Poésie libertaire




Pour écouter

Zimmerwald

pionniers rouges, nous marchons en colonnes, 
Nos pas martèlent le sol; 
Drapeaux rouges éclatants au soleil du levant 
Emergeant de la houle des blés, 
Nos pas sur le sol semblent dire en cadence: 
Tu guideras nos pas, Zimmerwald.

Là-bas, émergeant de la plaine, 
Paysan reprend haleine; 
La guerre il a souffert bien qu’il n’ait pas de terre, 
Aujourd’hui c’est toujours la misère; 
On entend sa faux qui chante dans les blés: 
Tu guideras nos pas, Zimmerwald. 

Sortant éreinté de la mine, 
Regagnant son noir coron, 
Le mineur que l’on voit et qui lève le poing 
Dit : le monde va changer de base. 
Son pic sur l’épaule, qui creuse le charbon: 
Tu guideras nos pas, Zimmerwald. 

Voici un régiment qui passe. 
Bétail marchant vers la guerre. 
Dans les rangs des yeux clairs fixent notre drapeau.
Mais l’officier oblige à se taire 
Au reflet des fusils le soleil a écrit : 
Tu guideras nos pas, Zimmerwald. 

Partout la parole de Lénine, 
De Liebknecht et de Rosa 
Retentit dans les champs, les casernes, les usines, 
L’ennemi est dans notre pays. 
Si la guerre éclate, le bourgeois à abattre 
Sera écrasé par Zimmerwald. 

Quand viendra t-elle?

J'attends une belle,
Une belle enfant,
J'appelle, j'appelle,
J'en parle au passant.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

J'appelle, j'appelle,
J'en parle au passant.
Que suis-je sans elle?
Un agonisant.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

Que suis-je sans elle?
Un agonisant.
Je vais sans semelle,
Sans rien sous la dent...
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

Je vais sans semelle,
Sans rien sous la dent
Transi quand il gèle,
Sans gîte souvent.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

Transi quand il gèle,
Sans gîte souvent,
J'ai dans la cervelle
Des mots et du vent...
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

J'ai dans la cervelle
Des mots et du vent.
Bétail on m'attelle
Esclave on me vend.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

Bétail, on m'attelle.
Esclave, on me vend.
La guerre est cruelle,
L'usurier pressant.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

La guerre est cruelle,
L'usurier pressant.
L'un suce ma moelle,
L'autre boit mon sang.
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

L'un suce ma moelle,
L'autre boit mon sang.
Ma misère est telle
Que j'en suis méchant.
Ah je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?

Ma misère est telle
Que j'en suis méchant.
Ah! viens donc, la belle
Guérir ton amant!
Ah! je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor longtemps?
 
La Canaille
 
 
Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l'âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n'ont qu'un taudis
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

Ce n'est pas le pilier du bagne,
C'est l'honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau gagne
En suant son morceau de pain
C'est le père enfin qui travaille
Les jours et quelquefois les nuits.
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

C'est l'artiste, c'est le bohème
Qui sans souper rime rêveur
Un sonnet à celle qu'il aime
Trompant l'estomac par le coeur.
C'est à crédit qu'il fait ripaille
Qu'il loge et qu'il a des habits.
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

C'est l'homme à la face terreuse
Au corps maigre, à l'oeil de hibou,
Au bras de fer à main nerveuse
Qui sortant d'on ne sait pas où
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

C'est l'enfant que la destinée,
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année
Pour entrer dans nos bataillons.
Chair à canons de la bataille
Toujours il succombe sans cris...
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

Ils fredonnaient la Marseillaise
Nos pères les vieux vagabonds
Attaquant en quatre-vingt treize
Les bastilles dont les canons
Défendaient la vieille muraille
Que de trembleurs ont dit depuis
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

Les uns travaillent par la plume
Le front dégarni de cheveux
Les autres martellent l'enclume
Et se saoûlent pour être heureux.
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flancs amaigris...
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!

Enfin, c'est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu'aujourd'hui la vieille France
Les appelle sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille
Ils feront dire aux ennemis
C'est la canaille
Eh bien, j'en suis!
 
La semaine sanglante
 Sauf des mouchards et des gendarmes.
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes, en larme,
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux même sont tremblants.
La mode est au conseil de guerre
Et les pavés sont tout sanglants.

Oui, mais ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront.
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront (bis).

On traque, on enchaîne, on fusille
Tous ceux qu’on ramasse au hasard
La mère à côté de sa fille.
L’enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouge.
Valets de rois et d’empereurs.

Nous voilà rendus aux jésuites,
Aux Mac Mahon. aux Dupanloup.
Il va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain en réjouissance.
Et Saint Eustache et l’Opéra.
Vont se refaire concurrence
Et le bagne se peuplera.

Demain les Manon. les Lorette.
Et les dames des beaux faubourgs,
Porteront sur leur collerette
Des chassepots et des tambours.
On mettra tout au tricolore,
Les plats du jour et les rubans.
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants.

Demain, les gens de la police.
Refleuriront sur les trottoirs,
Fiers de leurs états de service
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans arme,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.

Le peuple au collier de misère
Sera-t’il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte clique
Nous croira-telle un vil bétail
A quand enfin la République
De la justice et du travail
 
Elle n'est pas morte
 
On l'a tuée à coup de chassepot
A coups de mitrailleuse
Et roulé avec son drapeau
Dans la terre argileuse
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.

Refrain

Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
Qu'la commune n'est pas morte!
Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
Qu'la commune n'est pas morte!

Comme faucheurs rasant un pré
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes
Et les cent mille assassinats
Voyez c'que ça rapporte.

On a bien fusillé Varlin
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l'aorte.

Il on fait acte de bandits,
Comptant sur le silence!
Achevé les blessés dans leurs lits,
Dans leurs lits d'ambulance,
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte.

Les journalistes policiers
Marchands de calomnies
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d'ignominie.
Les Maximes Du Camp, les Dumas
Ont vomi leurs eaux-fortes.

C'est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes
A l'enterrement de Vallès
Ils étaient tous bêtes
L'fait est qu'on était in fier tas
A lui servir d'escorte!

