lundi 16 juin 2014

CONTRE LA CHARTE DES LANGUES REGIONALES


Par Françoise Morvan, écrivaine et chercheuse, texte publié par la fédération de Paris du Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).
Le 19 janvier 2014.
Dans la foulée du « Pacte d’avenir pour la Bretagne », le gouvernement Ayrault s’apprête, pour satisfaire aux revendications des autonomistes qui se sont engouffrés dans le mouvement des Bonnets rouges, à faire ratifier la charte européenne des langues régionales et minoritaires. Pourtant François Hollande avait renoncé à le faire en mars 2013. Cette volte-face avait été jugée salutaire par l’écrivaine, traductrice et chercheuse Françoise Morvan, pour qui cette charte « ne vise pas à défendre des langues minoritaires mais les langues de groupes ethniques, sur une base foncièrement raciste ». Démonstration.
Comme le serpent de mer, la Charte, la fameuse « charte européenne des langues régionales ou minoritaires », émerge et crie pour qu’on la ratifie. Hélas, nouveau coup sur la tête, le président Hollande, faisant fi de ses engagements de campagne, remet aux calendes grecques la ratification. Le fait-il parce que la charte est un monstre en regard des valeurs républicaines qu’il est supposé défendre et s’en explique-t-il ? Non, il se défausse sur un avis négatif du Conseil d’État. Quel avis ? À quoi bon le savoir ? Enfin des explications claires sur la charte ? Jamais !
Et voilà les autonomistes associés aux militants d’Europe-Écologie-les-Verts et relayés par des élus socialistes en quête de voix identitaires, repartis à protester : ne pas ratifier la charte, c’est s’acharner contre les pauvres « langues régionales minorisées », poursuivre le « génocide linguistique commis par l’État jacobin » et trahir les valeurs promues par l’Europe si soucieuse du bien-être de ses populations, comme on peut le constater chaque jour…
Face au fatras propagandistique, les informations objectives sur cette charte sont systématiquement étouffées. Il y a pourtant eu des travaux sur ses origines, sur ses enjeux véritables et ses conséquences, mais tous se perdent dans le confusionnisme irénique entretenu à son sujet. Qu’on interroge le premier venu, il vous dira que la charte doit être ratifiée car le breton, le basque et le corse sont des langues qu’il faut défendre : elles font la richesse du patrimoine français symbole de la diversité culturelle. Répondez que la charte ne vise pas à défendre des langues minoritaires mais les langues de groupes ethniques, sur une base foncièrement raciste, l’interlocuteur ouvre de grands yeux. Mais voit-il pour autant ? Non, puisque tout l’incite à croire aveuglément. Et néanmoins…

L’origine de la charte : le lobby ethnisiste européen

Le germaniste Lionel Boissou s’est donné beaucoup de mal pour exposer l’histoire de la FUEV (Föderalistische Union Europäischer Volksgruppen), encore dite UFCE (Union Fédéraliste des Communautés Ethniques Européennes), qui a concocté la charte. Il a montré que ce puissant groupe de pression s’inscrivait directement dans la suite des « Congrès des nationalités » mis en place par les réseaux pangermanistes allemands et que leur organe, Nation und Staat, suspendu en 1944 pour cause de nazisme, avait donné lieu à Europa ethnica, la revue de la FUEV reprenant la même numérotation.
La FUEV, fondée en 1949 et présidée par l’autonomiste Joseph Martray, puis par le séparatiste breton Pierre Lemoine, a été réactivée dans les années 90 par le gouvernement allemand, renouant avec le pangermanisme, et reçoit aussi des subsides de la fondation Niermann, créée en 1977 à Düsseldorf dans le but « d’aider les minorités ethniques à préserver leur existence biologique et culturelle, en particulier le Volkstum allemand » (le « Volkstum », autrement dit « l’esprit de la race »). Or, la FUEV, ayant obtenu statut consultatif aux Nations Unies et au Conseil de l’Europe, a fondé un « groupe de travail » qui a pour objectif la « protection des groupes ethniques ». C’est ce groupe qui a rédigé la charte européenne des langues régionales et minoritaires, le Conseil de l’Europe se chargeant de la promouvoir.

