Hier soir, les organisations patronales (MEDEF en tête, avec CGPME et UPA) et les trois bureaucraties syndicales les plus réformardes du paysage syndical français sinistré (CFDT en tête, mais aussi CFE-CGC et CFTC), se sont mises d’accord pour un accord validant la mise en place d’une “flexisécurité”.
La CGT et FO rejettent vivement cet accord, qu’elles estiment préjudiciables aux salarié-e-s. Or le fait est que cet accord est permis par les lois sur la représentativité syndicale, impulsées par la CFDT, mais aussi la CGT, dans le but d’acquérir une hégémonie sur le syndicalisme français : il suffit que trois syndicats sur cinq signent pour valider un accord, c’est chose faite. L’Etat envisage un projet de loi en mars, le passage au parlement en avril et au Sénat en mai, pour une promulgation fin mai.
En quoi consistent ces ridicules ”avancées” saluées par ces trois syndicats pourris ? En une “généralisation” d’une complémentaire santé misérable, en une “limitation” faiblarde d’un temps partiel qui ne compensera évidemment pas l’explosion de celui-ci cette dernière décennie, et des droits “rechargeables” (clic-clic) à l’assurance-chômage, le patronat concédant une dérisoire augmentation des cotisations correspondantes, qui ne rattrappera évidemment pas la masse des défiscalisations accumulées ces dernières décennies. Ces droits rechargeables seront surtout l’occasion de permettre aux patrons de payer encore moins les salarié-e-s à l’embauche, sous prétexte qu’ils-elles continueront de percevoir des allocs…
Le patronat a quant à lui des raisons d’exulter. L’accord consiste en effet, non seulement à faciliter la baisse des salaires et du temps de travail en cas de “difficultés” pour les entreprises, mais aussi à faciliter les licenciements en les “déjudiciarisant”, et à rendre obligatoire la “mobilité” des salarié-e-s en cas de restructurations, qui se passeront désormais de plans sociaux et d’indemnités ! Alors que dans les faits, c’est depuis de nombreuses années le seul et dernier retranchement de lutte défensive chez les salarié-e-s, broyé-e-s par la logique du profit… Les bureaucrates syndicaux n’auront même plus besoin d’étouffer et de lâcher leurs bases quand elles lutteront pour des indemnités lors de restructurations et de plans de licenciements.
S’il était encore besoin d’argumenter pour foutre ces bureaucraties à la poubelle, ce dernier accord entérine ce que nous disons depuis longtemps. Parisot ne s’y trompe pas, voyant dans cet accord la consécration d’une “culture du compromis” contre “une philosophie de l’antagonisme social”… Quel camouflet à la lutte de classe ! Depuis des années que les capitalistes réclament une “flexibilisation” des salarié-e-s afin de les presser un peu plus sous le joug de la “compétitivité”, il obtiennent cette victoire de plus, avec l’aval d’un gouvernement “socialiste” et de syndicats hostiles à la lutte, nourris au biberon des subventions de l’Etat et du Capital.
Assez du “dialogue social” bidon pour neutraliser les luttes ! Assez des “compromis”-sions avec capitalisme et Etat qui méprisent les prolétaires avec le dernier cynisme ! Assez de ces bureaucraties syndicales pourries, rouages de la machine à déposséder !
Rien à discuter, rien à négocier : plus que jamais, construisons ensemble la lutte autonome et indépendante des dominé-e-s et des exploité-e-s, contre la domination et la morgue de tous ces “élus” qui prétendent nous “représenter”. Pour en finir avec la dépossession économique et politique, il faut nous organiser sans chefs.
Nos vies ne leur appartiennent pas.
Pavillon Noir, 12 janvier 2013
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