mardi 31 janvier 2017

Voter peut nuire dangereusement à votre « santé sociale »




Dire qu'il y a 50 années à peine, dans les années 1960, on parlait de « civilisation des loisirs » à venir avant la fin du 20ème siècle !
Quelques décennies auront suffit pour balayer la quasi totalité des conquêtes sociales issues de 1936 et 1945, faisant place à un recul de civilisation sans précédent, à une véritable déshumanisation de la société.
Parler alors de « déficit de démocratie », « d'arrogance des élites », de « crise du capitalisme », de « fossé entre citoyens et élus » relève de doux euphémismes, tant la réalité actuelle va bien au delà et nous prépare à une totale « ubérisation » de la société enfin débarrassée, au nom de la modernité, de tout lien social et de ses vieux principes d'égalité, de solidarité et de justice sociale.
L'avenir est à une société de femmes et d'hommes auto-entrepreneurs s'auto-exploitant, sans garantie et couverture sociales !
Mais en dehors de ceux qui restent sourds face à la colère qui monte, de ceux qui restent aveugles face aux dégâts causés par le système capitaliste, le libéralisme, et, ou de ceux qui restent muets par habitude de soumission, de « servitude volontaire », nombreux sont les travailleurs qui prennent de plus en plus conscience qu'ils sont la proie de véritables prédateurs agissant en toute impunité, et il faut bien le dire avec la complicité de tous les hommes politiques, de gauche comme de droite.

Pourquoi dès lors ne pas (s') avouer que le capitalisme a toutes les raisons de crier victoire quand il triomphe de toutes les luttes menées par le mouvement ouvrier depuis plus de 2 siècles ! Pourquoi se priverait-il de claironner quand le terrain des luttes est déserté ? Face au déchaînement patronal, quelle(s) centrale(s) syndicale (s) voudrait encore nous faire croire que les 8 % de travailleurs syndiqués en France sont en capacité de bloquer le pays ? En ont-ils la volonté et les moyens face aux répressions policières, à l'immobilisme de toute une société en « état d'urgence et d'errance » ?
Quelle centrale syndicale peut justifier, qu'à la place de la nécessaire globalisation des luttes, les corporatismes s'affichent à longueur de revendications divisant les travailleurs plus qu'ils ne les unissent ?
Et que dire de certaines de celles-ci :
  • FO qui se bat pour que les matons aient les moyens d'être encore plus répressifs dans des prisons surchargées où se côtoient petits délinquants, grand banditisme et individus relevant de soins psychiatriques !
  • la CGT qui se bat pour maintenir le fonctionnement de la centrale nucléaire de Fessemhein qui a largement dépassée sa durée de vie au bout de 39 ans !
  • Quant à la CFDT, le patronat sait qu'il n'a rien à craindre du « syndicat du stylo » pour la « défense du bien commun ». La CFDT ne trahit pas, elle poursuit sa mission originelle d'annexe du Vatican !
Ces réflexions n'ont pas pour objet de dénigrer l'action syndicale mais il serait temps, d'observer sans tabou, la réalité des fonctionnements de confédérations où la préservation de postes de permanents passe en priorité devant l'écoute, l'information, la formation et le soutien aux « militants de la base ».

Après ces premières réflexions, pourquoi ne pas (s') avouer également que le triomphe du capitalisme est d'autant plus éclatant qu'il est, en grande partie dû au soutien que lui accordent toutes les grands partis politiques dits républicains, y compris ceux issus du mouvement ouvrier ? Que les partis politiques de droite soutiennent le patronat, rien que de plus naturel dans la mesure où les élus de ces partis font partie pour l'essentiel des mêmes familles d'intérêts. Mais que les forces historiques de la « Gauche républicaine » agissent, quand elles sont au pouvoir, de la même manière que celles de droite pose un sérieux problème de compréhension !
Y a t-il un seul parti politique de gauche qui, arrivé un temps au pouvoir, ait tenté de remettre en cause le système capitaliste en condamnant par exemple la propriété privée des moyens de production, l'accaparement des richesses par une minorité etc. ? Aucun ! Jamais ! Aucun parti politique n'a jusqu'à ce jour affiché sa volonté d'abattre le système d'oppression économique qu'est le capitalisme, préférant nous faire croire qu'il était possible de « l'aménager », de « l'adoucir », bref, de « l'humaniser », alors que l'on sait parfaitement que « On n'humanise pas le capitalisme, on l'abat ! ». On ne peut qu'observer que les intérêts des hommes politiques sont les mêmes dès lors qu'ils sont au pouvoir : le garder et se servir plutôt que servir !
Normal quand on sait que les élus de gauche, ministres, sénateurs et députés sont en grande partie issus des mêmes écoles que leurs collègues de droite !
Normal alors qu'il ne se passe pas un mois sans qu'un nouveau scandale politico-financier ne vienne éclabousser tel élu de droite ou de gauche.
De plus, pourquoi ces hommes se priveraient-ils de piocher dans la caisse quand ils savent par avance la clémence de la justice à leur égard ! Au « pas vu pas pris » du petit délinquant de banlieue, résonne en écho le « vu mais pas pris », « vu mais amnistié » des hommes politiques !
Et que l'on ne me dise pas que disant cela, je verse dans un populisme d'extrême droite alors que je ne fais qu'énoncer une réalité qui devient de plus en plus énorme dans l'indifférence quasi générale !