Les enjeux de la charte

Une autre germaniste, Yvonne Bollmann [1], s’est, elle aussi, donné beaucoup de mal pour analyser les véritables enjeux de la charte.
Elle a mis en lumière le fait, constamment passé sous silence, que la FUEV n’entend nullement défendre des langues minoritaires mais des langues de minorités ethniques rattachables au sol du pays signataire : l’article 1 le précise bien, la Charte «
n’inclut ni les dialectes de la (des) langue(s) officielle(s) de l’État ni les langues des migrants » [le texte de la charte est ici. Sur cette base, l’arabe n’est pas une langue minoritaire ; le breton, langue d’une ethnie celte, ou supposée telle, est défendable mais non le gallo, dialecte français parlé en Haute-Bretagne…
Elle a également démontré que la charte fait partie de tout un dispositif pensé dès l’origine comme une arme de guerre contre les États-nations (et en premier lieu la France) par les partisans d’une Europe des ethnies. Le complément de la Charte, la Convention-cadre pour la protection des minorités, a été adoptée de la même manière et est entrée en vigueur en 1998. Cette convention s’accompagne elle-même de chartes et conventions diverses visant à « dégager le substrat ethnique de sa gangue étatique [2]. »

Un dispositif verrouillé

En revanche, le juriste mandaté par Lionel Jospin pour examiner si la charte était ratifiable n’a pas dû passer bien longtemps à la scruter : d’après lui, pas de problème ; la charte est non seulement ratifiable mais modulable à souhait ; il suffit d’y joindre une déclaration interprétative et de faire la liste des articles qui plaisent. Le texte contraint le signataire à choisir au moins 35 de ses 98 articles : la France en retient 39 et, la liste faite, signée.
Cette liste n’est qu’une plaisanterie. La charte est hermétiquement verrouillée. En effet, l’article 21 précise qu’elle « interdit toute réserve, sauf pour les paragraphes 2 à 5 de l’article 7 » (paragraphes qui ne portent que sur des points de détail).
Lorsque Bernard Poignant (Le Télégramme, 18 septembre 2007) rappelle que la France a assorti la signature le 7 mai 1999 de deux déclarations (pas de droits particuliers à un groupe ; pas d’usage dans la vie publique), il fait comme si cette clause était juridiquement valable. Elle ne l’est pas. Le préambule pose, sans réserve possible, que « le droit de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans la vie privée et publique constitue un droit imprescriptible ».

