Laïcité

Voile à l'université : encore un sondage très ambigu
09 août 2013 | Par
Michaël Hajdenberg (Médiapart)
Selon un sondage IFOP placé en Une du
Figaro, 78 % des Français seraient opposés au port du voile à l'université.
Valls embraye. Les médias entretiennent le débat sur une possible interdiction. Mais une fois de plus, la
construction du questionnaire explique en partie le résultat. Décryptage.
Attention, prévient l’IFOP dans la note méthodologique de
son sondage du jour. Au vu du nombre de personnes
interrogées, il y a une marge d’erreur dans les résultats de son enquête, qu’elle évalue, selon des critères
scientifiques, à 2,5 points.
Si ça se peut, nous dit en substance l’institut de sondage, ce ne sont pas 78 % des Français qui sont opposés au port
du voile à l’université, comme le titre
Le Figaro. Mais 75,5 % ou 80,5 %.
À y regarder de plus près, et comme toujours avec les sondages (voir
notre dossier à ce sujet), il se pourrait
cependant que la marge d’erreur soit beaucoup plus importante. Ou plus exactement qu’on fasse dire aux
« Français » quelque chose qui ne reflète pas précisément leur pensée.
En début de semaine déjà, le débat sur ce thème était parti d’un rapport du Haut conseil à l'intégration dont le
contenu avait été préalablement enterré... (
lire notre article à ce sujet). Cette fois, grâce à un chiffre choc, Le Figaro
maintient dans l’agenda public une question qui, a priori, ne génère pas nécessairement d’insomnies parmi la
population, ni même parmi le lectorat du journal.
Sollicité par le quotidien en réaction, le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, estime que la récente proposition du
Haut conseil à l’intégration d’interdire le voile à l’université est
« digne d’intérêt ». S’il pensait le contraire,
oserait-il dire à 80 % de la population qu’elle s’intéresse à des sujets sans intérêt ?
Manuel Valls devrait pourtant prendre cette étude avec prudence. Car, grand classique du sondage, la question dicte
en partie les réponses. L'interrogation posée n’est pas :
– Personnellement, êtes-vous favorable, opposé ou sans opinion sur la nécessité de faire une loi qui interdirait le
port du voile ou du foulard islamique à l’université ?
Mais :
– Personnellement êtes-vous favorable, opposé ou indifférent au port du voile ou du foulard islamique dans les
salles de cours des universités ?
La différence est de taille. Qui est favorable au port du voile dans l’absolu ou à l’université ? La question n’a pas
plus de sens que de dire : Êtes-vous favorable au port du crucifix à l’université ou dans la rue ?
À l’évidence, selon qu’on demande « Êtes-vous pour le fait de fumer dans la rue ? » ou « Êtes-vous pour interdire
la possibilité de fumer dans la rue ? », les réponses seront différentes.
En clair, on peut être contre le port du voile dans l’absolu (et pour des raisons diverses) mais contre le fait de
l’interdire. Or plusieurs médias font le raccourci :
Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion publique à l’IFOP, convient, lui, qu’il existe une différence
entre les deux types de questions :
« Ce n’est pas un sondage sur une possible interdiction. Mais on mesure le fait
qu’il y a une forte opposition à cette pratique. Le résultat serait probablement différent si la question portait sur
une éventuelle interdiction. Mais nous avons repris les termes des questions posées sur le voile par l’IFOP depuis
le début des années 1990 pour pouvoir comparer avec le port du voile dans la rue ou à l’école. Cependant, au vu
des résultats, je pense qu’on aurait une large majorité, y compris à gauche, pour l’interdiction. »
Peut-être. Mais comment savoir ? Selon le sondage, seuls 4 % des Français sont « favorables » au voile à
l'université. Rappelons que les musulmans
représentent environ 7,5 % de la population française.
De façon générale, parmi les 956 Français qui répondent, combien savent qu’à l’heure actuelle, ce port est
autorisé ? Et combien savent exactement de quoi on parle ? Dans les termes de la question, il est précisé port du
« voile »
ou du « foulard islamique ». Comme s’il s’agissait de deux choses différentes. Interrogé à ce sujet, Jérôme
Fourquet répond de nouveau que la terminologie historique de l'institut a été reprise. Semblant hésiter, il explique :
« Pour moi, voile et foulard islamique, oui, c’est pareil. Et je pense que pour les personnes interrogées aussi. On
donne les deux formulations, je pense, pour permettre la compréhension la plus répandue. »
Même si Jérôme Fourquet pense que les résultats seraient les mêmes, il serait intéressant de comparer les scores en
enlevant le mot « islamique ». De faire le test avec juste le mot « foulard ». Ou seulement le « voile ». Car en
présentant ces deux éléments, combien de sondés imaginent – à tort – qu’on leur parle de la burqa, ce voile intégral
qui ne laisse voir que les yeux et qui est déjà interdit dans l’espace public ?
La question se pose d’autant plus quand on entre dans les détails du sondage pour savoir qui est favorable ou non
au port du voile. Déjà, on découvre qu'ils sont... 0 % parmi les électeurs de Nicolas Sarkozy lors de la dernière
présidentielle à se dire « favorables » au port du voile à l’université… Étonnante unanimité.
Mais la surprise est encore plus grande à gauche : à en croire l’étude, seuls 8 % des électeurs de François Hollande
lors de la dernière présidentielle seraient « favorables » au port du voile à l’université. 5 % des électeurs de Jean-
Luc Mélenchon. 3 % des électeurs de François Bayrou. Tous les autres seraient défavorables (ou indifférents) à
cette pratique qui n’a jamais posé de problème majeur si l'on en croit la ministre de l'enseignement
supérieur
Geneviève Fioraso ou les présidents d'université.
Voilà qui ne surprend pourtant pas outre mesure Jérôme Fourquet.
« Regardez comment Valls a réagi au quart de
tour, et la façon dont il a été acclamé l’an passé à La Rochelle. L’opinion publique, notamment à gauche, s’est
considérablement durcie sur ces questions au cours des dernières années. »
De là à en faire un enjeu majeur ?
« Je ne dis pas que les électeurs de gauche sont taraudés par cette question tous
les matins. Ce n’est pas forcément leur priorité »
, explique Jérôme Fourquet. Sauf qu’une fois de plus, le sondagesuscite l’opinion. Et permet de faire de gros titres.
