirituel et guerrier, tenant sa vie comme une lance.

Henry de Montherlant écrivait : « Il y a le réel et il y a l'irréel. Au-delà du réel et au-delà de l'irréel, il y a le profond ». La vie et les livres d'Hélie de Saint Marc sont un périple vers les profondeurs de l’être, dans le fond sans fond de son âme. Comme Ulysse, jamais les épreuves ne le détournèrent de sa destination, j’allais dire de sa destinée. Voyages des camps et des prisons, voyages des batailles et des carnages. Voyage vers ce qu'il appelait « le tremblement sacré des choses invisibles ».

Je citerai encore le commandant de Saint Marc, et il faut le citer souvent, car il ne fut pas seulement un chef mais aussi un remarquable éducateur. Non pas un donneur de leçons, ni un « coach de vie » comme l'on dit aujourd'hui, mais un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup vu, immensément ressenti.

Le commandant écrivait, et son petit-fils nous l’a rappelé à l’instant : « La vie est un combat, le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent. » Et il ajoutait : « Vivre, ce n’est pas exister à n’importe quel prix. »

Dire comme lui que la vie est un combat n'est pas faire l’apologie de la guerre, n’est pas faire de la guerre sa profession de foi. C'est un simple constat : si une vie, c’est aimer, partager, éduquer, c’est aussi une somme d'épreuves, de contrariétés, d'oppositions, d'expériences et d'engendrements. C’est cette somme qui fait une vie. Et celui qui refuse ce combat ne vit pas. Dire que vie et combat sont de la même substance est une adresse d'espoir. Voilà ce que nous dit le rescapé de Buchenwald. Il faut espérer et faire de son espoir un bélier qui fracasse toutes les murailles. Il faut même espérer au-delà de toute raison. C'est Héraclite qui disait : « Qui n'espère pas l'inespérable ne le découvrira pas. »Ici, je le sais, nous espérons, nous n'avons jamais cessé d'espérer. Nos espoirs sont nos fidélités. Et nos fidélités comme nos espoirs trouvent en ce jour leur récompense, comme elles trouveront demain, en d'autres lieux et sur d'autres plans, des satisfactions encore plus décisives pour notre nation et notre peuple.

Le commandant de Saint Marc est l'homme d'une génération. Une génération qui, de septembre 1939 à juillet 62, ne connut jamais le répit et la paix. Une génération qui, entre la débâcle et l'abandon, connut cent victoires. Une génération qui nous a laissés seuls avec les souvenirs de sa gloire. C'est elle, aussi, qu'en ce jour nous célébrons. Gloire à eux ! Gloire aux compagnons du Commandant de Saint Marc, gloire à ceux d'Indochine, à ceux d'Algérie, gloire à ceux des prisons qui étaient alors les garnisons de l’honneur. Oui, comme vous, comme beaucoup d’entre vous, j’ai lu les livres de celui dont cette rue portera dorénavant le nom. Et je n’ai pas honte de vous le dire : j’en ai eu les larmes aux yeux, regrettant presque d’avoir été trop jeune pour être confronté à des choix qui forcent le destin et font de vous un homme.

Et puis, je me suis dit que j’avais tort. Que chacun, à son époque, est face à des engagements qui, sans avoir le caractère dramatique de ces années algériennes, n’en sont pas moins cruciaux, vitaux. Aujourd’hui, notre pays est face à une crise qui engage son avenir, sa vie, sa survie. Et face à ces dangers, Hélie de Saint Marc, son courage, son panache, sont d’une actualité brûlante, d’une force existentielle.

Allons-nous abandonner la France, laisser faire, nous réfugier dans des slogans aussi creux, aussi vides qu’une rengaine publicitaire, qu’un discours de politicien censés nous faire oublier les responsabilités des uns et des autres ?

Il y a 50 ans, je m’en souviens, vous vous en souvenez, nous tapions sur des casseroles en scandant « Al-gé- rie fran-çaise ». Il faudrait aujourd’hui, avec la même ardeur, avec la même détermination, dire non à cette France métissée qu’on nous promet, qu’on nous annonce, qu’on nous vante. Dire non à cette France multiculturelle qu’on nous impose. Mais dire oui à une France fière d’elle-même, de son histoire, de ses racines judéo-chrétiennes. Cette France que pieds- noirs et harkis ont admirablement incarnée, cette France pour laquelle un Hélie de Saint Marc s’est battu pendant la résistance, en Indochine et en Algérie. Cette France que nous voulons transmettre, intacte, à nos enfants.  Alors, pour Hélie de Saint Marc, pour tous ceux qui sont morts en Algérie, persuadés que nous étions en France, que nous nous battions pour la France, pour tous ceux qui l’ont quittée, définitivement orphelins d’une partie d’eux-mêmes, je voudrais avant que nous entonnions « Le chant des Africains », je voudrais, en votre nom à tous, je le sais, dire, redire, répéter ce qui est notre viatique, notre credo, notre passé et, je l’espère, notre avenir : « Vive la France », « Vive la France française ! » "

