mercredi 29 août 2012

Mon nom est personne

La cyberlutte des AnonymousDepuis quelque temps, les Anonymous sont au centre de l’actualité. Le 26 janvier dernier, trois supposés Anonymous ont été arrêtés et mis en examen après une enquête de la DCRI, malgré le manque flagrant de preuves. On raconte à leur propos tout et n’importe quoi. Pour comprendre ce que représentent les Anonymous, une mise au point s’impose.
1661Anonymous

À l’origine : 4chan
En 2003, Christopher Poole créé 4chan, un forum divisé en de nombreuses sous-parties indépendantes et thématiques (des sciences à la pornographie). La plus célèbre et la plus visitée,/b/« random », a une particularité : aucun thème défini et une modération qui se limite au respect des lois.
Aucune inscription n’est nécessaire pour poster un message sur 4chan, et le pseudo par défaut est : anonymous. Le forum est ainsi presque totalement anonyme. Ces caractéristiques fondent une identité collective qui nie totalement l’identité individuelle.
C’est dans la partie random que s’organisent les premières actions telles que la divulgation des informations personnelles d’un homme qui s’est filmé tabassant un chaton, l’intrusion massive à l’intérieur du jeu en réseau Habbo Hotel, ainsi que l’attaque de sites pédophiles.

De anonymous à Anonymous
En 2008, l’Église de scientologie diffuse puis censure une vidéo à destination interne. Mais elle refait surface, jusqu’à être diffusée sur 4chan. Pour certains habitués du forum, c’est une attaque directe contre la liberté d’expression, et c’est ce qui provoque la première apparition des Anonymous tels qu’on les connaît aujourd’hui, avec la symbolique toujours utilisée que l’on détaillera plus tard.
S’ensuit plusieurs attaques à l’encontre des sites de la scientologie qui les met hors service durant quelques jours. C’est aussi la première fois qu’ils apparaissent publiquement, dehors et masqués. C’est l’acte fondateur des Anonymous. Depuis, les actions se font de plus en plus nombreuses, dont la défense de Wikileaks, qui leur apporte une médiatisation sans précédent.


La symbolique des Anonymous
Ce qui réunit entre autres les Anonymous à travers le monde, c’est leur symbolique. Visuellement, le masque de V pour Vendetta, le costume sans tête. Aussi, ils signent toutes leurs interventions (communiqués, vidéos, etc.) par : « Nous sommes Anonymes. Nous sommes Légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous. » (« We are Anonymous. We are Legion. We do not forgive. We do not forget. Expect us. ») Leurs interventions sont toutes structurées et codifiées (constat, expression de l’opposition puis appel à l’action).
Le fait d’utiliser la symbolique et de se revendiquer comme tel suffit à « être » un Anonymous (en faisant bien sûr une action par internet).

Comment opèrent-ils ?
La quasi-totalité des attaques d’Anonymous sont des attaques DDoS (Distributed Denial of Service), c’est-à-dire par déni de service distribué (saturer un serveur par un grand nombre de connexions simultanées). Ces attaques utilisent le plus souvent un logiciel libre, gratuit : LOIC. À chaque attaque, tous les ordinateurs possédant le logiciel sont utilisés pour se connecter au site. Parfois, mais plus rarement, les données personnelles de gens ou d’entreprises (des nazis, des policiers, des membres d’un site, etc.) sont divulguées.

Comment « classer » les Anonymous ?
Le fait que n’importe qui peut se revendiquer comme tel implique qu’il ne peut exister aucune classification globale des Anonymous.
Cependant, on peut identifier des axes communs aux Anonymous. Tout d’abord, la défense absolue d’un internet libre est ce qui les relie. Ensuite, une grande solidarité avec tous les hackers (et surtout eux), par delà les frontières. Enfin, bien entendu, toutes les actions ont un lien avec internet.
Depuis le « début », la fréquence des actions n’a de cesse d’augmenter et il y a bien plus d’actions que celles relayées par les grands médias.
Comme actions emblématiques (mais aussi éclectiques), dans le désordre, on peut citer : l’attaque de Sony (avec divulgation des coordonnées personnelles), l’attaque des sites pédophiles, l’attaque de sites nazis allemands, la divulgation de noms de policiers autrichiens, le soutien aux prisonniers politiques pendant la révolution tunisienne, jusqu’à plus récemment des attaques en série et massives contre les différents sites des ministères liés à la question du copyright.
Donc des actions de types différents, à l’image de ceux qui sont, comme leur nom l’indique, Anonymes.


Quelles perspectives ?
À court terme, force est de constater que la fermeture de MegaUpload a constitué un tournant dans la cyberlutte sociale, et qu’aujourd’hui, s’il est difficile de prévoir les suites, il est clair que la lutte des Anonymous est en croissance exponentielle et n’est pas près de s’arrêter.
Les moyens d’action des Anonymous sont (relativement) accessibles à tous, bien qu’illégaux la plupart du temps. On a vu des Anonymous soutenir des Indignés (et autres Occupy). Cependant, les Anonymous dans leur ensemble ne représentent pas une perspective révolutionnaire, et ne remplaceront jamais les luttes sociales. Sans compter que ce qui fait l’essence des Anonymous est l’absence d’organisation, de ce fait ils sont cantonnés à une lutte réformiste.
Néanmoins, jusqu’à présent, les Anonymous ont défendu des valeurs proches des nôtres, aussi il nous semble intéressant de suivre ce mouvement et de ne pas rester passif. Il est important de ne pas se contenter d’une posture de spectateur bienveillant, mais de nous comporter en force agissante au sein de ce mouvement.

Bali, groupe Regard noir de la Fédération anarchiste
Anonymous «Lutte contre la surveillance constante»
Lire la vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=kG19Q9UnXE8

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