Après quinze jours d’hystérie médiatique, (qui n’est pas sans rappeler la séquence de la chemise arrachée du PDG d’Air France), il y a lieu de s’interroger sur les conditions des fameuses perquisitions du 16 octobre 2018. Il ne s’agit pas de nier l’erreur de comportement de Jean-Luc Mélenchon, qui a eu la faiblesse de tomber dans le piège qu’on lui a tendu, mais d’essayer de reconstruire l’enchaînement des évènements.
Il
faut pour cela garder constamment à l’esprit la perspective des
prochaines élections européennes (puis municipales) pour lesquelles
le pouvoir en place est en mauvaise posture. En effet le scrutin à
un seul tour n’est pas favorable au pouvoir macronien. Il exclut la
possibilité d’une « Union Nationale » ou « Front
Républicain » comme ce fut le cas lors des présidentielles.
Il faut préparer l’opinion à choisir entre le RN de Marine Le Pen
et LREM d’Emmanuel Macron sur le thème : « Moi ou le
chaos ! ».
L’histoire
commence le 22 novembre 2017 avec la démission fracassante de
Jean-Guy de Chalvron, mettant en avant des irrégularités
dans les comptes de Mélenchon, qui fait la Une des médias le 7
janvier 2018. Mais les comptes de campagne du candidat Macron
posent aussi problème en raison des sommes dépensées et des
remises exorbitantes, hors de toute proportion, qui lui ont été
consenties. Dans son interview par Jean-Michel APATHIE le 8 juin
2018 sur France Info, François Logerot, président de la
Commission, se livre à un véritable numéro d’équilibriste pour
justifier la validation des comptes du candidat Macron :
https://www.youtube.com/watch?v=eRzvLTvBgEU.
Son salaire par décret en date du 30 Mai se voit considérablement
augmenté, à quoi s’ajoutera désormais une indemnité annuelle de
9500 euros bruts. Le tout avec effet rétroactif au 1er janvier. (cf
Libération 8/06 ou Le Parisien 6/06). Les choses en restent là
jusqu’à l’été.
Depuis
des mois, Muriel Penicaud, ministre du Travail suscite
l’intérêt de quelques médias pour ses activités au sein de
« Business France » et « Creative France »
et ses relations avec Havas ; on parle aussi des plus-values
réalisées sur ses stocks-options, coïncidant avec le licenciement
de 900 personnes lorsqu’elle était DRH chez Danone
Survient
alors l’affaire Benalla : le 18 juillet Le Monde
identifie ce personnage parmi les forces de l’ordre au cours de la
manifestation du 1er mai précédent en train de molester
un manifestant.
Le
20 juillet, le domicile de M. BENALLA doit être perquisitionné ;
il est prévenu, il est présent, mais il n’a pas les clefs. On
reviendra donc demain et on appose des « scellés » (
aux dires de Ouest-France du 2 août, « un simple
autocollant, dont la présence ne suffit pas à empêcher l’accès »
Lors de la perquisition du lendemain, il s’avère que le
coffre-fort a disparu emportant avec lui ses secrets .
Après
Richard FERRAND, objet d’une information judiciaire en
janvier pour prise illégale d’intérêt, une enquête préliminaire
est engagée en août envers Françoise NYSSEN,
ministre de la Culture pour conflit d’intérêt et travaux non
déclarés. Elle partira lors du douloureux remaniement du 16 octobre
2018.
Le 8
Août, une plainte pou « prise illégale d’intérêt »
est déposée par Anticor contre Alexis Kohler, secrétaire
général de l’Elysée.
Le
28 août, Nicolas Hulot annonce sur France Inter sa démission du
gouvernement, dans les conditions que l’on sait.
Le 30
Août, retour dans le vieux monde avec la nomination de Philippe
Besson consul de France à Los Angeles. Cette nomination d’un
romancier au service de la campagne macronienne interpelle.
Laura
Flessel, ministre des sports quitte à son tour le gouvernement
le 4 septembre pour « raisons personnelles »
(liées sans doute à sa situation fiscale).
