jeudi 30 mai 2013

Les catholiques pleurent Margaret Thatcher...mais les travailleurs arrosent la disparition de l'ordure !




Au soir du décès de celle qui fut à la tête du gouvernement britannique de 1979 à 1990, le pape a adressé ses condoléances à David Cameron : « Je suis triste d'apprendre la mort de la baronne Margaret Thatcher...et salue les valeurs chrétiennes qui ont soutenu son engagement au service public et pour la promotion de la liberté dans la famille des nations ».

   La « dame de fer » a effectivement un palmarès d'enfer qui fait d'elle la personnalité la plus détestée de Grande Bretagne :
  • Promotion de l'ultra libéralisme amenant la privatisation de tous les services publics,
  • Véritable assassinat des grévistes de la faim de l'IRA en 1981
  • Affaiblissement des syndicats et casse du mouvement des mineurs grévistes en 1984,
  • Hausse du chômage et accroissement des inégalités économiques. Etc.
Cette « croyante de fer », méthodiste convertie à l'anglicanisme par seul intérêt politique fut une véritable intégriste qui disait en 1978 : « Nous sommes les membres d'un tout et cela est clairement exprimé dans le concept chrétien de corps du Christ ».
Les millions de travailleurs anglais ont bien reçu son message d'amour et l'en remercient en écrivant sur les murs à Londres
« Iron lady ? Rust in peace »
Dame de Fer ? Rouille en paix...
avec tes valeurs chrétiennes.

Michel
FA Cantal

Boire de la bière peu mener à tout....

La pression des brasseurs allemands contre le gaz de schiste

Le Monde.fr |
Par

La fête de la bière à Munich

L'exploitation du gaz de schiste rencontre de nouveaux opposants : les brasseurs allemands. Dans une lettre envoyée à six ministres du gouvernement d'Angela Merkel, la fédération "Brauer-Bund", qui regroupe la majorité des professionnels de la bière, demande que le projet de loi présenté en février et destiné à réguler l'usage de la fracturation hydraulique soit repoussé. Les brasseurs estiment que cette méthode d'extraction – susceptible de polluer les nappes phréatiques – pourrait menacer leurs ressources en eau et, en bout de chaîne, la qualité de la boisson.

Le texte prévoit d'autoriser "sous conditions" le seul procédé utilisé à ce jour dans l'extraction du gaz de schiste : la fracturation hydraulique. La méthode consiste à injecter sous très forte pression de l'eau, du sable et des produits chimiques dans les sous-sols afin de briser la roche et libérer le gaz.
 LE "DÉCRET SUR LA PURETÉ DE LA BIÈRE" MENACÉ
Pour les défenseurs du gaz de schiste, les craintes des brasseurs sont infondées : les géants du pétrole et du gaz assurent que les forages n'atteignent pas la profondeur des nappes. Mais une étude menée par l'université américaine de Duke en juillet 2012 montre qu'entre les réserves d'eau et celles de gaz de schiste des conduites souterraines existent. Le risque de pollution n'est donc pas écarté.
 Dans le doute, le projet de loi élaboré par le gouvernement allemand prévoit d'interdire la fracturation hydraulique dans les zones riches en eau potable. Une précaution qui ne suffit pas à rassurer l'industrie de la bière. "Plus de la moitié des brasseurs utilisent des puits situés en dehors des zones qui seraient protégées par la loi", indique un porte-parole de la fédération Brauer-Bund.
 Or, dans le premier pays producteur de bière en Europe, la pureté de la bière est une affaire sérieuse. Depuis cinq cents ans, sa fabrication est régie par "le décret sur la pureté de la bière". Respectée par la majorité des brasseurs, cette règle impose que seuls du houblon, du malt, de la levure et de l'eau pure entrent dans la composition du breuvage. Une pollution des nappes phréatiques pourrait briser cette loi séculaire.
PROJET EN SUSPENS JUSQU'AUX LES LÉGISLATIVES
| WILLIAM WEST/AFP

Outre-Rhin, les brasseurs ne sont pas les seuls à s'opposer à la fracturation hydraulique.  Jusqu'à présent, l'utilisation de cette technique, interdite en France depuis la loi du 13 juillet 2011, était soumise à l'approbation des Etats-régions. Or, dans ceux qui disposent des sous-sols riches en gaz de schiste, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et Basse-Saxe, la population y est profondément hostile et les autorisations n'ont jamais été accordées.
Pour autant, le gouvernement allemand n'entend pas renoncer à une réserve de gaz qui, selon l'institut fédéral de géologie et des ressources naturelles, pourrait atteindre 2 300 milliards de mètres cube, soit trente fois la consommation du pays pour la seule année 2011. Face à ces perspectives, des compagnies comme Exxon Mobil ou l'allemand BASF pressent le gouvernement d'agir. Le patronat allemand voit, lui, dans le refus de la fracturation hydraulique un frein économique. Actuellement, pour sa consommation de gaz naturel, l'Allemagne dépend en grande partie des importations russes.
Malgré tout, le projet de loi sur la fracturation hydraulique ne devrait pas être présenté avant les élections législatives de septembre. Le Bundesrat, le conseil fédéral allemand, a déjà indiqué qu'il n'approuverait la fracturation hydraulique que si  "une modification durable de la qualité de l'eau pouvait être exclue de façon non équivoque".