    Football : le voile, linceul de l'esprit sportif
FRÉDÉRIC
THIRIEZ
Le président de la Ligue de football professionnel réagit à la récente autorisation du port du voile islamique
par les footballeuses, rappelant que la charte olympique exclut des terrains tout signe à caractère politique
ou religieux. Ils ont osé... Le gardien mondial des lois du jeu, le vénérable International Board, celui qui a
mis tant d'années à entrouvrir la porte à la vidéo dans le football, a autorisé en quelques minutes le port du
voile islamique pour les compétitions féminines. Mais quelle mouche a donc piqué la Fédération
internationale pour prendre une décision aussi directement contraire non seulement à la lettre des
règlements, mais aussi et surtout à leur esprit ?
La lettre, d'abord. Aussi bien les « lois du jeu » (loi 4) que la charte olympique (article 51) excluent des
terrains tout message, signe ou inscription à caractère politique ou religieux. C'est pour cette raison qu'en
2008, à Pékin, les athlètes français, désireux de montrer leur attachement aux droits de l'homme, n'ont pas
été autorisés à porter le badge
« Pour un monde meilleur »... ou que l'équipe féminine iranienne de football,
qui s'était présentée voilée lors des épreuves qualificatives pour les JO de Londres, a été disqualifiée en
2011. Pour échapper à la règle, les partisans du port du voile ont réussi à convaincre la Fifa (Fédération
internationale de football association) comme le CIO (Comité international olympique), que le hidjab n'est
pas un signe religieux... mais culturel ! L'argument prêterait à sourire s'il n'avait été, contre toute attente,
retenu...
Tour de passe-passe inattendu, en vérité, tant il malmène les principes les plus fondamentaux du sport, tout
autant que les droits des femmes. L'universalité du football, qui veut que tous sur la planète, du nord au sud
et de l'est à l'ouest, nous soyons soumis aux mêmes règles et conditions de jeu. La neutralité du sport, qui
préserve le terrain de jeu des querelles politiques ou religieuses et veut contribuer ainsi à la paix. La nondiscrimination,
qui abolit l'espace d'un instant privilégié toute notion de race, de sexe ou de condition sociale
au profit de la seule notion de performance sportive. La dignité de la femme, enfin, qui interdit de donner la
bénédiction internationale à ce qui n'est, au fond, qu'un signe extérieur de soumission à l'homme.
Il faut assurément de solides raisons pour briser les tables de la loi et trahir des valeurs aussi essentielles.
Certains y ont décelé la main des monarchies du Golfe, dont l'influence économique va grandissant sur le
sport mondial. Le procès d'intention est trop facile et je me refuse, pour ma part, à reprendre ce refrain aux
accents xénophobes.
D'autant que les partisans du voile avancent une justification, relayée habilement par le CIO, qui vient
d'approuver la décision de la Fifa : autoriser le hidjab ouvrirait l'accès au football aux jeunes filles
musulmanes qui ne pourraient jouer autrement... Ainsi, loin de les asservir, il contribuerait à leur
émancipation. Le paradoxe n'est qu'apparent et l'argument mérite considération. Le monde sportif a-t-il le
droit de refouler des athlètes au motif qu'elles voudraient concourir voilées ? Entre l'attitude de l'Iran, qui
aligne des footballeuses voilées, et celle de l'Arabie saoudite, qui n'envoie aucune équipe aux JO de 2012,
laquelle est préférable ? Ou, plutôt, laquelle est un moindre mal ?
Poser la question ainsi oriente évidemment la réponse vers l'acceptation résignée du port du hidjab... Et
pourtant, on ne peut s'y résoudre, car le choix n'est pas entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Il existe une
troisième voie, celle ouverte avec beaucoup de courage, au péril parfois de leur vie, par les pionnières
musulmanes du sport féminin comme les athlètes marocaine Nawal el-Moutawakel ou algérienne Hassiba
Boulmerka, qui couraient sans voile malgré les menaces intégristes. Et après tout, ni en Afrique
subsaharienne, par exemple au Nigeria, vingt-septième et premier pays « musulman » au classement
féminin Fifa, ni au Maghreb, que ce soit les Lionnes de l'Atlas, les Fennecs au féminin ou les Aigles de
Carthage, ni en Égypte, en Turquie, en Indonésie ou même au Pakistan, les joueuses ne sont voilées !
Légitimer aujourd'hui le port du voile sur les terrains, c'est infliger un terrible désaveu à tous ceux, hommes
ou femmes, qui se sont battus depuis des années pour l'universalité du sport et l'émancipation de la
femme :
« Au-delà du développement de corps resplendissants de santé et d'optimisme, nous voulons, par
la pratique sportive, former une femme nouvelle, à la fois vigoureuse, dévouée à la collectivité et intégrée à
la vie sociale algérienne. »
Ben Bella, qui prononçait ces mots en 1965, imaginait-il qu'il pourrait être ainsi
trahi par le mouvement sportif lui-même ?
Et cette trahison est lourde de menaces pour l'avenir. Même si la Fédération française de football a
rapidement réagi, au nom du principe de subsidiarité, en maintenant l'interdiction du port du voile pour les
sélections et compétitions nationales, pourra-t-elle résister longtemps aux pressions qui ne manqueront pas
de s'exercer sur elle au nom de la prééminence des règlements internationaux ? Comment les jeunes filles
qui ne souhaitent pas porter le hidjab pourront-elles lutter contre l'ascendant d'un père ou d'un imam ?
Verra-t-on demain, au nom du respect des identités culturelles, des joueurs évoluer avec la kippa, le turban
ou la croix des Templiers ?
En acceptant que les symboles religieux fassent leur entrée sur le terrain, la Fifa renonce au rêve universel
d'un sport préservé des conflits politiques, idéologiques ou religieux et déroule le tapis rouge aux
communautarismes de tous poils. Souhaitons que la période d'essai d'un an qu'elle s'est donnée fasse la
démonstration que l'on ne trahit jamais impunément les principes.
Verra-t-on demain, au nom du respect des identités culturelles, des joueurs évoluer avec la kippa, le turban
ou la croix des Templiers ?


L'Eglise catholique et sa doctrine sociale
« La doctrine sociale de l'Eglise est obligatoire : nul ne peut s'en écarter sans danger pour la foi et l'ordre moral » (Pie XII)

Dans les critiques, condamnations des religions, les anarchistes se limitent souvent essentiellement aux intégrismes religieux, certes de plus en plus présents et très démonstratifs, mais en oubliant qu'ils ne sont que la face émergée de l'iceberg des croyances monothéistes en particulier, dont le fondement est la totale soumission mentale à Dieu, donc aux cléricaux qui en sont les représentants terrestres. Cette soumission est complémentaire, en liaison étroite avec les autres soumissions au capitalisme et à l' Etat. Il est bon, parallèlement à la relecture de nos divers théoriciens de comprendre quelles sont les discours, armes utilisés par l'adversaire religieux, afin de mieux le combattre.