Les conséquences de la charte

Une fois la Charte ratifiée, tout locuteur d’une langue minoritaire reconnue comme telle par le pays signataire sera en droit de saisir la Cour européenne des droits de l’homme pour se faire traduire les textes de loi et bénéficier de documents administratifs dans sa langue.
Du fait que la Charte ne reconnaît que des langues de minorités linguistiques, les dialectes français ne devraient pas être reconnus : en vue de contourner ce dispositif, Lionel Jospin a chargé un linguiste (jusqu’alors surtout connu comme médiéviste) de déterminer les langues parlées sur le territoire national.
Or, alors que la plupart des États ont fait en sorte de reconnaître le moins grand nombre possible de langues minoritaires (ainsi l’Allemagne, qui refuse de reconnaître officiellement tout problème de « minorités nationales » à l’intérieur de ses frontières, a-t-elle refusé de reconnaître le yiddish et le turc, pourtant parlés par deux millions de personnes — décision d’ailleurs conforme aux dispositions de la charte qui ne reconnaît pas les langues des « migrants »), ce linguiste a retenu 75 langues allant du bourguignon-morvandiau aux langues de Nouvelle-Calédonie (nyelâyu, kumak, caac, yuaga, jawe, nemi, fwâi, pije, pwaamei, pwapwâ, cèmuhî, paicî, ajië, arhâ, arhö, ôrôwe, neku, sîchë, tîrî, xârâcùù, xârâgùrè, drubéa, numèè) en passant par l’arabe dialectal et le berbère (mais pas le portugais) [lire ici son rapport].
Au moment où l’État procède à des coupes budgétaires drastiques, et où l’enseignement des langues, à l’exception de l’anglais, de l’espagnol et de l’allemand, est sinistré, ratifier la charte reviendrait à verser des prébendes à des militants de toutes obédiences empressés d’exiger la traduction des textes officiels dans leur idiome. C’est d’ailleurs bien ce qu’ils attendent… Et c’est ce que Robert Badinter a très tôt rappelé, constatant que ce « serait donner un fondement légal, sur la base d’une convention internationale, à la revendication collective des régionalistes les plus radicaux » [3]. Mais en vain.
Il reste à se demander par quelle aberration des socialistes peuvent défendre un dispositif pareil et dénoncer l’héritage de la Révolution française en posant le fait ethnique comme une revendication « moderne » opposable à une conception « désuète » — je ne fais là que citer les socialistes Armand Jung et Jean-Jacques Urvoas (auteurs d’une brochure intitulée Langues et cultures régionales : en finir avec l’exception française publiée par la Fondation Jean Jaurès) qui placent la France « au banc des accusés » car, d’après eux, ne pas reconnaître de minorités en France constitue une atteinte aux droits de l’homme [4]. Les notions d’« ethnie » ou d’« ethnicité » n’étant, comme le rappelait Pierre Bourdieu, que des « euphémismes savants que l’on a substitués à la notion de « race » [5], cette promotion de l’ethnisme contre la conception républicaine de la laïcité s’apparente à un accablant recyclage à gauche des thèmes orchestrés de longue date par les autonomistes.
Plus accablant encore, le président socialiste du Conseil régional de Bretagne le soutient au nom « des Bretons », comme si les Bretons attendaient la reconnaissance de leur ethnie (et comme si le breton et le gallo n’étaient pas déjà largement enseignés et subventionnés sur fonds publics). Et le Conseil culturel de Bretagne se fend d’une lettre ouverte présentant la ratification de la charte comme une obligation au motif que « ceux qui veulent parler breton, gallo, basque, catalan, alsacien, corse, flamand, créole ou d’autres langues autochtones en ont légitimement le droit ». Les « autochtones » seraient donc empêchés de parler leur langue ? Et ce, en raison du refus de ratifier la charte ? C’est sur cette base que ces représentants non élus d’une « minorité » enrôlée dans une croisade dont ils ne connaissent pas les enjeux dénoncent « un système jacobin, archaïque et discriminatoire ». En quoi discriminatoire ? En ce qu’il s’oppose à toute discrimination ethnique ? La réponse du gouvernement le 2 avril 2008 était limpide : « La France ne reconnaît pas en son sein l’existence de minorités disposant en tant que telles de droits collectifs opposables dans son ordre juridique. Elle considère que l’application des droits de l’homme à tous les ressortissants d’un État, dans l’égalité et la non-discrimination, apporte normalement à ceux-ci, quelle que soit leur situation, la protection pleine et entière à laquelle ils peuvent prétendre. » Sauf à revendiquer l’allégeance de l’homme à la tribu, on est en droit de conclure qu’il s’agit là, en effet, « d’une conception particulièrement exigeante des droits de l’homme. » Faut-il brader cet héritage ? Pour quel profit ?
Se référant désormais aux directives du Conseil de l’Europe, certains élus de gauche tiennent à l’égard de la France des discours haineux que l’on dirait calqués sur ceux de l’extrême droite ethno-régionaliste. Ils rejoignent par là le puissant lobby patronal breton de Locarn qui appelle de ses vœux une « Europe des tribus » [6]. La charte est l’un des outils destinés à la faire advenir.
Françoise Morvan
Françoise Morvan a dénoncé la dérive identitaire à l’œuvre en Bretagne dans un essai « Le monde comme si » (Babel-Actes Sud). Poursuivant ses recherches sur la réécriture de l’histoire induite par les autonomistes, elle a publié « Miliciens contre maquisards, un essai sur la Résistance », et donné de nombreux articles au Groupe Information Bretagne tout en étudiant l’instrumentalisation du folklore par les nationalistes (ce qu’analyse, entre autres, sa thèse sur François-Marie Luzel et son édition en dix-huit volumes des œuvres de ce folkloriste). Elle s’est penchée sur le problème de la charte européenne des langues régionales et minoritaires dans le cadre de ses recherches sur l’ethno-régionalisme et les mouvements autonomistes.