Actualités sur le nucléaire



Redémarrage des réacteurs belges fissurés et ouverture des parapluies
Article du Soir :
http://bit.ly/14aIkD9 « Feu vert à la réouverture de Doel 3 et Tihange 2 » Rappel Le Soir du 8 mai :http://bit.ly/16SgvnQ « Doel 3 et Tihange 2 : les sérieux doutes des experts »

Suite d'un de nos feuilletons préférés, celui des réacteurs belges fissurés (cf revues de presse 10, 11, 12, 23, 27, 33, 42. ). Malgré d'innombrables défauts détectés (avec 30 ans de retard!) dans les cuves de différents réacteurs, ces derniers vont pouvoir redémarrer.

La décision a été annoncée par le nouveau chef de la « sûreté » nucléaire belge qui dirigeait auparavant... une des centrales fissurées ! (cf ci-dessous à samedi 18 mai). Cette décision ubuesque a été prise malgré les avertissements de différents organismes d'expertise, et du précédent chef de la sûreté nucléaire, opposés au redémarrage des réacteurs... et opportunément envoyé à la retraite !

Quant au gouvernement belge, il ouvre le parapluie : il se contente de « prendre acte » de la position de la « sûreté » nucléaire, et considère qu'il n'a pas à avoir d'avis sur la question. S'il fallait encore une preuve de ce que les politiciens ne sont que des pantins et que le pouvoir est en réalité dans des mains mafieuses...

  
L'uranium du Niger débarque dans la confusion à Marseille

Article de La Provence :
http://bit.ly/107rOQY
"Marseille : le gendarme du nucléaire épingle la place portuaire"


Pour alimenter les réacteurs nucléaires français, Areva extrait (pille) l'uranium du Niger, le transforme sur place en « yellow cake » (cf
http://bit.ly/drQayi ), le transporte en camion sur des centaines de kilomètres, et l'expédie par bateau en France où il est ensuite dirigé vers des usines de fabrication du combustible.

On le savait déjà, chacune de ces opérations est polluante et dangereuse. Il faut désormais y ajouter le débarquement du yellow cake à Marseille (port de Fos). Mais attention, Areva n'y est pour rien (comme d'habitude) : ce sont diverses sociétés prestataires, dont le Port de Marseille, qui se mélangent les fûts.

Heureusement, une des sociétés « rassure » tout le monde en prétendant que « les chargements concernés sont constitués de terre contenant de très faibles quantités d'uranium, elles-mêmes faiblement radioactives ». De la terre en guise de combustible nucléaire ! Ça doit être pour ça que les réacteurs français marchent si mal...

Par ailleurs, on note la « sévérité » des dirigeants de l'Autorité de sûreté nucléaire : ils ont fait des constats graves en juillet 2010, tiré quelques oreilles lors d'une réunion en novembre 2011, organisé une autre inspection en novembre 2012, envoyé un courrier en janvier 2013 (un courrier : quelle violence !), et ont constaté que rien n'avait changé. Aux dernières nouvelles, ils menaceraient d'envoyer un fax. Areva et ses complices tremblent...



Samedi 18 mai


Le nucléaire détruit le cerveau : la preuve définitive est enfin apportée
Article de RTL Belgique :
http://bit.ly/18ROQli
« Les éoliennes plus dangereuses que les centrales nucléaires »
On s'en doutait fortement : le nucléaire attaque directement au cerveau. C'est désormais définitivement prouvé « grâce » au dénommé Jans Bens, directeur général de l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN), l'autorité de « sûreté » nucléaire de la Belgique.

Pour « justifier » sa décision de remise en service des réacteurs fissurés, ce triste sire n'a rien trouvé de mieux que d'affirmer que « Les éoliennes sont plus dangereuses que les centrales nucléaires ». Cela dit, si Jans Bens est grassement rémunéré pour mettre la population en danger et se moquer du monde, il n'est finalement qu'
un symptôme de la déliquescence de nos sociétés « modernes ».
En effet, avant de diriger la prétendue « sûreté » nucléaire, Jans Bens était directeur de la centrale nucléaire de Doel... où l'on trouve justement un des deux réacteurs fissurés. Le contrôlé est donc devenu contrôleur, preuve que la Belgique n'est plus qu'une pauvre république bananière à la démocratie factice. On se croirait en France !

Cerise sur le gâteau : entre Doël et l'AFCN, Jans Bens a été directeur adjoint de la World Association of Nuclear Operators (WANO), regroupement de la plupart des exploitants de centrales nucléaires. Sur son site web, la Wano explique elle-même les raisons de sa création en 1989 : « Suite à l'accident tragique survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl, les exploitants nucléaires dans le monde étaient déterminés à travailler ensemble pour s'assurer qu'un tel accident ne se reproduise jamais. » (cf
http://bit.ly/Z1HaZO )

Or, il s'est reproduit, à Fukushima, signant la totale déconsidération des gens de la WANO... ce qui ne les empêche pas de parader et, entre autres forfaitures, de placer un des leurs à la tête de la « sûreté » nucléaire belge, pour relancer les réacteurs fissurés. On comprend alors mieux le rire ignoble de Jans Bens :
http://bit.ly/18ROQli ...
 