samedi 14 mars 2015

François Hollande met la loi de 1905 sens dessus-dessous

Dans sa 5e conférence de presse du 5 février 2015, le président de la République, interrogé sur la laïcité, déclarait : « Il n’est pas question de modifier la loi de 1905 »1.
On a applaudi. Apparemment, un mois après, il aurait changé d’avis ?
En effet, dans un entretien avec les lecteurs du Parisien publié le 4 mars2, il déclare :« La République française reconnaît tous les cultes ».
Ce qui est l’exact inverse de l’article 2 de la loi de 1905 qui dispose : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».

Même le Concordat d’Alsace-Moselle ne reconnaît pas tous les cultes ! Ce serait donc un scoop énorme.
Et ce n’est pas fini. Poursuivant sur l’enseignement, il ajoute : « Il faut un enseignement des religions à l’école » (on suppose qu’il s’agit de l’école publique) mais, précise-t-il, « un enseignement laïc [sic] ». Je vois bien comment un enseignement abordant le phénomène religieux peut être laïque, mais je ne vois pas comment un enseignement des religions peut être laïque : il ne peut être que religieux !
Les services de l’Élysée ignorent-ils la loi au point de ne pas corriger – ou du moins expliquer et nuancer car les propos ont été tenus en public  – des approximations qui pourraient être dues à une fatigue bien compréhensible de la part d’un homme surmené ?
Il faut peut-être envisager une autre hypothèse.
Je me souviens de la proposition 46 du candidat Hollande en 2012 qui, précisément au sujet de la loi de 1905, déclarait à la fois « A » et « non-A »3.
Ce serait  : la continuité dans l’incohérence.

Islande : « Non, Merci ! » à l’Union européenne

Islande : « Non, Merci ! » à l’Union européenne
On pourra épiloguer longuement sur la décision de l’Islande de retirer sa demande d’adhésion à l’Union européenne. On expliquera bien sûr que les quotas de pêche en étaient le motif principal tout en évitant de se demander pourquoi cette question était hier sans importance. Les affiches « Non merci » partout apparentes sur le sol islandais prouvent la profondeur de ce choix.
On oubliera surtout que cette décision intervient après des années de profonde crise économique et politique marquée par deux référendums, des élections assez conflictuelles et surtout l’élection d’une Assemblée Constituante.
Il convient donc de rappeler que les islandais ont refusé de payer les dettes de banques privées. Le gouvernement britannique et le gouvernement néerlandais, soutenus par l’Union européenne, voulaient que le contribuable islandais rembourse les dettes de cette banque privée, au lieu de laisser le syndic de liquidation être responsable de ces dettes.
Le Président islandais Ólafur Ragnar Grímsson a décidé alors de faire appel à un référendum. Comme il le déclare lui-même (Voir http://www.pouruneconstituante.fr/s... ), « une armée d’experts et d’autorités financières me disaient : si vous autorisez les gens à s’exprimer, vous isolerez financièrement l’Islande pour des décennies. Le scénario catastrophe serait sans fin... J’étais devant un choix fondamental entre les intérêts financiers d’un côté, et la volonté démocratique du peuple de l’autre. »
La décision des islandais de refuser de payer ces dettes privées a conduit au processus constituant. Certes, les adversaires de cette option diront qu’elle s’est brisée contre la volonté d’un Parlement farouchement favorable à l’adhésion à l’Union. En fait, même si la Constituante n’a pas eu ses effets de façon immédiate, les pensées ont entretemps évolué grâce à ce processus démocratique. C’est ainsi que le Président islandais a été réélu contre tous les pronostics. La décision prise de retirer la candidature de l’Islande à l’Union européenne découle de ce processus. Il convient d’en tirer aujourd’hui la signification.
L’Association pour une Constituante a suivi le processus islandais depuis l’origine. Déjà, en novembre 2010, alors que personne n’évoquait cette question, nous avions publié un article intitulé « 1000 articles pour un volcan, aucun pour une assemblée constituante » (http://www.pouruneconstituante.fr/s... ). Nous avions ensuite organisé le 22 janvier 2013 une réunion publique avec Madame l’ambassadeur d’Islande à l’école normale supérieure. André Bellon, Président de l’Association, a, par ailleurs, rencontré le Président islandais le 25 février 2013 (http://www.pouruneconstituante.fr/s... ).
Quelles conséquences tirer de ces évènements ? Sans tomber dans la facilité critique vis-à-vis de l’Union européenne et la politique à adopter à son égard, remarquons que le discours sur l’isolement dramatique qui guette les pays qui ne veulent pas subir les diktats de Bruxelles est absurde. La décision islandaise en est la preuve évidente. Par ailleurs, la déclaration du Président Ólafur Ragnar Grímsson : «  Le plus important, et je le dis à mes amis européens, ce ne sont pas les marchés financiers  » permet de sortir des discours bien-pensants des experts économiques qui nous conduisent depuis des années à la catastrophe.
Cet évènement est considérable par sa valeur symbolique, non par son importance économique. Car, au travers de ses référendums, de son assemblée constituante et de ses choix, l’Islande a réaffirmé un principe qu’on cherche à nous faire oublier, mais qui est un des fondements de la vie publique : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Oui, merci !