Notes

[1] Yvonne Bollmann, La Bataille des langues en Europe, Bartillat, 2001 (et aussi, La Tentation allemande, Michalon, 1998, et Ce que veut l’Allemagne, Bartillat, 2003).
[2] Dans ce sens, la carte des minorités ethniques européennes élaborée par le Conseil de l’Europe semble programmatique.
[3] Le Nouvel Observateur, 1er juillet 1999.
[4] Présentant la France comme une aberrante exception (alors que 14 pays ont refusé à ce jour de signer la charte et 7 de la ratifier), A. Jung et J.-J. Urvoas (président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale), présentent la France comme coupable et mise au ban des nations par des autorités internationales — ainsi Alvaro Gil-Roblès, voix du Conseil de l’Europe, et Gay McDougall, « experte » auprès de l’ONU, laquelle « invite abruptement le gouvernement français à une reconnaissance de la réalité », à savoir « reconnaître l’existence de minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques sur le territoire français », signer la Convention cadre pour la protection des minorités nationales et, bien sûr, ratifier la Charte (p. 131) … La confusion la plus totale est entretenue sur les notions, elles-mêmes on ne peut plus confuses, de « groupes », d’« ethnies » et de « minorités ».
[5] Pierre Bourdieu, « L’identité et la représentation, éléments pour une réflexion critique sur l’idée de région », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 35, novembre 1980, p. 64.
[6] Intervention de Dick Veerman prônant, contre les États et surtout la France, « une fédération de tribus européennes dont la tribu bretonne », université d’été de l’Institut de Locarn, 2012 à retrouver ici.

Le tout est de savoir qui est le terroriste de qui !!!


03/06/2014
Le ministre de l’intérieur a présenté une communication relative à la mise en œuvre du plan de lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes.
Ce plan a été présenté au conseil des ministres du 23 avril dernier. Les données chiffrées rassemblées par les services de renseignements rendent compte de l’évolution constante du nombre d’individus impliqués. Ainsi, au 30 mai dernier :
  • près de 320 individus (français ou résidant en France) combattaient en Syrie ;
  • 140 environ étaient repérés comme étant en transit pour rejoindre ce pays ;
  • un nombre équivalent était reparti de Syrie pour la France ou un pays tiers ;
  • plus de 180 avaient manifesté des velléités de départ ;
  • une trentaine de morts a été dénombrée au cours de combats en Syrie ou en Iraq.
L’attentat perpétré au musée juif de Bruxelles, le 24 mai dernier, est l’exemple le plus récent de la concrétisation d’une menace diffuse qui pèse désormais sur les Nations occidentales, du fait d’agissements criminels de leurs propres ressortissants fanatisés.
Les mesures prises dans le cadre du plan – à droit constant – ont été immédiatement mises en œuvre. Elles visent à empêcher les départs, à démanteler les filières, à soutenir et à orienter les familles.
Mis en place dès le 29 avril, le numéro d’appel national permettant aux proches des jeunes radicalisés, ou en voie de l’être, de se signaler ou d’obtenir aide et conseil a permis de traiter 126 signalements utiles, dont 32 concernaient des mineurs, 48 des femmes et 20 des départs avérés. Pour la seule journée du 2 juin, 5 nouveaux signalements ont été enregistrés. Un programme de formation a été mis en place pour les personnels intervenant dans ce cadre et 300 agents pourront être formés d’ici juillet.
Parallèlement, l’action contre les départs et les filières est engagée (retraits de passeports, expulsions de ressortissants étrangers en lien avec les milieux djihadistes, gel des avoirs). Par ailleurs, la coopération entre les services de l’État est pilotée par les préfets pour assurer un échange opérationnel d’informations permettant de recourir plus efficacement aux décisions judiciaires d’interdiction ou d’opposition à la sortie du territoire des mineurs, voire à leur placement provisoire lorsque les éléments portés à la connaissance des parquets permettront d’établir que leur santé, leur sécurité ou leur moralité est compromise par un projet avéré de départ vers une zone de conflit.
La diffusion de discours radicaux en milieu carcéral constitue également une préoccupation du Gouvernement. A cette fin, le ministère de la justice et le ministère de l’intérieur finalisent une série de mesures permettant de renforcer l’action des services de renseignement pénitentiaire, de sécuriser le recrutement et la formation des aumôniers et de prendre en charge les individus radicalisés au terme de leur détention.
Il convient également de compléter notre législation sur plusieurs points essentiels dont le Parlement sera saisi à l’été :
  • l’interdiction des départs de ressortissants français majeurs liés à des activités terroristes ;
  • la capacité juridique des services français à mettre en œuvre des techniques d’investigation et des modalités d’exploitation de données qui ne leur sont pas encore ouvertes.
Par ailleurs, est examinée l’introduction d’une nouvelle incrimination relative à la préparation d’actes de terrorisme par un individu isolé, complémentaire à l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
L’action résolue de la France, dans le cadre européen et international, se poursuivra. Le ministre de l’intérieur participera, le 4 juin à Luxembourg, à une nouvelle réunion avec ses homologues des pays les plus concernés par le phénomène.