Dimanche 19 mai


Allemagne : un bateau transportant de l'uranium prend feu !
Dépêche AFP :
http://bit.ly/10R7PoA
« Spectaculaire incendie sur un cargo transportant des voitures à Hambourg »
Article de Bastamag :
http://bit.ly/182DeND
« Un grave accident nucléaire évité de peu en Allemagne »

L'AFP ne saurait être coupable de tout (;-) : de toute évidence, les autorités allemandes lui ont raconté des bobards le 2 mai en prétendant que le bateau en flamme dans le port de Hambourg contenait des automobiles.  C'était d'ailleurs vrai mais, léger « oubli », on y trouvait aussi tout un tas d'autres choses charmantes dont quatre tonnes d'explosifs, des produits inflammables... et neuf tonnes de matières nucléaires (hexafluorure d'uranium) ! (cf
http://bit.ly/132QEU6 )

L'excellent Bastamag nous apprend aussi que, à proximité, étaient rassemblés des milliers de personnes pour le Kirchentag, la plus grande manifestation de l'église protestante du pays. Peut-être une tentative de Saint-Barthélémy ?  Si les Allemands mettaient de la terre (légèrement radioactive tout de même !) dans leurs réacteurs, comme le font les Français, le danger serait moindre...



Lundi 20 mai



Un Collectif « Mines d'uranium » contre la contamination de la France par Areva
Article et vidéo France3 :
http://bit.ly/10I6xw5
Rappel 2009 « La France contaminée »:
http://bit.ly/fXAJXj
Le 11 février 2009, le documentaire « La France contaminée » avait fait beaucoup de bruit et mis Areva en difficulté. Mais le prétendu « géant du nucléaire » sait rester calme, gagner du temps, et attendre que l'actualité passe à autre chose. Résultat, 4 ans après, rien n'a changé. Aussi, un Collectif « Mines d'uranium » s'est mis en place, animé par des citoyens dignes et courageux avec la participation de l'excellente Criirad et de son ingénieur Bruno Chareyron.

Ce dernier pourrait assurément multiplier son salaire par 10 en mentant au profit d'Areva mais, « handicapé » par des conceptions surannées comme la droiture et l'honnêteté, il travaille inlassablement à faire émerger la vérité. Étonnant de nos jours, n'est-il pas ? A noter aussi l'excellent reportage de France3 Limousin. Les rédactions régionales de cette chaîne sont encore en mesure de faire un vrai travail d'information et d'enquête, et traitent de sujets qui sont souvent maltraités ailleurs... ou carrément « oubliés ».



Mardi 21 mai


 
 
Démantèlement / déchets : vous pouvez encore voir le remarquable reportage d'Arte
Video sur Arte :
http://bit.ly/14SeKSS
La chaîne ARTE a pour caractéristique, outre de proposer des programmes généralement de grande qualité, d'être franco-allemande. C'est assurément pour cela que l'on peut y voir des émissions et reportages que l'on pourrait croire antinucléaires... pour la simple raison qu'ils disent juste la vérité sur l'atome. Si vous ne l'avez vu en direct, précipitez vous pour voir ce reportage qui est encore en ligne pour quelques jours !



Mercredi 22 mai



Fukushima : « Notre vie, désormais, c'est de creuser notre tombe »
Article sur Rue 89 :
http://bit.ly/182Yxi7
« Les autorités vont rouvrir discrètement la zone interdite entourant la centrale nucléaire. Les réfugiés pourront retrouver leur domicile, à leurs risques et périls. ». Il faudra attendre mars 2014 pour que les médias s'intéressent à nouveau à Fukushima (date anniversaire oblige)alors, en attendant, des citoyens rendent compte du drame qui continue de se dérouler. C'est à nouveau l'excellent Thierry Ribault qui s'y colle, accompagné cette fois de Cécile Asanuma-Brice. Merci à eux... même si le constat est dramatique.



Jeudi 23 mai



Niger : tué en mars, Belmokhtar revient attaquer Areva en mai
Reportage de Euronews :
http://bit.ly/Z5ncgB
« Niger : 20 morts dans un double attentat contre l'armée et Areva » Communiqué de l'Observatoire :
http://bit.ly/14IfTNg
« Les attentats contre Areva au Niger contredisent la thèse de l' "indépendance énergétique" apportée par le nucléaire »

Le général Hollande a lancé les troupes françaises sur le Sahel en janvier, prétendument « pour la démocratie », en réalité pour sécuriser les mines d'uranium d'Areva au Niger. En mars, le terrifiant leader islamiste Mokhtar Belmokhtar était tué par les forces de « libération ». De toute évidence, il n'a pas été assez tué puisque le voilà qui revient en mai et fait ce qui lui plait : attaquer Areva. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis, donc nous ne nous félicitons pas des actes de ce « mort » bien agité.

Par contre, qu'on ne compte pas sur nous pour une quelconque « union nationale » avec les menteurs politiques et industriels : ces attaques soulignent la vulnérabilité de la France atomique et démontrent que le nucléaire n'apporte aucune indépendance énergétique. Pour finir, rappelons qu'en septembre 2010, après l'enlèvement de plusieurs salariés d'Areva au Niger, l'Observatoire du nucléaire lançait cette alerte :

"Ces évènements ne sont assurément que les prémices de déstabilisations géopolitiques encore plus graves. Sachant que les réserves d'uranium s'amenuisent dans le monde et que d'autres pays, en particulier la Chine, ont aussi besoin de grandes quantités de ce minerai, ce sont donc 80% de la production électrique française qui sont menacés." CQFD.



Nouveau : la sûreté nucléaire « souple »
Dépêche AFP :
http://bit.ly/11fczdC
« L'Autorité de sûreté nucléaire a la centrale de Civaux à l'oeil »

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estime que, à la centrale de Civaux (Vienne), « les règles de sécurité sont observées avec une souplesse incompatible avec les exigences de l'activité ». On pourrait croire que l'ASN fait les gros yeux (elle va peut-être envoyer un fax, comme à Marseille?).