C'est l'objet de ce 1er dossier, consacré à la « Doctrine sociale de l'Eglise » catholique et romaine, arme maîtresse dans sa reconquête temporelle, ce depuis plus d'un siècle. Les réalités présentes du retour en force du cléricalisme, catholique en particulier, s'expliquent par le passé !
Avec la domination romaine, le christianisme s'est ouvert à la société réelle du pouvoir et de l'argent, et dès lors l'Eglise n'aura de cesse de combattre pour maintenir la symbiose entre Pouvoir et Religion, en s'adaptant continuellement, selon les périodes de notre histoire :
  • alliance aux monarchistes face à la bourgeoisie naissante du 18ème siècle réalisatrice de la révolution jacobine de 1789,
  • alliance avec cette même bourgeoisie et au capitalisme industriel naissant, face au mouvement ouvrier, au socialisme se développant dans la lutte des classes tout au long du 19ème siècle.
Lorsque Kropotkine énonce l'  « Impossibilité de gagner le clergé à la cause du progrès » durant la révolution française, il fait écho à Proudhon se demandant si « la religion et la justice, au point de vue de la société, ne sont pas de nature incompatibles, la première devant se renfermer dans les limites de la conscience...tandis que la seconde embrasse tout ? ».
Effectivement, la Raison née avec le siècle des Lumières, supplantant la Foi, ne peut convenir à l'Eglise pour qui « Dieu est la source de toute chose », ainsi l'homme ne peut que se soumettre aux dogmes. Cela renvoie au « Personnalisme » cher à l'Eglise, où la « Personne humaine » s'oppose « au foyer de hargne de l'individu citoyen revendicatif ». Cette notion est censée supprimer celle de « l'individu nouveau, moderne », revendiquant son émancipation sur les principes de solidarité, de fraternité et d'égalité.
Ce qui va fonder la réussite du christianisme comme religion monothéiste d'Etat est incontestablement sa doctrine sociale, véritable béquille du maintien de l'ordre, de l'oppression et de l'exploitation économique. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si à travers les siècles, toutes les dictatures ont su trouver dans les religions, dont la catholique, une légitimité divine. Légitimité énoncée par Saül de Tarse (pseudo biblique : Saint Paul) dans la bible : « L'esclave doit obéir à son maître, comme la femme à son mari ». La loi est dite !
La Doctrine sociale de l'Eglise est donc mère de la pensée unique dans tous les domaines politiques, culturels et sociaux et si on ne brûle plus les hérétiques, on les pourfend dans les médias aux ordres, de la même façon qu'on les bastonne à l'occasion quand ils osent s'opposer aux « anti IVG » ou aux prières des militants de Civitas, face aux méchants blasphémateurs.
Ce sont les encycliques papales qui sont le « corps et l'âme » de la doctrine sociale de l'Eglise. Le tournant idéologique du Vatican se réalise à la fin du 19ème siècle et les textes fondamentaux en matière de question sociale pour l'Eglise seront toujours des encycliques. L'encyclique est une lettre papale, une lettre circulaire destinée au clergé et aux fidèles. Elle propose aussi et surtout ses précieux conseils aux gouvernants. Depuis 1891, on ne compte pas moins de 9 encycliques s'articulant les uns aux autres, sur les mêmes principes réaffirmés et actualisés.
Le 1er, est l'encyclique « Rerum novarum » (« de nouvelles choses »), du pape Léon XIII, daté du 15 mai 1891. Ce monument anti-ouvrier révèle ce qu'est la doctrine sociale dont le but est de s'opposer au mouvement ouvrier. : « Qu'on porte l'ouvrier au culte de Dieu...qu'il apprenne à respecter et aimer l' Eglise, qu'on excite en lui l'esprit de piété, qu'on le rende surtout fidèle à l'observation des dimanches et jours de fête. Qu'il apprenne à respecter et à aimer l'Eglise, la commune mère de tous les chrétiens, à obéir à ses préceptes, à fréquenter ses sacrements qui sont sources divines où l'âme se purifie de ses tâches et puise la sainteté ».
Cet encyclique confirme le précédent, « Immortale déi » (du même pape, le 1er novembre 1885) : « ...il est de fait qu'on n'a jamais trouvé, pour constituer et régir l'État, de système préférable à celui qui est l'épanouissement spontané de la doctrine évangélique. Nous croyons donc qu'il est d'une importance souveraine, et conforme à Notre charge Apostolique, de confronter les nouvelles théories sociales avec la doctrine chrétienne... ». 100 ans plus tard, le 1er mai 1991, Jean Paul II en remettra une couche dans l'encyclique « Centisimus annus » célébrant le centenaire de « Rerum novarum » : «La "nouvelle évangélisation" dont le monde moderne a un urgent besoin... doit compter parmi ses éléments essentiels l'annonce de la doctrine sociale de l'Église, apte, aujourd'hui comme sous Léon XIII, à indiquer le bon chemin pour répondre aux grands défis du temps présent, dans un contexte de discrédit croissant des idéologies. Comme à cette époque, il faut répéter qu'il n'existe pas de véritable solution de la "question sociale" hors de l'Évangile...». C'est donc la réponse permanente de l'Eglise depuis le « Printemps des peuples » (années 1850/60), à la Commune de 1871 et à l'internationalisation du mouvement ouvrier dans ses diverses composantes marxistes, socialistes, anarchistes. La religion ainsi constituée comme fondement de toutes lois sociales, il n'est pas difficile de déterminer les relations mutuelles à établir entre les membres pour obtenir la paix et la prospérité de la société. Il suffit à l'Eglise de s'adapter à une modernité qui risque de lui échapper et à adapter ses dogmes immuables dans la « Question sociale ». Ainsi « Rerum novarum » va réfuter les théories de la lutte des classes sur lesquelles s'appuient les forces syndicales révolutionnaires. L'Eglise bat alors le rappel des thèses de Thomas d'Aquin : une société hiérarchisée, la communauté d'intérêts, le bien commun de tous. En fait, sont jetées dès lors les bases de ce qui demeure aujourd'hui le socle fondamental de la doctrine sociale de l'Eglise. Face à une république la remisant à la sphère privée, subissant la séparation d'avec l'Etat qui l'écarte de son monopole de l'éducation, elle s'efforcera par d'autres armes de pénétrer le mouvement ouvrier afin de le « délaïciser » et de l'arracher à ses velléités d'agir en classe autonome.
5 principes caractérisent toutes ces encycliques sociales, de 1891 à nos jours :
  • 1er principe : seule l'Eglise peut agir efficacement contre les menaces de révolutions en général, contre la remise en cause de la propriété privée des moyens de production en particulier.