Bref tous ça prouve aux combattants
Que Marianne a la peau brune
Du chien au ventre, et qu'il est temps
De crier " Vive la Commune"
Et ça prouve à tous les Judas
Qu'si ça marche de la sorte:

Dernier refrain:

Ils sentiront dans peu, nom de Dieu !
Qu'la commune n'est pas morte !
Ils sentiront dans peu, nom de Dieu !
Qu'la commune n'est pas morte ! 
 
Faut plus de gouvernement

A chaque coin de rue
Le travailleur surpris
Sur l'affiche se rue
Des candidats d'Paris
On voit beaucoup de promesses
Écrites sur le papier
Mais l' peuple ne vit pas d'messe
Alors ça l'fait crier

L'gouvernement d'Ferry
Est un système pourri
Ce Cloque (?) et ce Constant 
Sont aussi dégoûtants
Carnot ni Boulanger 
Ne pourront rien changer
Pour être heureux vraiment
Faut plus d'gouvernement

Le gros ventre qu'engraisse
L'suffrage universel
Vient nous battre la grosse caisse
Comme monsieur Géronel
Il vous promet tout rose
Mais lorsqu'il est élu
Ça n'est plus la même chose
Il vous tourne le cul !
Certains énergumènes
Débitant des discours
Vous redise les rengaines
Qu'on entend tout les jours
Mois j'suis un homme intègre
Moi j'suis un érudit
Mon copain est intègre
Mais l'populo leur dit:

L'gouvernement d'Ferry
Est un système pourri
Ce Cloque (?) et ce Constant 
Sont aussi dégoûtants
Carnot ni Boulanger 
Ne pourront rien changer
Pour être heureux vraiment
Faut plus d'gouvernement

Même des socialistes
Membres des comités
Soutiennent les fumistes
Qui s'portent député
Y'a pas à s'y méprendre
Qu'ils soient rouges bleus ou blancs
Il faudrait mieux les pendre
Que d'leur foutre vingt-cinq ans
Tu leur paie des ripailles
Toi peuple souverain
Et lorsque tu travailles
A peine as tu du pain
Ne soit donc plus si bête
Au lieu d'aller voter
Casse leur la margoulette
Et puis tu pourras chanter

L'gouvernement d'Ferry
Est un système pourri
Ce Cloque (?) et ce Constant 
Sont aussi dégoûtants
Carnot ni Boulanger 
Ne pourront rien changer
Pour être heureux vraiment
Faut plus d'gouvernement

De tout cette histoire 
Voici la conclusion
L'électeur c'est notoire
N'a pas toute sa raison
J'aime pas le fataliste
Je n'ai ni foi ni loi
Je suis abstentionniste
Ami voici pourquoi

L'gouvernement d'Ferry
Est un système pourri
Ce Cloque (?) et ce Constant 
Sont aussi dégoûtants
Carnot ni Boulanger 
Ne pourront rien changer
Pour être heureux vraiment
Faut plus d'gouvernement
 
Le bon dieu dans la merde
 
Né en nonante-deux,
Nom de dieu!
Nom de dieu!
Mon nom est Père Duchesne.
Marat fut un soyeux,
Nom de dieu!
A qui lui porta haine,
Sang-dieu!
Je veux parler sans gêne,
Nom de dieu!
Je veux parler sans gêne.

Coquins, filous, peureux,
Nom de dieu
Nom de dieu
Vous m'appelez canaille.
Dès que j'ouvre les yeux,
Nom de dieu!
Jusqu'au soir je travaille,
Sang-dieu!
Et je couche sur la paille,
Nom de dieu!
Et je couche sur la paille.

On nous promet les cieux,
Nom de dieu?
Nom de dieu?
Pour toute récompense,
Tandis que ces messieurs,
Nom de dieu!
S'arrondissent la panse,
Sang-dieu!
Nous crevons d'abstinence,
Nom de dieu!
Nous crevons d'abstinence.

Pour mériter les cieux,
Nom de dieu!
Nom de dieu!
Voyez-vous ces bougresses,
Au vicaire le moins vieux,
Nom de dieu!
S'en aller à confesse,
Sang-dieu!
Se faire peloter les fesses,
Nom de dieu!
Se faire peloter les fesses.

Quand ils t'appellent gueux,
Nom de dieu!
Nom de dieu!
Sus à leur équipage,
Un pied sur le moyeu,
Nom de dieu!
Pour venger cet outrage,
Sang-dieu!
Crache-leur au visage,
Nom de dieu!
Crache-leur au visage.

Si tu veux être heureux,
Nom de dieu!
Nom de dieu!
Pends ton propriétaire,
Coupe les curés en deux,
Nom de dieu!
Fous les églises par terre,
Sang-dieu!
Et le bon dieu dans la merde,
Nom de dieu!
Et le bon dieu dans la merde.

Peuple trop oublieux,
Nom de dieu!
Nom de dieu!
Si jamais tu te lèves,
Ne sois pas généreux,
Nom de dieu!
Patrons, bourgeois et prêtres,
Sang-dieu!
Méritent la lanterne,
Nom de dieu!
Méritent la lanterne.
 
La java des bons enfants 

Dans la rue des Bons-Enfants,
On vend tout au plus offrant,
Y’avait un commissariat
Et maintenant, il n’est plus là.

Une explosion fantastique
N’en a pas laissé une brique.
On crut qu’c’était Fantômas
Mais c’était la lutte des classes.

Un poulet zélé vint vite
Y porter une marmite
Qu’était à renversement,
Et la r’tourne imprudemment.

Le brigadier, l’commissaire,
Mêlés au poulet vulgaire,
Partent en fragments épars
Qu’on ramasse sur un buvard.

Contrairement à c’qu’on croyait,
Y’en avait qui en avaient.
L’étonnement est profond :
On peut les voir jusqu’au plafond !

Voilà bien ce qu’il fallait
Pour faire la guerre au palais.
Sache que ta meilleure amie,
Prolétaire, c’est la chimie !



Les socialos n’ont rien fait
Pour abréger les forfaits
D’l’infamie capitaliste,
Mais heureusement vient l’anarchiste.

Il n’a pas de préjugés.
Les curés seront mangés.
Plus d’patries, plus d’colonies,
Et tout le pouvoir, il le nie.

