Question incongrue car la doctrine sociale de l'Eglise s'est théologiquement et historiquement forgée contre le communisme et le socialisme. Mais le choix de François Bayrou de voter pour François Hollande pose la question de façon nouvelle, et crue, à la veille d'un scrutin présidentiel décisif.
Bien sur, la doctrine sociale de l'Eglise - son corpus d'enseignement politique et social - n'est pas à confondre avec la démocratie chrétienne. Et la démocratie chrétienne dépasse largement le MoDem, le parti centriste de François Bayrou. Mais jusque là, tant en France, qu'en Allemagne ou en Italie, cette famille politique s'était toujours positionnée, en ultime analyse, au centre droit. Jamais à gauche.
Le choix de François Bayrou marque donc une rupture. Certes, l'héritier de cette vaste famille centriste, s'est éloigné, il y a longtemps, de la démocratie chrétienne. La création, par Christine Boutin, d'un explicite Parti Chrétien Démocrate, l'a d'ailleurs attesté.
Toujours à distance du socialisme
Mais mis à part un certain clergé et une certaine intelligentsia catholique ostensiblement à gauche, l'Eglise catholique s'est toujours gardée, avec soin, du socialisme ou de la sociale démocratie.
Pourquoi ce Rubicon ne pouvait être franchi ?
La raison vient de la clé de voute de cette vision. Elle est aussi simple que peu connue : contrairement au socialisme qui place « l'Etat » au cœur de l'édification de la société, l'Eglise place « la personne humaine » comme le garant fondamental de la société.
Autrement dit, le moteur de la société n'est pas dans la structure mais dans la responsabilité et la liberté des personnes.
Responsabilité et liberté « personnelles », et non « individuelles » : ce qui pousse la doctrine sociale a récuser le libéralisme à tout va.
Responsabilité et liberté « personnelles », et non « collectives » : ce qui conduit cette pensée à récuser le socialisme pur et dur.
Cette position n'est pas pour autant un « ni, ni ». Car la doctrine sociale de l'Eglise promeut la justice sociale. Mais pas à la façon socialiste. Et c'est là une autre grande différence que les catholiques de gauche récusent.
Une différence capitale
Quelle est cette différence capitale ? Si, dans la doctrine sociale de l'Eglise, l'Etat a la responsabilité de la redistribution des richesses, ce sont bien les entreprises, petites, moyennes et grandes - et donc l'esprit d'initiative et de responsabilité personnelles - qui doit produire ces richesses. Et non l'économie encadrée, de près ou de loin, par l'Etat.
Des responsables d'entreprises qu'il importe d'encourager et de soutenir sur qui repose aussi la responsabilité du dialogue social avec les syndicats.
On trouve en Europe, deux illustrations concrètes de ce style où souci social et souci économique sont combinés avec souplesse dans un tissu d'entreprises souvent familiales, vecteurs de richesses pour leur région et extrêmement dynamiques sur le plan technologique et commercial : l'Italie (au nord de Rome) et l'Allemagne.
Ce raccourci est évidemment simpliste. Il faudrait ajouter beaucoup d'autres raisons pour comprendre la différence entre doctrine sociale de l'Eglise et le socialisme actuel : du coté de l'éthique (mariage gay, euthanasie), du côté de laïcité et dans bien d'autres secteurs.
Discernement
Mais ces deux conceptions, apparemment proches, sous l'angle de la justice sociale, sont philosophiquement très opposées.
Concrètement l'Eglise ne donne plus de consignes de votes. Personne ne les suivrait d'ailleurs. Elle a publié en octobre dernier, des critères de discernement intéressants mais tellement détaillés qu'ils peuvent convenir à toutes les opinions...
La curiosité est de voir la difficulté de l'Eglise de France à hiérarchiser ses propres critères. Comme si elle refusait de montrer son opinion. Certains évêques s'y sont risqués récemment. Ils ont été aussitôt critiqués, à la gauche de l'Eglise, pour leur choix.