    A l'adresse de la bourgeoisie capitaliste, l'Eglise affirme son soutien en dénonçant le danger socialiste, communiste poussant à « la haine jalouse les pauvres contre les riches ». Pour guérir la société moderne de ses maux sociaux, il faut revenir à la vie et aux institutions du christianisme (cf. Ancien Régime). L'encyclique « Mater et magistra » (Jean XXIII le15 mai 1961) rajoute : « ...L'aspect plus sinistrement typique de l'époque moderne se trouve dans la tentative absurde de vouloir bâtir un ordre temporel solide et fécond en dehors de Dieu, unique fondement sur lequel il puisse subsister, et de vouloir proclamer la grandeur de l'homme en le coupant de la source dont cette grandeur jaillit et où elle s'alimente... ». Si l'Eglise clame sa volonté de paix sociale, ce n'est pas n'importe quelle paix : « ...La paix n'est qu'un mot vide de sens, si elle n'est pas fondée sur l'ordre...qui repose sur la vérité, se construit selon la justice, reçoit de la charité sa vie et sa plénitude, et enfin s'exprime efficacement dans la liberté » (« Pacem in terris » de Jean XXIII, le 11 avril 1963). Enfin, dans « Popularum progressio » (Paul VI, 26 mars 1967), l'Eglise condamne définitivement toute révolution : « On le sait pourtant : l'insurrection révolutionnaire...engendre de nouvelles injustices, introduit de nouveaux déséquilibres et provoque de nouvelles ruines. On ne saurait combattre un mal réel au prix d'un plus grand malheur ». On comprend mieux, dès lors, ces autres pensées papales : « Le système capitaliste n'est pas intrinsèquement mauvais, mais il est vicié » (Quadragesimo anno », Léon XIII en 1931), ainsi que : « le communisme (socialisme) est intrinsèquement pervers » (« Divini redemptoris », de Pie XI, le 19 mars 1937). Au bout du compte, dans tous ces encycliques l'Eglise, s'adressant aux capitalistes se pose en partenaire essentiel, obligatoire, avec un seul message : face aux luttes du mouvement ouvrier, seul le catholicisme peut sauver le capitalisme !
  • 2ème principe : la propriété privée des moyens de production et l'inégalité sociale sont d'ordre naturel et de droit divin.
    L'Eglise sait de quoi elle parle en matière d 'inégalité, c'est le berger qui conduit le troupeau : « une hiérarchie, avec des supérieurs et des inférieurs, des gens exerçant l’autorité et d’autres qui ont à s’y soumettre. Cela pour empêcher le désordre, la confusion, l’anarchie, et pour favoriser au contraire l’ordre et la paix, et rendre la société vivable en dépit du péché qui colle à l’humanité et qui tend perpétuellement à désorganiser, à dresser les hommes les uns contre les autres, à semer la division et la guerre. Une hiérarchie, donc, non pas au profit de ceux qui commandent, mais pour le bien de ceux qui obéissent.... ».Difficile d'être plus explicite.
    Rien de plus logique qu'en s'adressant aux possédants, l'Eglise affirme qu'ils ont le droit de posséder et d'exploiter, l'inégalité étant de volonté divine. Après les rois de droit divin, voici les capitalistes exploiteurs par la grâce de Dieu. Le 1er encyclique « Rerum novarum » est très clair sur ce sujet : « ...Pareille théorie (celle des socialistes), loin d'être capable de mettre fin au conflit, ferait du tord à la classe ouvrière elle-même si elle était mise en pratique. Elle est souverainement injuste, en ce sens qu'elle viole les droits légitimes des propriétaires...qu'elle tend à bouleverser l'édifice social...Il y aura toujours entre les citoyens ces inégalités de conditions sans lesquelles une société ne peut ni exister, ni être conçue... ». Dans « Mater et magistra », Jean XXIII remet le couvert : « La propriété privée même des biens de production est un droit naturel que l'Etat ne peut supprimer ». Rassurons-nous, les entreprises nationalisées en 1945 et en 1981 ont été depuis longtemps rendues au privé !
  • 3ème principe : pas de salaire trop élevé,interdiction du droit de grève et pas trop d'impôts sur le capital.
    Encore « Rerum novarum » et l'énoncé du cadre principal :  « Il ne faut pas que la propriété privée soit épuisée par un excès de charges et d'impôts...L'autorité publique agit contre la justice et l'humanité quand, sous le nom d'impôts, elle grève outre mesure les biens des particuliers... ». La doctrine sociale de l'Eglise se trouve bien en harmonie avec les besoins de l'entreprise, ce qui fera dire à un responsable chrétien du CNPF : « Je peux parfaitement aimer le salarié que je licencie ou le concurrent que je suis en train de tuer ». Pourvu qu'ils ne nous aiment pas !
    Et à propos des grèves :
  • 4ème principe : promouvoir l'alliance du travail et du capital, par la notion de communautés d'intérêts.
    La propriété privée des moyens de production étant d'ordre naturel, la lutte des classes interdite, il reste à l'Eglise à convaincre l'ouvrier de s'unir à son patron, pour leur bien commun, bien entendu, ce qu'elle exprime dans « Rerum novarum » : « L'erreur capitale c'est de croire que les deux classes sont ennemies-nées l'une de l'autre, comme si la nature avait armé les riches et les pauvres pour qu'ils se combattent. C'est une affirmation fausse...dans le corps humain les membres, malgré leur diversité, s'adaptent...dans la société, les deux classes sont destinées par leur nature à s'unir harmonieusement dans un parfait équilibre. Elles ont un besoin impérieux l'une de l'autre ». C'est le principe de subsidiarité avec cette conception de l'Eglise considérant que la société est composée d'une multitude de communautés (famille, entreprise, etc.) où chacun doit demeuré enfermé. Jean XXIII, dans « Mater et magistra », précise ce principe : «Nous estimons nécessaires que les corps intermédiaires...jouissent d'une autonomie efficace devant les pouvoirs publics, qu'ils poursuivent leurs intérêts spécifiques en rapport aux liens de subordination aux exigences du bien commun... ». Cette vision fonctionnera en particulier en France, avec le corporatisme de Vichy et la Charte du Travail. A l'Etat ses fonctions régaliennes (armée, police et justice) et à l'Eglise le retour à ses missions historiques sous l'Ancien Régime (éducation, santé et secours aux pauvres) ! Mais qu'est-ce que le caritatif aujourd'hui, si ce n'est la même chose !
  • 5ème principe : se doter d'instruments de conquête du mouvement ouvrier.