Encore quelques beaux efforts,
Et disons qu’on se fait fort
De régler radicalement
L’problème social en suspens.

Dans la rue des Bons-Enfants,
Viande à vendre au plus offrant.
L’avenir radieux prend place
Et le vieux monde est à la casse.
 
La Makhnovstchina 
 
Makhnovstchina, Makhnovstchina, 
tes drapeaux sont noirs dans le vent 
Sur la route que tu traces, s’embrase la Révolution 

Paysans, vous avez repris la terre, 
et détrôné les affameurs Mais par un traité, 
Lénine vous livre aux armées allemandes 
Makhnovstchina, Makhnovstchina,
 tu combats les guerres patriotes 
Pour qu’enfin les prolétaires fraternisent sans entrave 

Par la force vive de l’insurrection, 
tu repousses les armées blanches 
Mais tu refuses de voir ton ennemi à Moscou 
Makhnovstchina, Makhnovstchina, illusions, 
isolement fatals Dans ton sang les bolchéviks, sauvent l’Etat capitaliste 

Pour de bon, par-dessus les frontières, 
pour l’anarchie pour le communisme 
Se rallumera le brasier qui consumera le Vieux Monde 
 
Les journées de Mai 
 
La garde d'assaut marche

Boum badaboum badaboum bam bam

Au central téléphonique

Ay Carmela Ay Carmela

-

Défi aux prolétaires

Boum badaboum badaboum bam bam

Provocation stalinienne

Ay Carmela Ay Carmela

-

On ne peut laisser faire

Boum badaboum badaboum bam bam

Le sang coule dans la ville

Ay Carmela Ay Carmela

-

POUM et FAI et CNT

Boum badaboum badaboum bam bam

Avaient seuls pris Barcelone

Ay Carmela Ay Carmela

-

La République s'arme

Boum badaboum badaboum bam bam

Mais d'abord contre nous autres

Ay Carmela Ay Carmela

-

A Valence et à Moscou

Boum badaboum badaboum bam bam

Le même ordre nous condamne

Ay Carmela Ay Carmela

-

Ils ont juré d'abattre

Boum badaboum badaboum bam bam

L'autonomie ouvrière

Ay Carmela Ay Carmela

-

Pour la lutte finale

Boum badaboum badaboum bam bam

Que le front d'Aragon vienne

Ay Carmela Ay Carmela

-

Camarades ministres

Boum badaboum badaboum bam bam

Dernière heure pour comprendre

Ay Carmela Ay Carmela

Honte à ceux qui choisissent

Boum badaboum badaboum bam bam

L'aliénation étatique

Ay Carmela Ay Carmela 
 
La vie s'écoule
 La vie s'écoule, la vie s'enfuit
Les jours défilent au pas de l'ennui
Parti des rouges, parti des gris
Nos révolutions sont trahies

Le travail tue, le travail paie
Le temps s'achète au supermarché
Le temps payé ne revient plus
La jeunesse meurt de temps perdu

Les yeux faits pour l'amour d'aimer
Sont le reflet d'un monde d'objets.
Sans rêve et sans réalité
Aux images nous sommes condamnés

Les fusillés, les affamés
Viennent vers nous du fond du passé
Rien n'a changé mais tout commence
Et va mûrir dans la violence

Brûlez, repaires de curés,
Nids de marchands, de policiers
Au vent qui sème la tempête
Se récoltent les jours de fête

Les fusils sur nous dirigés
Contre les chefs vont se retourner
Plus de dirigeants, plus d'État
Pour profiter de nos combats
 
La mitraillettte
 
 
Déjà la mère à la maison
Nous criait vivez vos passions,
Par la fenêtre

Et j'appelais tous les copains,
Les petites filles des voisins
Pour aller tenir dans nos mains,
La mitraillette

C'était celle d'un très vieux cousin
Qu'avait rougi du stalinien,
Dans l'Espagne en fête

Faut dire que les syndicats bordel,
Nous pourchassaient dans les ruelles,
Rien qu'à nos têtes

On était déjà les rebelles
Qui remplissions toutes les poubelles
Des idées anciennes et nouvelles,
Sans mitraillettes

Curés, salauds, patrons pêle-mêle
Vous n'aurez pas longtemps vie belle,
Viendra la fête

Y aura le jeu du plus cruel
On empaillera le flic modèle
Pour que plus tard on se rappelle,
Leur drôle de tête

Faut dire qu'on y mettra du coeur
Les pétroleuses étaient nos soeurs,
Vienne la tempête

Makhno Villa et Durruti
Ont déjà su manier l'outil
Qui fait revivre la poésie,
La mitraillette

On en refilera même à Bonnot
Pour qu'il revienne dans son auto,
Trancher des têtes

Et l'on verra cette société
Spectaculaire assassinée
Par les soviets du monde entier,
A coups de mitraillettes
 
La Marseillaise anarchiste

Debout les damnés de la terre ! Les despotes épouvantés Sentant sous leurs pas un cratère, Au passé se sont acculés. Leur ligue folle et meurtrière Voudrait à l'horizon vermeil Eteindre l'ardente lumière Que verse le nouveau soleil, Refrain Debout, debout, les damnés de la terre ! Ceux qu'on écrase en les charniers humains, Debout, debout, les forçats de misère ! Unissons-nous, Latins, Slaves, Germains. Que la troisième République Se prostitue au tsar pendeur ; Qu'une foule extralunatique Adore l'exterminateur ! Puisqu'il faut que tout disparaisse, Peu nous importe ! C'est la fin, Partout les peuples en détresse S'éveillent se donnant la main, Bons bourgeois que César vous garde, César aux grands ou petits bras : Pape, République batarde ; les tocsins sonnent votre glas Rois de l'or hideux et féroces. Les fiancés que vous tuez Demain auront de rouges noces. Tocsins, tocsins, sonnez, sonnez. Les potentats veulent la guerre Afin d'égorger leurs troupeaux : Pour cimenter chaque frontière Comme on consacrait les tombeaux. Mais il vient le temps d'Anarchie Où, dans l'immense apaisement, Loups de France et de Sibérie, Loups humains jeûneront de sang,

Dynamite

Il est un produit merveilleux 
expérimenté par la science
Et qui pour nous les miséreux 
fera naître l'indépendance

