Des associations antiracistes et d'ultramarins ont demandé ce vendredi au gouvernement de « rappeler à l’ordre » Franck Briffaut, le maire (FN) de Villers-Cotterêts (Aisne).
L'élu refuse d'organiser, le 10 mai, dans sa ville, des célébrations autour de l'abolition de l'esclavage. « Je perçois (cette commémoration) comme étant un peu à la mode, dans le cadre d'une autoculpabilisation permanente, d'une culpabilisation systématique, alors que l'esclavage existe encore ailleurs dans le monde, malheureusement ».
Ces propos sont « dangereux », « antirépublicains » et « portent en eux le germe de la division », jugent, dans un communiqué commun, des associations d'Outre-mer (CM98 et Crefom) et de lutte contre le racisme (LDH, Mrap, SOS Racisme). « Aujourd'hui l'on s'attaque aux commémorations de l'esclavage, demain à celles de la Shoah. Après-demain, ceux qui en sont les acteurs seront traités d'étrangers et d'anti-Français », craignent-elles.
Elles demandent au gouvernement « de rappeler le maire de Villers-Cotterêts à l'ordre afin qu'il organise les commémorations des 10 et 23 mai ».
· Le général Dumas, né esclave, est mort à Villers-Cotterêts
Le 10 mai est la date officiellement choisie par la France pour commémorer l'abolition de l'esclavage car elle correspond à l'adoption de la loi dite Taubira, de 2001, qui a reconnu la traite et l'esclavage comme crimes contre l'humanité. Le 23 mai, date de l'abolition de l'esclavage en 1848, a été marquée par une grande marche silencieuse d'ultra-marins en 1998. Selon un décret de 2006, chaque 10 mai, une cérémonie doit être organisée à Paris, dans chaque département (avec le choix du lieu par le préfet) « ainsi que dans les lieux de mémoire de la traite et de l’esclavage ».
Depuis 2007, des célébrations étaient organisées à Villers-Cotterêts, où est mort, en 1806, le général Dumas. Le général Dumas était né esclave à Saint-Domingue (devenue Haïti) ; il était le père de l'écrivain Alexandre Dumas, auteur notamment de « la Reine Margot » et des « trois Mousquetaires ». Ceci fait de Villers-Cotterêts un lieu de mémoire selon les associations signataires. Elles appellent donc le préfet de département « à prendre toutes dispositions pour assurer, en vertu de la loi et de son décret d'application, la continuité de la cérémonie ».
« Je n'ai aucun problème avec Dumas. Je n'ai aucun problème avec les gens qui célèbrent son engagement. Mais, à ce moment-là, qu'on célèbre Dumas ! », rétorque le maire. « Si demain la commémoration de l'abolition de l'esclavage est obligatoire, je me plierai à la loi. Mais à partir du moment où j'ai le choix… ». Toutefois, il précise que « personne ne sera inquiété de quelque manière que ce soit s'il veut l'organiser à Villers-Cotterêts ».
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