    Face à la multiplicité des organisations ouvrières antichrétiennes, en particulier face à la création de la vieille CGT en 1895, de la Charte d'Amiens en 1906, organisation faisant fusionner syndicats et bourses du travail, l'Eglise optera pour la création d'organisations, syndicats spécifiquement catholiques qui ne résisteront pas longtemps au syndicalisme confédéré. Cela explique la création de la très cléricale CFTC en 1919. Dans ses statuts, cette organisation reprend l'encyclique « Rerum novarum » en affirmant :« ...devoir s’inspirer dans son action, de la doctrine sociale de l’Église définie dans l’Encyclique Rerum novarum »... “ les conditions mêmes de la production ” devraient permettre “ le développement normal de la personne humaine par la juste satisfaction de ses besoins matériels, intellectuels et moraux dans l’ordre individuel, familial et social ”. L'Eglise, outre cette « pénétration officielle » du mouvement ouvrier, se donnera les moyens d'infiltrer les autres syndicats confédérés, l'important n'étant pas la forme mais le résultat obtenu, et la création de la CFDT le 7 novembre 1964 est là pour démontrer la supercherie de sa déconfessionalsiation.
    La réponse syndicale correspond aux voeux de l'Eglise, rappelés dans « Pacem in terris » : « ...Nous invitons nos fils à participer activement à la gestion des affaires publiques...nous leur demandons de contribuer à promouvoir le bien commun de toute la famille humaine...éclairés par leur foi et mus par la charité, ils s'efforceront d'obtenir que les institutions relatives à la vie sociale, économique, culturelle et politique ne mettent pas d'entrave, mais au contraire apportent une aide à l'effort de perfectionnement des hommes, tant au plan naturel qu'au plan surnaturel... ».
    Comme on peut le constater, la doctrine sociale de l'Eglise est depuis plus d'un siècle, une véritable machine de guerre contre la démocratie en général, le mouvement ouvrier en particulier. La logique vaticane consiste à considérer les peuples comme devant cesser d'être la source de leur propre loi morale et politique. Appareils d'Etat et Eglises, en particulier la catholique, s'accordent pour traiter le peuple tel un enfant immature, incapable de conduire sa raison, et à qui des « experts » religieux doivent toujours inculquer les finalités à poursuivre et les règles à adopter. La doctrine sociale de l'Eglise est bien fondamentalement un principe contre-révolutionnaire, et la subsidiarité, son ossature principale est là pour légitimer les processus de domination qu'elle établit comme étant des réalités de naissance. Ce sommet théologico-politique réduit chaque femme, chaque homme à ce qu'il est censé faire, à son niveau, en simple auxiliaire d'un tout qu'il n'a pas à connaître et encore moins à changer: au bourgeois de commercer (à l'ouvrier de travailler à la chaîne), au roi de gouverner (au patron de diriger et d'exploiter). Nous, simples sujets devons nous contenter d'une liberté consistant à soigner ce que le système nous assigne, notre espace familier ainsi que les besognes nourricières.
    Pour conclure ce 1er dossier, il faut bien comprendre la doctrine sociale de l'Eglise, comme l'organisation politique du règne absolu de l'autorité, excluant toute possibilité d'une raison partagée et délibérative. C'est la dissolution même du peuple comme corps politique et historique !
    A y regarder de plus près, qu'est-ce que l'Europe d'aujourd'hui si ce n'est l'aboutissement des principes issus de la doctrine sociale de l'Eglise ? Si elle est capitaliste, elle est également vaticane, drapeau marial sur tous les édifices, et subsidiaire à souhait...mais c'est une autre histoire !

L'Eglise catholique et l'Europe : une doctrine, un drapeau, une armée
« J'ai beaucoup lu sur l'histoire de l'Europe. Il en ressort que le christianisme est un facteur constitutif de notre
histoire commune...Il n'y a pas un endroit au monde où soient mieux harmonisées les relations entre individus et
la société. Cela est dû à mon avis à l'influence du christianisme»
Jacques Delors
« Les affirmations du Traité Constitutionnel sont de fait inspirées par la pensée et les valeurs chrétiennes..Il
protège le statut des Eglises.... »
COMECE (commission des épiscopats de communauté européenne)
Chaque pays, Etat de l'Union Européenne est porteur d'une histoire spécifique dans ses rapports avec les
Eglises : reconnaissance d'une Eglise d'Etat en Grèce ou au Danemark, Eglises reconnues, avec ou sans
Concordat comme en Allemagne ou en Italie, Eglise établie comme en Grande-Bretagne ou séparation
totale, comme en France depuis la Loi du 9 décembre 1905, avec cependant le Concordat napoléonien de
1801 concernant l'Alsace-Moselle, jamais abrogé et qui plus est confirmé par un avis du Conseil d'Etat le
24 janvier 1925.
Au passage, cette volonté d'hégémonie de l'Eglise est d'autant plus paradoxale que moins de 10% de
français avouent pratiquer le catholicisme, se retrouvant loin derrière le nombre de musulmans
pratiquants. Sur le plan européen, ce sont près de 40% de femmes et d'hommes qui se disent non croyants
ou non pratiquants !
Pour autant, l'Eglise catholique et romaine influence, structure depuis ses débuts, la construction
européenne avec dès le départ des hommes tout dévoués à sa cause, celle du pape Pie XII prenant position
en 1947 pour une construction européenne soumise à la doctrine sociale de l'Eglise, seule rempart contre
l'influence du communisme. Le même pape si prompt à exfiltrer les nazis en Amérique du Sud, au nom de
la défense du monde libre, bien sûr !
Le 18 avril 1951, est signé le Traité de Paris, réunissant six pays en vue de la mise en commun de la
production et la consommation du charbon et de l'acier. Ce traité instituant la Communauté Européenne
du Charbon et de l'Acier (CECA) est considéré comme l'acte fondateur de l'Union Européenne, reposant
essentiellement sur l'axe franco-allemand construit avant guerre et préparatoire de celle-ci.
On peut noter sans surprise que l'Europe dans son acte de naissance, n'inclue en aucune manière, un
semblant de projet social. Tout au contraire, elle a été préparée durant l'entre deux-guerres en s'appuyant
sur l'axe militaro-industriel franco-allemand, puis placée sous la tutelle des USA dès la libération, au
travers du Plan Marschall. Elle est pensée dans la continuité du grand rève de dépolitisation des politiques
économiques, thèse directement inspiré du mouvement synarchiste : «
d'élus du peuple
Aux commandes deux hommes, Jean Monnet et Robert Schuman qui ne font aucun secret de leur profonde
croyance et pratique religieuse et de leurs liens étroits avec l'Eglise :
Jean Monnet, financier international, proatlantiste enrichi durant la prohibition aux Etats-unis en 1929, est
l'héritier du planisme des années 1930 (cf.synarchie) et sera le patron du Commissariat au Plan, relais
français du Plan Marschall en France, de 1945 à 1952.