Tant mieux s'il éclate parfois 
en faisant beaucoup de victimes
Chez nos ennemis les bourgeois 
cela nous venge de leurs crimes

Placer une marmite 
bourrée de dynamite
Quelque soit la maison
en faisant explosion
en tonnerre ira vite

Pour inspirer la terreur
il n'y a rien de meilleur 
que la dynamite

On guillotine Ravachol
un copain qui avait de l'envergure
Aujourd'hui c'est un espagnol
qu'on fusille pour son allure
Il su montrer à son tour
qu'il était un homme invincible
En plus il promettait qu'un jour
la vengeance serait terrible

Vive la dynamite
puisque l'on nous irrite
A chaque exécution 
nous mettrons en action
notre arme favorite

Car pour semer la terreur
il n'y a rien de meilleur
que la dynamite

Vous pouvez dresser l'échafaud
la potence et la guillotine
Nous nous avons ce qu'il nous faut
pour vous faire sauter en sourdine
Si vous croyez qu'ça finira
vous êtes loin de votre affaire
Pour un homme qu'on nous tueras
nous en foutrons 500 par terre

Avec la dynamite
nous répondrons de suite
Casernes et prisons 
ans flûte sans violons
danseront au plus vite
Car pour semer la terreur
il n'y a rien de meilleur
que la dynamite.

La Révolte

Nous sommes les persecutés
De tous les temps et de toutes les races
Toujours nous fumes exploités
par les tyrans et les rapaces
Mais nous ne voulons plus flechir
Sous le joug qui courba nos peres
Car nous voulons nous affranchir
de ceux qui causent nos miseres

Refrain : Eglise, Parlement, Capitalisme, Etat, Magistrature
Patrons et Gouvernants, liberons nous de cette pourriture
Pressant est notre appel, donnons l'assaut au monde autoritaire
Et d'un coeur fratenel nous realiserons l'ideal libertaire

Ouvrier ou bien paysan
Travailleur de la terre ou de l'usine
Nous sommes dès nos jeune ans
Reduits aux labeurs qui nous minent
D'un bout du monde à l'autre bout
C'est nous qui creons l'abondance
C'est nous tous qui produisons tout
Et nous vivons dans l'indigence

Refrain

L'Etat nous ecrase d'impots
Il faut payer ses juges, sa flicaille
Et si nous protestons trop haut
Au nom de l'ordre on nous mitraille
Les maitres ont changés 100 fois
C'est le jeu de la politique
Quelques soit ceux qui font les lois
C'est bien toujours la même clique

Refrain

Pour defendre les interets
Des flibustiers de la grande industrie
On nous ordonne d'etre prets
A mourrir pour notre patrie
Nous ne possedons rien de rien
Nous avons horreur de la guerre
Voleurs, defendez votre bien
Ce n'est pas à nous de le faire

Refrain

Le Père Lapurge

I. Je suis le vieux père La Purge
Pharmacien de l'humanité ;
Contre sa bile je m'insurge
Avec ma fille Egalité

Refrain : J'ai tout ce qu'il faut dans ma boutique
Sans le tonnerre et les éclairs
Pour bien purger toute la clique
Des affameurs de l'univers

II. Son mal vient des capitalistes
Plus ou moins gras, à la ronger.
En avant les gars anarchistes,
Fils de Marat, faut la purger.

III. J'ai du pétrole et de l'essence
Pour badigeonner les châteaux ;
Des torches pour la circonstances
A mettre en guise de flambeaux.

IV. J'ai du picrate de potasse,
Du souffre et du chlore en tonneaux
Pour assainir partout où passent
Les empoisonneurs de cerveaux.

V. J'ai des pavés et de la poudre,
De la dynamite à foison
Qui rivalisent avec la foudre
Pour débarbouiller l'horizon.

VII. J'ai poudre verte et mélinité,
De fameux produits, mes enfants,
Pour nous débarrasser au plus vite
De ces mangeurs de pauvres gens.

VIII. J'ai pour les gavés de la table
La bombe glacée à servir
Du haut d'un ballon dirigeable
Part les toits, pour les rafraîchir.

IX. Voleuse et traître bourgeoisie,
Prêtres et bandits couronnés,
Il faut que d'Europe en Asie
Vous soyez tous assaisonnés !

Refrain : J'ai tout ce qu'il faut dans ma boutique
Sans le tonnerre et les éclairs
Pour bien purger toute la clique
Des affameurs de l'univers

Chanson du Père Duchesne

Né en nonante-deux nom de dieu mon nom est Père Duchesne
Marat fut généreux nom de dieu à qui lui porta haine sans  dieux
Je veux parler sans gène nom de dieu

Coquin filou peureux nom de dieu vous m'appelez canaille
Dès que j'ouvre les yeux nom de dieu jusqu'au soir je travaille sans dieux
Et je couche sur la paille nom de dieu

On nous promet les cieux nom de dieu pour toute récompense
Tandis que ces messieurs nom de dieu s'arrondissent la panse sans dieux
Nous crevons d'abstinence nom de dieu

Pour mériter les cieux nom de dieu voyez vous ces bougresses
Au vicaire le moins vieux nom de dieu s'en aller à confesse sans dieux
Se faire peloter les fesses nom de dieu

Si tu veux être heureux nom de dieu pends ton propriétaire
Coupes les curés en deux nom de dieu fous les églises par terre sans dieux
Et le bon Dieu dans la merde nom de dieu

Peuples trop oublieux nom de dieu si jamais tu te lève
Ne soit pas généreux nom de dieu patrons bourgeois et prêtres sans dieux
Méritent la lanterne nom de dieu !
 
