samedi 16 mai 2015

Pourquoi, comment et où le vrai Robert Ménard était connu depuis 2007

Venezuela. Le 28 mai 2007 à 10 heures. Robert Ménard, personnalité mondialement super-médiatisée donnait une conférence de presse antichaviste à l’hôtel Hilton de Caracas. Depuis l’arrivée d’Hugo Chavez au pouvoir, le Venezuela ne comptait aucun journaliste tué, ou emprisonné, aucun journal censuré ou fermé (pas même RCTV !).
Ailleurs, en Amérique-latine, ils tombaient comme des mouches (moins qu’en Irak, tout de même). Mais Robert Ménard, financé par des officines écrans de la CIA, n’allait pas embêter ses sponsors avec ça.
La conférence se passa assez mal pour lui, d’après ce que m’en ont dit Christophe Ventura (de « Mémoire des luttes ») et notre collaborateur Romain Migus, car des journalistes eurent l’effronterie de lui demander où il était en 2002 quand les putschistes fermaient des médias, brisaient leur matériel, pourchassaient, frappaient et arrêtaient des journalistes vénézuéliens. La vérité est que RSF soutenait le putsch, comme on le verra ci-après sous la plume de notre ami Thierry Deronne, journaliste en poste à Caracas.
Venezuela. Le 28 mai 2007 à 10 heures. Au moment précis où Robert Ménard déblatérait au Hilton de Caracas, je me trouvais dans le bureau de Eleazar Diàz Rangel, directeur du quotidien vénézuélien : Ultimas Noticias (Dernières Nouvelles). C’est un quotidien qui compte par son prestige (on peut le comparer à ce que fut Le Monde de Beuve-Méry) et par son tirage (près de 300 000 exemplaires au Venezuela et des lecteurs dans pratiquement tous les pays latino-américains, le troisième tirage sur toute l’Amérique latine où l’on trouve des pays immenses et très peuplés comme le Brésil, l’Argentine, le Mexique). Même si Eleazar Diàz Rangel était un ami de Chàvez, ce journal s’attache à observer une neutralité politique concrétisée par la publication de points de vue et de tribunes d’auteurs de tous bords. Ses journalistes couvrent pratiquement tout l’éventail des opinions politiques en présence dans le pays. Dans ses pages, une sorte d’équilibre existe, que chaque camp conteste peu ou prou, mais qui tranche dans le paysage médiatique du Venezuela où la presse a souvent la forme d’un outil de propagande musclée.
Pour tout dire, Ultimas Noticias compte dans ses rangs un peu plus de journalistes hostiles à Chávez que de « chavistes » et le décompte des articles et tribunes politiques montrent que le pouvoir est légèrement désavantagé.
Pour les besoins d’écriture de mon livre sur RSF, j’enquêtais depuis deux ans sur cette ONG (sic) qui, avec un acharnement terrible, avait pris pour cible le Venezuela. J’avais arraché ce rendez-vous via une journaliste de Ultimas Noticias dont le mari fit ses études à Toulouse où je vis. Mon objectif était d’obtenir de ce journal qu’il ne se contente pas de rendre compte de la conférence de presse ménardienne, mais qu’il donne à lire un point de vue sur RSF. J’ai donc raconté au doctor Eleazar Diàz Rangel, ce que je savais de cette « ONG » française. Je me recommandai de sa journaliste avec qui j’avais dîné à Caracas quelques jours plus tôt et de Thierry Deronne. Il me laissa parler pendant une demi-heure, puis décrocha son téléphone pour faire venir dans son bureau un photographe et un journaliste.
Le lendemain, une page intérieure de Ultimas Noticias était divisée en trois partie : publicité et deux articles sur RSF. Le premier, orné d’une photo de l’escritor francès, annonçait en gros et gras caractères que RSF sert les intérêts des Etats-Unis d’Amérique et était souligné d’un sous-titre sur ses sources de financement (suivez mon regard). Le second, en dessous, deux fois plus court et coiffé d’un titre maigre, apprenait aux lecteurs que, selon Ménard, la « fermeture » (sic) de RCTV est une décision politique.
Depuis, Reporters sans frontières a résolument classé Últimas Noticias parmi les journaux chavistes. Ce qui peut tromper les citoyens français, mais pas nos frères latino-américains.
Maxime Vivas

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