lundi 3 juin 2013

[Une députée EELV] “La chasse à courre est une tradition. C’est plutôt une bonne tradition.”

la chasse à courre : chiens enfermés dans des chenils entre deux entraînements à tuer, terreur et épuisement pour le gibier traqué, hallali, massacre à la dague ou à l’épieu, curée… une ignoble boucherie ; mais en tenue cérémonielle, s’il-vous-plaît Charles-Xavier ! Avec son lot de souffrances gratuites, qu’expriment bien les tergiversations juridiques sur le “droit de suite”, la chasse à courre n’est décidément pas une chasse comme les autres. Les saccages des champs et prés induits par cette chasse sédentarisant le gibier conduisent d’ailleurs de nombreux agriculteurs (par ailleurs parfois pratiquants de formes de chasse ”à pied” plus populaires) à s’y opposer. Née dans l’aristocratie, historiquement indissociable de l’entraînement à la guerre et du mépris du monde paysan, la “tradition” hiérarchiste, fastueuse et snobinarde de la chasse à courre a ses lobbyistes acharnés, dont certains ne se cachent manifestement pas d’une certaine nostalgie du bon vieux temps de la monarchie. Une députée écolo de la Vienne vient de déclarer son opposition à un texte présenté par son parti (EELV), contre la chasse à courre… mais que ne ferait-on pas pour rester dans les petits papiers des membres d’une classe dominante défendant ses prérogatives immondes ?
Mm’une bien belle chaaasse, Charles-Xavier !
Chasse à courre : la députée se démarque
Véronique Massonneau prend ses distances avec la proposition de loi déposée par le groupe Europe Écologie – Les Verts qui vise à interdire la chasse à courre.
Les nuages qui pèsent depuis plusieurs jours sur les relations entre les chasseurs de la Vienne et Véronique Massonneau ne devraient guère tarder à se dissiper. La députée écologiste a en tous cas l’intention de lever tous les doutes qui risquaient de les plomber durablement. Elle a fait savoir en fin de semaine qu’elle se rendra à l’inauguration de la Fête de la chasse, de la nature et du terroir, le samedi 8 juin, à La Roche-Posay. Avec la ferme intention de clarifier sa position sur la chasse à courre.
“ Je suis très embêtée ”
Le sang des chasseurs de la Vienne n’a fait qu’un tour, mercredi, lorsqu’ils ont découvert que le nom de Véronique Massonneau apparaissait parmi les signataires d’une proposition de loi déposée par le groupe Europe Écologie - Les Verts, à l’Assemblée nationale, « visant à interdire la chasse à courre, à cor et à cri ». Les rédacteurs du texte ne font pas dans la nuance. Ils stigmatisent aussi bien « la souffrance et le stress » des animaux, que « les nuisances sonores (sonneries de trompes, allées et venues des équipages, des chiens, des véhicules) » engendrées. Ils affirment non seulement que ce type de chasse « nuit à l’ensemble de l’écosystème forestier » mais aussi que « les riverains en subissent eux aussi les conséquences », notamment parce que « des animaux sont parfois pourchassés dans des propriétés privées et ce jusque dans les habitations ». Au berceau du chien courant et de la vénerie, une charge d’une telle violence ne pouvait avoir qu’un impact dévastateur. Les chasseurs de la Vienne ont réagi d’autant plus vivement qu’ils se sont sentis trahis par une députée écologiste ayant depuis le début de son mandat affiché sa volonté de dialoguer avec eux. Déclaration de guerre ? Propulsée en première ligne d’un front qu’elle n’a pas vraiment choisi, Véronique Massonneau vient de crier halte au tir. Elle a demandé le retrait de sa signature au bas de la proposition de loi : « Je suis très embêtée. Les propositions de loi du groupe sont signées systématiquement par tous les membres du groupe sauf par celles et ceux qui signalent expressément leur refus. Cette proposition sur la chasse à courre n’a pas été discutée. Je l’ai découverte trop tard ! » Confessant une « erreur de débutante », la députée de la Vienne entend donc prendre ses distances avec un texte qu’elle juge aussi « caricatural » qu’inopportun : « La chasse à courre est une tradition. C’est plutôt une bonne tradition. Actuellement, il y a des sujets plus graves, avec les difficultés économiques et sociales. »
Alain Defaye, Nouvelle République, 3 juin 2013

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