Ravachol
 
Malgrès le droit contre toute injustice
Ils ont dressé le sinistre echaffaud
Elle est debout la sanglante machine 
Et l'on attend que la main des bourreaux
Vienne trancher la sublime existence
Du compagnon que nous pleurons tout bas
Le Ravachol qui sourit en avance
En les narguant gaiement va au trépa

Refrain : De Montbrison gardons la souvenance
Il est tombé martyre de nos idées
Le jour viendra nous avons l'esperance
Oui Ravachol nous saurons te venger
Oui Ravachol nous saurons te venger

Ils étaient là pour accomplir leur crime
Les descendants des bandits versaillais
Pales et tremblants à la face jaunie
A Montbrison commentant leur forfait
Je te salue ho compagnon sublime
Qui fit trembler les tyrans aux abois
Ton souvenir reste dans nos poitrines
Ton nom gravé en lettre de combat

Refrain

Sur ton tombeau que le vent de la guerre
Souffle terrible, que les clameurs du sang
Face surgir devant leur yeux austeres
En l'evoquant nous serrerons nos rangs
Brisons partout leur pouvoir despotique
Les assassins par nous seront (?)
A l'avenir nous prendrons pour devise
Vive Ravachol et vive l'Anarchie

Refrain  
 
La Ravachole 
 
 Dans la grand'ville de Paris, (bis)
Il y a des bourgeois bien nourris, (bis)
Il y a les miséreux,
Qui ont le ventre creux :
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son, (bis)
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son
D'l'explosion !

Refrain :
Dansons la Ravachole,
Vive le son, (bis)
Dansons la Ravachole,
Vive le son
D'l'explosion !
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois goûteront d'la bombe,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois, on les saut'ra...

Il y a les magistrats vendus, (bis)
II y a les financiers ventrus, (bis)
II y a les argousins,
Mais pour tous ces coquins,
Il y a d'la dynamite,
Vive le son, (bis)
II y a d'la dynamite,
Vive le son
D'l'explosion !

Il y a les sénateurs gâteux, (bis)
II y a les députés véreux, (bis)
II y a les généraux,
Assassins et bourreaux,
Bouchers en uniforme,
Vive le son, (bis)
Bouchers en uniforme,
Vive le son
D'l'explosion !

Il y a les hôtels des richards, (bis)
Tandis que les pauvres dèchards, (bis)
A demi morts de froid
Et soufflant dans leurs doigts,
Refilent la comète,
Vive le son, (bis)
Refilent la comète,
Vive le son
D'l'explosion !

Ah ! nom de Dieu, faut en finir, (bis)
Assez longtemps geindre et souffrir, (bis)
Pas de guerre à moitié,
Plus de lâche pitié !
Mort à la bourgeoisie !
Vive le son, (bis)
Mort à la bourgeoisie !
Vive le son
D'l'explosion !
 
Le triomphe de l'anarchie

Tu veux bâtir des cités idéales, 
Détruis d'abord les monstruosités.  
Gouvernements, casernes, cathédrales, 
Qui sont pour nous autant d'absurdités. 
Sans plus attendre, gagnons le communisme 
Ne nous groupons que par affinités 
Notre bonheur naîtra de l'altruisme 
Que nos désirs soient des réalités 

Refrain: 
Debout, debout, comapgnons de misère 
L'heure est venue, il faut nous révolter 
Que le sang coule, et rougisse la terre 
Mais que ce soit pour notre liberté 

C'est reculer que d'être stationnaire 
On le devient de trop philosopher 
Debout, debout, vieux révolutionnaire 
Et l'anarchie enfin va triompher 
Empare-toi maintenant de l'usine 
Du capital, deviens le fossoyeur 
Ta vie vaut mieux que d'être une [machine 
Tout est à tous, rien n'est à l'exploiteur 
Sans préjugé, suis les lois de nature 
Et ne produis que par nécessité 
Travail facile, ou besogne très dure 
N'ont de valeur qu'en leur utilité 

Refrain 

On rêve amour au-delà des frontières 
On rêve amour aussi de ton côté 
On rêve amour dans les nations entières 
L'erreur fait place à la réalité 
Oui, la patrie est une baliverne 
Un sentiment doublé de lâcheté 
Ne deviens pas de la viande à caserne 
Jeune conscrit, mieux te vaut déserter 

Refrain 

Que la nitro, comme la dynamite 
Soit là pendant qu'on discute raison 
S'il est besoin, renversons la marmite 
Et de nos maux, hâtons la guérison 
Place pour tous au banquet de la vie 
Notre appétit seul peut se limiter 
Que pour chacun, la table soit servie 
Le ventre plein, l'homme peut discuter 

Refrain

A Biribi

Y en a qui font la mauvaise tête
Au régiment
Ils tirent au flanc, ils font la bête
Inutilement
Quand ils veulent plus faire l'exercice
Et tout le fourbi
On les envois faire leur service à Biribi
A Biribi

A Biribi c'est en Afrique
Où que le plus fort
Est obligé de poser sa chique
Et de faire le mort
Où que le plus malin desespere
De faire le chibi
Car on peut jamais se faire la paire, à Biribi
A Biribi

A Biribi c'est là qu'on marche
Faut pas flancher
Quand le chaouch cri en avant marche
Il faut marcher
Et quand on veut faire des épates
C'est peau de zebi
On vous met les fers aux quatres pattes, à Biribi
A Biribi

A Biribi c'est là qu'on creve 
De soif et de faim
C'est là qu'il faut marner sans treves
Jusqu'à la fin
Le soir on pense à la famille
Sous le bourbi
On pleure encore quand on roupille, à Biribi
A Biribi

A Biribi c'est là qu'on rale
On rale en rute
La nuit on entend hurler le male
Qui qu'aurait cru
Qu'un jour il serait forcé de connaitre
Mademoiselle Bibi
Car tôt ou tard il faut en être, à Biribi
A Biribi

On est sauvage, lache et feroce
Quand on en revient
Si par hasard on fait un gosse
On se souvient
on aimerait mieux quand on se rappel
Ce qu'on a subit
Voir son enfant à la Nouvelle
Qu'à Biribi
Qu'à Biribi

Les Fayots
 
Mon petit gars vois tu là bas ce beau bateau
Tout peints frais et immobile sur l'eau
On y trime et on y pleure
On y rage et on y meurt
C'est l'empire des fayots

Refrain : C'est de la faute aux fayots
Si on est mal sur les bateaux
Ha fayot fayot fayot
Tu nous fais gonfler la peau
Pas moyen de les digerer les petits pois
En France il faut esperer
qu'on finira d'en bouffer
Des sales fayots

L'entrepont rempli de punaises et de cafards
Fait trembler la marine française tous les soirs
On passe son temps en prison grand gamelle petite ration
aux puces punaises et morpions comme aux cochons

