Vous qui aviez l’habitude d’acheter des produits naturels pour l’alternative qu’ils constituent aux traitements chimiques, préparez-vous à les voir disparaître du marché d’ici septembre 2012 (2022 pour les produits portant une marque de fabrique ou un nom commercial). Pourquoi ? Parce qu’un règlement européen (1924/2006/CE) concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires s’apprête à prendre effet.
Ce règlement pose problème à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il interdit PAR PRINCIPE toute allégation de santé sur les denrées alimentaires : les exceptions seront décidées par l’EFSA (European Food Safety Authority). Elle basera ses autorisations sur de complexes dossiers de « demande d’allégation » qui coûtent des milliers d’euros d’expertises. Aucun problème pour les grands groupes agro-alimentaires et pharma-industriels, mais les nombreux petits producteurs ne pourront évidemment pas faire face et mettront la clé sous la porte, laissant le champ libre à ces groupes.
Ce qui nous amène au deuxième problème, qui est une réduction drastique du choix dans les produits naturels à visée thérapeutique, au profit du monopole détenu par l’industrie pharmaceutique. Le but est on ne peut plus clair : couper court au développement de toute alternative thérapeutique afin de favoriser la médecine allopathique, là où elle n’est pourtant pas toujours essentielle. De plus, qui dit réduction de la diversité des produits dit augmentation de leurs prix. Ces derniers échapperont aux bourses les plus légères qui n’ayant pas d’alternatives, devront se reporter sur les médicaments chimiques.
L’IPSN (Institut pour la Protection de la Santé Naturelle) dénonce ce règlement et demande la signature d’une pétition dans le cadre de la procédure du référendum d’initiative populaire. N’allons pas croire que cette initiative s’inscrive dans les seuls intérêts des petits producteurs et des consommateurs ; il s’agit là aussi d’un collectif de directeurs de laboratoires dirigés par un consultant d’un cabinet de lobbying, élaborant certes des produits naturels, mais dans le but évident de faire du profit sur notre dos.
Dans ce combat entre géants du lobbying, que devient le consommateur ? Encore une fois entre le marteau et l’enclume, il attend servilement le résultat du match. Sortons de notre esclavage, devenons maîtres de notre santé. En attendant une hypothétique révolution sociale qui exproprie les laboratoires pharmaceutiques et réoriente la recherche autour des besoins réels de santé des populations, il nous est d’ores et déjà possible de nous réapproprier bien des savoirs connus de nos ancien-ne-s, concernant l’usage des plantes médicinales. Soyons curieux de ce que la nature a à nous offrir… et partageons nos connaissances avec nos voisins, dans la lutte pour l’indépendance vis-à-vis des industriels et des institutions. Une lutte qui s’inscrit plus globalement contre l’accaparement du vivant par les groupes capitalistes, et peut rejoindre celle que mènent de nombreuses associations contre les lobbys semenciers.
Le groupe Pavillon Noir a proposé le 30 mai dernier une visite du jardin botanique de Poitiers, avec une description des innombrables usages alimentaires, condimentaires et médicinaux des espèces végétales présentes dans ce jardin, accompagnée des précautions indispensables à prendre dans l’automédication. Une brochure résumée est d’ores et déjà disponible sur un nouvel onglet du site du groupe*. Le descriptif d’autres plantes courantes suivra.
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