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Dans le défilé des partisans du mariage pour tous à Paris, dimanche 16 décembre
Mi-décembre, le secrétaire général de l’enseignement catholique a décidé de mener campagne contre
le projet de loi du gouvernement en demandant à tous ses établissements d’organiser des « initiatives ».
Lancée dans son combat contre le mariage pour tous, l’Église a encore franchi
la ligne jaune. Mi-décembre, le secrétaire général de l’enseignement catholique, Éric de Labarre, a adressé un courrier explicite aux 8 300 chefs d’établissement qu’il chapeaute afin de leur expliquer son
« désaccord » avec ce projet de loi et de les appeler à s’emparer de ce débat, « en conscience et avec clairvoyance ».
Concrètement, sous couvert de « l’intérêt supérieur des enfants qui (leur) sont confiés », Éric de Labarre demande à chaque école, collège ou lycée de « prendre les initiatives qui lui paraissent localement les plus adaptées pour permettre à chacun l’exercice d’une liberté éclairée à l’égard des choix aujourd’hui envisagés par les pouvoirs publics ». Des « initiatives » qui peuvent être éventuellement le fait des parents d’élèves de l’établissement.
Cette prise de position, à quelques semaines de la manifestation des opposants au mariage pour tous (le 13 janvier à Paris), en a fait bondir plus d’un, ulcérés de voir l’Église catholique embrigader dans sa croisade plus de deux millions d’élèves et leurs familles, ainsi que quelque 210 000 personnels – enseignants et autres. « Nous trouvons inadmissible cette façon dont les religieux ne cessent de s’immiscer dans ce débat public et citoyen pour se rebeller contre un projet qui n’a d’autre tort que de remettre en cause leur modèle archaïque de la famille patriarcale hétéronormée », a réagi mardi le collectif des efFRONTé-e-s.
Cet appel du pied flirte également avec l’illégalité. La plupart des établissements privés, largement financés par les pouvoirs publics (1), sont sous contrat avec l’État. Et doivent respecter la liberté de conscience des élèves et des enseignants au titre de la loi Debré de 1959 et de l’article L. 442-5 du Code de l’éducation. Les personnels ne peuvent pas, non plus, être inquiétés s’ils refusent d’organiser de tels débats. En vertu de l’article L. 122-45 du Code du travail, « aucun salarié ne peut être sanctionné ou licencié en raison de (…) ses opinions politiques, de ses activités syndicales (…), de ses convictions religieuses ». « Il est donc contraire à la liberté de conscience de demander aux élèves, personnels de se positionner sur des sujets qui relèvent de leurs choix privés, souligne le Sundep-Solidaires, un syndicat de l’enseignement privé. Ce type d’initiative est aussi porteur d’exclusion des personnels et des enfants qui n’entrent pas dans le schéma sexuel stéréotypé porté par l’Église catholique. »
(1) En 2011-2012, la contribution des familles s’est élevée
à 2 milliards d’euros auxquels
s’est ajouté 1,7 milliard de l’État
et des collectivités territoriales.
Les opposants dispersés. Les opposants au projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels manifesteront le dimanche 13 janvier mais en ordre dispersé. « Nous appelons à manifester mais pas derrière les bannières de la manif pour tous, conduite par Frigide Barjot et Xavier Bongibault », a déclaré Alain Escada, président de Civitas, proche des catholiques intégristes. Pour lui, « Frigide Barjot diffuse des idées qui visent à banaliser l’homosexualité, entretenant
une confusion des messages ».
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