Mais, en réalité, elle semble suggérer que les dites règles de sécurité pourraient être « observées avec une souplesse compatible avec les exigences de l'activité ». Tout dépend, semble-t-il, de la manière d'être souple. De toute façon, vous avez noté qu'il s'agit seulement d' « observer » les règles de sécurité. Mais observer, c'est déjà du boulot, nous pouvons vous l'assurer...



Débat sur l'énergie (le Grenelle de Hollande) : le coup des scénarios
Dépêche AFP :
http://bit.ly/14VjneX
« Les principaux points des quatre scénarios du débat français sur l'énergie »
Article de La Croix :
http://bit.ly/18leRbA
« Le débat sur l'énergie se crispe sur le nucléaire »

Hors du monde, hors du temps, se déroule inutilement le fumeux Débat national sur la transition énergétique (DNTE), sous la houlette de l'improbable duo Delphine Batho (parait-il ministre de quelque chose) / Nicolas Hulot (« Envoyé spécial de l'Élysée pour la planète », sans rire).
 
Pour remplir la salle, un « Conseil national du débat » a été mis sur pied, principalement composé de pollueurs et d'écologistes officiels (et donc inoffensifs). Tout ce petit monde vient de mettre à jour quatre scénarios de « transition énergétique », sensés coller aux engagements pris par M. Hollande... pour quand il ne sera plus président depuis longtemps.

Les pronucléaires proposent des scénarios avec nucléaire, les « écologistes » aussi (un peu moins tout de même, faut pas exagérer). Pendant ce temps, EDF se prépare à ne pas fermer la centrale de Fessenheim (ni aucune autre), et à mettre l'EPR en service. Finalement, on va presque regretter le Grenelle !



Enfouissement criminel des déchets radioactifs : le projet prend l'eau !
Article d'Actu-environnement :
http://bit.ly/184kFbK
« ASN : réévaluer l'inventaire des déchets nucléaires destinés à l'enfouissement » Reportage de France-Info :
http://bit.ly/14Z7ogm
« Le débat sur l'enfouissement des déchets nucléaires tourne court à Bure » Article de l'Est-Républicain :
http://bit.ly/18mNKNk
« Bure : le coup de force des opposants » Article de Médiapart :
http://bit.ly/133bK4H
« Déchets radioactifs contre argent frais : l'équation de Bure »

Que des opposants courageux et motivés sabotent pacifiquement le pseudo débat public sur l'enfouissement des déchets radioactifs, on pouvait s'en douter. Ce fut fait et bien fait, l'Est-Républicain reconnaît d'ailleurs qu' « aucun manifestant ni membre des forces de l'ordre n'a reçu le moindre coup hier soir à Bure ». Bravo !

Par contre, ce que les enfouisseurs n'avaient pas prévu, c'est que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) jette un pavé dans la mare (ou un fût dans l'océan). Il est vrai qu'il est plus facile pour les inspecteurs de pointer les tares d'un projet lointain que de faire fermer par EDF un réacteur actuellement en fonction.

L'ASN précise donc que « si la création d'une installation de stockage géologique profond est autorisée, le décret d'autorisation devra comprendre un inventaire définissant en nature et en volume maximal les déchets pouvant y être stockés ». Or les exploitants (EDF, Areva, CEA) n'ont aucune envie de reconnaître qu'ils veulent se débarrasser à Bure d'incommensurables quantités et volumes de cochonneries radioactives : cela ferait exploser la facture officielle du projet.

Selon la bonne vieille habitude du lobby de l'atome, les surcoûts doivent être annoncés plus tard, au fur et à mesure, et lorsque le projet est « trop avancé pour s'arrêter maintenant ». Si l'on oblige ces braves gens à avouer d'emblée la réalité de la facture, c'est plus du jeu !
Le crime de l'enfouissement prend l'eau au figuré, comme c'est le cas au « propre » (façon de parler) en Allemagne à Asse (rappel par exemple : http://bit.ly/19ajG8P ). Pas sûr que cela suffise à stopper les fous de l'atome, mais il est toujours permis d'y croire...



Post-Scriptum



Festival de Cannes : le nucléaire, avec Léa, c'est doux

Article de France3 :
http://bit.ly/12ADmNX « Romance nucléaire : "Grand Central", tourné à Cruas, présenté au festival de Cannes »
Site web des précaires du nucléaire :
http://www.sst-nucleaire-chimie.org

Le nucléaire au Festival de Cannes, il fallait y penser. Et, avec Léa Seydoux en compagne de travailleur de l'atome, ça donne presque envie d'aller faire la maintenance à la centrale de Cruas (ou ailleurs). Le nucléaire, avec Léa c'est doux, et ça peut rapporter des prix. Mais quand la palme dort, les précaires de l'atome ont leur propre festival : irradiations, contaminations, doses. Coupez !

