lundi 18 mars 2013

La Hongrie toujours plus autoritaire

 

Le Parlement hongrois a adopté, malgré les protestations de l’opposition, une série d’amendements à la Constitution. Bruxelles dénonce une évolution qui menace « la primauté du droit » dans ce pays.
Budapest (Hongrie), correspondance. Malgré les avertissements de la Commission et du Parlement européens, ainsi que du Conseil de l’Europe, le Parlement hongrois, contrôlé par le parti de droite au pouvoir, le Fidesz, a approuvé lundi des amendements à la Constitution. Selon l’Union européenne, ces modifications menacent la primauté du droit dans ce pays.
Ces amendements, contenus dans un document d’une quinzaine de pages, limitent les pouvoirs de la Cour constitutionnelle, l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’autonomie des universités. Les modifications qui viennent d’être approuvées réduisent, en outre, les droits des couples non mariés puisque la loi ne reconnaît de famille que fondée sur le mariage entre un homme et une femme. Elles criminalisent également les sans-abri. Les nouvelles dispositions interdisent aux SDF de vivre dans la rue, en particulier dans les lieux publics très fréquentés comme les passages souterrains. Une mesure censée assurer l’ordre public et qui, selon les organisations sociales, sont une violation du droit à la dignité et à la liberté personnelle des sans-abri.
Le Parlement hongrois a ignoré les appels lancés par les institutions européennes. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, et le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, ont affirmé, dans une déclaration commune, que ces modifications sont inquiétantes pour le respect de la primauté du droit, du droit européen et des normes du Conseil de l’Europe.
Le gouvernement autoritaire et ultraconservateur, dirigé par Viktor Orban, dit que les amendements sont conformes aux normes européennes et revendique l’autonomie du Parlement souverain. « Les gens ne s’inquiètent pas au sujet de la Constitution, mais des factures à payer », a rétorqué le premier ministre lundi, au début de la session, alors que l’opposition protestait.
Ces amendements n’ont pas été sans susciter des réactions. Samedi et dimanche, des associations ont organisé des manifestations à Budapest. La semaine dernière, une centaine de personnes ont manifesté devant le siège du Fidesz pour défendre les droits civils. « Primauté du droit ! Constitution ! Démocratie ! » lisait-on sur les panneaux des manifestants. « Traîtres ! Communistes ! Retournez à Moscou ! » rétorquaient les partisans d’Orban assemblés sur place pour « accueillir » les jeunes progressistes.
Le premier ministre les a accusés d’être des agents étrangers prêts à agir contre la nation. Les manifestants ont essayé d’entrer dans le siège du parti. Une « agression inacceptable » selon le Fidesz, qui accuse le mouvement Ensemble 2014, dirigé par l’ex-premier ministre Gordon Bajnai, d’avoir organisé l’initiative. Bajnai nie tout. Mais il exprime ses préoccupations vis-à-vis de ces amendements qu’il considère dangereux. Le gouvernement affirme que la gauche est en train de promouvoir une campagne fondée sur la haine. Et, malheureusement, les gens qui croient à cette théorie ne sont pas rares.
Massimo Congiu

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