brassés par chaque élection présidentielle,
vont-ils se traduire au deuxième tour du
grand rendez-vous quinquennal ? S’il paraît
peu probable qu’ils aillent vers un président
sortant dont la politique a creusé le fossé entre
les riches et les autres, il n’est pas sûr non plus
qu’ils profitent à un candidat remarquablement
absent des derniers mouvements
sociaux et dont la famille politique a déjà largement
prouvé qu’elle était capable de fracturer
le corps social aussi bien, et peut-être
mieux, que la droite libérale. Au-delà des
mouvements dans les coulisses et des tractations
miteuses, le prochain chef suprême,
quel qu’il soit, devra composer avec 6 millions
d’électeurs et d’électrices du Front national. Le
fascisme, qui prospère sur fond de crises économiques
et se nourrit lui aussi des « envies
d’autre chose », ce néofascisme, donc, a de
beaux jours devant lui. Et de tous les politiciens
de profession qui jouent, depuis des
années, sur l’idée de « changement », de
« rupture », voire de « révolution », c’est le
clan Le Pen qui, manifestement, excelle. Il va
de soi que le gros de l’électorat frontiste, laissés-
pour-compte issus des classes populaires,
est le dindon de la farce, d’autant plus tristement
cocasse que Marine Le Pen est un pur
produit de la bourgeoisie d’après-guerre et
qu’elle n’a aucune idée des fins de mois difficiles.
Alors, entre le vote protestataire qui
ragaillardit la bête immonde et l’abstention
vide de sens – quand détachée d’un projet et
d’une proposition politiques –, les anarchistes
sont les dépositaires d’une tâche cruciale :
démontrer, en actes, que le fédéralisme libertaire,
la démocratie directe, l’autogestion sont
non seulement possibles, mais les seuls
garants d’un avenir pour une humanité en
marche vers son émancipation.
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