Pierre Groupe de Metz

dimanche 26 mai 2013

La 6e édition de Bobines Rebelles

La 6e édition de Bobines Rebelles

aura lieu cette année 

vendredi 14 et samedi 15 juin (Royère de Vassivière - 23)

LES AVANT-PREMIÈRES

Bobines Rebelles, ce sont aussi les avant-premières, occasions d’investir de nouveaux lieux et/ou de projeter d’autres films que le temps court du festival ne permet pas de montrer. Cette année ce sera notamment le cas :

 
le vendredi 31 mai à 20h30 au cinéma le Club à Peyrat-le-Chateau



 Le bateau en carton, de José Viera (2010, 80 min)

 Un très beau film qui accompagne sur plusieurs années des familles Roms, entre la vie quotidienne dans les bidonvilles, les expulsions presque vécues comme une routine, le retour au pays dans une Roumanie qui les relègue aux marges du visible. Un documentaire subtil qui bouscule ce que l’on pense savoir sur ces familles dont les rêves et les espoirs  ressemblent finalement beaucoup aux nôtres.

 En présence du réalisateur (sous réserve)

 

Jeudi 6 juin, 21h00 à l'Atelier (Royère de Vassivière)


Dédale, un fil vers la démocratie
, E. Borgetto, L. Lhermite, A. Tabart et C. Vialaret (2012, 80 min),


 Partant d’une immersion, dans le courant de l’année 2012, dans la population athénienne malmenée par les mesures d’austérité et agressée par un État de plus en plus policier, ce documentaire ne se contente pas de montrer la souffrance à l’œuvre si près de nous. Il prend le temps au contraire d’écouter les pulsions de reconstruction, d’observer la cicatrisation en cours d’un lien social mis à mal par des années d’individualisme et l’élaboration d’actions ou de pensées qui pourraient permettre non seulement la sortie de crise mais également la gestion de l’après crise.

 En présence de la co-réalisatrice, Alice Tabart (sous réserve) ou de Yannis Youlountas (sous réserve)

  


Retrouvez toutes les avant-premières sur le site.






LE FESTIVAL





 Cette année, la programmation est un peu "resserrée" et privilégie les rencontres avec les réalisateurs.

 Toujours pas de "thème" à proprement parler, mais certains films dialoguent entre eux et éclairent une même réalité à partir d'un point de vue qui leur est propre.



 

Ainsi Blanche là-bas, noire ici, le très beau premier film de Diane Dègles explore à travers une histoire intime et familiale les thèmes de la colonisation, de l'exil et des identités complexes. 

Dans Vol Spécial, du suisse Fernand Melgar, c'est la réalité à la fois lisse et brutale d'un centre de rétention suisse pour sans-papiers qui nous est frontalement montrée. 

L'histoire de la colonisation est également au cœur de Cameroun, autopsie d'une indépendance de Gaële Leroy et Valérie Osouf, qui retrace méthodiquement les étapes d'une guerre de libération très peu connue en France. 

Enfin, c'est à la rencontre d'"exilés de l'intérieur" que nous invite le film sensible de Raphaël Pillosio, Histoire du carnet anthropométrique, enquête sur un document administratif dérogatoire du droit commun. C’est surtout l'occasion de croiser la route de ce "peuple du voyage" confronté à un passé récent et douloureux, souvent ignoré par sa nouvelle génération.






De leur côté, deux autres films explorent le monde du travail : une classe ouvrière que notre société voudrait bien ne plus voir (Disparaissez les ouvriers! de Christine Thépénier et Jean-François Priester) ou encore un marché du travail peu connu et complètement dérégulé qui annonce sans doute le monde qui vient (Paroles de marins, de Jocelyne Mallet).


 

Présente comme chaque année, l’agriculture est abordée cette fois par le biais du documentaire scientifique avec Secret des champs d’Honorine Perino, captivante exploration du monde végétal et de ces stratégies inouïes que les plantes mettent en œuvre pour se nourrir, se protéger et se défendre… à condition que l’homme les laisse faire. 

C’est aussi à une plongée poético-ethnographique dans la vie d’un jeune éleveur de porcs de la Bretagne des années 70, noyé dans les affres de l’élevage intensif, que nous invite Cochon qui s’en dédit, le film-ovni de Jean-Louis Le Tacon.



 

Le conflit israélo-palestinien est une nouvelle fois abordé à travers 5 caméras brisées, de Emad Burnat et Guy Davidi, un regard de l’intérieur sur une situation que l’on croît à tort connaître par cœur. 

Autre vision décalée, le film-kaleidoscope de Camille Robert (Logique de la peur) qui s’intéresse, lui, à un acteur pour le moins méconnu en France:   la jeunesse israélienne.




 

Enfin, le collectif Grand Ensemble explore avec une ironie mordante les arcanes de ces grandes messes citoyennes contemporaines que sont les concertations publiques. Déconcertation reconstitue avec les habitants d’un quartier de Vaulx-en-Velin les discussions qui ont précédé la rénovation de leur quartier.






Tous les renseignements sur les films, les programmes, les horaires, sont disponibles sur le site du festival :



http://www.bobinesrebelles.org 




En espérant vous voir encore nombreux cette année





L'équipe de Bobines Rebelles


On achève bien les médecins du travail

Depuis quelques années, à la suite de suicides sur le lieu de travail de plusieurs salariés (à France Télécom, Renault ou La Poste, pour les plus médiatisés), la notion de psychopathologie liée au travail, qu’on appelle aussi risques psychosociaux, est largement connue du grand public. C’est même une question sensible, tant les conséquences humaines sont dramatiques. Dans de nombreuses entreprises, des commissions ad hoc ont été mises en place pour tenter de prévenir les suicides et de repérer les salariés en souffrance.

