Question
à x euros :
Emmanuel Macron est-il plus démocrate, et en quoi, que Marine Le Pen
?
Autrement
dit que penser de la démocratie représentative quand celle-ci ne
devient plus qu'une fabrique d'hommes de pouvoir qui dans le contexte
d'un capitalisme en crise et face aux volontés d'émancipation des
travailleurs, ne peuvent qu'avoir à terme des politiques ultra
autoritaires et violentes...
Le
plus extraordinaire dans cette escroquerie intellectuelle que sont
les élections, paraît-il garantes de nos démocraties modernes (et
bien sûr durables, çà va de soi !), c'est
qu'elles permettent l'arrivée au pouvoir d'hommes qui, refusant
l'idée même de démocratie s'empressent d'en combattre le moindre
des principes dès qu'ils sont au pouvoir.
A
l'heure du « Tous pour Macron afin d'éviter Le Pen »,
les bonnes consciences de gauche comme de droite vont ainsi avaliser
les pratiques antidémocratiques que le financier Macron a
expérimenté quand il était ministre de l'économie, telles que la
Loi « Travaille ! », l' ubérisation sociale, le tout à
coup de 49.3 en guise de débat !
Mai
2017 ou le CAC 40 à l'Elysée !
Et
tout cela dans la plus grande légalité républicaine !
Les
élections sont bien de fait la première étape dans la fabrique
d'apprentis dictateurs !
L'histoire
regorge d'hommes politiques devenus de vrais dictateurs à peine
arrivés au pouvoir non pas par un coup d'état mais légalement, par
les élections, en fait grâce à l'assentiment et à la crédulité
des peuples.
Cette
incohérence fondamentale fut démontrée et analysée dans le
célèbre « Discours
de la servitude volontaire »
écrit en 1576 par un certain Etienne de la Boétie. Sur une
cinquantaine de pages l'auteur y dénonçait avec une incroyable
lucidité la servilité des peuples, leur désir de soumission.
La
leçon politique, éthique et morale de la Boétie est contenue dans
ce questionnement central : « Comment
il se peut que tant d'hommes supportent un tyran seul qui n'a de
puissance que celle qu'ils lui donnent... ? ».
Et à propos des tyrans, il en désigne trois sortes : « Celui
qui vient au pouvoir par les armes, celui qui vient du fait de la
succession de la race et enfin celui
qui y vient par l'élection... ».
Ainsi
donc les élections modernes, comme les conquêtes du passé, amènent
bien au pouvoir des dictateurs, le chéquier ayant remplacé l'épée
et le costume 3 pièces l'armure !
Effectivement
dans nos dites « démocraties modernes », pourquoi
risquer l'échec d'un coup d'état faisant toujours un peu désordre,
quand les élections vous garantissent l'arrivée au pouvoir.
Les
mêmes castes dirigeantes sont ainsi portées par les peuples qui
n'ont même pas la possibilité (la volonté ?) de contrôler les
mandats, et encore moins le pouvoir de révoquer ceux qu'ils ont
nommer et qui les trahissent !
Les
suicides démocratiques sont ainsi légion dans notre histoire
moderne :
- En 1848, malgré l'assassinat de masse en juin, les classes populaires portent au pouvoir en décembre un certain Louis-Napoléon Bonaparte, futur Président puis monarque, avec l'assentiment du plus grand nombre,
- En Italie, Benito Mussolini arrive au pouvoir légalement par les urnes le 16 novembre 1922,
- Même chose en Allemagne, en juillet 1932, où le Parti national-socialiste obtient 37 % des voix, ce qui amènera l'année suivante la désignation d'Hitler comme chancelier du Reich,
- En France, le 10 juillet 1940, la Chambre des députés et le Sénat de la IIIème république proclame, au nom du peuple, allégeance à Philippe Pétain et à son Gouvernement collaborateur de l'occupant nazi,
- En Afrique, Robert Mugabe dirige et dévaste le Zimbabwe depuis 1980, date où il est arrivé au pouvoir par les urnes. Même chose au Gabon avec la saga des présidents Mba et Bongo. Que dire du Sénégal et de Félix Houphouët-Boigny au pouvoir durant plus de 30 ans en Côte-d'Ivoire ? Même chose en Tunisie avec Habib Bourguiba et ses 31 années de pouvoir ? Et Sékou Touré en Guinée gardant le pouvoir jusqu'à sa mort...
- En Turquie, le modèle démocratique à la sauce Erdogan est là pour nous rappeler que les peuples sont capables de voter pour des dictateurs à la poursuite du pouvoir absolu.