lundi 9 mars 2015

MM. Hollande et Valls ouvrent la voie au fascisme




L’affaire de Sivens est tout sauf anecdotique : pour la première fois, le gouvernement y a déployé une tactique de répression propre aux régimes fascistes.

La méthode suivie par le gouvernement pour en finir avec l’affaire de Sivens est nouvelle et extrêmement grave.
Dès septembre 2014, le ministère de l’Intérieur avait laissé la gendarmerie exercer une pression violente, souvent illégale, à l’encontre des zadistes du Testet. Cela n’avait pas suffi à décourager les opposants au barrage, renforcés par le mouvement de solidarité qui se développait dans la région. La tension est montée jusqu’au 26 octobre, lorsque la gendarmerie tua un jeune manifestant, Rémi Fraisse. Un tel événement est – jusqu’à présent - exceptionnel en France. Il ne suscitait pourtant pas une indignation unanime. Une large partie des médias relayait la communication gouvernementale mettant en avant la violence qu’exerceraient les opposants aux grands projets inutiles. Xavier Beulin, président de la FNSEA et du groupe agro-industriel Avril-Sofiproteol, qualifiait les zadistes de « djihadistes verts », ce qui dans un contexte où la France est en guerre contre l’Etat islamique, revient à un appel au meurtre.
L’homicide de Rémi Fraisse était d’autant plus absurde que le ministère de l’Ecologie publiait un rapport d’expertise confirmant l’essentiel des arguments développés depuis des années contre le projet de barrage : coûteux, inutile, impactant sur l’environnement, fondé sur des études médiocres et trompeuses. Peu après, la Commission européenne engageait une procédure d’infractioncontre le projet au titre de la directive sur l’eau.
Mais localement, les élus PS et autres ne voulaient pas céder, non plus que les instances de la Chambre d’agriculture et de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). La ministre de l’Ecologie élaborait un compromis écartant les propositions d’alternatives mises en avant par les opposants : on ferait soit un plus petit barrage, soit divers réservoirs dans la vallée du Tescou. Et sur le terrain, légitimée par la provocation de Xavier Beulin, la FDSEA organisait des groupes d’agriculteurs pour mener en décembre près de la Zad une opération « Manche de pioche » dont le nom dit tout.
Elle répétait l’opération en janvier, jusqu’à organiser en février un blocus de la zone. Les agressions et injures se multipliaient de la part de ces agriculteurs chauffés à blanc contre les « peluts » (chevelus, en occitan), alias zadistes, mais aussi contre les locaux opposés au barrage et contre des journalistes. Fin février, ces milices – au sens précis d’organisation paramilitaire – bloquaient les routes, armées de bâtons, de manches de pioche ou de barres de fer, et commettaient de nombreuses agressions, pare-brises cassés, pneus crevés, menaces, sous l’œil indifférent des gendarmes bien présents dans le secteur.
Elles ont agi comme des supplétifs de la police : chargés d’accomplir les basses besognes de tension et d’effroi, soit pour provoquer des réactions violentes qui justifieraient l’action des forces légales de répression, soit pour changer le rapport de forces et affaiblir la capacité de résistance et de solidarité des opposants. La tactique a fonctionné, et l’évacuation de la Zad, menée par dix fois plus de gendarmes que de zadistes, s’est opérée le 6 mars sans heurts.
L’affaire est loin d’être close, mais la tactique répressive employée par le gouvernement, allié avec le représentant affairiste de l’agriculture productiviste et surfant sur le torrent d’injures déversées par l’extrême-droite sur les réseaux sociaux à l’encontre des zadistes et autres écologistes – tel ce sondage lancé par Valeurs actuelles, et parlant des « fascistes verts ».