Quant à Robert Schuman, considéré comme le «
devenu depuis 1985, «
indispensable à la préservation de la paix
En fait de 1ère étape, elle l'est surtout dans les transferts progressifs de souveraineté vers une
supranationalité, transferts qui s'affirmeront dans tous les traités ultérieurs. La 1ère Haute autorité de la
CECA deviendra Commission, puis Assemblée parlementaire et enfin Parlement Européen, avec la
primauté du droit communautaire sur les droits nationaux des Etats membres ! Pour ce qui est de la
garantie de la paix en Europe, on sait ce qu'il en est. Elle est à l'opposé de «
meilleur
ailleurs que chez soi (Balkans, Irak, Afghanistan etc.), pour l'instant !
Qu'importe qu'une majorité de français ait refusé le Traité Constitutionnel, il sera appliqué tout de même,
révélant un extraordinaire déni de démocratie et la supercherie que sont les élections, le vote menant à une
pseudo représentativité du peuple dans les démocraties bourgeoises.
Voilà comment on retrouve le principe de subsidiarité cher à l'Eglise et revendiqué dans sa doctrine sociale.
Le 18 août 1950, le Conseil de l'Europe cherchant un symbole pour le représenter, charge une commission
de traduire «
Ainsi, le drapeau européen, aux 12 étoiles sur fond bleu sera adopté le 8 décembre 1955, jour de
« l
étoiles sont celles entourant la couronne de la vierge Marie
Le Conseil de l'Europe offrira en 1956 un vitrail représentant le symbole marial à la cathédrale de
Strasbourg.
Une doctrine et un drapeau pour l'Europe vaticane ! Quant aux hommes, l'Eglise dès les années 1950
enverra au front, entendez la pénétration des 1ères institutions européennes, son armée blanche, l'Opus déi.
L'objectif de cette organisation dépendant directement du Vatican est clair et apparaît dans ses statuts :
«
de l'Opus dei sont les fonctions publiques, notamment les fonctions dirigeantes...
Comme l'explique Arnaud de Lassus (animateur de séminaires catholiques), la construction européenne ne
peut qu'être en lien et sous l'autorité suprême de l'Eglise :
non des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'y a pas de Dieu. Dire que le christianisme est la foi de l'homme
individuel et pas celle de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. Dire que l'Eglise est
juge de la morale privée...et n'a rien à voir avec la morale publique et politique, c'est dire que l'Eglise n'est pas
divine
Pie XI, le 11 décembre 1925 dans l'encyclique « Quas primas » (la Royaut du Christ), avait tracé la voix :
«
doit rendre au Christ un culte public, s'y soumettre...
Tout est dit, quelle meilleure preuve de cette volonté acharnée à vouloir gérer nos vies, tant personnelles
que nos rapports sociaux !
On sait que l'Eglise catholique légitime son emprise sur les institutions européennes au nom de «
chrétien de l'Europe
de la Constitution Européenne. Ainsi, l'article 51 reconnaît aux Eglises le «
institutions européennes
Parlement Européen précisait que «
l'existence...et que si l'on remettait en cause les fondements religieux et chrétiens de ce continent, on supprimerait
toute référence à l'éthique
Delors, alors Président de la Commission Européenne va créer le GOPA (Group Of Policy Advisors). Il
s'agit d'un groupe informel de consultants politiques chargé des questions religieuses dans le
développement de l'Union européenne, groupe composé essentiellement de catholiques pratiquants, dont
plusieurs membres de l'Opus dei, avec cet objectif : «
parvenons pas à donner une âme à l'Europe, à lui donner une spiritualité et un sens, c'en sera fait de l'unification
européenne
Le GOPA, n'est pas la 1ère organisation et déjà, aux début des années 1960 le Foyer Catholique Européen
(FCE) réunit les hauts fonctionnaires catholiques en poste dans les institutions européennes. Celui-ci
organise des rencontres régulières avec les politiques et technocrates européens, ce qui lui permet de placer
ses représentants dans toutes les instances et programmes.
En 1996, dans la préparation du Traité d'Amsterdam, les ambassadeurs de l'Union européenne accrédités
auprès du Vatican, se voient remettre une note exposant les objectifs de l'Eglise catholique qui
contribution des Eglises et des cultes au développement de l'Europe...assure le maintien des relations Eglises-
Etats, telles qu'elles existent au sein des Etats membres, enracine les relations Eglise-Etat dans le droit
communautaire
Voilà comment les groupes de pression catholiques exercent des actions permanentes de lobbyisme,
s'attachent depuis la fin de la 2ème guerre mondiale à construire les traités européens de manière à
maintenir leurs vieux privilèges de l' Ancien régime, et faire de l'Europe chrétienne une réalité !
Pour information, l'Eglise emploie plus de 150 personnes, rien qu'à Bruxelles ! Et çà n'est pas pour faire le
ménage.
Le tableau de la pénétration vaticane dans la construction européenne serait incomplet si l'on n'y rajoutait
pas les infiltrations plus officieuses, comme l'ERT par exemple. L' «
1983, réunit les 40 plus gros industriels européens, réalisant un chiffre d'affaires 2 fois supérieur au budget
de la France. Ce groupe, composé de nombreux opusiens, est tout dévoué à Jacques Delors, lequel l'a
toujours considéré comme : «
atteint avec le Traité de Maastricht, constitutif de l'Union Européenne, signé le 7 février 1992 et prélude aux
traités d'Amsterdam, Nice et Lisbonne en 2007
raison de sa force symbolique, la monnaie unique...participe à l'élan spirituel
religieuse alors ?En tout cas encore une belle preuve des collusions du capitalisme avec les politiques et les
religieux !
Notre MEDEF à nous n'est pas en reste, et du temps où il s'appelait CNPF, dans les années 1980, son
directeur de la communication n'était autre que François Gontrand, par ailleurs porte parole de l'Opus dei
en France. Chargé de la cellule européenne au sein du CNPF, on se doute des conseils et directives alors
donnés au patronat français cherchant à se redéployer au niveau européen !
On sait également que cette lente construction européenne, prônant «
une seule religion, une seule constitution, une seule devise..
patronat, tel le groupe Bilderberg, fondé en 1954, en pleine guerre froide, période durant laquelle «
apparaît le seul rempart au marxisme et au socialisme
de la planète, pour la plupart liés à l'Eglise. Encore et toujours le vieux rêve synarchiste de l'entre deuxguerres.