Refrain

Quand après avoir trimé gens le goin
Croit pouvoir à terre pouvoir s'amuser un brin
Il reçoit comme permission le droit de monter la faction
Pendant que les officiers vont festoyer

Refrain

A Toulon y a des gonzesses pas d'erreur
Qui n'ont ni tetons ni fesses, pas de chaleur
Elles ont des gueules comme des gros
Et les pieds comme des chameaux
Ce sont les femmes de tous ces maudits fayots

Refrain

En mer noire par centaine les gens le goin
Ont remplis leur devoir d'homme c'est très bien
Et ça nous fait esperer que sur tous on pourra compter
Quand il faudra culbuter tous les gradés

Refrain

Heureux temps

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les humains joyeux auront un gros coeur
Et légère panse.
Heureux on saura - sainte récompense -
Dans l'amour d'autrui doubler son bonheur ;
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les humains joyeux auront un gros coeur,

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
On ne verra plus d'êtres ayant faim,
Auprès d'autres ivres :
Sobres nous serons et riches en vivres ;
Des maux engendrés ce sera la fin.
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Tous satisferont sainement leur faim.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Le travail sera récréation
Au lieu d'être peine.
Le corps sera libre et l'âme sereine
En paix fera son évolution,
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Le travail sera récréation

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nos petits enfants auront au berceau
Les baisers des mères ;
Tous seront choyés, tous égaux, tous frères ;
Ainsi grandira ce monde nouveau.
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nos enfants auront un même berceau.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les vieillards aimés, poètes-pasteurs,
Bénissant la Terre
S'éteindront béats sous le Ciel-Mystère,
Ayant bien vécu loin de ses hauteurs.
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les vieillards seront de bien doux pasteurs.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nature sera paradis d'amour,
Femme souveraine !
Esclave aujourd'hui, demain notre reine,
Nous rechercherons tes "ordres du jour".
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nature sera paradis d'amour.

Il semble encore loin ce temps d'anarchie,
Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.
Une foi profonde
Nous fait entrevoir ce bienheureux monde
Qu'hélas notre esprit dessine à tâtons.
Il semble encore loin ce temps d'anarchie,
Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.
 
Les pavés
  
Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés
Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés

Loin d'être dans les retrogrades
Les pavés sans ditinction
C'est prouvé par les barricades
Etaient dans l'opposition

Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés

A leur terme rendons grace
Ce sont eux qui nous ont sauvés
Tous contre une odieuse race
Avec nous ils se sont levés

Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés

Leur eloquence est de nature 
à faire de l'impression
Nos mouchards ont la tête dure
Mais ils ont senti la raison

Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés

Chacun a saisi sans interprete
Leur solide raisonnement
On ne peut que baisser la tête
Devant de pareils arguments

Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés

Et pourtant l'oublieuse foule
Les traite avec indignité
Et chaque jour aux pied foule
Ces sauveurs de la liberté

Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés

Et par eux au moins a permis
Liberté tu ne laissera
De refuge à la tyrannie
Au lieu où l'on ne parle pas

Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés
Ce sont des amis eprouvés
Crions tous vive les pavés
 
 
Poème de Paul Verlaine
Madame et Pauline Roland
Charlotte, Théroigne, Lucile.
Presque Jeanne d'Arc, étoilant
Le front de la foule imbécile,
Nom des cieux, coeur divin qu'exile :
Cette espèce de moins que rien
France bourgeoise au dos facile
Louise Michel est très bien.

Elle aime le Pauvre âpre et franc
Ou timide, elle est ta faucille
Dans le blé mûr pour le pain blanc
Du Pauvre, et la sainte Cécile,
Et la Muse rauque et gracile
Du Pauvre et son ange gardien
A ce simple ; à cet imbécile.
Louise Michel est très bien.

Gouvernements et mal talent,
Mégathérium ou bacille,
Soldat brut, robin insolent,
Ou quelque compromis fragile.
Tout cela son courroux chrétien
L'écrase d'un mépris agile.
Louise Michel est très bien.

Citoyenne ! Votre évangile
On meurt pour ! c'est l'Honneur! et bien Loin des Taxil et des Bazile Louise
Michel est très bien

-> paul Verlaine

Poème d'Arthur Rimbaud
Jeanne-Marie a des mains fortes,
Mains sombres que l'été tanna,
Mains pâles comme des mains mortes.
- Sont-ce des mains de Juana ?

Ont-elles pris les crèmes brunes
Sur les mares des voluptés ?
Ont-elles trempé dans les lunes
Aux étangs de sérénités ?

Ont-elles bu des cieux barbares,
Calmes sur les genoux charmants ?
Ont-elles roulé des cigares
Ou trafiqué des diamants ?

Sur les pieds ardents des Madones
Ont-elles fané des fleurs d'or ?
C'est le sang noir des belladones
Qui dans leur paume éclate et dort.

Mains chasseresses des diptères
Dont bombinent les bleuisons
Aurorales, vers les nectaires ?
Mains décanteuses de poisons ?

Oh ! quel Rêve les a saisies
Dans les pandiculations ?
Un rêve inouï des Asies,
Des Khenghavars ou des Sions ?

- Ces mains n'ont pas vendu d'oranges,
Ni bruni sur les pieds des dieux :
Ces mains n'ont pas lavé les langes
Des lourds petits enfants sans yeux.

Ce ne sont pas mains de cousine
Ni d'ouvrières aux gros fronts
Que brûle, aux bois puant l'usine,
Un soleil ivre de goudrons.

Ce sont des ployeuses d'échines,
Des mains qui ne font jamais mal,
Plus fatales que des machines,
Plus fortes que tout un cheval !

Remuant comme des fournaises,
Et secouant tous ses frissons,
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons !

Ça serrerait vos cous, ô femmes
Mauvaises, ça broierait vos mains,
Femmes nobles, vos mains infâmes
Pleines de blancs et de carmins.

L'éclat de ces mains amoureuses
Tourne le crâne des brebis !
Dans leurs phalanges savoureuses
Le grand soleil met un rubis !

Une tache de populace
Les brunit comme un sein d'hier ;
Le dos de ces Mains est la place
Qu'en baisa tout Révolté fier !

Elles ont pâli, merveilleuses,
Au grand soleil d'amour chargé,
Sur le bronze des mitrailleuses
À travers Paris insurgé !

