La journée du 17 novembre marquera sans aucun doute la vie politique du pays.
1-Par le nombre des manifestants. Les 126 000 annoncés par le ministère de l'intérieur, puis les 244 000, relèvent de la pure désinformation. Les quelques images qui parviennent de la France entière indiquent que ce sont beaucoup plus de nos concitoyens qui ont manifesté ou bloqué durant cette journée.
2-Par la composition sociale des manifestants. C'est la "France d'en bas", celle qui se lève tôt pour se coucher tard après une journée de travail, qui s'est retrouvée dans la rue. Ce sont les salariés, les ouvriers, les petits producteurs, les artisans..., ceux pour qui le 20 du mois quand ce n'est pas le 15, commencent les problèmes pour se nourrir et nourrir les siens. Cette journée du 17 remet à l'ordre du jour en toute clarté ce qui, pendant tout un temps a été considéré dans l'idéologie dominante comme une insulte, et qui pourtant est une simple réalité, "la lutte des classes" qui s'affrontent pour vivre tout simplement.
3-Par son contenu politique.
a/Les manifestants tiennent à ce que leur mobilisation ne soit confisquée par personne. Une des façons de l'exprimer insiste sur le caractère "non politique" de la mobilisation.
b/Les mêmes scandent des mots d'ordre spontanément qui ne laissent planer aucune ambiguïté: "Macron Dehors", "Rends l'ISF d'abord".
C'est donc sur le fond une mobilisation profondément politique qui agite le peuple dans sa profondeur.
Dans ce contexte la question de la suite est présente dans toutes les têtes.
a/ Le gouvernement d'Emmanuel Macron est devant un problème qu'il lui sera difficile de résoudre. D'une part des annonces déjà faites, arcboutées sur l'affirmation qu'il " s'agit de ne pas céder", d'autre part des "mesures" destinées à calmer le peuple -de la prime à la casse au changement des chaudières au fioul- qui se révèlent être d'une totale inefficacité.
b/ Ses arguments "raisonnables" font flop. Les centaines de milliers et plus encore savent que la question du réchauffement climatique, des émissions de CO2, ou toute autre ne sont que des justifications vaines pour faire payer le "petit peuple" lorsque des cadeaux sont faits à l'ISF...
c/ Alors qu'il désirait cantonner le sujet du 17 aux taxes et pourquoi pas à la seule pression fiscale -ce qui aurait permis sans doute d'épargner toujours plus les plus riches au détriment de tous les autres- c'est le pouvoir d'achat dans son ensemble qui est posé. Les salaires, l'emploi, les retraites, ... Autant de sujet qui pose la question du système dans son ensemble.
d/ Le gouvernement peut compter sur les appels à la division qui émanent là de Philippe Martinez qui pour la CGT se désolidarise au prétexte de la "présence du FN et de patrons dans les manifestations" ou des Jadot et autres qui se retranchent derrière l'argument écolo pour apporter un soutien objectif au gouvernement. Mais là encore ces positions n'ont pas vraiment minimisé le 17...
Dés lors pour la suite une question est posée à laquelle nul ne semble avoir de réponse à cette heure. Si la plupart des manifestants semblait déterminée à faire perdurer le mouvement jusqu'à satisfaction, c'est la question des moyens dans la durée qui est posée.
Pour l'objectif, le blocage du pays? Pour les modalités, la paralysie de l'énergie des raffineries?
Jacques Cotta
Le 17 novembre 2018
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