1707Caducee
Fort, permanent, efficace
Avec des résultats plutôt mitigés, il faut le souligner. Car c’est dans l’organisation même de l’entreprise, ses nouveaux modes de « management », qu’il faut aller chercher la cause de cette souffrance, qui fait qu’un nombre élevé de travailleurs craquent et se trouvent dans des situations de stress, de dépression et de danger. Or ces conditions modernes de l’exploitation, basées sur la recherche du profit maximal et sur l’individualisation des tâches, n’ont pas été remises en cause.
On pointe la fragilité du travailleur, qu’on doit repérer et accompagner, pour lui permettre de mieux résister au rouleau compresseur. S’il ne va pas bien, c’est parce qu’il n’a pas les armes qu’il lui faudrait pour faire face, qu’il ne communique pas et qu’il est fragilisé par sa vie familiale et personnelle. Il doit être fort, performant, efficace ! On va lui apprendre à gérer son stress, on va le « coacher » (le coaching, une mine d’or !), lui donner des cours de yoga ou de méditation, voire lui permettre de rencontrer un professionnel de la psychologie et de discuter avec lui…

La médecine du travail…
Bien sûr, ces pathologies ne prennent pas toujours un tour aussi dramatique ou spectaculaire. Le stress au quotidien ne se voit pas toujours et parfois le salarié qui en souffre n’en a pas réellement conscience, se mettant de la sorte en danger. C’est le rôle du médecin du travail d’en détecter les signes avant-coureurs et de faire prendre les dispositions adéquates pour mettre le salarié à l’abri des éventuelles conséquences néfastes pour sa santé. Ce qui peut placer le médecin du travail dans une situation inconfortable vis-à-vis de l’employeur. C’est pour cela que, théoriquement, l’indépendance des médecins du travail est garantie par le Code du travail. Théoriquement, car les pressions des patrons et de leurs organisations sur les médecins du travail existent depuis qu’existe la médecine du travail.

… remise en cause
Ces pressions viennent de prendre un tour nouveau, avec la plainte devant l’Ordre des médecins d’un employeur contre le docteur Huez, médecin du travail à la centrale nucléaire de Chinon. L’employeur, la société Orys, sous-traitant pour le compte d’EDF, reproche au docteur Huez d’avoir remis à l’un de ses salariés un certificat médical attestant du lien entre son état psychique et ses conditions de travail. Le salarié en question avait usé de ce certificat devant la justice prud’homale pour appuyer son recours contre l’employeur. L’affaire est pour l’heure en suspens : le docteur Huez a refusé de se rendre à la convocation de l’Ordre des médecins, à laquelle devait aussi assister l’employeur. Notons au passage que ce médecin est syndiqué à la CGT. Ce cas serait isolé, il n’aurait peut-être pas fait autant parler de lui (sic !) si de manière quasi simultanée deux autres médecins du travail n’avaient pas aussi fait l’objet des mêmes poursuites devant l’Ordre des médecins. L’un d’eux à même reçu un blâme de la part de l’Ordre des médecins, ce qui peut l’empêcher d’exercer son métier : il s’est pourvu en appel. Ce qui est d’abord choquant, c’est le moyen utilisé : ne peuvent porter plainte devant l’Ordre des médecins que des médecins ou des patients : hors, les employeurs ne sont pas des patients ! S’il existe un contentieux entre médecins du travail et employeurs, celui-ci doit se régler devant la justice. Il est manifeste que la voie utilisée vise avant tout à intimider et dissuader les médecins du travail. Tant qu’il s’agit de protéger les salariés des dangers d’une machine ou d’un produit toxique, passe encore : mais mettre en cause l’organisation de l’entreprise, son mode de direction du personnel (pardon, « ressources humaines »), cela les patrons ne le veulent pas.

Santé et médecine au travail
Les organisations professionnelles de la santé au travail ne s’y sont pas trompées, et ont lancé une campagne de soutien en faveur de leurs collègues poursuivis. Voilà ce qu’ont peut lire sur le site de l’association Santé et médecine au travail 1 : « L’apparition des nouvelles formes de travail, le renouveau des stratégies managériales de mobilisation des salariés, de valorisation du “savoir-être”, de l’initiative et de la responsabilité mobilisent une implication subjective dans le travail. Juridiquement, le durcissement et l’élargissement du droit du travail concernant l’obligation générale de prévention de l’employeur impliquent une meilleure prise en compte de la santé mentale au sein des conditions de travail. La loi de modernisation sociale a introduit dans le Code du travail l’obligation pour l’employeur de prendre les mesures nécessaires “pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.” […] La mise en jeu de la responsabilité de l’employeur suppose qu’il soit possible d’identifier les causes des souffrances mentales constatées dans le travail, son environnement et son organisation. Les atteintes à la santé mentale présentent en apparence une causalité souvent plus diffuse associant des causes liées à l’exécution même du travail ou à l’organisation du travail et des causes en rapport avec ce que le droit appelle “la vie personnelle”.
» Dans cette forte dépendance entre situation de travail et vie personnelle, toutes les combinaisons sont possibles et peuvent rendre difficiles l’identification du risque vécu par les salariés et c’est bien le travail clinique des médecins [du travail] qui peut rendre possible cette identification […]. »
Il faut rester attentif et bien comprendre les enjeux : soutenir l’indépendance des médecins du travail, c’est maintenir la possibilité d’améliorer la santé au travail et de prévenir les risques psychosociaux.



