jeudi 31 juillet 2014

Il y a 100 ans, Jean JAURES était assassiné




Rassemblement d’Hommage à Jaurès
Aurillac, le jeudi 31 juillet 2014


Le discours de la Fédération du Cantal
de la Libre Pensée

Citoyens, amis, compagnons, camarades,


Je vous adresse le salut fraternel de la Fédération du Cantal de la Libre Pensée, initiatrice de ce rassemblement ;

Il y a 100 ans, le 31 juillet 1914, Jean JAURÈS était assassiné.

La Libre Pensée tient à rendre un vibrant hommage au socialiste authentique, au responsable républicain, au laïque, pacifiste et internationaliste qu'il était.

L'assassinat de JAURÈS fut l'aboutissement d'une campagne de haine et de calomnies orchestrée dès l'entrée en politique de ce professeur de philosophie, qui choisit de s'engager auprès des exploités, des ouvriers, côtoyés dans son département du Tarn.

Monarchistes, bonapartistes regroupés dans l'Union conservatrice, soutenue par l'Église catholique vont se liguer contre lui.

En 1893, «Il adhère définitivement au mouvement socialiste et va occuper une des premières places dans le socialisme européen. En même temps, il devient la figure la plus éminente de la vie politique de la France. »
  • Fondateur de la Section Française de l’Internationale Ouvrière, la S.F.I.O., le 23 avril 1905, il réalise l'unité des socialistes jusqu'alors divisés.

  • Un an auparavant, le 18 avril 1904 est paru, le premier numéro du journal « L'HUMANITÉ » qu'il fonde avec des collaborateurs comme Jean LONGUET, RENAUDEL, Anatole FRANCE. Jules RENARD, Tristan BERNARD,

Défenseur des acquis de la Révolution Française, il s'exprime ainsi :
«C'est parce que je suis socialiste que je suis républicain. Sans la République, le socialisme est impuissant, sans le socialisme, la République est vide.»

C'est pourquoi il fut aussi un des artisans, avec Aristide BRIAND, Ferdinand BUISSON et Émile COMBES, de la loi du 9 décembre 1905 dite «Loi de séparation de l'Église et de l'État».

Le cléricalisme étant facteur de division, la laïcité est la condition nécessaire pour vivre en démocratie. Respectueuse de la liberté de conscience, elle doit jouer un rôle émancipateur en permettant à la pensée de rester libre et non assujettie à l'ordre dominant.

Internationaliste, Jean JAURÈS va se montrer un ardent défenseur de la Paix face à la barbarie capitaliste qu'est la guerre. Il est conscient de la montée des périls due à la véritable course aux armements que se livrent les grandes puissances.

Il soutient l'idée de «la réconciliation des peuples par l'universelle justice sociale » et affirme : « alors il y aura une humanité réfléchissant son unité supérieure dans la diversité de nations amies et libres »

Faisant siennes les règles d'action du prolétariat, formulées par l'Internationale, il en appelle à la grève générale : «Si une guerre menace, c'est un devoir de la classe ouvrière dans les pays concernés de faire tous leurs efforts pour empêcher la guerre »

Au début de l'été 1914, se développe et s'intensifie une vague de patriotisme et de chauvinisme orchestrée par les campagnes de presse calomnieuses qui se déchaînent contre JAURÈS et tous ceux, pacifistes internationalistes, qui estiment que «le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage »

J. JAURÈS est dénoncé comme « traître à la Patrie » 
La presse fourmille de propos haineux.
«L'Action française» : «vieille danseuse Jeanne JAURÈS, porte-parole de GUILLAUME II»
Paul DÉROULÈDE : «Je vous tiens, vous Monsieur Jaurès, pour le plus odieux pervertisseur de consciences qui ait jamais fait en France, le jeu de l’étranger».
Léon DAUDET le désigne comme l'homme à abattre écrivant :
«Nous ne voudrions déterminer personne à l'assassinat politique, mais que Jean JAURÈS soit pris de tremblements !»

Charles PÉGUY déclare : «Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons, sera de fusiller JAURÈS.»
Urbain GOHIER, qui finira comme publiciste antisémite sous Vichy, écrit
«Herr Jaurès ne vaut pas les douze balles du peloton d’exécution ; une corde à fourrage suffira ».

Le 31 juillet 1914, Raoul VILLAIN exécute la sentence en assassinant JAURÈS.

Raoul Villain n’ira pas faire cette guerre qu’il désirait si ardemment, et ne perdra pas la vie aux côtés des 1 300 000 soldats français morts sur le champ d'horreur.
Raoul VILLAIN est lié au mouvement «LE SILLON», fondé en 1894 par le journaliste démocrate-chrétien Marc SANGNIER. Ce dernier, lors du procès VILLAIN, en 1919, sera témoin de moralité.
Raoul VILLAIN sera acquitté, la veuve de JAURÈS condamnée aux dépens.