- Même conception ultra autoritaire en Russie et autres pays de l'Est, tel la Hongrie où le parti d'extrême droite de Viktor Orban est au pouvoir grâce aux urnes depuis avril 2010...
Dans
tous ces exemples les hommes ont conquis le pouvoir par les urnes !
Alors
que cela devrait pour le moins interpeller le citoyen lambda, il
semble que l'acte de voter se suffise à lui-même !
Peu
importe les mensonges, trahisons et reniements du leader choisi
pourvu que l'on ait déposé le bulletin de vote dans l'isoloir avant
de rentrer chez soi pour n'en ressortir que quelques années plus
tard afin de remettre un nouveau bulletin dans l'urne cercueil des
illusions.
Et
cela ne s'arrêtera que lorsque le peuple aura compris que çà n'est
pas par les élections qu'il pourra s'émanciper.
L'on
va bien sûr me dire que j'exagère en considérant que tous les
chefs d' Etat sont des dictateurs au sens classique du terme. Bien
sûr que non, mais ce qui est vrai c'est que dans nos sociétés de
plus en plus malades du capitalisme, les gouvernements qui n'ont pas
pour but de renverser le système ne peuvent que le maintenir à coup
de répression et de criminalisation des luttes sociales.
Partout
dans le monde et en Europe en particulier on observe le durcissement
de la plupart des gouvernements vis à vis des peuples qui
revendiquent un meilleur vivre !
Mais
qui met au pouvoir ces gouvernants de plus en plus ultra autoritaires
si ce n'est le peuple ? Tout au moins qui les tolère et les
maintient si ce n'est ce même peuple ?
Les
faits sont pourtant là pour témoigner que la moindre des conquêtes
sociales, économiques n'a pas été gagnée par les élections mais
bien par la rue et les luttes dans l'entreprise !
Par
la lutte des classes, tout simplement et il serait temps d'y revenir
de manière radicale face à la barbarie de plus en plus présente !
Alors
aujourd'hui, en France, dans une Vème république en pleine
décomposition, née d'un coup d'état gaulliste, quel choix pour le
deuxième tour, entre le banquier Macron et la chemise brune Le Pen ?
Comme
en 2002, la gauche néo marxiste va t-elle appeler à voter pour la
droite macronienne, avec des gants et en se pinçant le nez !
Au
nom du pacte républicain le « peuple de gauche » va
évidemment être appelé à voter pour le banquier héritier des
maîtres des forges, et dont il faut rappeler qu'il est le véritable
auteur de la Loi El Khomri et du projet d'ubérisation de la société.
Dont
acte !
J'ose
espérer que non...
Avec
Macron, nous serions rendus dans l'ère du « Ni gauche, Ni
droite » ?
Faux
! Nous sommes objectivement dans une société véritablement ancrée
à l'extrême droite. Au soir de ce premier tour des élections
présidentielles près de 70 % des électeurs ont répartis leurs
suffrages entre :
- Macron, l'homme du grand patronat (23,9%),
- Le Pen la néo-fasciste (21,4%) et son double Dupont Aignan (4,7%), soit 26,1 %
ce
qui en fait la première force politique,
- Fillon le catho intégriste (19,9%).
70
% de citoyens se retrouvent donc au moins en partie dans les valeurs
défendues par les hommes et femmes ci-dessus.
La
voilà la preuve de la fabrique des futurs dictateurs par l'élection
!
Cela
ne peut qu'inquiéter quand par soustraction et en ne comptant pas
les 6,3 % d'un Hamon, représentant d'un parti socialiste à classer
définitivement à droite de l'échiquier politique, la « gauche
néo marxiste » des Ménenchon, Artaud et Poutou totalise à
peine 21 % des suffrages !
Et
une fois de plus grâce à cette magnifique supercherie que sont les
élections, un système qui ne considère les hommes que soumis va
pouvoir se perpétrer grâce à la complicité du peuple !
Sous
l'Ancien régime le peuple subissait les tyrans, avec la République,
il les choisit !
C'est
bien ce que disait déjà au 16ème siècle Etienne de la Boétie
dans son « discours de la servitude volontaire »: « le
tyran asservit les sujets les uns par les autres. Il est gardé par
ceux dont il devrait se garder...les hommes se contentent d'endurer
le mal et d'en faire, non à celui qui leur en fait, mais bien à
ceux qui, comme eux l'endurent... ».
Alors,
le choix est simple : continuer à « jouer aux élections »
et fabriquer les tyrans à venir, ou choisir une fois pour toutes la
seule alternative aux élections : la lutte des classes !
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