samedi 1 mars 2014

Ouganda: le président a finalement promulgué une loi antihomosexualité controversée

 



24-02-2014 14:26:41
Pays : UGA
AEAE

FRS1375 0711 /AFP-SD93

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ENTEBBE (Ouganda), 24 fév 2014 (AFP) - Au risque d'irriter son allié américain, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué lundi une loi controversée durcissant la répression de l'homosexualité, disant rejeter les diktats de l'Occident.

"Le président vient de signer la loi anti-homosexualité (...) la loi entre de ce fait en vigueur", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la présidence, Sarah Kagingo.

Les relations homosexuelles sont déjà passibles de la prison à vie en Ouganda mais cette législation, adoptée à une écrasante majorité le 20 décembre par le Parlement, interdit notamment toute "promotion" de l'homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s'affichant homosexuel(le).

Elle a suscité des critiques virulentes de la part des défenseurs des droits de l'homme et des principaux partenaires occidentaux de l'Ouganda, même si ses dispositions les plus controversées, prévoyant la peine de mort en cas de récidive ou de rapport avec un mineur ou en se sachant porteur du virus du sida, ont été abandonnées.

Washington, allié-clé de Kampala, a notamment averti que cette loi "compliquerait (ses) relations" avec l'Ouganda - sans autre précision - et des ONG internationales ont appelé les partenaires de l'Ouganda à reconsidérer leur aide.

"Le projet de loi antihomosexualité en Ouganda, une fois promulgué, sera plus qu'un affront et un danger pour la communauté gay d'Ouganda. Ce sera un pas en arrière pour tous les Ougandais", avait déclaré le 16 février le président Barack Obama.

Mais le président ougandais a assuré ne pas se laisser impressionner.

"Les étrangers ne peuvent pas nous donner des ordres. C'est notre pays (...) Ils doivent être avec nous, s'ils ne le veulent pas qu'ils gardent leur aide", a-t-il déclaré après avoir paraphé la loi, "je conseille aux amis occidentaux de ne pas faire (du sujet) un problème" car "ils ont beaucoup à perdre".

"Imposer des valeurs sociales d'un groupe à notre société, c'est de l'impérialisme social. Maintenant vous nous dites que nous devrions vivre comme vous. Pas du tout!", a poursuivi le président Museveni, dont le gouvernement fait déjà l'objet de sévères critiques occidentales pour sa corruption endémique et le sort réservé aux homosexuels.



- "La bouche pas faite pour le sexe" -

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Il a accusé une partie des homosexuels de l'être "pour des raisons mercenaires", les autres l'étant devenus par un "mélange d'inné - des éléments génétiques - et d'acquis".

"Aucune étude ne montre que vous pouvez être homosexuel par nature. C'est pourquoi, j'ai accepté de promulguer la loi", a-t-il poursuivi.

Le président ougandais, au pouvoir depuis 1986 et chrétien évangélique à la piété affichée, avait initialement indiqué qu'il ne promulguerait pas la loi antihomosexualité car il est "mal de punir une personne parce qu'elle est anormale" et qualifié les homosexuels de "malades".

Il avait ensuite annoncé avoir changé d'avis après consultation d'un groupe de "scientifiques" qui lui ont assuré que l'homosexualité était "comportementale, pas génétique".

Lundi, il a également fustigé le sexe oral, pratique selon lui encouragée par le monde occidental. "La bouche sert à manger, elle n'est pas faite pour le sexe. Je veux mettre en garde nos enfants", a-t-il lancé.

Les homosexuels sont l'objet de persécutions et de violences pouvant aller jusqu'au meurtre en Ouganda, pays où l'homophobie est largement propagée par les très influentes Eglises évangéliques.

M. Museveni avait déjà début février promulgué une loi antipornographie, interdisant notamment certaines manières de s'habiller "provocatrices", bannissant les artistes légèrement vêtus de la télévision ougandaise et surveillant de près les sites consultés par les internautes.

Lundi, le député David Bahati, auteur de la loi antihomosexualité, a estimé que sa promulgation "était le moment que le monde attendait" en Ouganda.

"Nous remercions le président pour avoir pris cette décision courageuse, malgré les pressions de certaines organisations occidentales", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le Prix Nobel de la Paix sud-africain Desmond Tutu avait estimé dimanche que la loi rappelait les tentatives des Nazis et du régime d'apartheid de "légiférer contre l'amour", et Amnesty international l'a qualifiée d'"horrible extension de l'homophobie d'Etat" en Ouganda.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a dit craindre que cette loi "ne ramène l'Ouganda en arrière".

En 2011, David Kato, figure de la cause homosexuelle en Ouganda, avait été battu à mort chez lui, trois mois après la parution dans un magazine de son nom et ceux d'autres homosexuels sous le titre "Pendez-les".

str-ayv/jlb

AFP 241426 FEV 14

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