Face à cette gigantesque supercherie qu'est la représentation politique, il faut bien repondre de temps à autre répondre aux quelques interrogations dans la tête du citoyen lambda. Il suffit alors à l'Etat de nous resservir régulièrement le « plat des élections », d'organiser à grand coup médiatique la « Grande mascarade électorale » , cette « Union sacrée citoyenne » où tout à coup le peuple aurait le pouvoir de changer les choses tout en ne changeant rien au menu principal !
Nous serions sauvés par les « Saintes urnes » ?
Amen !
Regardons un peu en arrière.
Depuis la dernière guerre mondiale, les français auront eu le droit de goûter au régime autoritaire du général de Gaulle, puis brièvement à celui de son dauphin Pompidou ; Après la « droite autoritaire », le centre tout aussi autoritaire avec Giscard d'Estaing, chassé du pouvoir par un certain Mitterand, paraît-il socialiste ! Deux mandats plus tard, la droite de plus en plus autoritaire revenait aux affaires avec Chirac puis le très décomplexé Sarkozy; enfin, miracle, la « Gôôôche socialiste » réapparaissait avec Hollande, paraît-il socialiste.
Les français auront vraiment tout essayé sauf l'extrême droite, vous savez « Le seul parti qui n'a pas besoin d'être au pouvoir pour que sa politique soit appliquée par la droite comme par la gauche » !
Si l'on remonte plus en arrière, plus de deux siècles sont là pour témoigner des permanentes trahisons des uns comme des autres : 1789, 1830, 1848, 1871, 1936, 1968, autant de périodes de notre histoire où pour réponses à leur volonté d'émancipation, les travailleurs ont subi les plus terribles des répressions.
Et à chaque fois, commandant les fusils il y avait des parlementaires !
Les décennies passées sont là pour rappeler que « Les urnes ne sont que le cercueil de nos illusions ! », que « Si elles servaient à changer quelque chose elles seraient interdites depuis longtemps ».

Il faut de sacrés trous de mémoire et une grande naïveté pour retourner à l'isoloir alors que l'on est systématiquement cocufié !
Comment expliquer autrement que par une vraie addiction relevant de soins médicaux, le fait d'aller encore voter quand en 2005 un Traité constitutionnel refusé par la majorité a fini par être imposé 2 années plus tard à Lisbonne !
Depuis que les élections, la représentation parlementaire existent, la règle est simple : dès lors qu'un parti politique, y compris de gauche, arrive au pouvoir, il « arrive aux affaires » et n'a pour seule promesse à tenir que celle faite aux puissants : ne rien changer !
C'est la définition même de l'Etat : un collège d'administrateurs qui protègent les biens des possédants et ne peut donc que criminaliser toute volonté d'émancipation.
Un exemple : de la même manière que les travailleurs qui ont osé déchirer une chemise ne sont pas jugés et condamnés par leur patron mais par l'Etat, c'est ce même Etat qui envoie les CRS pour tabasser les manifestants contre la Loi El Khomri !
Cette relation étroite entre Etat et capitalisme, la soumission du premier au second est scandaleusement absente de la majorité des critiques y compris celles venant d'intellectuels dits de gauche qui continuent de vouloir nous bercer d'illusions en laissant croire que tel personnage politique fera mieux que les précédents !
Faute de discours idéologique on fait appel aux majorettes médiatiques !
J'entends déjà la sirène républicaine appeler, au nom du « pacte républicain » à voter Fillon, Macron ou Valls, bref choisir entre des hommes de droite, pour faire barrage à Le Pen fille ! La politique du « moins pire » nouveau concept démocratique et républicain....durable (version écologiste) !

