samedi 8 juin 2013

"Un client toutes les quinze minutes pendant huit heures d'affilée, imagine-t-on ce que c'est ?"

Laurence Noëlle, sur un quai de métro parisien, le 29 mai.
Laurence Noëlle, sur un quai de métro parisien, le 29 mai. | © Camille Millerand Pour "Le monde"



Ce qui frappe d'abord chez elle, c'est son regard bleu et franc, qui se plante dans le vôtre et ne le quitte pas. "Avant, je ne pouvais regarder personne en face", lance Laurence Noëlle. Pendant vingt-huit ans, elle a détourné les yeux et gardé le silence. Pour rien au monde elle n'aurait voulu que "ça" se sache, "à cause de la honte". Maintenant, à 46 ans, elle ose parler, et se montrer, en espérant que son témoignage changera des vies.
A 17 ans, jeune fille "paumée, livrée à elle-même, assoiffée de chaleur humaine", elle s'est retrouvée sur le trottoir, enrôlée par un réseau de proxénètes. "La plus douloureuse et destructrice expérience qui soit", résume-t-elle dans un livre, paru en avril, Renaître de ses hontes (Le Passeur, 220 p., 19,50 euros).
Depuis sa sortie, tout va très vite. Fin mai, elle était auditionnée par la députée (PS) Maud Olivier, chargée de rédiger la proposition de loi visant à la disparition de la prostitution qui doit être débattue au Parlement à l'automne. Samedi 8 juin, elle doit lancer officiellement la branche française des Survivantes, un réseau international d'anciennes prostituées, lors de l'assemblée générale du mouvement abolitionniste du Nid.
"JE ME SUIS TUÉE. J'AI FAIT LA MORTE"
Elle veut montrer "l'autre visage de la prostitution". Pas celui du "travail du sexe" choisi, souvent dépeint dans les médias par les quelques porte-voix de femmes et d'hommes la plupart du temps...
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