6 juin : commémoration ou mystification ?

Par leur accumulation et par leur caractère unilatéral, les
> commémorations du soixantième anniversaire du Débarquement sont en
> train d'installer, dans la conscience collective des jeunes
> générations, une vision mythique, mais largement inexacte, concernant
> le rôle des Etats-Unis dans la victoire sur l'Allemagne nazie. L'image
> véhiculée par les innombrables reportages, interviews d'anciens
> combattants américains, films et documentaires sur le 6 juin, est celle
> d'un tournant décisif de la guerre. Or, tous les historiens vous le
> diront : le Reich n'a pas été vaincu sur les plages de Normandie mais
> bien dans les plaines de Russie.
>
> Rappelons les faits et, surtout, les chiffres.
>
> Quand les Américains et les Britanniques débarquent sur le continent,
> ils se trouvent face à 56 divisions allemandes, disséminées en France,
> en Belgique et aux Pays Bas. Au même moment, les soviétiques affrontent
> 193 divisions, sur un front qui s'étend de la Baltique aux Balkans. La
> veille du 6 juin, un tiers des soldats survivants de la Wehrmacht ont
> déjà enduré une blessure au combat. 11% ont été blessés deux fois ou
> plus. Ces éclopés constituent, aux côtés des contingents de gamins et
> de soldats très âgés, l'essentiel des troupes cantonnées dans les
> bunkers du mur de l'Atlantique. Les troupes fraîches, équipées des
> meilleurs blindés, de l'artillerie lourde et des restes de la
> Luftwaffe, se battent en Ukraine et en Biélorussie. Au plus fort de
> l'offensive en France et au Benelux, les Américains aligneront 94
> divisions, les Britanniques 31, les Français 14. Pendant ce temps, ce
> sont 491 divisions soviétiques qui sont engagées à l'Est.
>
> Mais surtout, au moment du débarquement allié en Normandie, l'Allemagne
> est déjà virtuellement vaincue. Sur 3,25 millions de soldats allemands
> tués ou disparus durant la guerre, 2 millions sont tombés entre juin
> 1941 (invasion de l'URSS) et le débarquement de juin 1944. Moins de
> 100.000 étaient tombés avant juin 41. Et sur les 1,2 millions de pertes
> allemandes après le 6 juin 44, les deux tiers se font encore sur le
> front de l'Est. La seule bataille de Stalingrad a éliminé (destruction
> ou capture) deux fois plus de divisions allemandes que l'ensemble des
> opérations menées à l'Ouest entre le débarquement et la capitulation.
> Au total, 85% des pertes militaires allemandes de la deuxième guerre
> mondiale sont dues à l'Armée Rouge (il en va différemment des pertes
> civiles allemandes : celles-ci sont, d'abord, le fait des
> exterminations opérées par les nazis eux-mêmes et, ensuite, le résultat
> des bombardements massifs de cibles civiles par la RAF et l'USAF).
>
> Le prix payé par les différentes nations est à l'avenant. Dans cette
> guerre, les Etats Unis ont perdu 400.000 soldats, marins et aviateurs
> et quelques 6.000 civils (essentiellement des hommes de la marine
> marchande). Les Soviétiques quant à eux ont subi, selon les sources, 9
> à 12 millions de pertes militaires et entre 17 et 20 millions de pertes
> civiles. On a calculé que 80% des hommes russes nés en 1923 n'ont pas
> survécu à la Deuxième Guerre Mondiale. De même, les pertes chinoises
> dans la lutte contre le Japon -- qui se chiffrent en millions -- sont
> infiniment plus élevées -- et infiniment moins connues -- que les pertes
> américaines.
>
> Ces macabres statistiques n'enlèvent bien évidemment rien au mérite
> individuel de chacun des soldats américains qui se sont battus sur les
> plages de Omaha Beach, sur les ponts de Hollande ou dans les forêts des
> Ardennes. Chaque GI de la Deuxième guerre mondiale mérite autant notre
> estime et notre admiration que chaque soldat russe, britannique,
> français, belge, yougoslave ou chinois. Par contre, s'agissant non plus
> des individus mais des nations, la contribution des Etats Unis à la
> victoire sur le nazisme est largement inférieure à celle que voudrait
> faire croire la mythologie du Jour J. Ce mythe, inculqué aux
> générations précédentes par la formidable machine de propagande que
> constituait l'industrie cinématographique américaine, se trouve
> revitalisée aujourd'hui, avec la complicité des gouvernements et des
> médias européens. Au moment ou l'US-Army s'embourbe dans le Vietnam
> irakien, on aura du mal à nous faire croire que ce serait le fait du
> hasard...
>
> Alors, bien que désormais les cours d'histoire de nos élèves se
> réduisent à l'acquisition de « compétences transversales », il serait
> peut-être bon, pour une fois, de leur faire « bêtement » mémoriser ces
> quelques savoirs élémentaires concernant la deuxième guerre mondiale :
>
> - C'est devant Moscou, durant l'hiver 41-42, que l'armée hitlérienne a
> été arrêtée pour la première fois.
>
> - C'est à Stalingrad, durant l'hiver 42-43, qu'elle a subi sa plus lourde défaite historique.
>
> - C'est à Koursk, en juillet 43, que le noyau dur de sa puissance de feu -- les
> divisions de Pantzers -- a été définitivement brisé (500.000 tués et
> 1000 chars détruits en dix jours de combat !).
>
> - Pendant deux années, Staline a appelé les anglo-américains à ouvrir un deuxième front. En vain.
>
> - Lorsqu'enfin l'Allemagne est vaincue, que les soviétiques
> foncent vers l'Oder, que la Résistance -- souvent communiste -- engage
> des révoltes insurrectionnelles un peu partout en Europe, la bannière
> étoilée débarque soudain en Normandie...
>
>
> Nico Hirtt
> Enseignant, écrivain
(auteur de "L'école prostituée", editions Labor).

Justice pour les victimes des crimes des Eglises !

800 cadavres de bébés retrouvés sous un couvent.
Les corps d'enfants «illégitimes» ont été découverts dans la fosse septique d'un ancien couvent à Tuam, en Irlande, 50 ans après la fermeture de l'établissement.
 
La découverte macabre d'une historienne irlandaise relance la polémique autour du sort réservé à des milliers de fille-mère et leurs enfants pendant des décennies dans ce pays catholique. Les 800 squelettes d'enfants retrouvés dans une cuve en béton à côté d'un ancien couvent suscitent de vives réactions de la presse anglo-saxonne.

Dans une tribune datée de mercredi, le Guardian rappelle le traitement réservé aux jeunes femmes dont le comportement était jugé immoral au début du XXe siècle en Irlande. « Les femmes étaient enfermées dans des couvents créés par l'Etat et gérés par l'Eglise appelé “Magdalene Asylum” dans lesquelles elles travaillaient pour réparer leurs péchés », explique la journaliste.

« Ces révélations sont choquantes et rappellent à l'Irlande une période sombre de son histoire », a réagi Charlie Flanagan, ministre de la justice du gouvernement qui réclame l'ouverture d'une enquête à laquelle l'Eglise se dit prête à participer. Michael Neary, l'archevêque de Tuam, a cependant déclaré que l'Eglise irlandaise ne savait rien de ce qui se passait dans ces couvents.

Un rapport des services de santé, datant de 1944, retrouvé par Catherine Corless, l'historienne à l'origine de la découverte, évoque un taux de mortalité infantile quatre à cinq fois plus élevé dans le couvent de Tuam, où ont été retrouvés les squelettes, que dans la population. Le document évoque aussi des enfants décharnés et malnutris.

« L'Irlande connaît les maltraitances faites aux femmes et aux enfants de la part d'une partie du clergé à cette époque, ce que nous ne savions pas c'est qu'ils jetaient des enfants morts dans des fosses communes », poursuit la journaliste du Guardian.

Pour Catherine Corless, interviewée par le Washington Post, les dérives de ces institutions religieuses est à relier au contexte social de l'époque. « Quand une fille tombait enceinte hors mariage, elle était totalement ostracisée, les familles avaient peur que cela se sache dans le voisinage, un enfant illégitime était alors la pire des choses qui puisse arriver, le pire crime qu'une femme puisse commettre, même si bien souvent c'était à la suite d'un viol », rapporte le quotidien américain.

Et les enfants de Tuam ne seraient pas les seuls à avoir disparu dans les couvents irlandais. The Irish News rappelle que diverses associations militent depuis plusieurs années pour qu'une enquête soit ouverte à ce sujet. Au total, 4 000 enfants auraient été enterrés à la hâte dans des fosses communes aux abords des dix couvents qui ont accueilli environ 35 000 femmes jusque dans les années 1960 en Irlande.

Le quotidien irlandais cite un membre de l'association Adoption Rights Now qui fait pression sur l'Etat irlandais afin qu'une enquête soit ouverte : « Le gouvernement est terrifié par ce scandale, ils ne veulent pas savoir ce qui s'est passé dans ces couvents ».

Le scandale de Tuam avait failli être révélé en 1975, lorsque deux garçons de la région avaient découvert des ossements par hasard. A l'époque, les restes humains avaient été recouverts et les habitants de la région pensaient qu'il s'agissait d'un charnier creusé au XIXe siècle lors des grandes famines.

Dans le Guardian, la journaliste conclut en interrogeant :
« Les pratiques des sœurs du couvent de Tuam étaient-elles isolées ? Sinon, combien de morts dans chacun des couvents irlandais ? Quels étaient leurs noms ? Où sont les tombes ? »
 
.°.
 
Au IVème congrès mondial de l'Association Internationale de la Libre Pensée (AILP), le 11 août 2014, à Londres, Conway Hall,
Keith Porteus Wood, porte parole de l'AILP, et directeur exécutif de la National Secular Society de Grande-Bretagne, rapportera :

Justice
pour les victimes des abus sexuels des Eglises !
les abus sexuels des Eglises se révélant être une institution de l'Institution.

.°.
La Fédération du Cantal de la Libre Pensée
vous appelle à soutenir cette initiative internationale !

Les 800 squelettes de bébés qui rappellent le sombre passé de l’Irlande


Le site de l’ancien couvent de Tuam. (Reuters)
Après la macabre découverte près d’un ancien couvent, dernier scandale d’une longue série d’exactions imputées à l’Eglise catholique, Dublin envisage une enquête sur cette époque où les enfants «ne recevaient pas l’affection qu’ils auraient dû recevoir»
 