Opération antiterroriste contre le mouvement libertaire partout en Espagne

Aujourd’hui (15 mai), à l’aube, le ministère de l’intérieur, avec l’appui de l’audience nationale (tribunal spécial), a lancé une opération antiterroriste de grande envergure sur tout le territoire espagnol. A Madrid, Valence, Barcelone ou Sabadell, différents lieux d’organisation et d’occupation anarchiste et libertaire ont été perquisitionné sans plus d’informations avec comme objectif de déstabiliser le mouvement et de procéder à des arrestations préventives.
http://rebellyon.info/Operation-antiterroriste-contre-le,12254








Pour le moment, et selon les infor­ma­tions dont nous dis­po­sons, l’opé­ra­tion a été ava­lisé par le juge Santiago Pedraz suite à un décret excep­tion­nel déli­vré direc­te­ment par l’audience natio­nale équivalente à la cour suprême de jus­tice.
A Sabadell, de source poli­cière, l’objec­tif affi­ché de l’opé­ra­tion était d’inter­pel­ler des mem­bres d’un col­lec­tifs anar­chiste « Bandera Negra ». Cette excuse ne convainc per­sonne et il semble que cette opé­ra­tion menée conjoin­te­ment par les dif­fé­rents ser­vi­ces de police visait prin­ci­pa­le­ment à dés­ta­bi­li­ser les foyers de lutte qui s’orga­ni­sent en ce moment par­tout en Espagne et depuis les­quels sem­blent émerger une bonne dyna­mi­que. C’est le local « Ateneu Llibertari » héber­geant dif­fé­rents col­lec­tifs qui a été per­qui­si­tionné aux pre­miè­res heures du matin.
A Gracia, dans le centre de Barcelone une autre per­qui­si­tion aurait eu lieu où une per­sonne aurait été arrê­tée pour avoir publié des com­men­tai­res « vio­lents » sur FaceBook. Autant d’argu­ments reconnus comme de pures excu­ses pour atta­quer de manière directe tous ceux et celles qui conchient ce monde-là.
A Montcada dans la ban­lieue nord de Barcelone, c’est tout un ter­rain occupé depuis plus de 4 ans, la « Can piella » qui a reçu la visite de dizai­nes de gen­dar­mes. Préparé à résis­ter depuis 4 mois, les occu­pants de la zone avaient confec­tion­nés de mul­ti­ples bar­ri­ca­des et tran­chées pour blo­quer l’arri­vée des flics mais aussi une struc­ture métal­li­que gigan­tes­que sur le toit de la maison prin­ci­pale afin de pou­voir y résis­ter le plus long­temps pos­si­ble. Propriété d’un spé­cu­la­teur « Alcaraz » très connu dans le sec­teur, le ter­rain était un lieu devenu emblé­ma­ti­que. Les habi­tants y culti­vaient des terres avec les pay­sans du coin sur les bases d’une agri­culture écologique (www.can­piella.cat). Ils orga­ni­saient aussi dif­fé­ren­tes acti­vi­tés ouver­tes a tous et orien­tées vers tou­jours plus d’auto­no­mie ali­men­taire. Toutes les semai­nes des four­nées pain étaient faites ainsi qu’un ate­lier de confec­tion de bière auto­nome.
La résis­tance n’aurait duré pas plus de 3 heures. Les flics sem­blaient être bien pré­pa­rés à l’expul­sion du lieu, 4 per­son­nes ont été arrê­tées.
Dans la foule, des gens ce sont ras­sem­blés tout autour et une assem­blée orga­ni­sée a décidé d’aller blo­quer une auto­route ainsi que deux immeu­bles neuf lais­sés vacants dans le centre de Montcada.

La solidarité est en train de s’organiser de manière spontanée dans toute la Catalogne. Les choses risquent de bouger ces prochaines heures.

Soutien indéfectible à toutes les composantes en lutte ! Solidarité active dans toute l’Europe !



lundi 20 mai 2013

Qui veut la peau du médecin de la centrale nucléaire ?

http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/05/06/veut-peau-medecin-centrale-nucleaire-242089

Première en France : trois entreprises portent plainte contre des médecins du travail, qui ont lié les pathologies de salariés à leurs conditions de travail.

Le médecin de la centrale nucléaire de Chinon n’est pourtant pas un débutant. Dominique Huez exerce depuis 1978 et ne compte plus ses interventions, prises de position, publications en faveur de la protection de la santé des salariés. Bref, jusqu’à présent, s’il avait dérangé, ni EDF ni aucune entreprise du Chinonais n’avaient voulu le couler.
Voilà qui vient de changer. La société Orys a porté plainte contre lui devant le Conseil de l’Ordre des médecins, pour manquement à ses « obligations professionnelles et déontologiques ». Ce sous-traitant d’EDF a estimé que le médecin du travail avait outrepassé ses prérogatives en établissant que la pathologie d’un de ses salariés était liée à ses conditions de travail dans l’entreprise.

La centrale nucleaire EDF de Chinon en Indre-et-Loire, le 5 juin 2011 (SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA)
Une première ? A un jour près, une plainte similaire a été déposée contre un autre médecin du travail, dans le même département, par EDF cette fois. Enfin, dans l’Ain, la même procédure a déjà abouti à un blâme, qui fait actuellement l’objet d’un appel. Ce sont les seuls cas que le Conseil national de l’Ordre des médecins recense jusqu’à présent. Les trois premiers en médecine du travail.

