Si la loi autorise prochainement le mariage homosexuel, les maires de la Vienne devront évidemment l’appliquer. Sont-ils prêts ?
Le projet de loi sur le mariage pour tous sera présenté en Conseil des ministres le 24 octobre. Nous avons interrogé plusieurs maires de la Vienne (*) pour connaître leur sentiment en cas de légalisation du mariage homosexuel. « Je suis contre, assure Jean Bibault à Magné. Mais si c’est voté, je les marierai. J’ai déjà fait des baptêmes républicains, même si ça ne me plaît pas. » La perspective n’enchante pas non plus Brigitte de Larochelambert, à Liniers, dont « la conscience de catholique » est opposée à l’union de deux personnes du même sexe. « Je ne vous dis pas que ça me fera plaisir, mais j’appliquerai la loi évidemment, précise-t-elle. Mais je demanderai d’abord à mes adjoints s’ils veulent le faire à ma place. C’est déjà ce que je fais pour les baptêmes républicains, parce que ça ne correspond pas au sens que je donne au mot baptême. »
“ Je ne vous dis pas que ça me fera plaisir ”
A Champigny-le-Sec, Robert Leduc appliquera la loi « d’accord ou pas », sans état d’âme mais avec le sens de la formule en plus : « On n’aime pas forcément rouler en dessous de 90 km/h, mais on le fait quand même, non ? » « Pas de problème métaphysique sur le sujet », pour Dominique Grémiaux, maire de Beaumont qui se dit « attaché à la liberté individuelle ». « J’ai l’habitude de faire 95 % des mariages de la commune, explique-t-il. Ça ne changerait pas avec une loi sur le mariage homosexuel, qui serait un acte d’état civil générateur de droits. » Même chose pour Claude Foucher, à Sainte-Radegonde : « S’il y a une loi, pourquoi pas ? » « Il va falloir que je m’y habitue, mais je ne me débinerai pas si la loi passe, assure Joël Bizard, à Marigny-Brizay. C’est difficile de se faire une idée sur le sujet, on est tributaire de son éducation chrétienne. » Le maire de Montmorillon, Yves Bouloux, ne cache pas que « ça fera un drôle d’effet » et confirme que quelques-uns de ses collègues lui « ont avoué leur gêne » face à cette éventualité. « Je peux comprendre les cas de conscience, mais la société bouge et c’est difficile de stopper le mouvement. » Le dernier mot est pour le maire d’Antran, Alain Pichon pour qui la loi ne poserait pas de souci : « Le mariage est une institution, mais il faut savoir évoluer sur les questions de société. C’est pour ça que c’est aux parlementaires de prendre la décision, après un débat ouvert. »
(*) Un seul maire nous a demandé de lui assurer l’anonymat, après s’être dit favorable au mariage gay, « parce qu’il y a des religieuses dans ma commune ».
Nouvelle République, Philippe Bonnet, 10 octobre 2012
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