L'Union sacrée patriotique s’est donc constituée avec le sang de Jean JAURÈS.
  • JAURÈS fut le premier exécuté pour l'exemple de la guerre de 14-18.
  • JAURÈS éliminé, POINCARÉ appelle à la mobilisation, utilisant pour la 1ère fois le terme dUnion sacrée» le 4 août 1914 : Radicaux, catholiques et nationalistes… Dirigeants Socialistes et responsables syndicalistes s'y rallient pour «défendre la patrie »

  • JAURÈS éliminé, l'incendie est allumé : durant 4 années, les masses laborieuses, des campagnes et des villes, vont payer un lourd tribut à cette guerre infâme.
Le militarisme tuera des millions d'hommes.
Et, parmi eux, les généraux feront fusiller pour l'exemple 650 soldats français qui tomberont sous les balles françaises.

Comme le formule CONDORCET :
«On ne doit aux morts que ce qui est utile aux vivants :
la vérité et la justice »

Force est de constater que, de nos jours encore, des récupérations fallacieuses, des mensonges concernant la mémoire de JAURÈS sont distillés.

Notre camarade, Jean-Marc SCHIAPPA, lors de l'émission de la Libre Pensée du 13 juillet 2014 sur France culture, a bien mis en lumière les faussaires d'aujourd'hui.

Je le cite : « Aujourd'hui, tout le monde est jaurésien de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par l'extrême centre. »

Ainsi, l’ancien ministre Vincent PEILLON qui affirme que «JAURÈS va faire l'unité … c'est pourtant une de ses actions les plus discutables et les plus contestables.» 
Or, en 1905, comme le rappelle J.M. SCHIAPPA : «Les congressistes qui fondent la S.F.I.O. avec JAURÈS affirment leur commun désir de fonder un parti de lutte de classe...» (article 1er de la déclaration de principe)

Faussaires d'aujourd'hui qui se réfèrent benoîtement au fondateur du Sillon, Marc SANGNIER, démocrate-chrétien, le défenseur de VILLAIN

Dont l’action politique préfigure l’Union Européenne, cette Europe vaticane, dont les directives détruisent, années après années, les services publics, les acquis et les droits conquis par la classe ouvrière.

Qui s’étonnerait alors de la préférence de M. Manuel VALLS, Premier ministre, pour CLEMENCEAU au détriment de JAURÈS ?

Faut-il rappeler que G. CLEMENCEAU, ministre de l'Intérieur de 1906 à 1909, sera le briseur des grèves de 1907 et 1908 ?
CLEMENCEAU qui s'exprimait ainsi : «Vous êtes derrière une barricade, moi je suis devant. Votre moyen d'action c'est le désordre. Mon devoir c'est de faire de l'ordre... »

J. JAURÈS sera une seconde fois exécuté, le 7 novembre 2013, quand les plus hautes autorités de l'État ne citent pas son nom lors du lancement des commémorations du centenaire de la guerre 1914-1918…

Il en est de même pour ce qui est du refus de la réhabilitation collective des 650 fusillés pour l'exemple de 14-18 :

  • C'est un combat pour la justice et la liberté que la Libre Pensée mène depuis 25 ans, avec l'Association Républicaine des Anciens Combattants (A.R.A.C.), l'Union Pacifiste de France (U.P.F.) le Mouvement de la Paix, des sections de la Ligue des Droits de l'Homme, des Unions départementales de la CGT et de la Cgt-FO, dans la continuité de Ferdinand BUISSON qui a impulsé, dès 1915, le combat pour cette réhabilitation collective.

Le 6 novembre 2013, en ce même lieu, la Fédération du Cantal de la Libre Pensée a été à l'initiative d'un rassemblement pour la réhabilitation collective des 650 fusillés pour l'exemple de 14-18.

  • A cette occasion a été lue la déclaration commune des Unions départementales Cgt-FO et CGT du Cantal en faveur de cette réhabilitation.

Force est de constater que François Hollande s'est inscrit dans les pas de son prédécesseur en refusant cette réhabilitation collective.

C'est pourquoi, indigné de l'attitude du Président de la République qui a renié son engagement de Président du Conseil général de la Corrèze, le Congrès national de la Libre Pensée, réuni à NANCY, du 9 au 12 juillet 2014, déclare :
«Au nom d’une certaine conception de la République, la Libre Pensée, avec tous ceux qui le voudront à ses côtés, honorera et réhabilitera symboliquement les 650 Fusillés pour l’exemple dans une action incessante et féconde, pendant tout le centenaire de la Première Guerre mondiale.
Nous mettrons tout en œuvre pour élever, sur la ligne de front, un monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple et à toutes les victimes de la guerre morts par la France. La Libre Pensée prendra l’initiative d’une souscription nationale pour l’érection de ce monument, renouant ainsi avec la tradition des monuments pacifistes élevés entre les deux guerres mondiales.

La Libre Pensée entend continuer son combat de justice à l’aide de l’histoire, elle entend informer les citoyens. Elle ne cessera d’agir pour obtenir la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple. Dans ce sens elle appelle ses fédérations départementales à amplifier leur action afin d’obtenir des vœux et motions des Conseils municipaux, Conseils généraux et Conseils régionaux.

A la faveur de la commémoration du centième anniversaire de la Première Guerre mondiale, nous portons et continuerons de porter haut et fort cette exigence de réhabilitation. On ne nous fera pas taire, ni renoncer.»

Nous resterons fidèles à la mémoire du militant socialiste,
Au combat pacifiste internationaliste de Jean JAURÈS.

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