> Tout cela a été fait dans le plus grand secret, pendant près de quarante ans, entre 1926 et 1961. Dans un couvent, à Tuam, à proximité de Galway, au fin fond de ce pays sauvage et conservateur, bigot. Elles, elles étaient filles-mères. Enceintes mais par mariées, certaines violées, d’autres victimes d’inceste. Et elles ont tout porté, ces renégates aux yeux de «l’Irlande ultracatholique de l’époque», dit RTL France. Envoyées chez les nonnes pour accoucher, elles laissaient leur bébé entre leurs mains, comme le précise Le Soir de Bruxelles.
> Et la réalité qui se cache derrière ce drame déjà sombre l’est plus encore: les enfants étaient «mal nourris et mal soignés, souffraient de maladies telles que la rougeole, la tuberculose ou encore la pneumonie, ce qui aurait causé la mort de la plupart d’entre eux. Les corps étaient mis en terre sans sépulture» par les sœurs du Bon Secours, dans une fosse septique proche de l’établissement, précise le Daily Mail, qui a sorti l’affaire.
> Un pays sous le choc
> Ces bébés étaient au nombre d’environ 800, et l’on vient de commencer à identifier leurs squelettes. La découverte a choqué tout le pays, à l’instar du Galway Advertiser, qui se dit «horrifié». Les responsables de l’ordre ont maintenant l’obligation morale d’en répondre devant les autorités ecclésiastiques, indique l’Irish Independent. Et celles-ci doivent s’excuser devant les familles des victimes, précise l’Irish Examiner. Les Irlandais en ont assez des horreurs de ce type.
> Le bâtiment de Tuam est aujourd’hui détruit, mais c’est en réalisant des recherches sur les archives de cet ancien couvent que l’historienne Catherine Corless a mis les corps au jour, alors qu’ils étaient «enterrés sans cercueil ni pierre tombale», indique Le Point. «William Joseph Dolan, un proche d’un enfant ayant vécu dans cette institution, a déposé une plainte afin de comprendre ce qui s’est passé à l’époque. Une collecte de fonds a également été lancée pour construire un mémorial avec le nom de chaque enfant.»
> Connu depuis longtemps
> Le pire est que ce charnier était connu des habitants locaux depuis près de vingt ans, puisque d’innocents enfants avaient déjà découvert des ossements dans le secteur! Mais personne n’avait, jusqu’à ces travaux, vérifié l’identité des victimes et leur nombre, croyant qu’il s’agissait de victimes de la grande famine du XIXe en Irlande.
> Et le magazine français de rappeler cet «autre scandale impliquant également des mères célibataires. Entre 1922 et 1996, plus de 10 000 jeunes filles et femmes avaient travaillé gratuitement dans des blanchisseries exploitées commercialement par des religieuses catholiques en Irlande. Les pensionnaires, surnommées les «Magdalene Sisters», étaient des filles tombées enceintes hors mariage ou qui avaient un comportement jugé immoral dans ce pays.»
> Comme des esclaves
> On estime à plus de 50 000 les enfants nés en Irlande dans les homes entre 1930 et 1990. Comme le montre le film Philomena , de Stephen Frears, sorti fin 2013, plusieurs milliers d’entre eux ont été adoptés sans l’accord de leurs mères biologiques. Car celles-ci devaient de toute manière travailler sans salaire pendant deux ou trois ans pour se repentir de leurs pêchés. Des événements qui formaient aussi la trame du film de Peter Mullan, The Magdalene Sisters, Lion d’or à Venise en 2002.
> Tuam n’est donc qu’un exemple d’une longue série. «Pour Mary Lou McDonald, vice-présidente du Sinn Féin, citée par Europe 1, il ne s’agit en effet pas d’un incident isolé: «Il y a des fosses communes dans tout le pays. Nous ne pouvons pas détourner le regard», insiste-t-elle sur Thejournal.ie.» Ce qui dérange surtout, c’est que ces institutions religieuses dites «Mother and Baby Homes» étaient financées par l’Etat.
> «Dites-nous la vérité»
> Le gouvernement a d’ailleurs réagi, par la voix de son ministre des Enfants et de la jeunesse, Charlie Flanagan, qui a vu dans l’affaire de Tuam le «rappel choquant d’un passé sombre en Irlande, quand nos enfants ne recevaient pas l’affection qu’ils auraient dû recevoir». Les autorités envisagent d’ouvrir une enquête. Elle est «urgente», juge l’Irish Mirror. «Dites-nous la vérité», réclame le Guardian.
> Ciaran Cannon, secrétaire d’Etat à l’Education, est lui aussi monté au créneau. «Comment pouvons-nous montrer que l’Irlande est devenue une société adulte si nous ne sommes pas capables de qualifier des actes effroyables du passé pour ce qu’ils sont?» s’est-il interrogé. Le ministre a dénoncé «une négligence volontaire et délibérée à l’égard des enfants qui étaient les plus vulnérables». D’ailleurs, le clergé de Galway dit n’avoir jamais eu connaissance de ce charnier, rapporte le Belfast Telegraph. Cependant, sous pression, l’Eglise est maintenant prête à coopérer, selon l’Irish Times.
> Un hospice surpeuplé
> Les chiffres, à cet égard, font froid dans le dos. Les conditions de vie étaient difficiles dans ce couvent, «ce que n’ignoraient pas les autorités et les habitants», raconte Le Figaro: «Un rapport de 1944 décrit un hospice surpeuplé, abritant 333 résidents, dont 271 enfants et 61 mères célibataires, alors que la capacité du bâtiment était de 243 personnes. Le document mentionne des enfants «fragiles, émaciés et bedonnants». […] Dans l’Irlande des années 1930, un quart des enfants illégitimes mourraient en bas âge. […] Rien qu’entre 1943 et 1946, 300 petits pensionnaires de Tuam succombent, recense un compte rendu de l’époque. Etant nés hors mariage, les enfants n’étaient pas baptisés et ne pouvaient être enterrés dans un cimetière.»
> D’où la reconversion de la fosse septique en fosse commune.

Les 10 ans de Creuse-Citron...çà se fête !