Le résultat des prochaines élections est déjà connu. Le vainqueur est le CAC40 !
Car la première tromperie consiste à faire croire qu'un élu décide quand on sait que plus de 75% de ce qui fait le quotidien des français est décidé à Bruxelles par des technocrates non élus par le peuple.
La deuxième tromperie réside dans le fait que les décisions prises sur les 25 % restant sont souvent à l'inverse des promesses électorales faites.
Pourquoi un élu politique se poserait-il des questions de conscience quant au respect de ses engagements quand il sait pertinemment qu'il n'a aucun compte à rendre ? Il fut un temps où des hommes ont essayé d'imposer le « Mandat impératif » histoire de limiter les abus de pouvoir.
Mais c'était avant !
Aujourd'hui d'ailleurs je me demande pourquoi dépenser l'argent public alors qu'il suffirait que gauche et droite alternent leur passage au volant puisqu'il s'agit de conduire sur la même route !
Quelle image extraordinaire d'une démocratie à l'agonie : la France est dirigée par des hommes, des partis politiques qui ne représentent, selon le type d'élections, que 5 à 10 % de la population ! Il y a un mot pour qualifier cette réalité : illégitimité absolue de nos gouvernants !
Et il y en a encore qui vont vouloir aller voter en 2017 ?

Oui des femmes et des hommes retourneront à l'isoloir parce que l'Etat les a convaincu que « faire de la politique est quelque chose de complexe », et que l'on « ne peut confier la gestion et administration des biens et des hommes qu'à des professionnels, des experts ».
Dans le moindre petit village, le maire vous dira qu'il reçoit chaque semaine plus de papiers, règlements, directives à lire, remplir et à signer qu'il n'y a d'habitants dans sa commune ! Quant au fonctionnement des communautés de communes, loin d'être des lieux de fonctionnement démocratique, ce sont des lieux de pouvoir où des hommes non mandatés prennent les décisions les plus importantes !
Au bout du compte, à tous les étages de cette pseudo « démocratie aux valeurs républicaines bien de chez nous », les élections sont là pour nous dessaisir de nos vies, de nos capacités à nous gérer nous-mêmes.
Nous sommes considérés tels de grands enfants devant encore croire au « Père Noël électoral ». L'Etat cherche à nous faire croire qu'il suffit de glisser un papier dans l'urne, comme la liste de cadeaux dans les chaussures au pied du sapin, pour rêver que nous avons un rôle à jouer en allant voter.

L'histoire est pourtant là pour rappeler que toutes les tentatives d'émancipation se sont déroulées en dehors du terrain électoral, se sont menées par le peuple dans la rue, par les travailleurs dans leurs usines.
Seule la réappropriation peut nous délivrer de l'oppression capitaliste et étatique.
En 1871, lors de la Commune de Paris, comme dans l'Espagne de 1936, les femmes et les hommes surent s'organiser, collectiviser et s'autogérer. Malgré les erreurs et dans des situations de guerre, de trahisons de partis de gauche, ces expériences ont prouvé que les travailleurs, citoyens étaient en capacité de changer le monde !
L'expérience a aussi malheureusement montré qu'à chaque fois des hommes sortaient du bois, s'autoproclamant « Sauveur suprême », « Avant garde éclairée du prolétariat » etc.

Si il y a une leçon à tirer de tout cela, c'est bien la nécessaire vigilance des travailleurs face aux tentatives d'abandon, de trahisons, en particulier de ceux qui sont censés les représenter.
Il suffit de regarder l'Espagne et la Grèce d'aujourd'hui où des « Gourous de circonstance », néo-marxistes pour la plupart ont très vite montré pour quels intérêts ils oeuvraient en réalité.
Jean Luc Mélenchon qui se déclare l' « insoumis de service » après une vie politique commencée au biberon trotskyste avant d'aller à la soupe socialiste est-il crédible ?
Mon choix est depuis longtemps fait : je n'irai pas voter aux prochaines élections ! J'engage le maximum de femmes et d'hommes à faire de même. Dès aujourd'hui il nous faut travailler à convaincre autour de nous pour que l'abstention soit l'unique réponse au carnaval électoral, à la parodie de démocratie que certains voudraient d'ailleurs rendre obligatoire !

Le mot d'ordre d'abstention massive ne suffit pas. Il doit immédiatement être accompagné de manifestations dans les rues, d'occupations dans les usines et dans tous les lieux de décisions. Il est grand temps de faire monter la pression, qu'enfin puissent être entendus les millions de femmes et d'hommes qui n'en peuvent plus de cette société là et qui refusent d'avoir toujours des imposteurs au bout de leur bulletin de vote.
Il n'y a pas de sauveur suprême dit la chanson. Sauvons-nous nous-mêmes !
Il est temps de dire non à la « servitude volontaire »


Ni dieu, ni maître