En réponse à des délires moralisateurs qui sévissent sur le net :
Il est historiquement totalement faux que « les communistes n'ont pas voulu choisir entre Hitler et les sociaux-démocrates » parce qu'on ne leur a pas proposé un tel choix. Le SPD (Parti social-démocrate allemand), qui avait utilisé les proto-nazis des corps-francs pour massacrer les communistes en 1919, a voté contre Hitler pour Hindenburg, vieille ganache ultra droitière comme moindre mal, qui a été élu, et qui a appelé Hitler au pouvoir quelques semaines plus tard, où il a interdit le KPD (parti communiste allemand), puis les autres partis d'opposition. Hitler n'a donc pas non plus été "démocratiquement élu", répéter cela c'est ignorance pure. Il a été choisi par l'élite qui l'a placé au pouvoir pour qu'il puisse faire son coup d'État.
S'imaginer qu'on est une espèce de résistant parce qu'on a voté Macron est trop bête et ridicule pour mériter un commentaire.
Par ailleurs, si Marine Le Pen était un danger pour la pseudo-démocratie de marché qui fait les délices de la go-goche, son parti aurait été interdit depuis longtemps. C'est un épouvantail pour petits-bourgeois, et un leurre pour prolos. La comparaison avec le parti nazi en 1933 témoigne d'une ignorance crasse teintée de mauvaise foi absolue : le parti nazi était appuyé par les mêmes forces économiques et médiatiques qui nous ont imposé Macron, et par l'armée, par les structures de l'État, et il faisait régner la terreur dans la rue.
Les gens qui s'enflent d'indignation contre l'abstention et le vote blanc auraient mieux fait d'essayer de convaincre les gens de ne pas voter Le Pen que de vouloir forcer les gens à voter Macron. Et s'ils avaient aussi peur de Marine Le Pen qu'ils disent, pourquoi n'ont-ils pas voté Mélenchon au premier tour?
Mais ils ont eu finalement ce qu'ils désiraient vraiment : un nouveau bail pour le capitalisme.
Quant à ceux qui pensent que le vote Macron, malgré tout, a préservé les libertés publiques, ils se trompent : le niveau de répression de la loi Khomri, qu'il avait directement inspirée, devrait rester dans les mémoires moins d'un an après. Le résultat le meilleur de ce point de vue aurait été qu'il gagne avec un ou deux millions de voix d'avance, et non dix ! maintenant, lui, et surtout la clique de technocrates libéraux qui l'entoure vont se croire tout permis. Un tel résultat impliquait de prendre le risque (très modéré) d'une victoire de Marine Le Pen, sachant qu'elle n'avait en main aucun des instruments qui ont permis aux fascistes et aux nazis d'instaurer la dictature en 1922 et en 1933.
Il est d'ailleurs curieux de voir tant de défenseurs de la démocratie du bulletin de vote ne pas s'inquiéter d'une situation où l'un des deux candidats parait exclu a priori de la victoire (et l'a d'ailleurs intériorisé). Ce n'est pas la peine de s'égosiller contre la menace de la dictature si elle existe déjà.
Ils ne comprennent pas qu'il ne fallait pas voter pour Marine Le Pen, non parce qu'elle serait une émanation du démon, mais pour les mêmes raisons qu'il ne fallait pas voter pour Macron : c'est une ennemie des travailleurs, ni plus, ni moins.
Gilles Questiaux
Le 8 mai 2017
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