lundi 6 juillet 2015

quand un pape béatifie un nazi croate !



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Béatifier un protecteur de nazis ?
Ce pape bonhomme à l'air si sympathique, vient-il de faire sa première erreur ou subit-il la pression de sa curie, en tout cas ce qu'il vient de laisser faire, qui avait il est vrai été initié par son prédécesseur, ressemble fort à une bévue. Car après avoir béatifié Jean-Paul II, réactionnaire ayant repoussé pendant des décennies l'évolution de l'Eglise, le voilà qu'il admet celle d'un personnage dont on ne peut ignorer le rôle historique après la seconde guerre mondiale. Car avant d'être élu pape sous le nom de Paul VI, l'homme s'appelait Giovanni Battista Montini, et c'est sous ce nom qu'il avait sévit comme organisateur de ce qu'on a appelé la "route des rats", à savoir a fuite vers l'étranger de nazis, protégés par l'Eglise catholique, enfuis après-guerre vers l'Argentine, notamment. Et cela, celui qui s'est appelé avant de devenir François le cardinal Bergoglio devrait pourtant le savoir : c'est en effet le premier pape argentin de l'histoire ! Il était aux premières loges, dans sa jeunesse, lorsque les nazis sont arrivés en masse à Bariloche (en 1946, il n'avait que 10 ans) !
Le pape Jean Paul II a effectué un voyage en Croatie du 2 au 4 octobre 1998. Cette visite a eu pour objectif la béatification du cardinal croate Alojzije Stepinac.
En 1941, la Yougoslavie est découpée par l'Allemagne et l'Italie et on voit apparaître un nouvel état indépendant: la Croatie. Cette nation à majorité catholique sera un satellite des états fascistes avec à sa tête Ante Pavelitch qui visera à éliminer la minorité serbe orthodoxe. Trois options s'offrent aux serbes vivant sur le sol croate: la fuite, la conversion au catholicisme, la mort. Le gouvernement croate procéda donc à des massacres d'une horreur similaire à celle des nazis, massacres qui n'ont pu se réaliser que sous la bienveillance de l'Eglise catholique, avec parfois sa participation active.
Le plus haut dignitaire de l'Eglise croate était alors Mgr Stepinac qui faisait aussi partie du Parlement oustachi, ses parades aux cotés des fascistes étaient donc fréquentes. Son ambition d'une Croatie indépendante et catholique trouve donc tout naturellement un allié de premier plan en la personne du bourreau Pavelitch. Pendant les quatre années d'existence de cet état croate, l'horreur sera quotidienne: des villages détruits, des centaines de milliers d'orthodoxes massacrés pour assurer la suprématie de la Croatie catholique.
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 Jamais Mgr Stepinac ne protesta contre cette barbarie, les nombreuses conversions d'orthodoxes étant plutôt synonymes de l'efficacité de cette politique. Une efficacité qui n'était pas inconnue au Vatican, la complaisance de Pie XII étant assurée. La pape ne manquait pas d'adresser des messages d'estime à Pavelitch en 1941-1943, les exactions croates étaient pourtant bien connues.
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Lorsque l'état croate sentit venir sa fin, Mgr Stepinac cacha dans sa résidence les archives du gouvernement ainsi qu'une précieuse cargaison d'or, résultat des pillages des possessions serbes. Après la fin de la guerre, Pavelitch trouva refuge dans divers couvents pendant que Stepinac ne reniait rien de son passé et donnait asile aux tortionnaires. En septembre 1946, il fut arrêté par le gouvernement communiste (qui n'a pas plus de leçons à donner en matière de démocratie) et condamné à 16 ans de travaux forcés. En 1953 Mgr Stepinac se voit récompensé du titre de cardinal par Pie XII qui continuait de l'assurer de son soutien. Il décéda en résidence surveillée en 1960.
Le pape Jean Paul II a béatifié le cardinal le 3 octobre 1998, au sanctuaire de Marija Bistria, près de Zagreb. Jean Paul II a décrit le cardinal comme un martyr "qui a souffert des atrocités du communisme dans sa chair et son esprit" se référant à son emprisonnement par Tito. Célébrée devant 400000 personnes, cette béatification consolida ainsi le nationalisme croate, incarné par le président Franjo Tudjman, dont la religion catholique en est inséparable. Dans un régime où la liberté de la presse est malmenée, des éclaircissements sur le rôle de l'Eglise catholique croate pendant les années 1941-1943 auraient été les bienvenus mais le pape n'a pas cru bon de s'exprimer sur ce point. Son souhait a plutôt été que le peuple croate se tourne résolument vers l'avenir et se guérisse des haines passées (=la guerre en Yougoslavie des années 1990). Mais aucune demande de pardon envers les juifs, les tziganes et les serbes orthodoxes persécutés sous le régime de Pavelic n'a été entendue dans le discours papal. Stepinac reste donc un héros de l'anticommunisme dans un passé fasciste que le pape s'est efforcé d'ignorer.
La béatification de Mgr Stepinac montre donc bien que les pseudos déclarations de repentance de l'Eglise catholique sur ses activités lors de la seconde guerre ne sont que des leurres. Le passé ne peut s'effacer ainsi. Cette béatification est une suite logique à celle prononcée en mai 1996 pour le cardinal Schuster qui constitua un réel soutien à Mussolini dans les années 30.

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