Le 18
septembre, dans un entretien à l’Express, Gérard Collomb,
ministre de l’intérieur annonce son intention de démissionner
pour se présenter aux élections municipales à Lyon. Le 1er
octobre il présente sa démission au président de la république,
qui la refuse ; mais il persiste et signe et démissionne le
4 octobre. Edouard Philippe, Premier ministre est alors nommé
ministre de l’intérieur par intérim.
Le 3 octobre, le Conseil des ministres annonce un décret modifiant les règles de nomination des recteurs, qui permettra de nommer le 24 octobre comme rectrice de l’académie de Versailles Charline Avenel, camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA.
Le président de la République intervient aussi dans la nomination le 3 Octobre de Rémy Heitz comme procureur général de Paris. Mediapart écrit à ce sujet : « La nomination de Rémy Heitz : le fait du prince. :Ce poste stratégique qui cumule de nombreuses affaires, est incontournable pour l'actuel locataire de l'Élysée. Des dossiers sensibles y seront traités et des réquisitions devront être prises dans les affaires "Bénalla", "Nyssen", "Pénicaud" etc...D'une certaine manière ce choix stratégique jette l'opprobre sur l'indépendance du parquet. »
Une
atmosphère de déliquescence s’installe ; le remaniement
ministériel se fera attendre 12 jours.
Le 12
octobre, Emmanuel MAUREL annonce son départ du PS pour se
rapprocher de la France Insoumise.
Le 13
octobre Marie-Noëlle LIENEMANN en fait de même. Ils sont
tous le deux sur toutes les chaînes d’info.
Le
gouvernement ne dispose toujours pas, depuis le 4 octobre, de
ministre de l’Intérieur en titre.
Les 14
et 15 Octobre, les habitants de l’Aude sont victimes
d’inondations les catastrophiques ; ils pleurent leurs 12
morts (le bilan définitif sera de 15). Ils devront attendre une
semaine, le 22 octobre, pour que le président vienne leur rendre
visite.
Le
16 octobre à 7 heures, a lieu une perquisition choc à la
France Insoumise et chez ses responsables ou présumés tels.
Dans la précipitation, Emmanuel Macron décide d’une
allocution ce jour là, qui doit passer impérativement au JT
de 20 heures. Cette allocution est visiblement mal préparée. Trois
prises successives sont réalisées. La dernière est conservée,
mais le résultat est calamiteux. Le président lit ses notes qui
sont raturées, dans une semi-obscurité et d’une voix mal assurée
qui surprend tout le monde ( cf Le Canard Enchaîné du 24/10 :
« L’ambiance crépusculaire de l’allocution télévisée
du chef de l’Etat a surpris plus d’un téléspectateur »).
Pourquoi
tant de précipitation ? Pourquoi ne pas attendre quelques jours
et se rendre plutôt aux côtés des sinistrés de l’Aude ?
Le
lendemain, 17 octobre, tous les médias seront focalisés sur
cette opération d’une envergure exceptionnelle et sur la réaction
vigoureuse de Jean-Luc MELENCHON ; les images et les
commentaires tourneront en boucle. Cette opération concerne une
quinzaine de sites et mobilise quasiment une centaine de policiers en
armes et gilets pare-balles. Un tel déploiement de forces dans les
locaux et chez les responsables d’un des plus importants partis
d’opposition ne peut se faire sans que le ministre de l’Intérieur
en soit averti. Or, qui est le ministre de l’Intérieur le 16
octobre à 7 h du matin ? c’est le premier ministre. S’il en
est au courant, commettrait-il l’erreur de ne pas aviser en aviser
le président ?
Le
vendredi 19 octobre Emmanuel Maurel et Marie-Noelle Lienemann
créent un mouvement politique, A.P.R.E.S., qui va se rapprocher de
La France Insoumise. Les médias, toujours concentrés sur la
perquisition chez Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise
passeront sous silence cette information.
La
campagne pour les européennes va encore se fonder sur la peur, en
présentant comme seul choix : Le Pen ou Macron, mais il n’y
aura pas de 2ème
tour pour renouveler l’escroquerie des présidentielles :
« Moi ou le chaos !».
Les
citoyennes et citoyens ne se laisseront pas éternellement abuser.
PS :
Ce ne sont que des faits vérifiables. A chacun d’en tirer ses
conclusions sur les liens qui pourraient exister entre eux.
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