Ah ! quelquefois, ô Mains sacrées,
À vos poings, Mains où tremblent nos
Lèvres jamais désenivrées,
Crie une chaîne aux clairs anneaux !

Et c'est un soubresaut étrange
Dans nos êtres, quand, quelquefois,
On veut vous déhâler, Mains d'ange,
En vous faisant saigner les doigts !

-> arthur Rimbaud
"les mains de Jeanne-Marie"

Poème de Louise Michel
Passez, passez, heures, journées !
Que l'herbe pousse sur les morts !
Tombez, choses à peine nées ;
Vaisseaux, éloignez-vous des ports ;
Passez, passez, ô nuits profondes.
Emiettez-vous, ô vieux monts ;
Des cachots, des tombes, des ondes.
Proscrits ou morts nous reviendrons.

Nous reviendrons, foule sans nombre ;
Nous reviendrons par tous les chemins,
Spectres vengeurs sortant de l'ombre.
Nous viendrons, nous serrant les mains,
Les uns dans les pâles suaires,
Les autres encore sanglants,
Pâles, sous les rouges bannières,
Les trous des balles dans leur flanc.

Tout est fini ! Les forts, les braves,
Tous sont tombés, ô mes amis,
Et déjà rampent les esclaves,
Les traîtres et les avilis.
Hier, je vous voyais, mes frères,
Fils du peuple victorieux,
Fiers et vaillants comme nos pères,
Aller, la Marseillaise aux yeux.

Frères, dans la lutte géante,
J'aimais votre courage ardent,
La mitraille rouge et tonnante,
Les bannières flottant au vent.
Sur les flots, par la grande houle,
Il est beau de tenter le sort ;
Le but, c'est de sauver la foule,
La récompense, c'est la mort.

Vieillards sinistres et débiles,
Puisqu'il vous faut tout notre sang,
Versez-en les ondes fertiles,
Buvez tous au rouge océan ;
Et nous, dans nos rouges bannières,
Enveloppons-nous pour mourir ;
Ensemble, dans ces beaux suaires,
On serait bien là pour dormir.

-> louise Michel
"à mes frères"
Poème de Jan pau Verdier
 « Ma marseillaise à moi »
« Les petits cons miteux surgissent de l’ornière
Les anciens combattants sous leur débilité
Les soldats trop connus qui n’sont pas morts d’hier
Le bon Français qui vient se réhabiliter
Toute la faune imbue de la patrie française
S’est mise au garde à vous tel un seul corps puissant
Aux accents discordants de cette Marseillaise
Qui n’a pour Canebière que des boul’vards de sang
Ma Marseillaise à moi, c’est le bruit des fontaines
Ma Marseillaise à moi, c’est la chanson du vent ».



poème de Stig Dagerman (suédois)

"Un frère de plus

Tu ne peux refaire le monde.
Calme ton âme violente !
Une seule chose tu peux faire :
A un nouvel être humain, du bien.

Mais cela est déjà tant
Que les étoiles elles-mêmes sourient.
Un homme affamé de moins
Est aussi un frère de plus."

Il était né le 5 octobre 1923 à Älvkarleby, il se suicidera le 4 novembre 1954 à Enebyberg. Entre ces deux dates le drame de l’abandon à sa naissance, et l’abandon des idéaux par ses contemporains. Proche du mouvement anarcho-syndicaliste, il se voudra militant, puis témoin et en vivra la faillite. Anarchiste, il le fut viscéralement.

LUTTER
« Lutter, puisque la vie est une âpre mêlée
Où l’on se bat sans fin contre plus fort que soi,
Et marcher le front haut sous la voûte étoilée
Sans se décourager des coups que l’on reçoit.
Lutter de tout son cœur et de toute son âme,
Sur tous les points du globe, et par tous les moyens,
Contre la renaissance et le retour de flamme
De ce qui reste en nous de préjugés anciens.

Lutter contre la peur, contre la maladie,
Contre la profondeur de l’égoïsme humain,
Contre la pauvreté d’un peuple qui mendie,
Contre le désespoir, la misère et la faim.

Lutter contre le joug des maîtres de la terre
Masquant leur dictature en tapageurs discours ;
Contre les trublions, les criminels de guerre,
Aigles noirs de haut vol et répugnants vautours…

Lutter contre les fous qui jouent à pigeon vole
En jetant vers le ciel d’affreux engins de mort…
Et, sans cesse assoiffés de gloire et d’auréoles,
Enchaînant l’avenir au culte du veau d’or.

Lutter pour le succès des causes généreuses,
Pour l’idéal de paix dont on a la fierté,
Pour le destin meilleur des plèbes douloureuses,
Pour le bonheur du monde et pour la liberté.

Lutter jusqu’à la fin du rève ou du poème
Qui soutient notre cœur et l’enflamme en secret…
Et quant on n’est plus rien que l’ombre de soi même,
Sourire à la jeunesse et partir sans regret ! ».

Eugène Bizeau
http://www.crcrosnier.fr/preb03/bizeaue-preb3.htm

"Nos chansons" (extrait de la Muse rouge)



Au marché de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon
A pied, à cheval, en voiture
Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'échauffourée
Or, sous tous les cieux sans vergogne
C'est un usag' bien établi
Dès qu'il s'agit d'rosser les cognes
Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruèrent sur les guignols
Et donnèrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol
En voyant ces braves pandores
Etre à deux doigts de succomber
Moi, j'bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées
De la mansarde où je réside
J'exitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"
Frénétiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier: "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie!"
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Qu'elle serre comme un étau
La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grand coup de mamelles
Ceux qui passent à sa portée
Ils tombent, tombent, tombent, tombent
Et s'lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus bell' de tous les temps
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies à peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas
Leur auraient mêm' coupé les choses
Par bonheur ils n'en avait pas
Leur auraient mêm' coupé les choses
Par bonheur ils n'en avait pas
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1955