« J’ai fait un truc assez banal en fait »

Le 2 décembre 2011, Vincent Abergel débarque dans le cabinet médical, à la centrale de Chinon, se souvient Dominique Huez :
« Il était effondré, il pétait les plombs. Son état ne nécessitait pas d’appeler les pompiers, mais je suis intervenu en urgence parce que sa santé m’a vraiment inquiété. Quand il s’est senti mieux, je lui ai remis le certificat médical que je venais de rédiger. Ça arrivait régulièrement à Chinon. J’ai fait un truc assez banal en fait. »
Le médecin se souvient d’avoir fait parler le patient comme à son habitude. Selon lui, le salarié avait été muté à Chinon, dans un métier qui n’était pas le sien, en guise de punition : sur un chantier précédent, il avait refusé d’intervenir parce qu’il estimait que la sécurité n’y était pas assurée et, depuis, l’employeur lui faisait subir des vexations. Pour Dominique Huez, la situation l’avait amené à développer « une pathologie anxio-dépressive ».
Pour la société Orys, le médecin a développé une analyse qui n’a rien de factuel : il n’a pas respecté, dans son certificat médical, les notions de « prudence » et de « circonspection », comme il est écrit dans la plainte déposée le 19 février et que Rue89 s’est procurée.
Or, le patient constituait un dossier contre son employeur pour harcèlement moral et le certificat du Dr. Huez est venu s’y ajouter. La société a donc demandé au Conseil de l’Ordre de convoquer le médecin à une « conciliation et d’engager des poursuites disciplinaires à [son] encontre ». La démarche a de quoi surprendre. D’autant qu’elle ne concerne pas uniquement le Dr. Huez.

Deux autres médecins poursuivis

Depuis qu’il est en préretraite, Dominique Huez est détaché au CHRU de Tours, à la consultation hospitalière de pathologie professionnelle « souffrance au travail ». Or, dans le même service, un autre médecin du travail a été visé par une plainte similaire. Celle-ci a été rédigée par EDF le 18 février, soit un jour avant celle contre Dominique Huez.
Le médecin concerné, le Dr. Bernadette Berneron, est accusé lui aussi d’avoir jugé l’entreprise. Elle avait été sollicitée par un confrère généraliste, inquiet pour une patiente secrétaire de direction au Centre national d’équipement de production d’électricité. Le généraliste avait écrit, dans un document que Rue89 s’est procuré :
« Merci de voir en consultation [cette personne], âgée de 49 ans pour angoisse, troubles de I’humeur, troubles du sommeil, en rapport avec un stress professionnel majeur depuis environ novembre 2011. »
Le Dr. Berneron avait confirmé l’analyse, dans une réponse au médecin traitant. La patiente a eu copie de cette lettre et l’a ajoutée au dossier qu’elle constitue en vue d’un procès aux prud’hommes contre son employeur.
EDF juge inadmissible qu’elle ait eu accès à la missive, tout comme elle déplore le contenu du courrier. L’électricien a donc saisi à son tour le Conseil départemental de l’ordre (mais n’a pas donné suite à notre demande de précisions). Enfin, dans l’Ain, un médecin du travail de Romorantin a été poursuivi par une étude notariale, et blâmé par le Conseil de l’Ordre. Il a fait appel.

La parade des employeurs

Pourquoi ces trois procédures d’un nouveau type sont-elles déclenchées maintenant ? Pourquoi lancer aujourd’hui la chasse aux écrits des médecins du travail ? Parce que ça peut coûter cher, de plus en plus. L’employeur peut en effet, depuis 2002, être poursuivi s’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés.
A deux reprises déjà, les conditions de travail ont été mises en cause par un tribunal, dans des cas de suicides chez Renault. Tandis que France Télécom doit toujours répondre devant le procureur de la République pour « mise en danger d’autrui et harcèlement moral du fait de méthodes de gestion de nature à porter atteinte à la santé des travailleurs ».
Mais au-delà des suicides et des cas spectaculaires, cette « obligation de résultat » de l’employeur devrait mener de plus en plus de salariés à faire valoir leurs droits aux prud’hommes, estime François Desriaux, rédacteur en chef de Santé & Travail :
« Auparavant, seules les affaires de maladies professionnelles allaient en justice. Aujourd’hui, la femme de 55 ans qui n’est pas malade, mais usée par des années de travail, s’il elle est licenciée parce que déclarée inapte, comme cela arrive, peut se retourner contre son employeur qui n’a pas veillé à sa santé. »
Alors, du côté des employeurs, on cherche des parades.

Conciliation, piège à con ?

Dominique Huez a déjà prévenu qu’il risquait de ne pas se rendre à l’audience de conciliation qui a lieu mardi 7 mai avec la société Orys :
« Je suis tout à fait d’accord pour m’expliquer avec l’Ordre sur ma pratique déontologique, mais l’Ordre ne peut pas méconnaître que je ne peux pas m’exprimer devant un employeur sur le dossier médical de l’un de ses salariés. Ça m’est interdit par la loi. »
C’est son « droit le plus absolu », commente le secrétaire général de l’Ordre des médecins, Walter Vorhauer. Dans ce cas-là, direction la chambre disciplinaire de premier instance. Là, le magistrat examine la plainte et décide s’il elle recevable ou non, et s’il y a matière à sanction.
Pour Walter Vorhauer :
« Il n’est pas inintéressant de voir arriver cette affaire. C’est important de voir ce que vont dire les juges. Si une jurisprudence est établie en faveur des médecins, les entreprises vont arrêter de les poursuivre. »