Les pions ainsi placés, il est facile pour le Vatican de faire une entrée très officielle et reconnue dans l'Union
européenne. En 1970, les relations diplomatiques Vatican-Union Européenne sont établies et 10 plus tard,
en 1980, est créée la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté Européenne). Celle-ci
demande immédiatement à ce que l'Union Européenne applique la Doctrine sociale de l'Eglise avec, pour
tous les pays membres l'interdiction du contrôle des naissances, de l'avortement, du droit de mourir dans
la dignité... et une «
A l'opposé de toute prise en compte de la Laïcité institutionnelle, la COMECE est là pour obtenir pour
l'Eglise un statut institutionnel au sein de l'Union Européenne. L'Europe sera catholique ou ne sera pas !
En 2002, elle va plus loin en déclarant l'Eglise seule rempart face à la montée de l'individualisme, du
désaveu à l'égard des partis politiques : «
l'Europe...singulièrement le christianisme...dans une société dominée par l'utilitarisme. Il faut promouvoir des
valeurs de gratuité, de don et de dépassement...Les religions sont nécessaires dans le débat européen...il faut
unifier l'Europe sur le plan politique et spirituel...
Au bout du compte, du Traité de Rome en 1957 à Maastricht en 1992, l'Europe capitaliste et vaticane s'est
construite sur un vaste projet supranational niant et dépossédant la volonté des peuples au profit d'élites et
d'experts décidant à leur place. Pour preuve, la «
dans le projet constitutionnel, garantissant la liberté de religion, d'en changer...mais visiblement pas celle
garantissant le fait de ne pas en avoir (article 9 sur la «
Comme si cette problématique était un souci majeur des européens qui, faut-il le rappeler, se déclarent non
croyants ou non pratiquants pour 40% d'entre eux ! Au diable ces infidèles, l'important étant
d'institutionnaliser les religions...en attendant de rendre obligatoire la pratique de l'une d'entre elles !
Quant au Traité de Lisbonne (2007), il est celui qui introduit encore plus la doctrine sociale de l'Eglise avec
le concept d' «
européen...dans la vision chrétienne de la personne humaine...avec une éthique de la charité..issue du droit
romain et de la bible...
Malgré cette réalité de la Laïcité institutionnelle, parce que c'est un combat universel, revendiqué partout
en Europe, la Cour Européenne des Droits de l'Homme, autorisait le 18 mars 2011, les crucifix dans les
écoles italiennes, déboutant ainsi les laïques italiens (cf. affaire Lautsi).
L'Europe, le nouvel ordre mondial sont bien en totale convergence avec les directives de la doctrine sociale
de l'Eglise, et la «
dans cette construction européenne d'émancipation sociale et économique, encore moins de luttes des
classes, l'une comme l'autre, étant ennemies de l'ordre capitaliste et religieux. Tous les traités appliquent le
principe de subsidiarité, dépossédant individus et peuples de leur souveraîneté, les mettant hors de portée
des décisions les concernant, à coup de variables d'ajustement en vue de la meilleure gouvernance possible
selon les manifestations des opinions publiques ! Le peuple garde son droit d'opinion en lieu et place du
pouvoir de décider de son sort, qui pourtant lui appartient. Pour garantir ce fragile consensus, il suffit
d'avoir une bonne communication relayée par les médias aux ordres !
Tout refus de ce libéralisme capitalo-clérical est ainsi traité comme un déficit de communication, et bien
sûr, aucune relation n'est établie entre cette Europe dont Martine Aubry, fille Delors, osait dire dans son
discours de Béthune, le 12 septembre 1992 : «
qu'aujourd'hui ? Alors que ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale et moins d'exclusion
des millions travailleurs de plus en plus dépossédés de leurs droits, de précaires et de chômeurs constatant
quotidiennement les bienfaits de cette Europe dite sociale !
Quelle ignorance de leur part, quand le caritatif chrétien, essentiellement catholique, est là pour remplacer
les services publics disparus !
Celle-ci, tranquillement va jusqu'à affirmer : «
faute d'intervention publique suffisante, de gérer à sa place au niveau européen la gestion des biens et services en
matière de santé, d'éducation et de logement
dictature de Pinochet, écrivant à Michel Camdessus, proche du PS, directeur du FMI de 1987 à 2000, par
ailleurs éminent membre de l'Opus dei (et membre du Conseil Pontifical «
l'économie, il est nécessaire de mettre en permanence un supplément d'humanité
Bientôt « Pôle emploi » dans le confessionnal de l'Eglise de mon quartier ? Le retour aux hospices du
Moyen âge et le logement social au presbytère ?
La théologie, à ce point là, portée en volonté politique et sociale universelle, est bien l'éloge de l'alliance
capital-travail, du corporatisme et de la subsidiarité, la «
ses principes de solidarité, d'égalité !
Avec l'aval de l'Eglise, l'OMC peut se targuer d'une bonne gouvernance économique européenne. Dans le
rapport des «
s'adressant aux évêques de la COMECE, un satisfécit est donné : «
par l'OCDE constituent un code de bonne conduite...à développer dans chaque Etat
de l'application du concept de «
réduisant les peuples à de simples consommateurs en survie. Mais il est vrai que pour le très chrétien et
envoyé du Vatican, Michel Camdessus : «
surplus des riches
pas !
Dans ce décor d'ensemble, les agences de notation sont là pour fournir une caution morale aux entreprises,
telle VIGEO (actionnaire de Total et du Crédit Lyonnais), dirigée par la syndicaliste Nicole Notat, ex
patronne de la CFDT, assidue des groupes patroanux où s'organise la mondialisation capitaliste, et bien
connue pour son soutien fervent au plan Juppé de 1995. Concrètement cette agence, comme toutes les
autres, en particulier européennes, sont là pour légitimer la barbarie capitaliste, entériner l'idée que ce
début de siècle, débarrassé des idéologies de (pseudo) progrès, sera et ne peut qu'être en phase avec la
doctrine sociale de l'Eglise. Il reste aux divers traités européens à rétablir l' « O
pouvoirs régaliens attribués aux Etats et la gestion du reste aux Eglises ! Qui ne demandent que çà !
Heureusement qu'elle est là quand on sait que le 24 juin 2011 le Secours Populaire a poussé un cri d'alarme
concernant la décision de l'Europe d'amputer de 400 millions d'euros, en 2012, son programme d'aide aux
plus démunis ! Bon appétit les pauvres et sachez que l'Eglise vous aime !