(…)
Conférence sur la chanson anarchiste (gaetano Manfredonia)

l'histoire des courants anarchistes en Italie et en France (19 ème hommage à Anne et Eugène Bizeau, Massiac le 11 octobre 2009) « Sur un plan politique, nous sommes sous la 3ème République, avec 3 étapes importantes : - 1871 à 1879, fondation et consolidation de la République face aux tentatives de restauration de la Monarchie. C'est la période qui suit l’échec de la Commune (mai 1871) et celle de l’A.I.T., la 1 ère Internationale (fondée en 1864, dissoute en 1876). - 1879 à 1898, Crise du régime avec le « Boulangisme », affaire DREYFUS, essor du mouvement syndical avec la fondation de la 1ère C.G.T., lois syndicales et sociales, apparition du socialisme parlementaire. Cette période, en particulier de 1880 à 1894, est celle des années marquées par « la propagande par le fait » (attentats anarchistes des années 1892 à 1894). Ce sont ces années 1880 qui voient naître Bizeau et Couté. - 1898 à 1914, évolution vers la Gauche, questions des « rapports de l’Eglise et de l’Etat », et questions sociales (agraires, ouvrières, fonction publique) » C'est la période dite de la « belle époque » (années 1900 à la 1ère guerre mondiale (1914), avec de très nombreux conflits sociaux, période d’écriture de COUTE et BIZEAU.

http://www.fichier-pdf.fr/2012/02/12/conference-gaetano-manfredonia/


Conférence en hommage à Gaston COUTE (Octobre 2011)
Gaston Couté poète libertaire (1880/1911)
« ...C'est égal ! Si jamés je r'tourne Un joure r'prend' l'air du pat'lin Ousqu'à mon sujet les langu's tournent Qu'ça en est comm' des rou's d'moulin, Eh ben ! I' faura que j'leu dise Aux gâs r'tirés ou établis Qu'a pataugé dans la bêtise, La bassesse et la crapulerie Coumm' des vrais cochons qui pataugent, Faurâ qu' j'leu' dis' qu' j'ai pas mis l'nez Dans la pâté' sal' de leu-z-auge... Et qu'c'est pour ça qu'j'ai mal tourné !... »

http://www.fichier-pdf.fr/2012/02/12/gaston-coute-octobre-2011/



Eugene BIZEAU et Gaston COUTE : 2 poètes paysans anarchistes à la fin du 19ème siècle

Gaston Couté

Chanson écrite par Sébastien Faure

Nous sommes les persécutés
De tous les temps et de toutes les races
Toujours nous fûmes exploités
par les tyrans et les rapaces
Mais nous ne voulons plus fléchir
Sous le joug qui courba nos pères
Car nous voulons nous affranchir
de ceux qui causent nos misères
Refrain :
Église, Parlement, Capitalisme, État, Magistrature
Patrons et Gouvernants, libérons nous de cette pourriture
Pressant est notre appel, donnons l'assaut au monde autoritaire
Et d'un coeur fraternel nous réaliserons l’idéal libertaire
Ouvrier ou bien paysan
Travailleur de la terre ou de l'usine
Nous sommes dès nos jeunes ans
Réduits aux labeurs qui nous minent
D'un bout du monde à l'autre bout
C'est nous qui créons l'abondance
C'est nous tous qui produisons tout
Et nous vivons dans l'indigence
(Refrain)
L'État nous écrase d’impôts
Il faut payer ses juges, sa flicaille
Et si nous protestons trop haut
Au nom de l'ordre on nous mitraille
Les maîtres ont changés cent fois
C'est le jeu de la politique
Quels que soient ceux qui font les lois
C’est bien toujours la même clique
(Refrain)
Pour défendre les intérêts
Des flibustiers de la grande industrie
On nous ordonne d'être prêts
À mourir pour notre patrie
Nous ne possédons rien de rien
Nous avons horreur de la guerre
Voleurs, défendez votre bien

Poèmes d'Eugène Bizeau









Poésie révolutionnaire
















3 commentaires:

  1. « Pour emblaver ces champs, quelques gas ont suffi
    Ils n’ont jeté que quelques poignées de semence
    Mais le miracle blond de l’été s’accomplit
    Cent faucheurs sont penchés sur la moisson immense.

    De chaque grain tombé dans la nuit du sillon
    Un bel épi s’est élancé vers la lumière
    Et nul ne peut, sous le vol bleu des faucillons
    Compter tous les épis de la récolte entière.

    O vous, plus isolés encor' que les semeurs
    Qui sont passés dans la plaine au temps des emblaves,
    En la nuit des cerveaux et l’intensité des cœurs
    Jetez votre bon grain sur le champ des esclaves.

    Fiers semeurs de l’idée, jetez votre bon grain.
    Il dormira comme le blé dort dans la terre.
    Mais innombrable, aux beaux jours de l’été prochain,
    Votre moisson resplendira dans la lumière ».

    RépondreSupprimer
  2. Poème d' Eugène Bizeau

    « Lutter, puisque la vie est une âpre mêlée
    Où l’on se bat sans fin contre plus fort que soi,
    Et marcher le front haut sous la voûte étoilée
    Sans se décourager des coups que l’on reçoit.

    Lutter de tout son cœur et de toute son âme,
    Sur tous les points du globe, et par tous les moyens,
    Contre la renaissance et le retour de flamme
    De ce qui reste en nous de préjugés anciens.

    Lutter contre la peur, contre la maladie,
    Contre la profondeur de l’égoïsme humain,
    Contre la pauvreté d’un peuple qui mendie,
    Contre le désespoir, la misère et la faim.

    Lutter contre le joug des maîtres de la terre
    Masquant leur dictature en tapageurs discours ;
    Contre les trublions, les criminels de guerre,
    Aigles noirs de haut vol et répugnants vautours…

    Lutter contre les fous qui jouent à pigeon vole
    En jetant vers le ciel d’affreux engins de mort…
    Et, sans cesse assoiffés de gloire et d’auréoles,
    Enchaînant l’avenir au culte du veau d’or.

    Lutter pour le succès des causes généreuses,
    Pour l’idéal de paix dont on a la fierté,
    Pour le destin meilleur des plèbes douloureuses,
    Pour le bonheur du monde et pour la liberté.

    Lutter jusqu’à la fin du rève ou du poème
    Qui soutient notre cœur et l’enflamme en secret…
    Et quant on n’est plus rien que l’ombre de soi même,
    Sourire à la jeunesse et partir sans regret ! ».

    RépondreSupprimer