Dans certains milieux ecclésiaux c'est toujours un quasi péché de voter à droite. Les catholiques votent pourtant majoritairement en ce sens.
Bien sur, la doctrine sociale de l'Eglise - son corpus d'enseignement politique et social - n'est pas à confondre avec la démocratie chrétienne. Et la démocratie chrétienne dépasse largement le MoDem, le parti centriste de François Bayrou. Mais jusque là, tant en France, qu'en Allemagne ou en Italie, cette famille politique s'était toujours positionnée, en ultime analyse, au centre droit. Jamais à gauche.
Le choix de François Bayrou marque donc une rupture. Certes, l'héritier de cette vaste famille centriste, s'est éloigné, il y a longtemps, de la démocratie chrétienne. La création, par Christine Boutin, d'un explicite Parti Chrétien Démocrate, l'a d'ailleurs attesté.
Toujours à distance du socialisme
Mais mis à part un certain clergé et une certaine intelligentsia catholique ostensiblement à gauche, l'Eglise catholique s'est toujours gardée, avec soin, du socialisme ou de la sociale démocratie.
Pourquoi ce Rubicon ne pouvait être franchi ?
La raison vient de la clé de voute de cette vision. Elle est aussi simple que peu connue : contrairement au socialisme qui place « l'Etat » au cœur de l'édification de la société, l'Eglise place « la personne humaine » comme le garant fondamental de la société.
Autrement dit, le moteur de la société n'est pas dans la structure mais dans la responsabilité et la liberté des personnes.
Responsabilité et liberté « personnelles », et non « individuelles » : ce qui pousse la doctrine sociale a récuser le libéralisme à tout va.
Responsabilité et liberté « personnelles », et non « collectives » : ce qui conduit cette pensée à récuser le socialisme pur et dur.
Cette position n'est pas pour autant un « ni, ni ». Car la doctrine sociale de l'Eglise promeut la justice sociale. Mais pas à la façon socialiste. Et c'est là une autre grande différence que les catholiques de gauche récusent.
Une différence capitale
Quelle est cette différence capitale ? Si, dans la doctrine sociale de l'Eglise, l'Etat a la responsabilité de la redistribution des richesses, ce sont bien les entreprises, petites, moyennes et grandes - et donc l'esprit d'initiative et de responsabilité personnelles - qui doit produire ces richesses. Et non l'économie encadrée, de près ou de loin, par l'Etat.
Des responsables d'entreprises qu'il importe d'encourager et de soutenir sur qui repose aussi la responsabilité du dialogue social avec les syndicats.
On trouve en Europe, deux illustrations concrètes de ce style où souci social et souci économique sont combinés avec souplesse dans un tissu d'entreprises souvent familiales, vecteurs de richesses pour leur région et extrêmement dynamiques sur le plan technologique et commercial : l'Italie (au nord de Rome) et l'Allemagne.
Ce raccourci est évidemment simpliste. Il faudrait ajouter beaucoup d'autres raisons pour comprendre la différence entre doctrine sociale de l'Eglise et le socialisme actuel : du coté de l'éthique (mariage gay, euthanasie), du côté de laïcité et dans bien d'autres secteurs.
Discernement
Mais ces deux conceptions, apparemment proches, sous l'angle de la justice sociale, sont philosophiquement très opposées.
Concrètement l'Eglise ne donne plus de consignes de votes. Personne ne les suivrait d'ailleurs. Elle a publié en octobre dernier, des critères de discernement intéressants mais tellement détaillés qu'ils peuvent convenir à toutes les opinions...
La curiosité est de voir la difficulté de l'Eglise de France à hiérarchiser ses propres critères. Comme si elle refusait de montrer son opinion. Certains évêques s'y sont risqués récemment. Ils ont été aussitôt critiqués, à la gauche de l'Eglise, pour leur choix.
Dans certains milieux ecclésiaux c'est toujours un quasi péché de voter à droite. Les catholiques votent pourtant majoritairement en ce sens.
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