En conclusion, la parenté est évidente entre la philosophie de l'Union européenne et la doctrine sociale de
l'Eglise. Il s'agit de mettre hors d'atteinte de la souveraineté populaire tout ce qui se rattache à l'économie
et au politique. Pour le Vatican comme pour le patronat européen, la femme, l'homme sont relégués à leur
seule fonction de travailleurs, simples exécutants de consignes professionnelles, à leurs fonctions de femmes
et d'hommes soumis à Dieu dans leur sphère privée. Encore une fois la parfaite complémentarité dans les
soumissions temporelle et spirituelle ! Cette alliance Eglise/Patronat, dans l'Etat comme sur le plan de
l'Europe supranationale, représente le « projet romain », fort et conquérant, accompagnant le retour du
religieux dans une période de crises sans précédent du capitalisme ! Il est évident que les Etats, gardiens du
Temple du capitalisme ont un grand besoin des religions. Il suffit de se rappeler pourquoi Napoléon
Bonaparte pourtant athée, signa un Concordat avec le Vatican : «
sans religion...la société ne peut exister sans inégalités des fortunes...quand un homme meurt de faim à côté de
celui qui regorge, il lui est impossible d'accéder à cette situation s'il n'y a pas une autorité qui lui dise : Dieu le
veut ainsi ! Ensuite, pendant l'éternité, le partage se fera autrement
Il faudrait demander aux 54,68 % ayant voté non au référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel
(entériné pour autant à Lisbonne en 2007) s'ils se sont depuis confessés ! A priori non et qui plus est, ces
mécréants boudent de plus en plus les élections, européennes en particulier (54,6 % d'abstention en 2004 en
France, 59,4 en 2009, 37 % en moyenne en Europe et sur 10 ans).
Pour l'anecdote, il est bon de savoir qu'après le 1er non au référendum irlandais (qui avaient « mal voté »,
comme les français), sur la Traité Constitutionnel, lors du 2ème vote, les évêques irlandais furent
grassement rémunérés en échange de prêches pour le OUI, lors des offices dominicaux. Argent versé par la
Communauté européenne en personne ! C'est pas beau les bonnes relations !
Pour terminer, qui sait que dans son bulletin officiel du 14 décembre 2007, l'Union Européenne a introdui
la peine de mort pour les insurgés...en cas de danger, la rendant nécessaire en cas de force majeure, pour
«
Militants, prenez garde, sortez vos cagoules !
Vous pouvez toujours vous consoler et vous dire que si nous ne sommes plus dans une société «
droits
s'intensifient afin de mater tous les terroristes que nous sommes !
Anarchistes, donc internationalistes, refusant l'Etat, nous ne pouvons que combattre cette Europe du
capitalisme et des Eglises.
Le combat antireligion continue ! Profitons-en, le délit de blasphème n'est pas encore réintroduit en France.
une gouvernance d'experts à la place» ! Pour exemple, l'actuel Gouvernement italien composé exclusivement de technocrates.Père de l'Europe », il déclare le 9 mai 1950 (le 9 maiJournée de l'Europe ») : « la CECA est la 1ère étape de la fédération européenne,».L'Europe contribuant à un monde» (Jean Monnet), et la guerre étant un produit parfaitement exportable, il suffit de la menerLes valeurs spirituelles et morales qui sont le patrimoine commun des peuples qui le composent ».'immaculée conception » ! De l'aveu même d'Arsène Heitz, son concepteur, catholique fervent, les « 12». symbole marial issu de l'imagerie du Moyen-âge.l'organisation (de l'Opus dei) doit intégrer les citoyens vivant au milieu du monde...les moyens caractéristiques».« Dire que Jésus-christ est le Dieu des individus...et».En vertu de la doctrine sociale de l'Eglise, la religion s'étend tant dans le domaine privé que public, donc l'Etat».L'héritage» . Elle a tout fait pour que cette formule soit débattue pour figurer dans le préambulerôle de partenaires des», répondant aux voeux de Jean Paul II, qui en 1988 dans son discours aula vocation du christianisme est d'être présent dans tous les domaines de». Message reçu, et c'est ainsi qu'en 1992, le « socialiste et opusien » JacquesSi, au cours des dix prochaines années, nous ne» (Jacques Delors, discours aux Eglises, Bruxelles, 14 avril 1992).« souligne la».Europan Round Table », créée enune force majeure pour le marché unique...d'ailleurs cet objectif est aujourd'hui». D'ailleurs, au dire de Jacques Delors (encore lui), « En» Si même ma monnaie estun Gouvernement, à terme mondial,. » fait partie des objectifs des groupes occultes duDieu» (Pie XII), groupe constitué des plus gros financiersgouvernance éthique ». Licenciez, oui, mais avec amour, charité et compassion !Il importe de reconnaître l'héritage religieux et spirituel de».Charte Européenne des Droits fondamentaux », intégréeLiberté de conscience, de pensée et de religion »).Economie sociale de marché...puisant ses ses racines dans l'héritage philosophique et religieux» (Adrianus van Luyn, archevêque de Rotterdam et Président de la COMECE)Foi délivrant la Raison de ses aveuglements » (Benoît XVI), il n'est bien sûr pas questionComment peut-on dire que l'Europe sera moins sociale, demain. », et la réalitésa capacité (au nom de l'économie sociale de marché) et». C'est en tout cas la volonté du Cardinal Sodano, nonce sous laJustice et paix ») : « Dans».personne humaine » effaçant l'individu-collectif etsemaines sociales » (catholiques) de 2001, animées entre autre par Michel Camdessus,les recommandations données et publiées». Il s'agit ni plus ni moinsConcurrence libre et non faussée », autre nom de la « Loi de la jungle »Une société de fraternité ne se construit pas sur le seul sacrifice du». Les riches, ils ont tellement de préoccupations, déjà ! Les pauvres ne s'en aperçoiventrdre naturel et divin », lesComment avoir de l'ordre dans un Etat,»réprimer une émeute ou une insurrection » ! Au passage loi votée par les Verts et les Socialistes allemands !d'égalité des», nous sommes dans celle de « l'égalité des chances », celles de passer à travers les répressions qui
« ...Car nous aurons beau nous dire et nous croire athées : tant que nous n'aurons pas compris ces
causes, nous nous laisserons toujours plus ou moins dominer par les clameurs de cette conscience
universelle dont nous n'aurons pas surpris le secret ; et, vu la faiblesse naturelle de l'individu même le
plus fort contre l'influence toute-puissante du milieu social qui l'entoure, nous courrons toujours le
risque de retomber tôt ou tard, et d'une manière ou d'une autre, dans l'abîme de l'absurdité
religieuse »
Michel Bakounine dans «
Dieu et l'Etat »Michel, groupe Marguerite Aguttes (Cantal)


Combat de la Libre Pensée pour les obsèques civiles
Lettre envoyées à tous les maires du Cantal

A ce jour, sur environ 250 communes, près de 25 ont délibéré favorablement, malgré les pressions préfectorales !








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