Monde Libertaire n°7
Un député UMP a proposé une loi afin que les
salariés puissent, en plus de se faire exploiter
par un patron, se faire exploiter par un ou
une collègue qui aura un enfant gravement
malade en lui donnant des jours de repos,
toujours chèrement obtenus. Comme c’est
mignon. Plus fort encore, le texte de loi prétend
donner « un cadre légal à des initiatives spontanées» : c’est là un tour de
passe-passe digne des politiciens les plus habiles.
Il confond tout simplement solidarité
et charité.
S’il s’agissait de solidarité, ce ne sont pas
seulement les salariés de l’entreprise qui
feraient un effort – et d’ailleurs, encore fautil
qu’ils soient assez nombreux dans la boîte
pour que cette aide en vaille vraiment la
peine ? – mais tous les citoyens, comme
pour la sécu (ou ce qu’il en reste).
On voit là que la charité sert bien le libéralisme,
prônant la démerde individuelle
plutôt qu’une véritable solidarité. Et le
patron, il donnera quoi ? Comme d’hab’: la
« solidarité », c’est pour ses enfants à lui, pas
ceux des employés.
Les médias font leur travail de propagande,
reportage voué à faire pleurer dans
les chaumières, interview de la secrétaire
d’État aux solidarités... Un travail d’information
aurait pu consister à voir les choses
autrement, non selon un plan com’du gouvernement,
mais ceux qui font la télé, s’ils
n’ont pas d’enfants gravement malades, en
ont un certain nombre à nourrir et un loyer
à payer, etc. Ils ne vont pas risquer leur job.
Ensuite, ce serait le chômage, peut-être
même le RSA... Et le S de RSA, c’est encore la
solidarité. Comme ce monde est bien fait !
Faire jouer les sentiments, et même culpabiliser,
car refuser de donner sa RTT face à
la pression de la morale charitable, ce ne
sera pas facile, on reconnaît bien là les traits
d’une idéologie shootée à l’eau bénite. Et on
voit bien à quel point la religion peut être
néfaste en dehors même des superstitions
abêtissantes qu’elle enseigne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire