Pour l’instant, c’est ni oui ni non. Dans son «rapport
d’étape» publié le 25 juin (
y accéder dans son
intégralité
), l’Observatoire de la laïcité ne prend pas
parti pour une loi interdisant le port de signes religieux
dans les structures privées, comme les associations,
assurant une mission d’accueil des enfants. Mais
il ne l’exclut pas non plus. Il déblaie le terrain,
particulièrement encombré, et se donne jusqu’à la
fin de l’année pour se positionner. Ce faisant, il
ressort de ce premier bilan quelques principes et
orientations allant dans le sens de l’
«apaisement»,
pour paraphraser François Hollande, qui, sur cette
affaire, s’est plutôt montré va-t-en-guerre.
C’est en effet une décision de la cour de cassation
du 19 mars 2013 qui a mis le feu aux poudres en
annulant le licenciement d’une employée de la crèche
Baby-Loup au motif qu’elle portait le voile. Pourtant
généralement prudent sur ces questions brûlantes, le
président de la République, lors d’un entretien télévisé
le 28 mars, a jugé indispensable
«que nous posions des
règles»
. Autrement dit, moins de dix ans après la loi
sur le voile à l’école, il s’est déclaré favorable à une
nouvelle loi. Créé il y a six ans sans jamais voir le
jour, l’Observatoire de la laïcité a été relancé à cette
occasion. Sa présidence a été confiée à Jean-Louis
Bianco, ancien ministre et ex-directeur de campagne
de Ségolène Royal.
Dans la lettre de mission, François Hollande estime
que
«les lignes de séparation entre secteur public
et secteur privé ont évolué»
et qu’«il y a donc une
nécessité de clarification»
. Ne citant qu’un exemple,
celui de Baby-Loup, il demande à l’Observatoire
d’
«émettre rapidement des propositions».
Il devra attendre encore quelques mois pour obtenir
un avis formel.
«Prenons le temps nécessaire pour
dresser un état des lieux aussi objectif, complet
et impartial que possible»
, temporise Jean-Louis
Bianco, dans l’introduction de ce rapport de près
de 200 pages.
«D’un côté, des événements dans
certains établissements publics ou privés, largement
médiatisés, donnent à penser que la laïcité serait un
principe moins respecté aujourd’hui qu’hier. D’un
autre côté, les constats faits par les administrations
et les entreprises privées semblent montrer que
beaucoup de questions relatives au fait religieux
peuvent être réglées – et le sont le plus souvent – par
le dialogue»
, assure-t-il, listant toutes les possibilités
s’offrant à l’exécutif, de la loi à la circulaire en passant
par une charte générale et des
«guides de bonnes
pratiques»
.
Interrogé par Mediapart, il paraît hésitant à initier
une refonte législative, refusant les
«lois émotion»
et se préoccupant de la réception que pourrait avoir
une telle loi
«dans un contexte où le FN se fait le
champion de la laïcité»
. «Une loi va-t-elle apaiser
la société ou au contraire durcir les rapports entre
les Français?»
, s’interroge-t-il, évoquant la «montée
impressionnante de l’islamophobie en France»
. Il
reprend à son compte la formule d’Aristide Briand,
déjà citée par le ministre du travail Michel Sapin,
appelant de ses voeux une
«laïcité de sang-froid»,
et espère aboutir à un
«consensus» sur un «sujet
extrêmement difficile»
.
Plusieurs fois, que ce soit à propos des salles de
prière, des menus à la cantine, des fêtes religieuses et
des tenues vestimentaires, il en revient à l’expérience
du terrain.
«Dans les entreprises, les administrations,
les communes, l’hôpital, l’enseignement supérieur,
etc.,le nombre d’incidents recensés est moins élevé
qu’auparavant
, souligne-t-il. La plupart des conflits
se règlent par le dialogue. Le plus souvent, le bon
sens l’emporte, grâce à l’existence de nombreux
outils de régulation.»«Nous n’avons pas recueilli de
demande nette d’une nouvelle loi, en même temps
,
reconnaît-il,
il y a des accrocs. Nous avons aussi des
témoignages où la laïcité est mise en cause, il ne faut
pas minimiser.»
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